Votre navigateur ne supporte pas le javascript! Les Phéniciens - Lexique
A
B
C
D
E
F
G
H
I
J
K
L
M
N
O
P
Q
R
S
T
U
V
W
X
Y
Z

Lexique


Ce lexique se base sur les deux références suivantes, Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique sous la direction d'Edouard Lipinski et Dictionnaire des civilisations de l'Orient ancien de Guy Rachet.

Lettre A, Alphabet Phéniciens Lettre B, Alphabet Phéniciens Lettre G, Alphabet Phéniciens Lettre D, Alphabet Phéniciens Lettre T, Alphabet Phéniciens Lettre H, Alphabet Phéniciens Lettre W, Alphabet Phéniciens Lettre Z, Alphabet Phéniciens Lettre H, Alphabet Phéniciens Lettre T, Alphabet Phéniciens

LETTRE A


A : l'aleph, première lettre de l'alphabet, qui, avec la lettre B : bet, vont donner le mot alphabet. Cette lettre évoque par sa forme la tête de taureau, symbole de fertilité dans les traditions de tout l'Orient ancien.

Abdalonymos : du phénicien, signifiant serviteur des dieux. Ce prénom fut porté par le roi de Sidon, intronisé par Alexandre le Grand en 332 av.J.C. en remplacement du roi Straton. Il fut mentionné dans la dédicace grecque et phénicienne de son fils, trouvée en 1982 à Cos, une des îles de Sporades, dans l'Egée. Vers la fin du IV°siècle av.J.C., ce comptoir phénicien formait une base pour la flotte phénicienne au service d'Alexandre. Le règne d'Abdalonymos se prolongea au-delà de la mort d'Alexandre. Les historiens s'accordent à lui attribuer le sarcophage d'Alexandre trouvé dans la nécropole royale de Sidon et conservé au musée d'Istanbul.

Abdémon : du phénicien, signifiant serviteur d'Amon. D'après l'historien Flavius Josèphe, ce nom fut celui du jeune sage à la cour de Hiram I, roi de Tyr. Abdémon aida le roi à résoudre les énigmes proposées par Salomon. Ce nom fut également celui d'un des rois de Sidon (V° siècle av.J.C.) ainsi que le roi de Salamine de Chypre, ami des Perses, imposé à la cité par Darius II en 415 av.J.C.

Abdeschmun ou Abdechmoun : du phénicien, signifiant serviteur d'Echmoun. Nom porté par le suffète de Kition au IV° siècle ainsi que le chef des scribes du temple d'Astarté de cette même cité chypriote.

Abdimilkutti / Abdimilkot : du phénicien, signifiant serviteur de la Reine ou du Roi. Nom du roi de Sidon à l'époque d'Assarhaddon (roi d'Assyrie 680-669 av.J.C.) S'étant allié avec son voisin le roi cilicien de Kundu et Sissû et ayant voulu de ce fait s'affranchir de la domination assyrienne, il fut décapité par Asarhaddon en 676 av.J.C. Sa tête fut suspendue au cou d'un de ses ministres et portée dans les rues de Ninive dans le cortège triomphal du roi assyrien. La cité de Sidon connaissait à cette époque une période de prospérité, avec un territoire s'étendant du Litani au sud jusqu'à Tripoli au nord. Les inscriptions assyriennes confirmèrent cette richesse en évoquant les "biens innombrables du trésor du roi Abdimilkutti".

Abibaal : du phénicien, signifiant mon père est Baal . Roi de Tyr au X°siècle av.J.C., père du roi Hiram I. Nom aussi d'un des rois de Byblos connu pour sa dédicace en l'honneur de la Dame de Byblos la Baalat Gubal.

Abimilk : du phénicien, signifiant mon père est roi. Nom phénicien et punique, porté par un des fils du roi d'Arwad Yakinlu, au VII° siècle av.J.C.

Abydos : en Egypte, à l'aval de Thèbes, temple de Séthi I (1291-1279 av.J.C.). Les différentes inscriptions attestent le passage dans ce temple d'un certain nombre de phéniciens originaires des différentes cités (Arwad, Kition de Chypre, du quartier tyrien d'Héliopolis, de Sidon) et ayant des activités diverses et variées : parfumeurs, menuisiers, matelots, commerçants et même un interprète.

Acherbas : Acerbas ou Sicharbas. Oncle et époux d'Elissa. Prêtre de Melqart, deuxième autorité de la cité de Tyr après le roi Pygmalion. Ce dernier le tua pour s'emparer de ses richesses. Son crime poussa Elissa à s'enfuir vers l'Afrique en passant par l'île de Chypre. Là bas, elle trouva refuge et fonda avec ses compagnons une ville nouvelle, Carthage.

Acholla : ville antique de Tunisie, connue pour sa nécropole punique tardive et spécialement pour les tophets avec des stèles ornées du signe de la déesse Tanit.

Adarbaal : du phénico-punique, signifiant Baal est puissant. Anthroponyme fréquent à Carthage et dans le monde punique ou punicisé. Nom porté par plusieurs personnages du monde punique parmi eux le commandant d'une des armées carthaginoises qui remporta en 307 av.J.C. une victoire sur les troupes d'Agathocle (tyran de Syracuse en Sicile). Nom aussi du stratège carthaginois de la 1ère guerre punique, en 249 av.J.C., qui secourut Libylée (actuelle Marsala en Sicile) assiégée par les Romains. Il fut remplacé plus tard par Hamilcar Barca.

Adarmilk : du phénicien, signifiant le roi est puissant. Roi de Byblos connu d'après les inscriptions sur les pièces de monnaies émises durant son règne au milieu du IV° siècle av.J.C.

Adôn ou Adoni : mon seigneur. Célèbre dans la mythologie grecque sous le nom d'Adonis, le bien-aimé d'Aphrodite. Ce jeune dieu d'origine sémitique 'dn, tomba amoureux de la grande déesse de l'amour, Astarté. Un jour de printemps, se promenant avec elle dans les champs, il fut attaqué par un sanglier. Voulant défendre sa bien-aimée, le jeune seigneur fut terrassé par l'animal. Son sang se déversa sous les yeux terrorisés de sa compagne qui ne pût lui venir en aide. La déesse lui promit alors fidélité et revînt tous les ans à la même période célébrer ce souvenir. Un temple lui fut dédié à Afqa, à côté de Byblos où des fêtes publiques furent organisées rassemblant hommes et femmes autour de l'Amour, tradition plus connue sous le nom de "prostitution sacrée". Tous les ans, à cette même époque de l'année la source et le fleuve deviennent rouges rappelant le sang versé par Adôn. Le fleuve fut longtemps nommé fleuve d'Adôn (Adonis à l'époque hellénistique) avant de changer de nom à l'époque chrétienne. Mais derrière le mythe on retrouve les phénomènes de la nature : après la saison des pluies qui draine dans son sillon la terre mélangée à l'eau du fleuve devenue ocre, vient le printemps symbole de la résurrection avec les premières fleurs des champs, les cyclamens, fleurs longtemps assimilés au souvenir d'Adôn.

Adonibaal : mon seigneur est Baal. Nom porté par plusieurs rois ou princes : le roi de Siyan, un des fils de Yakinlu roi d'Arwad, par le fils d'Azzimilk suffète de Carthage vers le III° siècle et par le fils d'Hannibal.

Afqa : du phénicien, signifiant source ou ruisseau. Localité à 40Km au Nord-est de Beyrouth, située à une journée de marche de Byblos, surplombant la vallée du fleuve Adonis (actuel Nahr-Ibrahim). Afqa, abritait un temple renommé consacré à Adôn et Astarté, connu pour ses rites de "prostitution sacrée" et son oracle. Il comprenait une piscine et des canalisations pour les lustrations en rapport avec le culte. Au IV° siècle, l'Empereur Constantin ordonna sa destruction ce qui n'empêcha pas les historiens de continuer d'évoquer l'importance de ce site et cela jusqu'au V° siècle. Le temple fut complètement anéanti suite à un tremblement de terre au VI°siècle. Jusqu'aujourd'hui, il continue de faire l'objet d'une vénération populaire en rapport avec la fécondité.

Agriculture : la superficie restreinte du sol cultivable des cités phéniciennes, dont l'économie était basée surtout sur le commerce et l'artisanat, exigeait l'exploitation du plus petit lopin de terre. Les contreforts du Liban, en dessous de 1000m d'altitude, étaient aménagés en terrasses pour la culture du blé, des vignes et des olivaies. L'irrigation indispensable à la saison sèche (mai-octobre) et la découverte de digues, conduites d'eau et réservoirs, indique que les Phéniciens savaient mettre à profit les diverses sources d'eau. Ces derniers avaient hérité de ce savoir faire agricole en s'installant sur le territoire des Cananéens, premier sédentaires de la région.

Ahiram ou Ahirôm : son nom signifie mon frère est exalté. Par "frère" il faut entendre le dieu. Ce roi de Byblos est connu par son sarcophage retrouvé dans la nécropole de Byblos (Tombe V, au fond d'un puits funéraire). Longtemps, historiens et archéologues, ont discutés la datation de ce sarcophage (XII° ou X°siècle av.J.C.). Mais son plus grand intérêt reste la présence sur son couvercle d'une inscription d'exécration en caractères alphabétiques phéniciens expliquant que ce sarcophage fut offert par le roi Ittobaal, "le fils d'Ahiram, roi de Byblos pour Ahiram, son père, dans sa demeure d'éternité". Avec un avertissement qui met en garde "si un roi parmi les rois, un gouverneur parmi les gouverneurs et un chef d'armée, se lève dans Byblos et ouvre ce sarcophage, que sa puissance soit brisée, que son trône soit renversé ! Que la paix soit éloignée de Byblos et que lui-même soit anéanti".Cf. rubrique Personnages :Ahiram.

Aïn Tounga : en latin Thignica. Localité située à 100Km au Sud-ouest de Carthage. Ancien bourg indigène, profondément punicisé qui reçu assez tôt les colons romains tout en restant attaché à ses traditions comme en témoigne l'onomastique particulièrement riche en noms puniques. L'enceinte sacrée de Saturne, à ciel ouvert, a livré plus de 500 stèles, figurées et inscrites, des II°-III° siècles ap.J.C. Il y avait aussi à Aïn Tounga un temple dédié à Esculape, l'Echmoun phénico-punique romanisé.

Aïnel : du phénicien, signifiant prunelle de l'oeil du dieu El . Roi de Byblos à l'époque de Darius III (335 - 331 av.J.C.). En 333 - 332 av.J.C., il accompagna, avec ses vaisseaux, la flotte perse dans l'Egée mais ne tarda pas à s'en séparer quand sa ville tomba aux mains d'Alexandre le grand. Dès lors il rejoint le macédonien à Sidon et au printemps 332, il mit ses vaisseaux à son service lors du siège de Tyr. Alexandre le confirma dans sa charge en récompense de son appui. Sur les émissions monétaires (antérieures à la conquête macédonien) Aïnel portait le titre de "roi de Byblos"('yn 'l mlk gbl). L'orthographe du nom avec le yôd (y) reflète l'influence araméenne de l'époque perse.

Akkar : bourg du Liban qui a prêté son nom à la baie s'infléchissant au Nord de Tripoli. Dans cette région, plusieurs sites se trouvent à peu de distance de la côte profitant autant du trafic côtier que des échanges avec la Syrie intérieure (Tell Arqa, Tell Kazel, Amrit).

Alalakh : en akkadien Alalah, actuellement Açana, au Sud-est de la Turquie, sur la rive droite de L'Oronte, à 20Km au Nord-est d'Antakya. Les sept campagnes de fouilles menées par L. Woolley en 1937-39 et 1946-49, y mirent au jour la capitale du royaume de Mukish à l'âge du Bronze. Les niveaux VII (XVII° s.) et IV (XV° s.) livrèrent 456 tablettes cunéiformes et la remarquable inscription autobiographique du roi Idrimi, inscrite sur sa statut. Ces textes de nature économique, administrative et juridique apportèrent une contribution importante à la connaissance de l'histoire du Levant à l'âge du Bronze et mentionnent diverses villes de la côte syro-phénicienne comme Ougarit, Arwad, Ammiya, Ebla, Emar, l'île de Chypre, le pays d'Amurru, le pays de Canaan, etc. Cependant, les problèmes chronologiques rendirent difficile l'interprétation historique de certains documents.

Albright, William Foxwell : (1891-1971), archéologue et orientaliste américain, dont la recherche s'étendait à tout le Proche-Orient ancien, avec un intérêt marqué pour le monde canaanéen, auquel il rattachait la civilisation phénicienne. Grâce à ses fouilles en Palestine et au Yémen et à ses multiples publications dont From the Stone Age to Christianity (1940), Albright acquit une influence considérable aux Etats-Unis. Il créa une Ecole d'orientalistes et d'archéologues dont les idées continuent à marquer la recherche américaine dans le domaine des études sémitiques et proche-orientales.

Alexandre le Grand : roi de Macédoine (336-323 av.J.C.), fils de Philippe II. Après la victoire D'Issos en 333, Alexandre envahit les cités phéniciennes recevant l'hommage d'Arwad, Byblos et Sidon. Seule Tyr, forte de sa position insulaire et de sa flotte de guerre, offrit une résistance acharnée, espérant l'aide de Carthage. Un siège de 8 mois se solda en août 332 par le massacre et la vente, en esclavage, de sa population. La ville fut épargnée, car elle était sous la protection de Melqart en qui Alexandre reconnaissait l'Héraclès grec qu'il revendiquait comme ancêtre et dont il propagea le culte en Orient. Les roitelets phéniciens purent garder leur trône à condition de s'aligner sur Alexandre, leurs charges financières et militaires furent encore plus lourdes qu'aux temps des Perses. Les conquêtes d'Alexandre leur ont cependant donné la possibilité d'élargir le champ de leurs activités commerciales. Par ailleurs, la Phénicie dû fournir en 323 av.J.C. les marins destinés à coloniser les côtes arabes du Golfe Persique. On ignore les suites de cette entreprise interrompue peut-être par la mort d'Alexandre mais Strabon soutient que les rivages du Golfe comptaient des villes et des temples semblables à ceux des Phéniciens, ce que confirme aussi l'historien Pline. Cf., rubrique Personnages : Alexandre le Grand.

Alicante : capitale de la Costa Blanca en Espagne. Site probable malgré les opinions contraires en latin : Castrum ou Lucentum, traduction du punique : r's lbn cap blanc nom qui doit évoquer la blancheur des falaises d'Alicante. L'historien Diodore de Sicile attribue à Hamilcar Barca la fondation de la ville en 231 av.J.C. Son emplacement correspond éventuellement à l'actuel quartier de Benalúa. La création de Carthagène priva Alicante de son importance première. Une forte influence phénico-punique est attestée dans l'arrière-pays au Sud-ouest (à Elche, à la Peña Negra et à Los Saladares).

Almuñécar : fondation phénicienne du début du VIII° siècle sur la côte méditerranéenne de l'Espagne. Les anciens vestiges, comme les murets d'ardoise locale, les céramiques à vernis rouges, les plats à bord étroit, révèlent une présence phénico-punique continue jusqu'à l'époque romaine. On retrouve les vestiges des trois nécropoles dont celle du Cerro de San Cristóbal (partiellement fouillée en 1962), constituée de tombes à puits circulaires, creusées dans la roche à 3-4 cm de profondeur avec des niches dans lesquelles on plaçait les urnes contenant les restes incérés du défunt et le mobilier funéraire composé de parures, plats en céramique, poterie, etc.

Alphabet : cf. rubrique Articles .

Amarna (Tell el) : nom du site de Moyenne Egypte, sur la rive droite du Nil, à 300Km au sud du Caire, qui renferme les ruines d'Akhetaten, l'éphémère capitale du pharaon Aménophis IV - Akhenaton (1352-1336 av.J.C.). Ce site fut surtout connu pour la trouvaille fortuite, faite vers 1887 de tablettes cunéiformes dont le nombre s'élève à presque 382. Ces tablettes constituaient les archives de la chancellerie royale et contenaient, outre quelques textes littéraires et lexicographiques destinés à la formation des scribes, 350 lettres adressées aux pharaons Aménophis III, Aménophis IV (la majorité des documents) et Toutankhamon par les principaux souverains de l'époque ainsi que par les princes des royaumes vassaux de Syrie-Palestine. Ces lettres rédigées en akkadien, langue diplomatique du temps, mais celle de Syrie-Palestine trahissent une nette influence ouest sémitique. Plusieurs lettres proviennent des villes de Phénicie. Un groupe particulièrement important émane de Byblos dont le roi Rib-Addi ne cessant de demander des secours contre les menaces que font peser sur lui les intrigues d'Abbi-Ashirta, puis son fils Aziru, qui se taillent un royaume en Amurru. D'autres missives émanent d'Ammunira de Beyrouth, Zimredda de Sidon, Abimilki de Tyr et Satatna d'Akka.

Amatashtart : du phénicien, signifiant servante d'Astarté. A ne pas confondre avec Immi-Ashtart ma mère est Astarté.

Ammonites : population de langue sémitique installée autour d'Amman, l'antique Rabbath Ammon, en Jordanie. Les Ammonites sont connus par quelques fouilles archéologiques concernant le nord de la Jordanie, des inscriptions et les textes bibliques et assyriens. Leur ancêtre éponyme, Ammon, serait issu de l'inceste entre Loth et l'une de ses filles (Genèse 19-39)

Amorrites ou Amorites : population sémitique qui apparaît à l'époque du Bronze Ancien. Leur nom akkadien est Ammurûm ou Amurru, il désigne le vent de l'Ouest. Leur langue, qui appartient au groupe sémitique de l'Ouest, est connue par l'onomastique. C'est ainsi que leur présence fut décelée dans le monde syrien dès le milieu du III° siècle. Ce sont des nomades dont la région d'origine se situe quelque part vers le Moyen-Euphrate, dans les déserts de l'Est de la Syrie. On retrouve ce nom également dans les textes bibliques sous la forme d'Emori

Amrit : le site de l'actuelle Amrit (la Marathos des Grecs) se trouve à 5Km de Tartous (l'antique Antarados) en Syrie. Les ruines de ce site attestent de sa splendeur antique particulièrement à l'époque perse (VI°-IV° siècles av.J.C.).

Amulettes : petits objets que les gens portaient sur soi et auxquels ils accordaient par superstition des vertus de protection. Ces amulettes furent répandues dans le monde phénicien et punique, retrouvées particulièrement dans les tombes des enfants et des femmes. Plusieurs formes existaient telles les figurines nues, les masques, les vases, le "signe de Tanit", les cippes ainsi que des formes se rattachant à des prototypes égyptiens telles "Isis nourrissante", le dieu Bès, le scarabée ou le faucon.

Amurru : cf. Amorrites.

Anat : soeur et amante du dieu Baal. Dans le cycle de Baal, les textes ougaritiques parlent de Baal et Anat en ces termes : "Attendant la venue de son frère Baal, Anat lui prépare un banquet, la décision ayant été prise de la construction d'un palais pour Baal. Histoire de s'aiguiser l'appétit, la déesse ouvre sa journée par un massacre d'hommes au lever du soleil, puis elle fait sa toilette pour recevoir son frère et amant. Ils vont ensuite circonvenir la déesse Athirat pour qu'elle décide son époux El, à consentir la construction du palais. L'autorisation étant obtenue, Anat vient en avertir son frère: la vierge Anat se réjouit, elle remue les jambes et parcourt la terre. Alors elle se rend auprès de Baal sur les hauteurs de Saphon, à travers mille champs et mille arpents. La vierge Anat rie, elle prend la parole et déclare : reçois une bonne nouvelle Baal ... on va te bâtir une maison comme en ont tes pairs. Le palais est construit par Kothar, en or et en argent, et inauguré par Baal". Cf., M.S. Smith, The Ugaritic Ba'al Cycle, Leyde, 1994.

Ancres : peuple de navigation, les phéniciens soignaient tous leurs outillages, parmi eux les ancres, célèbres par la variété de formes retrouvées en mer. Ces ancres étaient révélatrices de la "nationalité" des navires de l'Antiquité et des routes maritimes suivies à cette époque. La datation et la typologie des ancres de l'âge de Bronze reposent surtout sur les ex-voto déposés dans les sanctuaires ou tombeaux à Ougarit, Byblos ou Kition symbolisant la richesse de la mer et la sauvegarde des marins dont le salut dépendait des ancres. Rares donc sont celles conservées puisqu'on les jetait au moment du danger. A l'âge de Bronze, l'ancre, en pierre, était munie d'un trou d'attache pour la corde. Bientôt des cavités supplémentaires furent percées dans la partie inférieure afin de recevoir des bâtons. L'âge de fer apporta l'idée d'ancre "moderne" avec l'introduction des crochets pointus aidant à s'accrocher au fond de l'eau. Au VI° siècle av.J.C. le plomb supplanta la pierre donnant des ancres plus robustes et plus lourdes.

Andalouses, les : le site des Andalouses occupe le littoral de la plaine côtière fertile, à 30Km à l'Ouest d'Oran, de part et d'autre de l'oued Sidi Hamidi. Les fouilles ont permis d'y explorer deux nécropoles et d'y identifier, entre les deux, une cité qui pourra avoir été à l'époque romaine les Castra Puerorum de l'Italie antique. La nécropole de l'Est, remarquable par la coexistence de divers types de rites et structures funéraires, contient des mobiliers datables entre la fin du IV° et le II° siècles, où prédominent les influences ibériques. A l'ouest du site, des tumuli ont livré un matériel punique qui peut remonter au VI°siècle av.J.C. Quant aux ruines de la ville d'époque punique, elles couvrent environ 3 hectare avec une architecture domestique assez grossière et des maisons rectangulaires. L'usage de la fenêtre était connu puisqu'une pièce était dotée d'une ouverture de 30 cm de large, percée à un mètre du sol. La présence de poteries tournées, carthaginoise et ibériques, n'implique pas forcément une origine identique de leurs utilisateurs. Le dédicant de la stèle trouvée sur le site et munie d'une inscription néo-punique porte un nom qui est certainement libyque. On a reconnu aux Andalouses la présence de teintureries grâce aux coquillages de murex relevés au cours des fouilles. Le site a livré aussi des monnaies numides et maurétaniennes avec légende punique.

Anti-Liban : en grec Antilibanos. Chaîne montagneuse parallèle à la chaîne côtière du Liban, bordant à l'est la plaine de la Béqaa. On ignore jusqu'où s'étendait, vers l'arrière-pays, le territoire des cités phéniciennes et si, à un moment quelconque de leur histoire, l'Anti-Liban a été sous contrôle phénicien. La partie Sud dépendait sans doute des Araméens. Les rois assyro-babyloniens, notamment Téglat-Phalasar III et Sennachérib, exploitèrent les forêts de bois de l'Anti-Liban ainsi que les carrières d'albâtre.

Araméens : peuple sémitique dont les tribus se sont établies en Syrie et en Mésopotamie au XII° siècle av.J.C. Ils établirent des alliances avec certaines des cités phéniciennes telles Arqa et Arwad qui participèrent à la coalition anti-assyrienne dirigée par Hadadidri roi de Damas. Les archéologues ont retrouvé à Zincirli, capitale du royaume araméen, sur les contreforts de l'Amanus, la première inscription royale connue rédigée en phénicien avec une invocation Baal Hamon.

Ardat ou Ardé : Tell Ardi, à 10Km à l'Est de Tripoli (Liban Nord). Situé sur la frange Est d'une plaine fertile et bien arrosée, Ardé contrôlait une importante voie de passage qui, par la montagne, mène de la Méditerranée à Qadesh sur l'Oronte. D'après l'état actuel des recherches, le site a été occupé en permanence depuis le Néolithique jusqu'à nos jours. Les premières mentions de la ville figurent dans les récits des 5° et 6° campagnes syriennes de Thoutmès III.

Arqa : Tell Arqa, à 17,5Km au Nord de Tripoli (Liban Nord). Ce site fut habité à partir du Bronze Moyen et mentionné dès le début du II° millénaire dans les textes égyptiens d'exécration, les documents hittites et akkadiens, puis dans la Bible. Conquise par Thoutmès III, Arqa resta dans la mouvance égyptienne jusqu'à l'époque d'El Amarna. Elle passa ensuite de l'allégeance égyptienne sous l'autorité d'Abdi-Ashirta d'Amurru et de son fils Aziru qui tua le roi Aduna d'Arqa. Sous le règne de Téglath-Phalasar III la ville fut incorporé à la province de Hamat en Syrie.

Art : cf., rubrique Articles: l'art phénicien

Arwad : connu en grec et en latin sous le nom d'Arados, île de Syrie, située à 2,5Km de Tartous (l'antique Antarados). Le nom d'Arwad apparaît pour la première fois au III° millénaire dans les archives d'Ebla puis dans celles d'Alalakh (Turquie) et d'El Amarna quand Arwad semble appuyer la cause des rebelles malgré ses relations commerciales avec l'Egypte. Dès la campagne de Téglath-Phalasar I d'Assyrie (1115-1077 av.J.C.), les sources cunéiformes commencèrent à évoquer l'existence d'une aire continentale d'Arwad, permettant ainsi le ravitaillement de l'île et l'enterrement des morts. La cité d'Arwad subit le sort des cités phéniciennes supportant l'arrivée des divers conquérants. A la cour de Nabuchodonosor II, on employait des charpentiers arwadiens et giblites, connus pour leur renommée dans le domaine de la menuiserie et des constructions navales. A l'époque perse, la flotte d'Arwad servit la cause des Achéménides et Maharbaal, fils d'Azzibaal, un des commandants de la flotte phénico-perse sous Xerxès I, n'était autre que le roi d'Arwad.

Astarté : déesse mère, étoile du matin . Son nom transcrit aussi par Ashtarut, Ashtart, Ashtar ou Ishtar. Déesse de l'amour et de la fécondité. Son nom est lié en Phénicie à celui de son amoureux, le dieu Adôn ou Adonis. L'histoire antique évoque les temples de cette déesse répandus en Phénicie et dans l'île de Chypre et parle d'une tradition appelée "prostitution sacrée" liées à ces temples. Astarté fut assimilée à la déesse égyptienne Isis, à la déesse grecque Aphrodite et romaine Vénus.

Athènes : les stèles funéraires phénico-grecques témoignent de la présence d'une colonie phénicienne à Athènes dès le IV° siècle. Cette communauté bilingue était de provenance diverse, de Sidon, de Kition, d'Ascalon, et comptait des personnages renommés, tel le philosophe Zénon de Kition, métèque à Athènes à partir de 312, qui fut avec Zénon de Sidon, un des premiers Phéniciens à venir s'instruire de la philosophie dans ce centre de la pensée antique et y fonda en 301, l'Ecole stoïcienne. Il y avait également de grands bailleurs de fonds tel Théodore le Phénicien ou de simples courtiers comme Pythodoros le Phénicien venu en 394. les inscriptions grecques attestent aussi la présence, depuis le IV° siècle au moins, de Phéniciens engagés dans de petits métiers artisanaux et même ruraux. La fin des guerres médiques favorisa l'émigration phénicienne qui constitua des communautés stables et organisées, comme le montrent les décrets en faveur des gens de Sidon, vers 365, et des métèques de Kition en 333. Dans les années 330, le droit de propriété est octroyé "selon la loi" aux Phéniciens de Tyr et de Sidon. Les communautés phéniciennes de Pirée étaient tout aussi importantes, surtout à partir du III°siècle. La présence carthaginoise est également attestée à Athènes, non seulement par l'arrivée d'une ambassade qui conclut en 406 un traité entre Athènes et les généraux carthaginois qui assiégeaient alors Agrigente, mais aussi par l'enseignement de la philosophie par Hérillos (III°s) et Hasdrubal (II°s) de Carthage. Elle est peut-être impliquée par la connaissance qu'avait Aristote de la Constitution carthaginoise.

Auza : ville de Libye fondée par Ittobaal de Tyr, contemporain d'Achab d'Israël, selon une notice de Ménandre d'Ephèse et conservée par Flavius Josèphe. L'historicité de cette fondation demeure problématique, rien ne la confirme mais rien ne la dément aussi. Une ville Auzia ou Auzea attestée plus tardivement et généralement identifiée à l'actuelle Sour el Ghoslane, à 124 Km au Sud-est d'Alger, pourrait porter le nom de cette antique Auza

Azzibaal : du phénicien, signifiant ma force est Baal. Roi de Byblos dans la première moitié du IV°siècle. Fils du grand prêtre de la Baalat de Byblos, Paltibaal. Connu pour l'inscription sur le sarcophage de sa mère Batnoam (fille des délices), réutilisé et retrouvé en 1929 près du château des Croisés. Connu également pour les pièces de monnaies, portant la légende suivante : 'zb'l mlk bl. Inscription qui décrit l'habit funéraire de Batnoam, datable de la 1ère moitié du IV°siècle : "Je repose dans la pourpre, un couvre-chef sur moi et un masque d'or à ma bouche".

Azzimilk : du phénicien, signifiant ma force est le Roi. Nom fréquent dans l'onomastique phénico-punique, porté par les derniers rois de Tyr. Au moment de la campagne d'Alexandre le macédonien en Phénicie, Azzimilk I se trouvait en mer avec la flotte phénico-perse d'Authophradate et c'est son fils qui fit partie de la délégation qui accueillit Alexandre à Palaetyr l'hiver 333/2 av.J.C. L'obstination du macédonien, qui voulait avoir accès à l'île de Tyr, déclencha la résistance des Tyriens et le siège de la ville (Cf. rubrique Personnages : Alexandre le grand et le siège de Tyr). Ce siège fut très dur et les Tyriens perdirent beaucoup des leurs. Le roi fut toutefois épargné par Alexandre qui le laissa sur le trône.

LETTRE B


Baal : dieu cananéen de l'orage et de la fertilité, son nom signifie "Seigneur". Dans la Bible, Il apparaît comme un dieu sans grande consistance, où il est présenté comme un dangereux rival de Yahvé. La découverte des textes d'Ougarit a confirmé son identité prédominante dans le panthéon cananéen. Il règne comme dieu de la tempête sur les nuages, il est le dieu de l'orage, le tout puissant, qui chevauche les nuées et réside sur le Mont Saphon (Djebel 'Arqa). Il est connu comme étant le fils du dieu El et le frère de la déesse 'Anat. Son mythe relate sa mort (face à Môt) et son retour de l'au-delà comme dieu de la végétation, mais aussi sa maîtrise de l'ordre contre le chaos de la mer (Yam). Figuré comme un taureau, il est représenté sous son aspect anthropomorphe avec une coiffe à cornes et un faisceau de foudres. Le nom de Baal fut porté par certains rois de Tyr.

Le cycle de Baal :

Six tablettes et quelques fragments retrouvés par l'archéologue Claude Schaeffer, entre 1930 et 1933, lors des fouilles du site de Ras Shamra (Ougarit), constituent ce qui est conventionnellement appelé le cycle ou l'épopée de Baal.

Baal et Yam (la Mer) : Yam veut se faire construire un palais, le dieu Baal également. Ce dernier vînt s'y plaindre devant le dieu EL, mais El lui refuse sa requête. Baal vexé, provoque Yam dans un affrontement aidé par Kothar, le dieu forgeron, qui lui façonne une massue avec laquelle il terrasse le dieu Yam.

Baal et 'Anat : cf. Anat.

Baal et Môt (la mort) : la tablette concernant le dieu Môt est trop fragmentaire. L'essentiel du récit se résume comme suit : Le dieu Môt demande au dieu Baal de descendre dans sa gorge, qui est "la gorge des lions du désert". Ainsi disparaît Baal, après quoi, sa soeur Anat pris le deuil, éclairée par la "lampe divine" le soleil (Shamash) va trouver Môt et le "fend avec le fer, avec le van elle le vanne, avec le feu elle le brûle, avec la meule elle le broie (...)". Baal reparaît (...) et s'installe sur son trône.

Ce qui très important à signaler, c'est que la tradition populaire avait retenue surtout le rôle du dieu Baal, celui de dieu des eaux et de la pluie fécondante pour les cultures agraires en opposition à Môt, symbole de la sécheresse et de la mort. Ne dit-on pas jusqu'à nos jours "c'est une terre Baal" voulant préciser qu'elle est uniquement arrosée grâce à l'eau de pluie "fécondante". Le dieu Baal est particulièrement le modèle des dieux morts et ressuscités, signe du triomphe de la vie, mais surtout le renouveau annuel de la nature.

Baal Hamon : vraisemblablement seigneur de l'Amanus. La plus ancienne attestation connue de ce nom divin remonte à environ 825 av.J.C. et provient de Zincirli, capitale d'une principauté araméenne située sur les pentes orientales de l'Amanus. Baal Hamon est comme Dagon et Saturne, un dieu de l'agriculture. Plusieurs vestiges retrouvés sur le pourtour méditerranéen, surtout dans le monde punique, le représente assis sur un trône ou debout tenant une tige de blé ou parfois trois épis dans la main gauche. Ce symbole de trois épis est présent également sur les pièces de monnaie puniques

Baal Malagê : la seule mention de ce dieu figure dans les malédictions finales du traité imposé à Baal I de Tyr par Asarhaddon. Il est invoqué en même temps que Baal Shamin et Baal Saphon afin de provoquer la perte des navires tyriens en cas de non-respect du traité. Ceci pourrait en faire un dieu des intempéries ou de la navigation.

Baal Saphon : de l'ougaritique, signifiant seigneur de Saphon, le Mont Saphon, actuel Djebel el-Aqra' à environ 40Km au Nord d'Ougarit. Les plus anciens témoignages de son culte nous viennent d'Ougarit où les ancres votives de son temple attestent de sa qualité de protecteur de la navigation. Au XIII° siècle av.J.C. on évoque son culte à Memphis, en rapport avec une barque sacrée. Il fut également invoqué à témoin dans le traité imposé au VII° siècle par Asarhaddon au roi Baal de Tyr, il est chargé de déchaîner la tempête en cas de félonie. Il est vénéré à Délos, à Corfou, en Espagne où son nom figure sur une ancre en plomb et aussi à Carthage où il a son propre temple.

Baal Shamin ou Shamêm : maître des cieux ou seigneur céleste. Ce titre fut appliqué dès le II° siècle aux divinités suprêmes des panthéons syro-palestiniens, anatoliens ou suméro-akkadiens. Au Ier siècle, il s'imposa comme divinité autonome et son culte connut une grande diffusion dans le monde araméen où il est attesté du IX° au II° siècle ap.J.C. Il apparaît en Phénicie dans l'inscription de Yehimilk, roi de Byblos, où il est cité avant la Baalat Gubal et les dieux de Byblos. Dans un traité entre le roi assyrien Asarhaddon et Baal, roi de Tyr, le dieu Baal Shamin est cité à côté de Baal Malagê et Baal Saphon. Certains historiens le reconnaissent aussi dans le Baal dont Jézabel la tyrienne implanta le culte sur le Mont Carmel. Une dédicace grecque du II°-III° siècles ap.J.C. le nomme "Zeus Héliopolitain du Carmel". A l'époque Hellénistique, Baal Shamin apparaît dans une inscription phénicienne d'Um el-Amed (au sud de Tyr) où il avait son temple, qualifié en grec de "Zeus Très Haut". Son culte prit un essor considérable sous les Séleucides qui en avaient fait un dieu dynastique sous le nom de "Zeus olympien".

Baalat Gubal ou Gebal : la dame de Byblos. Déesse suprême de Byblos dont le nom est attesté en Egypte depuis le Moyen Empire et considéré dès lors comme un titre de Hathor. Vénérée à Byblos dès l'Ancien Empire (vers XXV°-XXIV° siècles av.J.C.). Il est vraisemblable que l'identification de la Baalat Gubal à Hathor remonte à cette époque. La documentation égyptienne en a gardé les traces jusqu'à l'époque de Ptolémée X (107-88 av.J.C.). La pièce la plus représentative de la Baalat Gubal reste la stèle de Yehawmilk, conservée au Musée du Louvre. La déesse est représentée assise sur un trône de type égyptien, habillée de la robe collante des déesses égyptiennes, avec la dépouille du vautour, surmontée d'un disque solaire entre les cornes, sur la tête. Sa main droite est levée en signe de bénédiction et la gauche empoigne un sceptre ouadj, symbole de la symbiose d'Isis-Hathor.

Baalbek : cf. rubrique les Cités.

Baalhanon : du phénicien, signifiant dieu s'est montré favorable. Nom proprement phénicien porté par un des fils de Yakinlu, roi d'Arwad au VII° siècle av.J.C.

Baalmilk : deux significations sont avancées, soit Baal est roi, soit Baal est devenu roi. Ce nom fut porté par plusieurs rois de Chypre : Baalmilk I, roi de Kition durant la première moitié du V°siècle av.J.C. qui régna après la révolte chypriote écrasée par Xerxès en 479 av.J.C. Baalmilk II, roi de Kition et d'Idalion dans la seconde moitié du V° siècle, connu pour son monnayage et par deux inscriptions mentionnant aussi son père Azzibaal et son grand-père Baalmilk I.

Baalshillem : du phénicien, signifiant Baal a récompensé. Anthroponyme attesté dans le monde phénicien et punique. Nom porté par les rois de Sidon : Baalshillem I, seconde moitié du V° siècle av.J.C. avec une inscription à Bostan ech-Cheikh, il était le père de Abdémon. Baalshillem II, vers 400 av.J.C., fils de Baana, connu également pour une inscription à Bostan ech-Cheikh, gravée sur une statuette de "temple boy" et dédiée en son nom au dieu Echmoun.

Baana : du phénicien, probablement Baal a donné. Roi de Sidon vers la fin du V° siècle, connu par une inscription phénicienne de Bostan ech-Cheikh et par les émissions monétaires. Il était fils du roi Abdémon père de Baalshillem II. On lui attribue le sarcophage "lycien" de la nécropole de Sidon.

Baléares : îles de la Méditerranée occidentale (Espagne). Hormis quelques références classiques à la présence des mercenaires Baléares, frondeurs célèbres, dans les armées carthaginoises au cours des guerres de Sicile, au IV°s., et lors des guerres puniques, les activités phénico-puniques dans les Baléares sont un acquis récent de la recherche. Le nom Baléares désignait seulement Majorque et Minorque, toutes deux sur la voie maritime des îles qui jalonnent la Méditerranée. A Majorque, on constate la présence sporadique d'objets phéniciens et surtout puniques, dès la fin du VI° s. av.J.C., dans les villages de civilisation autochtone. il faut les mettre en relation avec l'installation d'un comptoir à Ibiza, réalisé dès le milieu du VII° siècle.

Barcides : le nom de Barcides remonte au surnom Barkas ou Barca (en punique "éclair") d'Hamilcar qui, dans les dernières années de la première guerre punique (264-241) et durant la seconde moitié de la guerre des Mercenaires (241-238), remplissait les fonctions de navarque et de stratège. Faisaient partie des Barcides : Hannibal, Hasdrubal et Magon, les fils d'Hamilcar, ainsi que Hasdrubal gendre d'Hamilcar.

Barnett, Richard D. : (1909/1986). Historien de l'art, dont les nombreuses publications couvrent tout le domaine de l'art proche-oriental. Après ses études à Cambridge et un long séjour à la British School d'Athènes, il travailla au Musée Britannique de Londres où il fut nommé conservateur du département des Western Asiatic Antiquities en 1956. Parmi ses ouvrages, A Catalogue of the Nimrud Ivories (London, 1957, 1975), Ancient Ivories in the Middle East and Adjacent countries (Jérusalem, 1982) et un ouvrage posthume publié avec C. Mendleson, Tharros : A Catalogue of Material in the British Museum from Phoenician and Other Tombs at Tharros (London, 1987).

Barque : la barque phénicienne se distingue du vaisseau de guerre et du bateau de commerce car elle appartient à l'art figuratif. Les modèles se résumaient à deux types de barques : la barque à têtes de canard, conçue au début du Ier millénaire et semble issue de la tradition égéo-philistine, avec parfois la coque munie d'une paire d'ailes. Quand à la proue, lorsqu'elle ne présentait pas une deuxième tête d'oiseau, elle pouvait se terminer par une queue ornithomorphe. Ce type de barque ne semble pas avoir survécu à l'âge du Fer II, contrairement à la barque du second type, s'inspirant de la barque solaire égyptienne. Ce deuxième type de barque fut plus répandu, il apparut surtout à partir du VIII° siècle avec les ivoires d'ornementation pour les meubles et objets de décoration. La barque y est associée au disque solaire portant la couronne des divinités égyptiennes, symbole omniprésent dans l'histoire des relations entre les cités du Levant et l'empire d'Egypte, en particulier le commerce du bois de cèdre servant à la construction de ces barques.

Barthélemy Jean-Jacques : (L'abbé /1716-1795). "Associé" de l'Académie des inscriptions et des Belles Lettres à Paris, L'abbé Barthélemy présenta en 1758 une communication intitulée "Réflexions sur quelques monuments phéniciens et sur les alphabets qui en résultent", dans laquelle il proposait le déchiffrement du phénicien. Le point de départ fut l'inscription bilingue de Malte, en phénicien et en grec dont l'abbé Barthélemy avait complété le déchiffrement par l'analyse des légendes phéniciennes de diverses monnaies de Tyr et de Sidon et par l'étude des 33 inscriptions phéniciennes que Richard Pococke avait trouvé à Kition en 1738.

Batnoam : du phénicien, signifiant fille des délices. Mère du roi Azzibaal de Byblos. Son sarcophage fut trouvé en 1929 près du Château des Croisés. L'inscription "Je repose dans la pourpre, un couvre-chef sur moi et un masque d'or à ma bouche" est datable de la première moitié du IV° siècle av.J.C.

Batroun : ville côtière du Liban, à 15Km au nord de Byblos dont elle dépendait à l'époque d'el-Amarna. Elle ne tarda pas à tomber entre les mains d'Abdi-Ashirta d'Amurru. Située à l'écart de l'ancienne route côtière, la ville ne s'est jamais dotée de port, restant ainsi loin des grandes activités marchandes.

Béqa' ou Béqaa : cette plaine fait partie de la faille Est-africaine qui s'étend jusqu'au Taurus et comprend la vallée de L'Oronte, du Jourdain et la Mer Rouge. A l'Ouest, elle est bordée des flancs orientaux, riches en sources du Liban, qui atteignent des sommets de plus de 3000m, à L'Est par l'Anti-Liban qui, au Sud, dans l'Hermon atteint presque 3000m. et au Nord-est s'atténue progressivement vers le désert syrien. Au Sud, la Béqa' est barrée par la vallée du Litani, entre l'Hermon et le Liban. Au Nord elle est ouverte et s'aplanit, au Nord de Rabli jusqu'au bassin de Homs. Sa longueur est d'environ 110Km, sa largeur de 8 à 14Km. Elle s'élève en moyenne à 900m d'altitude et près de Baalbek elle atteint environ 1100m. Dans l'Antiquité, la Béqa' joua un rôle important dans les communications. Elle fut la principale voie entre l'Egypte et la Syrie-Mésopotamie. L'expansion égyptienne au Nouvel Empire, vers la Syrie, utilisa la Béqa' comme le montrent les textes d'el-Amarna. La ville de Kumidi (Kamed el-Loz) en marge de la Béqa' méridionale fut le siège du représentant du pharaon (le Rabû). A l'époque hellénistique, la Béqa' joua un rôle dans la lutte entre Séleucides et Ptolémées.

Bès : dieu égyptien d'aspect effrayant et aux fonctions multiples. Réputé en particulier pour sa protection contre les serpents et les scorpions, pour favoriser l'amour et la fécondité. Danseur et musicien, il se rattache au cercle d'Hathor. Depuis le Moyen Empire Bès est figuré de face comme un dieu léonin au visage grimaçant, vêtu de la dépouille du fauve avec la queue entre ses jambes écartées. Il est barbu, coiffé d'une couronne de plumes ou de palmes. Cette image apparaît en Phénicie et à Chypre au cours du Bronze Récent sur sceaux-cylindres, des vases en faïence et en ivoires. Cette représentation de Bès subit les influences de la région et sa tête se rapprocha de celle des démons grimaçants babyloniens alors que sa couronne s'orne de cornes.

Bétyle : beit El, maison du dieu El. Le bétyle est souvent une pierre ou stèle de formes et dimensions diverses qui localise la présence divine et marque l'emplacement d'un lieu saint. Un des bétyles les plus souvent signalés est celui de la monnaie giblite (Byblos) de Macrin, au III°siècle ap.J.C. où l'on voit une pierre conique dressée dans la cour du sanctuaire. Un bétyle semblable figure au centre de la cella tripartite sur des monnaies de Paphos (Chypre) et un monolithe en forme de cône d'une hauteur d'environ 1,41m a été retrouvé à Gozzo (île près de Malte). Des centaines de bétyles taillés en piliers isolés, en couple, en triade ou en double triade figurent sur les stèles puniques et les cippes en forme de trônes. Le rassemblement le plus célèbre reste toutefois le temple dit des obélisques à Byblos (II° millénaire).

Beulé, Charles Ernest : (1826-1874). Membre de l'Institut de France, archéologue et historien de l'art grec, fouilleur des Propylées de l'Acropole d'Athènes, auteur de nombreux ouvrages. Il inaugura en 1859 l'exploration scientifique des ruines de Carthage et en publia les résultats dans ses Fouilles à Carthage (Paris, 1861).

Beyrouth : cf. rubrique les Cités.

Bible : dans l'Ancien Testament (la Bible hébraïque), les termes de Phénicie et Phéniciens n'apparaissent jamais. Dans la traduction grecque on les nomment Cananéens (Canaan) ou Sidoniens (Sidon) car les Phéniciens se présentaient en appartenance à leurs cités : Sidoniens, Tyriens ou Giblites. Cependant, la Bible constitue une référence dans la connaissance de la civilisation phénicienne surtout dans ses rapports avec Israël. D'après la Genèse, Sidon est "le premier-né de Canaan". Dans la première moitié du X° siècle sous David et plus particulièrement sous Salomon, Tyriens et Israélites développèrent des relations politiques et économiques. Une alliance entre Hiram, roi de Tyr et Salomon, roi d'Israël facilita la construction du Temple de Jérusalem, les échanges commerciaux entre les deux pays ainsi que les expéditions conjointes vers le pays d'Ophir. Au IX° siècle, Omri, roi d'Israël noua une nouvelle alliance en mariant son fils Achab avec Jézabel, fille d'Ittobaal, roi des Sidoniens. Cette alliance, en partie dirigée contre les Assyriens entraîna le développement du culte de Baal en Samarie, provoquant la réaction du prophète Elie au Mont Carmel. Elie persécuté, trouva refuge à Sarepta (entre Sidon et Tyr). Les privilèges accordés à Baal par Jézabel en Samarie et Athalie à Jérusalem furent supprimés par des coups d'Etat de Jéhu à Samarie en 841 et de Yehôyada à Jérusalem en 835. A partir du VIII°siècle, plusieurs prophètes n'hésitèrent pas à critiquer la richesse des cités phéniciennes, le plus éloquent fut Ezéchiel dans son Elégie sur Tyr. Après l'Exil, la construction du "second temple" nécessita, à nouveau, l'aide technique spécialisée des "Sidoniens et Tyriens". Dans le Nouveau Testament, les évangélistes parlent de Jésus se retirant dans la région de Tyr et Sidon et rencontrant une "Cananéenne" (Mathieu 15,22) ou "syro-phénicienne" (Marc 7,26) dont la foi préfigure celle des Phéniciens auxquels s'adressent les Hellénistes fuyant Jérusalem, puis les apôtres Barnabé et Paul. Ce dernier utilisa plus tard un bateau allant de Lycie en Phénicie qui le débarqua à Tyr, où il résida sept jours. Cf. rubrique personnages : Hiram & Salomon.

Bitia : du néo-punique, Maison de la Source. En grec Bithia. Important centre phénico-punique de la côte Sud de la Sardaigne, où Ptolémée distingue, sous l'Empire, la ville et le port de Bitia. Les restes de la ville, dont on a relevé les traces de murailles, se trouvent près de l'étang de Chia, qui communique avec la mer et a sans doute abrité le port de l'époque phénico-punique. Sur la colline de la Torre di Chia, site possible de l'acropole, on a mis au jour des vestiges de maisons de type punique, attesté encore à l'époque romaine ainsi que des restes de sanctuaires. Les tessons trouvés sur le site permettent de faire remonter les origines de l'établissement à la première moitié du VII° siècle (les tombes de la vaste nécropole, située sur la plage et utilisée jusqu'à la période romaine, datent de cette période).

Bochart, Samuel : (1599-1667). Hébraïste et pasteur de l'Eglise réformée française, connu pour son oeuvre monumentale et très érudite Geographia sacra seu Phaleg et Chanaan, parue d'abord à Caen en 1646, puis rééditée en 1662 par P. de Villemandy à Leiden et Utrecht. La première partie de l'ouvrage traite de la table des Peuples (Genèse.10) et la seconde est consacrée aux Phéniciens. Sa passion pour l'étymologie l'entraîna parfois à admettre comme des faits de pures hypothèses.

Bodashtart : du phénicien, dans ou par la main d'Astarté. Nom d'un des rois de Sidon petit fils d'Echmounazor I et successeur d'Echmounazor II. Les archéologues ont découvert au temple d'Echmoun à Bostan ech-Cheikh une vingtaine d'inscriptions de ce roi. Il entreprit beaucoup de restauration dans les différents quartiers de la ville et auprès de plusieurs édifices. Nom porté également pas plusieurs commandants carthaginois qui participèrent aux guerres puniques.

Bodbaal : du phénicien, dans ou par la main de Baal. Nom propre phénicien porté par un des fils de Yakinlu, roi d'Arwad au VII°siècle av.J.C.

Bomilcar : du phénicien, dans ou par la main de Melqart. Anthroponyme très répandu, spécialement à Carthage où il est porté par plusieurs suffètes.

Bostan ech-Cheikh : à deux Km au Nord-est de Sidon, sur la rive Sud du Nahr el-Awwali, le Bostrenos de l'Antiquité et l'Asclepius fluvius d'Antonin de Plaisance, qui mentionne aussi la source où se trouvait un sanctuaire renommé d'Echmoun, puis Asclépios. Il était situé à environ 1Km de l'embouchure de la rivière, au milieu des vergers du "bois sacré d'Asclépios" chez Strabon, et les inscriptions sidoniennes en font mention au V° siècle : Immi-Ashtart et son fils Echmounazor II, se glorifient d'avoir bâti ce "sanctuaire de la source de Yidal contre la montagne", bien que les travaux n'aient été entrepris que sous le règne de Bodashtart, comme le témoignent les deux séries d'inscriptions de fondation réparties dans les assises d'un podium monumental. Ernest Renan signala ce site qu'il visita en 1864. La découverte fortuite des premiers exemplaires de l'inscription de Bodashtart en 1900 y amena les fouilles de T. Macridi-Bey en 1901 et celles de W. von Landau en 1903-1904. Le dégagement des ruines, entrepris en 1963 par M. Dunand, permit de mettre au jour un ensemble unique de monuments s'échelonnant du VI° siècle av. au VI° siècle ap.J.C. Le temple primitif d'Echmoun semble avoir été un haut massif pyramidal avec une rampe d'accès et une réserve d'eau. Cet édifice, attribué à la période néo-babylonienne (605-539), a été englobé dans un podium d'environ 70x50 m, adossé contre la montagne et s'élevant à 22 m de hauteur. Il supportait un sanctuaire qui a dû rester en usage jusqu'au milieu du IV° siècle, époque où doit dater la "tribune" ou l'autel trouvé près de l'angle Nord-ouest du podium : haut de 7m il est orné de divinités et d'une farandole de danseuses, gravées en relief dans un style proche de celui des sarcophages royaux de Sidon. A l'Est, en contrebas du podium, s'élève une grande chapelle, environ IV° siècle av.J.C., pourvue d'une piscine pavée et d'un trône en pierre de l'Astarté sidonienne, flanqué de deux sphinx, entouré de lions et appuyé contre le mur de fond décoré de scènes de chasse en bas relief. A l'Ouest, une autre chapelle est centrée sur un chapiteau orné de quatre bucranes du IV° siècle av.J.C. D'autres vestiges datent de l'époque romaine : un escalier monumental, un autel cubique et des colonnes d'un grand portique entourant les bassins et d'autres installations cultuelles. Au cours des fouilles, huit ostraca phéniciens de l'époque achéménide, des milliers de petites verroteries et de nombreuses statuettes en marbre représentant un enfant (temple boy) furent trouvé. Ces ex-voto offerts à Echmoun évoquent la fonction du dieu guérisseur, qui s'exerçait à travers les ablutions auxquelles les enfants étaient sans doute soumis dans les bassins, sacrés et thérapeutiques, alimentés en eau courante. cf.Rubrique cartes : le temple d'Echmoun et Articles : religion.

Bronzes : les Phéniciens étaient renommés pour le travail du bronze. Les Annales assyriennes, l'Ancien Testament et Homère en témoignent. Un bronzier tyrien Hiram, réalisa pour Salomon, les objets en bronze du Temple de Jérusalem. Cependant la documentation archéologique relative à cette production reste assez limitée. Les pièces retrouvées en Phénicie et dans les comptoirs méditerranéens démontrent un style nettement égyptisant. Ces bronzes étaient travaillés en pleine fusion, selon la technique de la cire perdue et parfois ils étaient recouverts de feuilles d'or ou d'argent. Tant par leur technique que par leur iconographie, les bronzes phéniciens continuaient la grande tradition bronzière cananéenne. Parmi les représentations iconographiques les plus connues, nous retrouvons le dieu de l'orage (I°millénaire), avec le bras levé, frappant avec une arme. Ce dieu, en position debout, porte un pagne à la mode égyptienne et une couronne conique. Plusieurs suppositions attribuaient cette représentation aux dieux Baal, Hadath ou Resheph. La version féminine représente une déesse guerrière, Anat ou Astarté, revêtant une longue tunique collante sur un corps élancé et portant sur la tête une perruque échelonnée ainsi qu'une couronne égyptienne parfois associée à une tiare à trois cornes de tradition syrienne. D'autres dieux et déesses sont représentés bénissant, en position debout ou assis sur un trône, souvent avec des attributs à la mode égyptienne (couronne hathorique, coiffure égyptienne, ...). des statuettes diverses sont également retrouvés dans les cités et un peu partout dans les comptoirs méditerranéens (Espagne, Sardaigne, Tunisie, ...) représentant une déesse nue avec les mains posées sous ses seins, un joueur de lyre, une déesse allaitant un enfant, un joueur de cistre, statuettes avec des fleurs de lotus sur le torse symbole du dieu de la végétation ou statuettes momiformes avec le visage couvert d'une feuille d'or.

Byblos : cf. rubrique les Cités.

Byrsa : nom d'un quartier de Carthage dont la signification et la portée reste problématiques. La seule explication proposée à ce jour, qui admette l'origine phénicienne du nom et tienne compte de sa consistance phonétique, est celle de bi'r-sa, "puits des brebis". Dans les textes classiques relatifs à la fondation de Carthage, Byrsa apparaît liée à un jeu de mots. Débarquée en Afrique, la princesse Elissa-Didon achète aux indigènes autant de terre que peut en ceindre une peau de boeuf, en grec bursa. Entre légende et recherches scientifiques on suppose que ce terme pourrait définir le lieu du premier établissement, le noyau central urbain.

Byzacène : nom qui désignait en grec la zone de l'actuel Sahel tunisien s'étendant du golfe de Gabès (la Petite Syrte) à celui de Hammamet. La ville principale en était Hadrumète (Sousse). Célèbre pour sa fertilité et ses récoltes exceptionnelles de céréales. En 203 Hannibal débarqua, revenant d'Italie, pour s'y approvisionner en blé avant l'ultime phase de la 2ème guerre punique.

LETTRE C


Cadix ou Gadès : du phénico-punique "le mur" ou "l'enclos" servant d'entrepôt comme le note l'historien Pline. Située sur les rivages atlantiques de l'Andalousie, au delà du détroit de Gibraltar, Cadix se trouve à l'Est de l'embouchure du Guadalquivir qui draine les richesses de la Sierra Morena. C'est le principal établissement phénicien de la côte ibérique, le plus proche des fournisseurs de métaux du pays de Tartessos et jouant un rôle prééminent dans la production artisanale phénicienne. Selon les auteurs classiques, Cadix a été fondée au XII° siècle av.J.C. à l'instar de Lixus et Utique, démontrant ainsi l'antiquité du site. L'historien Strabon évoque cette installation phénicienne en précisant les tâtonnements qui ont précédé le choix de Cadix : après avoir conduit deux expéditions infructueuses une à Almunécar et l'autre à Huelva, les Tyriens se blottirent dans une baie, en face d'habitats indigènes déjà développés grâce à la métallurgie, source de richesse et but de leur venue en ces lieux. Le récit de la fondation se rattache à celui de la fondation du sanctuaire de Melqart-Héraklès, premier souci de ceux qui installent un nouveau comptoir. Les fonctions du temple étaient multiples : rendre un culte au dieu de la mère patrie, servir de lieu d'asile, collecter les redevances dues par les marchands, garantir l'honnêteté des transactions. Le prestige du temple grandit au point de figurer sur les pièces de monnaies puniques de Cadix. L'Hercule Gaditanus (l'Hercule Gadésien) reparaît sur les pièces romaines des empereurs Trajan et Hadrien, tous deux originaires d'Espagne. Le culte persista également durant la période romaine. L'archéologie n'a rien révélé du temple, mais les auteurs anciens, notamment Strabon le décrivent avec des autels, les deux stèles de bronze (celles de Boaz et Jakin comme à l'entrée du temple de Melqart à Tyr), les portes décorées des douze travaux d'Hercule et sa source d'eau douce.

Cadmos ou Kadmos : éponyme de Cadmée, l'ancien nom de Thèbes de Béotie (en Grèce), où les vestiges du palais mycénien ont livré une collection de sceaux orientaux témoignant des relations de la cité avec le Proche-Orient au Bronze récent. La légende de Cadmos semble inconnue à Homère et Hésiode mais attestée par Hérodote. ce dernier raconte que Cadmos, fils du roi légendaire Agénor (considéré comme fondateur de Tyr) fut envoyé par son père à la recherche de sa soeur Europe enlevée par Zeus, métamorphosé en taureau. Après des recherches infructueuses qui l'ont amené à Théra, il s'arrêta finalement à Cadmée/Thèbes dont il fut le fondateur. Deux traits de la légende de Cadmos se rapportent à l'expansion phénicienne :

Son origine phénicienne : La légende de Cadmos le qualifie de Tyrien d'où son apparition sur les monnaies impériales romaines de Tyr et de Sidon. Cette légende reflète l'insertion d'un ancien récit de fondation, relatif à la Cadmée, dans le cadre de diverses narrations grecques qui évoquaient l'expansion phénicienne en Méditerranée au I° millénaire av.J.C. et la situaient à l'âge héroïque, antérieur à la guerre de Troie.

Ses inventions : Cadmos aurait fondé le culte d'Athéna à Lindos et celui de Poséidon à Rhodes, dédié des autels et un temple aux deux divinités sur l'île de Théra. Il aurait entamé l'exploitation des mines, inventé le travail du bronze, alimenté la Cadmée en eau au moyen d'aqueducs, autant de traits de l'esprit inventif attribué aux Phéniciens par les Grecs. Mais c'est surtout l'introduction des phoinikéia ou Cadméia grammata, c'est-à-dire l'alphabet emprunté par les Grecs aux Phéniciens, qui est attaché au nom de Cadmos.

Cagliari : en punique Krly, en grec Karalis, excellent port naturel au fond du golfe de Cagliari, sur la côte sud de la Sardaigne. L'historien Pomponius Méla prétend que Cagliari est, avec Sulcis, la plus ancienne ville de la Sardaigne, mais Pausanias attribue cet honneur à Nora et affirme que Cagliari a été fondée par les Carthaginois. Les tessons grecs et phéniciens découverts dans la partie Ouest de la ville, remontent à la fin du VIII° s, mais les plus anciens vestiges architecturaux mis à jour dans cette zone ne datent que des VI°-IV° siècles.

Canaan : région qui s'étendait du Jourdain et de la Mer Morte à la Méditerranée, des frontières de l'Egypte (Wadi-al-'Arich) jusqu'aux montagnes du Liban au nord et dont les habitants étaient qualifiés de Cananéens. Le nom de Canaan aurait déjà figuré dans les textes d'Ebla sous la forme de Kà-na-na mais la première mention sûre se trouve dans une lettre de Mari, datant du XVIII°siècle av.J.C. C'est attesté ensuite à Alalakh dans l'autobiographie d'Idrimi, dans les lettres d'el-Amarna, à Ougarit, dans plusieurs textes égyptiens et hittites. Les grandes cités de Canaan ont fleuri dès le néolithique avec le développement de l'agriculture et la sédentarisation, avec les plus anciennes de toutes Byblos et Jéricho. Pourtant, les historiens ne disposent à leurs propos que de brèves inscriptions et surtout des textes bibliques. Ce manque de documentation a conduit, depuis toujours, à l'amalgame défendant une théorie qui fait de Canaan un nom de la Phénicie. Selon la tradition grecque, qui peut remonter jusqu'à Hécatée de Milet, le pays de khnà ou chna correspondait aux territoires des cités phéniciennes. La Bible fait de Sidon "le premier né de Canaan", Laodicée de Canaan (l'actuelle Beyrouth) connue par ailleurs comme Laodicée de Phénicie. Les Chanani, paysans de l'Afrique du Nord à l'époque de Saint Augustin, se disaient d'origine punique donc phénicienne. Ce qui est plus ou moins vrai c'est qu'une partie du territoire cananéen, connu plus tard sous le nom de Phénicie, fut conquit en 1200 av.J.C. par les Peuples de la Mer qui créèrent des activités maritimes expansionnistes et commerçantes. Avec leur installation, ils se sont simplement mélangés aux gens du pays, les Cananéens, paysans et pasteurs.

Carthage : en phénico-punique, Qarthadath, "ville neuve". D'après les données de l'historien Timée, Carthage fut fondée en 814/3, selon le témoignage unanime des auteurs classiques. Ses fondateurs furent des citoyens Tyriens (Cf. rubrique Personnages, Elissa fondatrice de Carthage). Une des causes déterminantes du choix du site de Carthage aurait été sa situation favorable du point de vue commercial et défensif. Il se peut qu'à la tête de la nouvelle fondation se trouve un gouverneur qui agissait au nom du roi de Tyr. Vers les VIII°-VII° siècles, quand Carthage s'émancipa politiquement, le roi carthaginois prit la place du gouverneur tyrien. Au cours du VI° siècle, il semble que le roi fut remplacé par un ou deux juges, les suffètes. Après une période de stabilisation, la ville connue un essor relativement rapide grâce à un vaste réseau de relations commerciales, soigneusement entretenues et ensuite protégées militairement. Cet essor amena la création de comptoirs et colonies. Carthage réussit à coordonner et à contrôler les diverses mouvements d'expansion phénicienne et à rassembler les divers comptoirs et colonies de l'Occident en un seul Empire qui s'étendit depuis les Autels des Philènes jusqu'à Mogador et Gadès et englobait les Baléares, la Corse (Alalia), la Sardaigne et l'Ouest de la Sicile. Dans la plupart de ces régions, des conflits militaires éclatèrent avec les populations autochtones ou immigrées, dont le but fut la défense des intérêts carthaginois. Les Carthaginois menèrent des guerres multiples contre les Grecs de Sicile et leur intervention en faveur des Marmetins de Messine, en 264, les amena à affronter la puissance romaine en pleine expansion, annonçant ainsi le début des trois guerres puniques qui furent imposées aux Carthaginois par les Romains.

Carthage de Chypre : du phénicien Qarthadath "ville neuve", fondée par les Phéniciens à Chypre vers le milieu du VIII° siècle. Le roi Hiram de Tyr (vers 736-729) y était déjà représenté par un gouverneur.

Carthage Sarde : deux dédicaces puniques de Sardaigne, l'une de Tharros, l'autre d'Olbia, mentionnent une "ville neuve". La première date l'achèvement d'un monument religieux du suffétat d'Adonibaal et de Himilkot, "suffètes à Carthage". Dans la deuxième inscription, le dédicant affirme appartenir au "peuple de Carthage" ou commander "l'armée de Carthage". La Carthage d'Afrique ? Il semble que ces deux dédicaces provenaient de généraux ou amiraux carthaginois présents à Sardaigne au temps de la 1ère guerre punique.

Carthagène : en punique Qarthadath "ville neuve" ou "la Carthage neuve", en latin Carthago Nova. Ville d'Espagne auprès du cap de Palos, sur une baie qui est le meilleur port de la côte méridionale de l'Espagne et offre des salines propices à l'industrie de salaison, à proximité de mines d'argent très riches. Carthagène fut fondée par Hasdrubal Barca vers 228 av.J.C., dans les parages de Mastia, une ville des Tartessiens. Hasdrubal y construisit un magnifique palais, y installa de vastes chantiers et arsenaux, ainsi qu'un atelier monétaire dont proviennent les documents les plus significatifs de cette courte période qui sépare la fondation de Carthagène de sa prise par Scipion l'Africain en 209. Polybe, qui visita Carthagène en 133, décrit les vestiges de l'époque barcide. On n'a retrouvé jusqu'à présent que de la céramique punique, surtout des amphores de la fin du III° et début du II° siècles. En revanche, des traces d'un commerce phénico-punique antérieur au III° siècle sont mises à jour, tant dans la ville même, sous forme de poterie, qu'en mer près du cap de Palos, sous forme d'une ancre en plomb portant des monogrammes d'apparence phénicienne. Une épave de bateau du IV° siècle fut également repérée au "Bajo de la Campana I", près de l'Isla Grosa, qui transportait entre autres des défenses d'éléphants, certaines avec une inscription phénicienne. Par ailleurs, les trouvailles de poteries avec des estampilles ou épigraphes puniques témoignent de l'usage de cette langue dans la région de Carthagène jusqu'au I° siècle av. ou ap.J.C.

Carthalon : du punique "Melqart a sauvé". Anthroponyme attesté à Carthage, où il fut porté par des suffètes, militaires, hommes politiques et négociants.

Cèdre : Cedrus Libani, le cèdre avait une valeur symbolique comme aujourd'hui encore au Liban. Il était utilisé comme bois de construction à cause de son prestige, de sa dureté et de son caractère imputrescible, mais il était en concurrence avec d'autres bois plus légers et aux fûts plus réguliers, comme le pin ou le sapin. On tirait du cèdre plusieurs produits d'usage courant et ses emplois médicaux et religieux étaient multiples (sa résine était fort recherchée pour son utilisation dans le processus de momification). Les plus beaux bois phéniciens: le cyprès, le genévrier et en particulier le cèdre, étaient exportés vers divers horizons, spécialement en Egypte et en Mésopotamie. Les plus anciennes attestations de ce commerce remontent au III° millénaire. A l'époque proprement phénicienne (vers 1200-300 av.J.C.), l'aventure d'Ounamon, l'envoyé du pharaon venu à Byblos au XI° siècle évoque l'importance de ce commerce. Le roi Salomon demanda au roi Hiram I de Tyr le bois nécessaire à ses constructions (le temple de Jérusalem et son palais). Les rois assyriens firent abattre des cèdres et imposèrent aux cités la livraison d'autres essences comme tribut annuel. Une lettre retrouvée à Nimrud, datant du règne de Téglat-Phalasar III, montre le gouverneur assyrien réglementant l'exploitation de la forêt libanaise et s'opposant à l'exportation du bois vers la Philistie ou l'Egypte. Dans la littérature assyro-babylonienne, deux courants se dégagent qui associent, l'un, le cèdre à l'Amanus (massif montagneux au sud-est de l'actuelle Turquie), l'autre, au Mont Liban. Pour le premier de ces courants, bien représenté à l'époque néo-assyrienne, le Liban est la montagne du cyprès. A l'époque perse, lorsque les Juifs reconstruisent le temple de Jérusalem, ce sont des Tyriens et des Sidoniens qui fournissent le bois nécessaire, tandis que les souverains achéménides se font aménager des "réserves royales".

Céramique : au Bronze Récent, la côte syro-phénicienne a le même répertoire céramique que le reste du pays de Canaan. Après 1200 av.J.C., lorsque l'aire cananéenne désormais appelée Phénicie, se réduit à la zone côtière, émerge un répertoire distinct, plus proche de la céramique chypriote que celle de l'arrière-pays. La céramique de l'âge de fer connaît deux grandes périodes : une phase Bichrome, vers 1200-850, et une phase Red Slip (engobe rouge), vers 850-550. Pendant la première phase, les cercles concentriques noirs, rouges et parfois blancs, constituent la décoration la plus prisée. Après 850, le décor à engobe rouge poli est plus répandu, tandis que le décor bichrome n'est utilisé que pour les bandes, exceptionnellement pour les cercles. Les premières productions sont ordinaires, l'intérêt de la céramique est loin de rechercher l'esthétique comme dans la production grecque. La céramique phénicienne est avant tout utilitaire, elle sert à transporter les denrées pour les échanges (Cf. Articles, l'expansion phénicienne : la poterie et la céramique au service du commerce). Avec l'installation des comptoirs commerciaux, la céramique subie les influences indigènes. On peut évoquer deux tendances : les formes d'origine orientale et les formes empruntées à la céramique indigène.

Formes d'origine orientale : parmi les formes les plus courantes nous retrouvons (1)- Les oenochoés à bobèche et à embouchures trilobée, destinées respectivement à l'huile et au vin, ainsi que les petites bouteilles ou jarres à fond arrondi. (2)- Les bols carénés et les grands plats à bord légèrement recourbé et à cuvette centrale ainsi que les lampes à un ou deux becs. (3)- Les trépieds, connus en Orient dès le III° millénaire, faits en pierre alors qu'en Occident ils étaient en terre cuite et dont l'usage reste encore discuté. Bases d'appui pour amphores ou plutôt mortiers, aisément transportables pour la préparation de colorants, peintures, etc. (4)- Les amphores dont deux types proviennent de la "jarre cananéenne" pour le transport des céréales.

Formes empruntées à la céramique indigène : outre les formes qui viennent directement de l'Orient, les comptoirs phéniciens ont développés des modèles qui leur étaient propres mais inspirés de prototypes orientaux comme les jarres ovoïdes à deux ou quatre anses doubles et petites, les ampoules ou petits flacons à huile, au goulot renflé et au corps ovoïde, pour les parfums et onguents. L'influence des cultures indigènes fut illustrée dans le cas de la céramique grise phénicienne de l'Occident. Parfaitement distincte de la céramique grecque postérieure, cette céramique fut produite dans le sud et le sud-est de l'Espagne. Elle conserva les types de bols et de plats orientaux se distinguant toutefois par une pâte et une surface couleur gris foncé, polie, qui résulte d'une technique tartessienne (Tartessos) remontant au II° millénaire. Toutes ces productions étaient de la céramique tournée, les productions modelées étant réservées à l'utilisation domestique (cuisine) et dont les traces sont inexistantes vu l'occupation permanente des sites antiques jusqu'à nos jours, empêchant la fouille des habitats.

Cerro del Penon : voir Toscanos.

Cerro del Prado : établissement phénicien d'Espagne situé près de San Roque, au fond de la baie d'Algéciras. Le site surplombe à environ 20m la rive gauche de Rio Guadarranque et se trouve aujourd'hui à 1500m du rivage, séparé de la mer par un cordon de dunes et un large marais. Dans l'Antiquité, la mer bordait le monticule habité, où l'on discerne des murs de pierres et de briques. L'étude du matériel phénicien récolté sur le site, se composant de céramique polychrome à engobe rouge, permet de situer le début de la présence phénicienne vers le VII°siècle av.J.C.

Cherchel : en Algérie, à 27 Km à l'Ouest de Tipasa, l'antique Iol-Caesarea, " l'île au sable ". C'est précisément dans l'îlot fermant le port de Cherchel que l'on a trouvé les premiers vestiges d'une occupation datable du V° siècle av.J.C. L'agglomération devait être étendue à une date ancienne puisque les fouilles entreprises par une équipe algéro-britannique au centre de la ville moderne ont révélé, sous le dallage sévérien du forum (vers 200 ap.J.C.) des niveaux d'occupation de cette même époque, avec de la céramique et une lampe punique que les fouilles datent aussi haut que le VI° siècle av.J.C. On ne sait pas bien à quel moment l'ancien "comptoir" punique devint une cité numide, peut-être dès le III° siècle av.J.C. sous les rois masaesyles (libyco-berbères).

Chorreras : site phénicien de la côte de Malaga, à 800m à l'Est de la vallée de Rio Algarrobo. Les fouilles entreprises en 1974 mirent au jour un des plus anciens comptoirs phéniciens du Sud de l'Espagne puisque ses origines remontent au milieu du VIII° siècle av.J.C. Situé sur un promontoire élevé, Chorreras a fourni d'abondants vestiges archéologiques d'une seule période d'occupation, vers 750-700 av.J.C. Parmi les trouvailles, les restes de grands bâtiments séparés par des espaces ouverts et des rues. La présence d'un nombre élevé d'amphores et de récipients de grandes dimensions indique que Chorreras était un centre commercial de stockage et d'échange de vin, d'huile et de céréales. Le site fut abandonné au début du VII° siècle av.J.C. et ne fut occupé plus tard que d'une façon sporadique.

Chousor : du phénicien punique, dieu artisan et architecte dont le nom signifie "expert". Il est connu par les textes d'Ougarit, où il est identifié au dieu mésopotamien Ea. Il est également mentionné par les historiens antiques tel Mochos de Sidon et Philon de Byblos qui l'assimilent à Héphaïstos et à Zeus. D'autres historiens considéraient Chousor comme le roi des Phéniciens et le père de Tammuz, dont s'était éprise la Baalat Gubal. Bâtisseur du palais de Baal, selon les mythes d'Ougarit, il était aussi le dieu forgeron et armurier, l'initiateur de la pêche et des constructions navales.

Chypre : île de 9251Km², située à 65Km de la côte anatolienne (Cilicie) et à 85Km de la côte syrienne; 350Km la séparent des bouches du Nil et 400Km de Rhodes, la plus proche des îles de l'Egée. Chypre présente trois grandes régions : la chaîne de Kyrenia borde la côte Nord, où les sites de Lapéthos et de Larnaka-tis-Lapithou ont livré des textes phéniciens. La plaine centrale, appelée Mésaoria, comprend les sites de Morphou, Lédra (Nicosie), Chytroi, Golgoi, idalion, Kition et Salamine. Enfin, le gros tiers Sud-ouest de l'île avec les sites de Tamassos, Amathonte, Kourion, Paphos et Soloi, est occupé par le massif de Trôodos. C'est dans ses contreforts, richement boisés, que se rencontrent les gisements cuprifères qui, aux yeux des populations voisines, constituèrent longtemps le principal attrait de l'île. Les contacts de Chypre avec l'Orient remontent au Néolithique mais les découvertes attestent surtout, avec les inscriptions d'Enkomi, près de Salamine, des contacts au Bronze Récent. Chypre, connue alors sous le nom d'Alashiya, entretint des relations commerciales et diplomatiques avec l'Anatolie, l'Egée, l'Egypte et la Syrie-Palestine. La brillante civilisation des XV°-XIII° siècles est bouleversée à partir de 1225 av.J.C. par l'arrivée des Egéens, puis des Achéens fuyant le Péloponnèse après la ruine des grands centres mycéniens de la Grèce continentale. Le caractère égéen des habitats de l'île s'affirma de plus en plus, principalement dans la poterie. Céramique et architecture attestent que l'île de Chypre entre, de 1200 à 1050, dans une nouvelle ère. Des destructions eurent lieu vers 1075, suite à un phénomène naturel ou à l'arrivée d'une dernière vague d'immigrants. La période de 1050-950 av.J.C. constitue à Chypre un âge obscur, au terme duquel les Phéniciens furent leur apparition dans l'île. Il est difficile de déterminer la nature de chacun des établissements, la gamme des possibilités étant large : comptoir commercial, point d'appui fortifié, cité-royaume ou bien simple présence de marchands et d'artisans. Cette population phénicienne à Chypre était entourée de tout un panthéon phénicien avec les dieux Baal, Echmoun, Resheph, Astarté, Anat, auxquels il faut ajouter Pumay et Sasm, divinités caractéristiques des Chypro-Phéniciens. Cependant l'iconographie religieuse était différente malgré les quelques modèles d'influence phénicienne comme les figurines de femmes enceintes ou les statuettes du "temple boy".

Cilicie : région au sud de la Turquie. Au II° millénaire cette région correspondait au Kizzuwatna, un royaume intégré à l'Empire hittite par Shuppiluliuma I. Les populations étaient majoritairement louvite avec une minorité hourrite. Dès le II°millénaire des contacts étroits furent établis entre le monde syro-phénicien et la Cilicie et plus particulièrement avec Ougarit. Du blé, des denrées précieuses, des travailleurs saisonniers et des marchands circulaient de part et d'autre. Le I° millénaire révèle une forte implantation phénicienne en Cilicie. A Tarse, la céramique phénicienne est attestée de 850 à 600 av.J.C. et après 500 un culte de Baal y est présent. Plusieurs sceaux et inscriptions furent trouvés attestant cette présence phénicienne. Sur le plan militaire, une alliance entre le roi de Sidon Abdimilkutti et le roi cilicien Sanduarri fut créée, afin de faire face au roi assyrien Asarhaddon.

Cité pérégrine : cité de l'Empire romain, spécialement en Afrique du Nord et dans la péninsule Ibérique, administrée selon les anciennes lois et coutumes locales. L'organisation municipale de ces cités pérégrines revêt donc une grande importance pour la connaissance de la civilisation punique.

Cité suffétale : cité gouvernée par deux, parfois trois suffètes, et dont l'administration municipale ressemblait à celle de Carthage. A l'époque de l'Empire romain, on connaît en Afrique du Nord encore une trentaine de cités suffétales, dont certaines continuèrent à être gouvernées par des suffètes jusqu'en plein II° siècle ap.J.C. Ceux-ci furent remplacés ensuite par des duumvirs ou des triumvirs, dont les titres représentent surtout la latinisation de l'ancien titre punique.

Cité-Etat : ville fortifiée qui, avec son territoire souvent exigu, formait un mini-Etat gouverné par un roi, un dynaste, une oligarchie ou l'assemblée du peuple. La cité-Etat était la forme habituelle de l'Etat en Canaan à l'époque du Bronze récent, comme le montrent les lettres d'el-Amarna. La cité-Etat va survivre aux bouleversements du début du XII° siècle jusqu'à l'époque hellénistique.

Commerce : le Phénicien a laissé dans la littérature gréco-latine l'image d'un commerçant avec toutes les connotations positives et aussi négatives (piraterie). Néanmoins, l'archéologie apporta sa contribution pour mieux connaître ces commerçants avec la découverte des céramiques et leur diffusion. Les amphores commerciales transportant vin, huile, conserves de poisson, de viande, de céréales aussi bien que les différents produits de l'artisanat. Une question s'impose, qui étaient les commerçants phéniciens ? Comme à chaque fois, nous sommes confrontés au manque de documentation précise. Par déduction, nous pensons aux Tyriens qui partaient vers Chypre, Carthage, l'Espagne,... des aristocrates riches qui possédaient les navires équipés pour de tels voyages et offrant aux rois locaux des cadeaux luxueux comme le précise Homère dans l'Iliade (un cratère d'argent offert au roi de Lemnos). Cependant, le même Homère, dans son Odyssée donne une description complètement changeante, évoquant un commerçant camelot, qui vend sa pacotille au hasard de ses pérégrinations dans la mer d'Egée et se transforme volontiers en marchand d'esclaves ou en ravisseur de filles. Tous ces textes sont à prendre avec beaucoup de précautions vu que les Grecs étaient les concurrents directs des Phéniciens en Méditerranée comme plus tard les Romains face aux Carthaginois.

Le commerce phénicien portait sur des petits objets de luxe, facile à transporter et assez onéreux, tels les scarabées égyptiens souvent de contrefaçon, des coquillages incisés, des oeufs d'Autruche peints, des bijoux, des objets d'ivoire, des vases à parfum, des verreries et faïences, des coupes d'argent ou de bronze. Les Phéniciens sillonnèrent la Méditerranée à la recherche des matières premières, les métaux : cuivre, argent et étain d'où leur intérêt pour le sud de l'Espagne, le sud de la Sardaigne, l'Etrurie. C'est à la recherche de l'étain, indispensable complément du cuivre pour la fabrication du bronze, qu'ils avancèrent dans l'Atlantique, en direction des Cornouailles. Le commerce les entraîna sur toutes les côtes méditerranéennes, passant par la Cilicie, l'Egypte, Chypre, Rhodes, en Libye, en Sicile, Sardaigne, en Espagne et au pays d'Ophir placé traditionnellement du côté de la mer Rouge. Cf. rubrique Articles, L'expansion phénicienne.

Comptoirs : les Phéniciens ont eu, depuis leurs premières expéditions maritimes, le souci d'établir des comptoirs, sur les promontoires des sites visités, longeant leurs parcours. A l'inverse des Grecs qui établirent des colonies, les Phéniciens installèrent des comptoirs commerciaux avec un but primordial, celui d'assurer le ravitaillement des navires qui prenaient le large à la découverte de nouveaux horizons et des ressources naturelles, tout autour du bassin méditerranéen et même au delà des colonnes d'Hercule. Cf. rubrique Cartes, l'expansion phénicienne.

Constantine : ville d'Algérie, l'antique Cirta, alliée de Carthage. Elle fut mentionnée pour la première fois à la fin de la deuxième guerre punique. Après la défaite carthaginoise, Massinissa I (roi des Massyles de la Numidie orientale) et ses successeurs en firent leur capitale jusqu'à la fin du royaume numide en 46 av.J.C. Grâce aux rois Massinissa et Micipa, Constantine s'est ouverte à la civilisation punique et par la suite au monde hellénistique. Au II° siècle, elle accueillit des immigrants carthaginois qui, aux côtés d'un petit nombre de Grecs et d'Italiens, participèrent au développement de la ville. La langue punique devint alors la langue officielle (stèles, monnaies). Un tophet fut découvert dans cette ville, consacré au dieu Baalhanon, où l'on a retrouvé 850 stèles votives avec des inscriptions en puniques et néo-puniques et les symboles des stèles carthaginoises : signe de Tanit, caducée, main, etc. Avec ce sanctuaire, Constantine est après Carthage le second centre religieux de tradition punique en Afrique du Nord.

Coroplastie : la coroplastie, procédé de fabrication de petites statuettes, fut très répandue au Proche-Orient suivant trois principes différents : modelage à la main retouché à la pointe pour le rendu des détails, façonnage sur le tour avec application de parcelles d'argile et moulage à travers un estampoir ou tampon (travail à la matrice plate) ou à travers un moule univalve (travail à la matrice en creux). Les types de statuettes les plus courants dans le répertoire cananéen de l'âge du bronze sont les statuettes de femmes joignant les mains ou soutenant les seins ou des femmes enceintes, représentant l'idéal féminin de fertilité et d'amour. A l'âge de fer, des types nouveaux apparaissent, repris par l'artisanat phénicien : la pillar woman "femme au pilier" dont le corps est fait au tour. Ces petits modèles furent découverts sur plusieurs sites tel Sarepta, Amrit ou Tyr.

Corporations : les inscriptions dédicatoires et funéraires ont conservé un grand nombre de noms phénico-puniques de métiers, que l'ont faisait suivre au nom propre du donateur ou du défunt. L'iconographie des stèles puniques évoque souvent la profession du dédicaçant en figurant les outils typiques de son métier. La question se pose de savoir s'ils étaient regroupés en corporations mises en pied par l'Etat, le temple ou le palais. Les artisans qui ont travaillé au temple de Jérusalem avaient été envoyés par le roi Hiram I de Tyr. Ceux que mentionne la tablette des comptes de Kition étaient au service du temple d'Astarté. Il devait cependant exister des corps de métiers dotés de leur propre organisation comme le suggèrent les titres, par exemple "artisan en chef", "fils de fondeur", "peseurs de monnaies", "fondeurs d'or".

Cortijo de las Sombras : site d'une nécropole datable du VI°-V° siècles av.J.C., située près de Frigiliana à environ 50Km à l'est de Malaga (Espagne) et à 5Km de la côte. On a mis au jour 15 tombes à crémation qui présentent des analogies avec les sépultures de l'île de Rachgoun (Oran). Les restes calcinés étaient déposés dans les urnes polychromes, de forme surtout globulaire, des assiettes plates faisant office de couvercles. On peut y observer des influences aussi bien phénico-puniques qu'indigènes bien marquées.

Cosmogonie : la formation du cosmos chez les Phéniciens ne fut connue que tardivement et cela d'après les récits grecs, imprégnés de conceptions philosophiques diverses. Chez Philon de Byblos, cité par Eusèbe de Césarée, la naissance du monde est décrite comme un processus physique dans lequel seuls interviennent des éléments : le vent et le désir et non la volonté agissante d'une divinité. Dans Traité des premiers principes de Damascius l'Univers,'lm chez les Phéniciens, naît de l'éther et de l'air, engendre l'oeuf cosmique et le dieu-artisan Chousor. Ce dernier ouvre l'oeuf et forme le ciel et la terre de chacune de ses deux moitiés. l'oeuf, considéré comme le début du cosmos, sera également utilisé pour l'enterrement des morts (jarres funéraires de forme ovoïdes) rappelant que la mort n'est que le commencement d'une autre vie.

Coupes métalliques : coupes ou patères furent célèbres dès l'époque d'Homère. On les obtenait en martelant une fine lame de métal (bronze, argent ou or) décorée ensuite ou repoussée avec beaucoup de raffinement ou gravée au burin. La forme la plus commune est la calotte sphérique, plus ou moins profonde et parfois pourvue de bords ou d'une poignée. Parmi les 120 pièces connues à ce jour, aucune n'a été trouvée en Phénicie. Les coupes étaient des objets de luxe destinés aux échanges. Elles ont connu une large diffusion au Proche-Orient et en Méditerranée. Un grand nombre fut trouvé à Nimrud où elles furent transportées comme butin de guerre, à Ougarit ou Chypre. On distingue deux grandes périodes de production : période I (vers 900-700) comprend les coupes en bronze trouvées en Orient et en Grèce, période II (vers 700-550) se sont surtout les coupes trouvées à Chypre et en Etrurie, généralement en argent, parfois doré, rarement de bronze ou d'or. La forme, la technique ainsi que la composition et l'iconographie ne cesseront d'évoluer. Le répertoire figuratif est marqué par les influences d'origines diverses : égyptienne, assyrienne et égéenne, souvent associées dans une même coupe. Malgré cela il fut difficile d'établir l'origine et les centres de production des coupes, il existait divers groupes stylistiques et écoles artistiques. Ainsi les coupes de la période I ne sont pas toutes phéniciennes et il serait plus juste de les définir comme orientales ou "syro-phéniciennes". Quant à celles de la période II, l'opinion la plus répandue mais pas encore prouvée est que Chypre en serait le centre de production, mais d'autres hypothèses parlent aussi de la Phénicie ou d'un atelier en Occident. L'inscription en phénicien, araméen ou chypriote qu'elles portent n'éclairent pas le problème de leur origine puisqu'elles donnent le nom du propriétaire et non celui du bronzier.

Courants marins : la navigation phénicienne utilisait les courants marins pour définir les déplacements en mer. La force de certains courants qualifiés de "puissants" (5 noeuds avec une vitesse de 2,5 noeuds) empêchait toute navigation. Par contre les courants "favorables" ont pu avoir une influence sur les trajets commerciaux. Les Phéniciens n'hésitaient pas à se lancer en haute mer. Ils pouvaient au large, subir l'influence des courants hauturiers, même si ceux-ci, relativement faibles en Méditerranée, étaient moins déterminants que les vents. En fait, la carte des courants marins de surface recoupait celle des trajets commerciaux. C'est ainsi que, pour aller de côte phénicienne à Cadix, on pouvait rejoindre d'abord Chypre, passer au sud de la Grèce pour rejoindre Malte et de là la côte sicilienne. Après une escale à Carthage, on pouvait remonter vers le sud des Baléares et longer la côte espagnole jusqu'au détroit de Gibraltar pour arriver à Cadix ou Lixus. Pour le retour, les Phéniciens suivaient un courant bien connu sur la côte nord de l'Afrique qui ramène au Cap Bon. Ce trajet fut conseillé à Ulysse par Calypso. De là on redescend jusqu'en Cyrénaïque (nord-est de la Libye) en évitant le golfe des Syrtes (toujours en Libye) redouté des marins pour ses hauts-fonds. Ce trajet mène par la suite en face du delta du Nil pour remonter enfin la côte phénicienne.

Crète : cf. Egée.

Culican William : (1928-1984), archéologue et historien de l'art phénico-punique, professeur d'archéologie biblique à l'Université de Melbourne. Il participa aux fouilles de Motyé. Dans sa monographie The First merchants Venturers (London, 1966), on trouve une vaste érudition qui lui permettait de traiter des problèmes les plus complexes. Le phénomène de l'interaction culturelle, entre Phéniciens et Puniques ou entre ces derniers et leurs partenaires ou rivaux, constitue un centre d'intérêt constant dans son oeuvre. L'analyse de l'iconographie religieuse représente l'autre axe de ses recherches qui couvrent tous les domaines de l'art. William Culican fut sans conteste l'un des pionniers des études phéniciennes.

LETTRE D


Dagan : une des grandes figures du panthéon des Sémites du Nord-ouest. Dieu agraire qui donna son nom au blé. Il fut assimilé au dieu Kronos et à Saturne, appeler plus tard Baal Hamon. Son culte fut attesté dans les cités phéniciennes ainsi que chez les Philistins et en Afrique du Nord. L'inscription d'Echmounazor II qualifie la région de Dor et Jaffa de "terroirs de Dagan".

Dakerman : site côtier à 1Km du château de la mer à Sidon. Une agglomération chalcolithique de la fin du IV° millénaire, y est recouverte par une nécropole utilisée du XIV° siècle au Ier siècle ap.J.C. Ses tombes phéniciennes datent de la fin du VII° ou des premières décennies du VI° siècle av.J.C.

Danse rituelle : d'après l'Ancien Testament, la danse a été un élément persistant des cultes syro-palestiniens : danse autour du veau d'or, de l'autel, devant l'arche d'alliance. A Ougarit, la déesse Anat danse seule, à Afqa les célébrations des fêtes en mémoire d'Adonis, étaient également agrémentées de danses. A l'époque hellénistique, on connaît Baal Marqod, le seigneur de la ronde et son sanctuaire près de Beyrouth. Les marchands Tyriens dansaient lors de offrandes à Melqart. Le rôle des musiciens n'était pas négligeable, certains vestiges montrent la présence de porteurs de masques. Un cippe à Tharros montre des danseurs nus autour d'un personnage, qui peut être le prêtre de la cérémonie, avec un masque de taureau, dansant autour d'un pilier.

Dea Syria : nom communément donné à la grande déesse syrienne Atargatis d'après le titre de l'oeuvre attribuée à Lucien de Samosate, De Dea Syria. Ce récit évoque les sanctuaires d'Astarté en Orient. Il évoque aussi les traditions liées à la prostitution sacrée dans le temple d'Adonis à Afqa.

Dédicaces : la majorité des inscriptions religieuses phénico-puniques sont des dédicaces faites spontanément ou à la suite d'un voeu. Elles sont conformes à deux formulaires de base dont le plus ancien suit le schéma suivant : objet dédié, pronom relatif, verbe signifiant l'offrande, nom du donateur, nom de la divinité ou du roi défunt, précédé de la préposition. Ce formulaire subit un remaniement important vers le I°millénaire tant en Orient qu'en Occident : le nom de la divinité, introduit par la particule d'attribution, fut placé au début de la formule dédicatoire. Ce changement est attesté depuis l'époque perse et puis par les inscriptions hellénistiques provenant de la région de Tyr ainsi que les inscriptions votives de Carthage, de Constantine, de Motyé et d'autres sites puniques ou punicisés.

Delattre, Alfred Louis : (1850-1932), illustre archéologue de Carthage. Membre de la société des "Pères blancs" d'Afrique. Delattre fut installé par le Cardinal Lavigerie au coeur même de l'ancienne capitale africaine dont il poursuivit l'exploration de 1876 à sa mort. Après Charles Ernest Beulé, premier archéologue qui inaugura en 1859 l'exploration scientifique des ruines de Carthage, Delattre explora surtout les nécropoles de Carthage et les églises du Bas-Empire romain dont les vestiges se trouvent conservées actuellement au Musée de Carthage. Ses publications sont dispersées dans diverses revues spécialisées et dans les Comptes rendus de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres, dont il fut membre correspondant depuis 1890.

Délos : l'île de Délos fut une escale et un sanctuaire au centre de l'Egée. Les relations entre l'île et les cités phéniciennes ne sont pas antérieures au IV° siècle. Des convoyeurs sacrés y portèrent des offrandes de Tyr et de Sidon sous le règne d'un des rois de Sidon nommé Straton. Le sanctuaire exerça une influence sur les Phéniciens hellénisés. Au III° siècle, beaucoup de Phéniciens semblent installés à Délos qui devient une plaque tournante du trafic phénicien en Egée : commerce de l'ivoire, transport maritime, investissements de capitaux. Ces activités semblent souvent réparties entre les membres d'une même famille. Au milieu du II° siècle, avec la conquête romaine et dans le cadre du statut privilégié qu'a reçu le port de Délos, le négoce phénicien acquiert une dimension exceptionnelle. Tyr, Beyrouth et peut-être Arwad organisent de puissantes associations. A côté des marchands et convoyeurs apparaissent des expéditeurs et banquiers. D'importantes familles phéniciennes concentrent capitaux et main d'oeuvre constituant l'élément le plus prospère de la population orientale de Délos. Leur hellénisation fut complète et leur participation aux activités de l'île très active. Ils font travailler des artistes, dont certains viennent de leur patrie d'origine mais s'intègrent à l'école locale. Ils participent à la vie politique, soutenant Athéniens, Séleucides et Romains mais, en 88 ils se divisent entre partisans de Mithridate et solidaires des Romains. Dès lors Délos décline très vite.

Deuil, les rites : le rite de deuil nous sont peu connus, si l'on fait exception des généralités telles que l'ensevelissement du cadavre, la crémation et le ramassage de cendres que l'on déposait dans une urne, ou l'embaumement, attesté par la momie du roi Tabnit I. Les explosions bruyantes de douleur entretenues par les pleureuses à gages, qui figurent sur le sarcophage d'Ahiram, ont dû faire partie, de tout temps, des rites de deuil. Il en est de même du banquet funèbre, représenté sur le même sarcophage et sur les stèles peintes de Libylée. Il avait lieu, primitivement autour de la tombe même, "maison éternelle" du défunt. Sur les stèles funéraires de Carthage, le défunt apparaît sur le seuil de sa demeure, en attitude de prière, et regarde les vivants. Les rites de deuil qui suivaient, à Byblos, la célébration de la mort d'Adonis, comprenaient des lamentations stridulantes, la lacération des vêtements et la mortification corporelle, l'exécution des danses et la tonsure, autant de stéréotypes qui figurent dans l'Ancien Testament pour symboliser le deuil.

Didon : cf. rubrique Personnages, Elissa.

Disque ailé : symbole égyptien remontant au III° millénaire et combinant le dieu solaire Rê et les ailes du faucon Horus. Dans l'art phénico-punique, on le retrouve aussi bien dans l'art monumental que sur les produits des arts mineurs, notamment sur des stèles, des ivoires et des scarabées.

Divination : bien connues dans tout le Proche-Orient ancien, les pratiques divinatoires étaient très développées en Mésopotamie. En Israël, certaines techniques, considérées comme cananéennes, étaient officiellement reprouvées telle la nécromancie (évocation des morts pour connaître l'avenir), alors que d'autres étaient licites, comme l'oniromancie (divination par les rêves). La divination devait être répandue dans le monde phénicien. Cependant, nous n'en avons que très peu d'attestations. Il est possible que les pointes de flèches inscrites des XII°-X° siècles, trouvées en Phénicie et en Palestine, aient été utilisées dans la divination. Le récit d'Ounamon rapporte que, lors d'un sacrifice du roi de Byblos, Sakarbaal, un de ses pages, tomba en extase et transmit un ordre de la divinité en faveur d'Ounamon. La compétition entre les prophètes de Baal et le prophète yahviste Elie sur le Mont Carmel cite plusieurs techniques prophétiques, invocations répétées, danses rituelles, incisions jusqu'au sang, délire extatique. La tradition homérique fait allusion à des prêtres d'origine phénicienne interrogeant la divinité et donnant des oracles. Les auteurs classiques grecs et romains évoquèrent des visions ou phénomènes étranges interprétés par les Phéniciens, exemple, lors du siège de Tyr par Alexandre, un monstre marin échoué sur la digue, les ruisseaux de sang annoncèrent le malheur à venir de la ville.

Divinités égyptiennes : le foisonnement des dieux locaux de l'ancienne Egypte n'a guère trouvé d'écho chez les Phéniciens. Seules quelques divinités égyptiennes importantes ont eu une influence sur leur religion, comme la déesse Hathor assimilée très tôt à la Baalat-Gubal. Le milieu religieux phénicien a accueilli et transféré des caractéristiques iconographiques propres à certaines divinités égyptiennes aux divinités locales qui présentaient des traits communs avec celles-ci. Ainsi la Baalat Gubal fut représentée sur la stèle de Yehawmilk selon l'iconographie canonique de Hathor et d'Isis et le dieu de la stèle dite d'Amrit est coiffé de la couronne d'Osiris qui évoque les vertus protectrices de la divinité. La Phénicie n'a pas emprunté à l'Egypte la nature et l'essence de ses dieux, mais une forme d'expression esthétique en symbolique. Cependant, selon le récit d'Ounamon, les divinités égyptiennes typiques ne recevaient pas le culte au niveau officiel, si ce n'est la part des Egyptiens résidant au Levant.

Divinités phéniciennes : selon la vision classique, le panthéon des villes phéniciennes se constituait autour de triades familiales comprenant un dieu-père, une déesse-mère et un dieu-fils souvent conçu comme un " dying god ". De récentes révisions de la documentation conduisent à modifier ce jugement. Il s'agit plutôt de complexes polythéistes où émergent le dieu/la déesse poliade et le couple dont il/elle fait partie, comme La Baalat Gubal et Baal Shamen à Byblos, Astarté et Echmoun à Sidon, Melqart et Astarté à Tyr, Milkachtart et Astarté à Umm el Amed, un Baal marin et Astarté à Beyrouth. Une nette tendance à la concentration des pouvoirs.

Dor : l'actuel Tell el-Burg, ville portuaire à 25Km au sud de la pointe du Carmel, en Israël, où d'importantes fouilles et recherches subaquatiques sont en cours depuis 1980. Les plus anciens vestiges repérés sur le site remontent au Bronze Moyen I (vers 1850 av.J.C.). Une quantité considérable de céramiques notamment des bols monochromes et de tessons de poterie d'origine chypriote, datant du Bronze moyen II(1650-1550 av.J.C.). Une plate-forme du quai portuaire, datable du Bronze Récent, correspond à l'époque où la ville est mentionnée pour la première fois, sous Ramsès II (vers 1279-1212). Selon le récit d'Ounamon, elle était dominée au XI°siècle par les "Tjeker" qui peuvent correspondre aux Sicules. Les niveaux de cette période ont livré beaucoup de céramiques chypriotes ainsi que quelques tessons de poterie philistine. Malgré ces vestiges aucune confirmation ne peut-être prononcée quand à l'appartenance ethnique de ses habitants. Avec la conquête assyrienne sous Téglat-Phalasar III (734/3) Dor devint capitale d'une province assyrienne et fut ceinte d'un nouveau rempart à redans. Ces fortifications sont restées en usage jusqu'au milieu du IV°siècle et furent probablement rasées lors de la répression de la révolte de Tennès (Tabnit II). Dor est passée sous l'autorité des rois de Sidon dans la première moitié du V°siècle ce qui explique l'attribution de sa fondation aux Sidoniens. Le choix du site fut décidé grâce à la présence de rochers facilitant l'ancrage mais aussi à l'abondance du murex. Le caractère phénicien de la ville à l'époque achéménide fut confirmé par les trouvailles archéologiques. La céramique et les statuettes en terre cuite, la teinturerie de pourpre découverte en 1986, la nouvelle enceinte et la porte fortifiée, édifiées au IV°siècle suivant une technique phénicienne, témoignent de la civilisation phénicienne à Dor. L'apogée de la ville se situe sous les Lagides et les Séleucides, période dont date les nouvelles murailles de type grec, un impressionnant chantier naval et la ville construite selon un plan hippodamien.

Drogue : aucun ouvrage de pharmacopée phénico-punique n'étant parvenu jusqu'à nous, l'arsenal thérapeutique des Phéniciens nous est mal connu. Toutefois certains termes grecs désignent des variétés de cannelle, safran, cumin, sésame, myrrhe et surtout l'encens (libanotos) ont dû transiter par la langue phénicienne avant d'être adoptés en grec. Cet itinéraire des mots reflète le rôle joué par les Phéniciens comme intermédiaires entre l'Orient et le monde méditerranéen pour l'importation de certaines drogues notamment des substances opiacées, livrées par des récipients dont la forme imitait les capsules de pavot.

Droit : les seuls textes législatifs d'origine phénicienne que nous ait légués l'Antiquité sont les tarifs sacrificiels et les traités internationaux préservés en akkadien et en grec. On suppose qu'un tiers du Digeste de Justinien, avec les décisions des plus fameux juriconsuls romains, est tiré des écrits d'Ulpien de Tyr. Ce dernier appartenait à une famille établie à Tyr de longue date et était proche des empereurs Septime Sévère, originaire de Leptis Magna, et Alexandre Sévère, natif de Phénicie. Il est possible que la jurisprudence orientale à laquelle se rattache le droit phénicien ait marqué de son empreint les avis d'Ulpien, comme ceux de Papinien, qui était d'origine syrienne ou nord africaine, ainsi que ceux de la fameuse école de droit romain fondée à Beyrouth au III°siècle ap.J.C. La plupart des juristes natifs des villes puniques ou punicisés ont contribué plus que d'autres au développement du droit romain. On mentionnera, P. Pactumeius Clemens de Constantine (II°s. ap.J.C.), L. Octavius Cornelius Salvius Julianus d'Hadrumète et son disciple S. Caecilius Africanus de Thuburbo Minus et plusieurs autres.

Dunand Maurice : (1898-1987). Archéologue franco-suisse, directeur de la mission archéologique française au Liban, de 1926 à 1976. Il consacra l'essentiel de son activité aux sites phéniciens, fouillant Byblos, Umm el-Amed, Amrit et le temple d'Echmounazor à Bustan ech-Cheikh, près de Sidon. Il a su accompagner son activité inlassable sur le terrain d'une entreprise de publications, dont les cinq volumes des Fouilles de Byblos (Paris 1937-1973), Oumm el-'Amed (Paris, 1962), et le Temple d'Amrith (Paris, 1985).

Dussaud René : (1868-1958). Ingénieur de formation, il choisit une carrière de savant et de sémitisant. En 1895-1897, il effectue trois voyages sur la côte libanaise et syrienne, et deux autres voyages , en 1899 et 1901, dans l'arrière-pays syrien. Ces multiples voyages donneront lieu à des comptes-rendus et aux Notes de mythologie syrienne (Paris 1903), ouvrage de base dans lequel il formule sa thèse de l'unité de la religion phénicienne. Dès cette date, ses intérêts s'étendent à l'ensemble du Proche-Orient, avec des publications sur le monde arabe préislamique, sur les civilisations préhelléniques et sur le sacrifice israélite. Il devient conservateur des antiquités orientales au Musée du Louvre (1910-1935) et membre de l'Académie des Inscriptions (1923). Il joua un rôle déterminant dans l'organisation des antiquités de Syrie et du Liban et dans celle des missions françaises. Il oeuvra, en particulier, pour l'ouverture des fouilles de Ras Shamra, d'où les découvertes de Ras Shamra et l'Ancien Testament (Paris 1937 & 1941) et L'art phénicien du II° millénaire (Paris 1949). Sa connaissance du terrain et des textes lui avait permis de rédiger sa fameuse Typographie historique de la Syrie (Paris 1927).

Dying god : terme forgé par J.G. Frazer pour indiquer un type divin qu'il retrouve dans Adonis, Tammuz, Attis ou Osiris. Un dieu qui, par sa mort et sa renaissance répétées annuellement dans le culte, reproduirait à un niveau surhumain les vicissitudes du blé.

Dynasties : l'existence des dynasties est bien attestée dans les royaumes phéniciens. Si la royauté repose sur le principe dynastique, la procédure mise en place pour parer aux aléas de la succession ne nous est pas connue. Il est certain que les événements internes ou des interventions étrangères pouvaient bouleverser l'ordre de succession ou provoquer l'avènement d'une nouvelle dynastie. Son fondateur est parfois reconnaissable au fait que les inscriptions n'attribuent pas de titre royal à ses ancêtres. Cf. tableaux synoptiques des rois des cités phéniciennes (en préparation).

LETTRE E


Eau : suivant les conditions géographiques et climatiques de l'endroit, l'approvisionnement et l'évacuation de l'eau posaient des problèmes de types divers. Si la ville ne refermait pas de sources d'un débit suffisant, il fallait creuser des puits jusqu'à la nappe phréatique et aménager des réservoirs ou des citernes accueillant l'eau de pluie. A Carthage, une nappe d'eau douce se trouvait partout, parallèlement au rivage. Gadès était alimentée en eau douce par trois sources et de nombreuses citernes. Mais, Tyr, qui était une île, dépendait de la source de Ras-el-Aïn, située sur la terre ferme. A Chypre, le problème d'infiltration d'eau saumâtre dans les puits poussa la population à conserver l'eau de pluie dans des grandes citernes. Creusées aux V°-IV° siècles jusqu'à 4m de profondeur et enduites de chaux hydrauliques, ces citernes étaient à l'abri des infiltrations. Quant à l'évacuation des eaux usées, elle s'opérait généralement par des rigoles ouvertes jusqu'à la mer. Dans certaines villes, les terrains à faible pente ont obligé les ingénieurs à chercher d'autres solutions. Ils ont d'abord creusé des puits perdus puis ont créé un réseau d'égouts collecteurs et des drains souterrains (mis en oeuvre en 375 av.J.C. à Kition, Chypre et à Dor). L'usage cultuel de l'eau chez les Phéniciens était très important. La présence du "maître d'eau" au service de la divinité dans le temple d'Astarté dévoile l'emploi de l'eau dans le culte d'où la présence des canalisations sur les sites tel celui de Kition (Chypre) ou l'installation des temples près d'une source d'eau comme à Afqa (Liban) pour le culte d'Astarté. Les rites thérapeutiques liés aux divinités comme Eshmoun qui était vénéré à la source Yidal à Bostan ech-Cheikh (près de Sidon), ou Melqart à Tyr. Rites de magie sympathique pour amener les pluies, culte des sources sacrées, bains de jouvence, eaux lustrales, purifications rituelles, voilà autant de domaines où l'eau jouait le rôle de garante de fertilité, de santé et de purification.

Ebla : l'actuel Tell Mardih à 70Km au sud d'Alep et à 85Km au Nord-est d'Ougarit. Célèbre pour les archives du palais présargonique (2350-2250 av.J.C.), notamment les textes économiques et administratifs, contenant les plus anciennes références sur les cités de la côte levantine.

Egée : la Crète était en relations suivies avec le Proche-Orient dès le XVII° siècle, à l'époque minoenne, comme l'attestent les archives de Mari et avec l'Egypte au moins à partir de Thoutmès III (1500 av.J.C.). Une inscription cunéiforme de Narâm Sîn découverte en 1849 sur l'île de Cythère, a fait même penser à des contacts plus anciens qui auraient atteint la Grèce continentale. Ces relations continuèrent à l'époque mycénienne comme en témoignent les textes d'Ougarit et les sceaux de la Cadmée. La mention du commerce phénicien avec Argos chez Hérodote est un écho des rapports entretenus plus tard entre les cités phéniciennes et Mycènes. Les données littéraires grecques se réfèrent en principe aux trafics égéens postérieurs aux invasions des "Peuples de la Mer". Les navigateurs phéniciens, faisant voile vers les sources d'approvisionnement en matières premières dans le bassin occidental de la Méditerranée, pouvaient longer les côtes de l'Egypte et de l'Afrique du Nord, mais les bons ports y étaient rares et les conditions de navigation médiocres. La route longeant la côte de la Crète et menant à Cythère comprenait un long parcours en haute mer, mais était néanmoins empruntée par les Phéniciens. Cela fut attesté suite à la découverte d'une chapelle à trois bétyles de type phénicien, établie au VIII°-VII° siècles, à l'intérieur d'un petit temple crétois de Kommos ainsi que d'autres vestiges trouvés sur la côte sud. La voie la plus sûre et la plus profitable pour le commerce traversait les Cyclades, qui faisaient office de jalons entre Rhodes à l'Est d'où l'on atteignait aussi Samos et l'Eubée ou l'Attique à l'Ouest, mais cette route constituait aussi l'itinéraire suivi par les Eubéens, les trafiquants les plus actifs parmi les Grecs aux X°-VIII° siècles. les Phéniciens introduisirent dans l'Egée, au Ier millénaire, des produits manufacturés, des techniques, des idées, des croyances et surtout l'alphabet. Ils fondèrent des communautés de métèques, mais ne colonisèrent jamais les îles ou les côtes grecques et anatoliennes, comme ce fut le cas de quelques régions de Chypre, du site de Carthage et de certains endroits privilégiés de l'Andalousie ou de la côte marocaine.

Egypte : les rapports de l'Egypte et des cités phéniciennes ont été nombreux et complexes, mais la documentation à ce sujet demeure très disparate et incomplète. Le dossier s'ouvre par un document exceptionnel, le roman d'Ounamon (ou Wenamon), d'où il résulte que Dor, Sidon, Byblos, gouvernées par des princes, avaient des relations commerciales avec le Delta égyptien, impliquant jusqu'à 50 navires. La découverte à Byblos de statues de : Shéshonq I (945-925), d'Osorkon I (924-889) et d'Osorkon II (874-850) attestent les contacts entre Byblos et l'Egypte sous la XXII° dynastie, dite "libyenne". Par ailleurs, un fragment découvert à Arwad mentionne "un grand Ma", le commandant en chef Penamon. Les noms des pharaons de la XXII° siècle dynastie se retrouvent sur plusieurs jarres d'albâtre mises au jour en 1960 à Almunecar, ces jarres ont dû servir à l'exportation de produits de commerce phénicien. C'est également au commerce phénicien que l'on doit la présence de vases de faïence au nom de Bocchoris, roi de la courte et faible XXIV° dynastie (vers 720-715), jusqu'à Motyé et à Tarquinia (Etrurie), ainsi que celle d'un scarabée à Ischia (Pithécusses). L'activité des Phéniciens en tant qu'intermédiaires se poursuit durant les premiers temps de la domination "éthiopienne" ou kushite en Egypte. L'arrivée des Assyriens bouleversera ces relations sans toutefois les arrêter. Les marins phéniciens participeront au fameux périple d'Afrique du pharaon Néchao et à sa campagne contre l'empire de Kush. Psammétique II (595-589) utilise parmi ses mercenaires des Phéniciens, plusieurs de leurs graffiti subsistent sur les colosses d'Abou Simbel. Ils font partie également de l'expédition de 529 contre la Nubie. La présence phénicienne en Egypte est surtout attestée à Memphis avec la communauté tyrienne. Quant à l'influence égyptienne, elle est présente en Phénicie même et dans toute l'aire de diffusion de la culture phénicienne, principalement à Carthage, en Sardaigne et en Espagne du Sud.

Egyptisant : si l'art égyptien a engendré bien des imitations depuis l'Antiquité, la civilisation phénicienne est sans doute la seule à lui avoir emprunter un tel nombre d'éléments. Il n'y a guère un domaine de l'art ou de l'artisanat phénicien qui ne reflète ce phénomène. Le plus souvent de manière assez constante et allant parfois jusqu'à une véritable égyptomanie. Dès la fin du IV° siècle, les relations économiques puis politiques, entre la vallée du Nil et le berceau de la civilisation phénicienne, avaient frayé la voie à l'échange d'acquis techniques accélérant le processus d'acculturation. A l'époque cananéenne (paléo-phénicienne), c'est la bijouterie qui révèle le mieux l'influence égyptienne sur le plan technique, typologique et décoratif. Toujours au II° millénaire, l'iconographie de plusieurs cylindres marque une forte tendance égyptisante, préfigurant la glyptique phénicienne. Les éléments de la décoration égyptisante des ivoires et des bronzes du I° millénaire, remontent également à l'âge de Bronze. C'est pourquoi on aurait tort d'interpréter les tendances de l'art phénicien du I° millénaire comme des manifestations spontanées d'un goût éclectique plutôt que les considérer comme l'extension d'une tradition ancestrale dans cette partie de l'Orient. D'une façon générale le style égyptisant se manifeste le plus souvent dans l'art "officiel" ou caractérise les produits de luxe destinés à la classe supérieure. On ne le rencontre que sporadiquement dans le domaine de l'art populaire, sauf dans le cas des amulettes dont il renforçait la valeur magique.

El : était le dieu suprême de l'ancien panthéon des Sémites et son nom servit aussi d'appellatif "dieu" dans toutes les langues sémitiques, sauf l'éthiopien. Père des dieux, il était également le maître de la terre que fécondaient les sources d'eau cosmiques au milieu desquelles il séjournait. C'est ce mythe qui explique son titre "El créateur" ou "possesseur de la terre", la source du pouvoir royal (le roi régnant est appelé "fils d'El"). Il est aussi le père de l'humanité, ce qui en fit de lui un dieu proche des hommes.

Elibaal : en phénicien Mon dieu est Baal, roi de Byblos dans la première moitié du IX°siècle, fils de Yehimilk et père de Shapatbaal, rois de Byblos. Son inscription est gravée sur un buste du pharaon Osorkon I (924-889), qu'il dédia à la Baalat de Byblos.

Elimilk : du phénicien Mon dieu est roi. Haut dignitaire assyrien au temps de Tukulti-Ninurta (890-884). L'élément milk de son nom trahit l'origine phénicienne du personnage, qui ne fut peut-être pas étranger à l'expédition d'Assurnasirpal II (883-859) jusqu'en Phénicie (entre 877 et 867), la première qu'un monarque néo-assyrien ait entrepris dans cette région.

Elissa-Didon : figure légendaire de princesse tyrienne, soeur du roi Pygmalion de Tyr et épouse d'Acherbas (ou Schirabas), prêtre de Melqart, que les monnaies phéniciennes représentent à l'époque romaine quittant sa terre natale ou fondant Carthage. Selon la légende, c'est l'assassinat d'Acherbas par Pygmalion qui amena Elissa à quitter Tyr avec quelques compagnons, les richesses de son mari et les reliques de Melqart. Après une escale à Chypre, où elle est gratifiée d'un l'oracle, elle emmène des jeunes filles du temple d'Astarté et parvient en Libye où elle reçoit le nom de Didon. Elle obtient un territoire que peut délimiter une "peau de boeuf" et fonde Carthage. Demandée en mariage par le roi des Libyens, Hiarbas, elle refuse, mais pressée par ses concitoyens, elle feint d'accepter et, après avoir dressé un bûcher pour célébrer son mari défunt, se précipite dans le feu. Cf. rubrique Personnages

Emar : l'antique cité portuaire d'Emar était située sur la grande boucle de l'Euphrate, là ou le fleuve est le plus proche d'Alep, la métropole de Syrie du Nord, et la côte méditerranéenne.

Epigraphies : l'épigraphie phénicienne a pour objet l'étude des inscriptions sur pierre, roche, métal, terre cuite, mais aussi sur papyrus et éventuellement, parchemin. Elle a donc trait à tous les textes, gravés aussi bien que tracés à l'encre, contrairement à l'usage des études gréco-latines, qui distinguent l'épigraphie et la papyrologie, voire la paléographie. Comme les inscriptions phénico-puniques sont les seuls témoins directs de la langue, l'épigraphie phénicienne est aussi la science qui s'applique à étudier leur grammaire, leur vocabulaire, leurs genres littéraires, ainsi que le milieu historique et culturel qu'elles reflètent et dont elles sont issues. Un manque est ressenti dans les genres qui relèvent de la littérature proprement dite, de l'historiographie, de la pratique juridique, la magie et de la science. Néanmoins, on dispose d'inscriptions commémoratives, votives, sépulcrales, honorifiques et de tarifs sacrificiels, gravés sur pierre ou sur des objets de bronze et, exceptionnellement, de terre cuite. Le reste des sources épigraphiques se réduit à des comptes ou des répertoires de valeur éphémère, inscrits sur des ostraca ou une tablette de calcaire, à de brèves indications de propriétaires, à des légendes monétaires.

Esclaves : les données concernant l'esclavage en Phénicie sont relativement rares. Il n'existe même pas de certitude quant à la terminologie. Les inscriptions n'emploient le terme 'bd que dans le sens d'adorateur ou de vassal. Il doit pourtant avoir également signifié esclave, puisque c'est le cas dans les langues nord-ouest sémitiques apparentées et plus tard, en punique. Il semble raisonnable de supposer que les usages attestés avec les autres Etats du Proche-Orient aient eu cours également dans les cités phéniciennes. Le fait que le roi Hiram I de Tyr prêta des ouvriers spécialisés au roi Salomon pour la construction du temple de Jérusalem semble indiquait que la cour disposait constamment d'un nombre d'ouvriers de condition servile. Toutefois les Phéniciens étaient surtout réputés comme marchands d'esclaves. Ils se fournissaient en premier lieu chez les principaux partenaires commerciaux. Il apparaît que les marchands d'esclaves se trouvaient à proximité des endroits où l'on pouvait acheter des prisonniers de guerre. En outre, la réduction à la condition servile pour dettes constituait une importante source d'esclaves. Ainsi, en désespoir de cause, Rib-Addi de Byblos rapporte à plusieurs reprises que "fils et filles" de Byblos furent vendus, afin de pouvoir acheter des victuailles pour la ville assiégée. Enfin, les Phéniciens avaient la réputation d'êtres des pirates redoutables. Dès le XIII° siècle on trouve des traces du trafic d'esclaves opéré par des Phéniciens. Les Carthaginois s'adonnaient également à ce trafic. Les esclaves étaient spécialement employés dans l'agriculture.

Eshmun ou Echmoun : dieu dont le culte est attesté en Syrie dès le III° millénaire mais dont la physionomie ne se précise qu'au I°millénaire av.J.C. Le nom d'Eshmun paraît en effet se rattacher à la même racine smn, "huile", et désignait peut-être "celui qui oint", procurant la guérison. En tout cas, l'interprétation grecque d'Eshmun était le dieu de la médecine, Asklépios/Esculape, que l'hellénisation des centres urbains introduisait aussi dans le monde punique où Eshmun était assimilé à Apollon, que les Romains vénéraient comme le dieu guérisseur par excellence et que les Vestales invoquaient Apollo medice, Apollo Paean. Dans les cités phéniciennes, Eshmun était associé à Melqart. Dans le traité imposé par Asarhaddon d'Assyrie au roi Baal de Tyr, Melqart et Eshmun y sont appelés à déporter le peuple de Tyr et à le priver de nourriture, des vêtements et d'huile en cas où le roi de Tyr ne respecterait pas ses engagements. La mention insolite de "l'huile d'onction" ne s'explique que par le rôle guérisseur d'Eshmun et ses liens avec l'huile. C'est Sidon qui apparaît comme le principal centre religieux d'Eshmun que l'on identifie parfois au "Baal de Sidon". Le grand sanctuaire d'Eshmun se trouvait à Bostan-ech-Cheikh, à la source de Yidal, où les rois sidoniens de l'époque perse ont laissé de nombreux témoignages de leur dévotion. Le culte d'Eshmun fut également attesté dans la ville de Sarepta et de Beyrouth (le toponyme Qabr Smun près de Beyrouth conserve le souvenir d'un lieu de culte d'Eshmun, nommé tombe d'Eshmun)

Eshmunazar ou Echmounazor : roi de Sidon qui régna durant la première moitié du V°siècle, sans doute en tant que vassal du roi de Perse. Son sarcophage a été retrouvé en 1855 lors des fouilles qu'effectuait Pérétié, le consul général de France à Beyrouth. Il s'agit d'un sarcophage anthropoïde en basalte noir parfaitement poli, de style égyptien, de 2,51m de long sur 1,10m de large et dont le couvercle épouse la forme ramassée d'un corps humain. L'influence égyptienne s'impose jusque dans la fausse barbe au bas du visage. Toute la partie formant la poitrine et le bas corps du couvercle est recouverte d'une inscription en caractères phéniciens. Il s'agit d'une des plus longues inscriptions phéniciennes qui nous soit parvenue et l'une des mieux conservées. Elle nous apprend que le personnage enfermé dans le sarcophage était Echmounazor, fils du roi de Sidon Tabnit mort jeune laissant son fils orphelin avec sa mère Immi-Ashtart, prêtresse d'Astarté, qui dû assurée la régence jusqu'à la majorité de son fils. Le but de l'inscription est de rappeler les fondations des temples dues au roi : temple d'Echmoun et d'Astarté à Sidon. Il est également question des donations faites par "le roi des rois", le roi perse achéménide Xerxés ou Artaxerxés Ier (465-424 av.J.C.), Dor et Joppé (actuelle Jaffa) ainsi que les opulentes terres de Dagon dans la plaine de Sharon. Ce sarcophage est conservé au Musée du Louvre à Paris, dans les salles réservées aux collections de l'Orient Ancien (Cités du Levant). Pour plus de détails cf. rubrique Documents.

Espagne : les auteurs anciens tels Hérodote (Histoires I) distinguaient en Espagne le pays de Tartessos, qui correspondait à la Basse Andalousie et l'Ibérie, qui était située dans le Nord-est de l'Espagne, de la part et d'autre de l'Ebre et dont le nom fut étendu plus tard à toute la Péninsule Ibérique. Ce fut aussi le cas du nom latin de Hispania, attesté pour la première fois à la fin de la 2ème guerre punique. L'Espagne est la région la plus occidentale du bassin méditerranéen que l'installation phénicienne ait atteinte. Malgré son éloignement, elle constituait un des territoires préférés de la diaspora phénicienne en Occident, comme l'indiquent les sources écrites et les données archéologiques, et cela en raison de son importance stratégique et économique. Grâce à la fondation de Gadès (Cadix) sur l'Atlantique, de Malaga, d'Almunécar et d'Abdère sur la côte méditerranéenne, et d'Ibiza dans les îles Baléares, Tyr et plus tard Carthage, s'assurèrent le contrôle direct du Détroit de Gibraltar (les colonnes d'Hercule) et des accès aux zones productrices d'étain, de cuivre, d'argent et d'or, auxquelles les Phocéens de Marseille et d'Ampurias étaient pareillement intéressés. L'historiographie classique rapporte volontiers des récits relatifs à ces régions lointaines et mythiques évoquant ses fabuleuses richesses en métaux, produits agricoles et bétail. Dès le VIII°-VII° siècles, Hésiode (Théogonie) fait allusion aux Hespérides, considérées comme l'extrême Occident où vivaient les filles de nuit dans un jardin merveilleux, au-delà de l'Océan. L'archéologie fut lente à découvrir le bien-fondé des récits rapportés par les auteurs gréco-latins, notamment en ce qui concerne les origines de la colonisation phénicienne en Espagne. IL fallait attendre les années 1970 pour voir les résultats satisfaisants obtenus grâce à la découverte de colonies phéniciennes archaïques sur la côte méridionale de l'Andalousie, à Toscanos, Almunécar, Chorreras, Guadalhorce. Précédemment, la documentation archéologique se limitait aux nécropoles puniques de Gadès, d'Ibiza et de Villaricos, dont aucune n'était antérieure à 500 av.J.C. Cette situation avait favorisé, pendant de nombreuses années, une attitude de scepticisme à l'égard des témoignages littéraires et historiographiques relatifs aux fondations phéniciennes en Espagne dont les plus anciennes dateraient du II° millénaire. Ces dernières années virent aussi un renouveau d'intérêt pour les vieilles colonies de Gadès et d'Ibiza, dont les débuts remontent au VIII° siècle. Par ailleurs, la découverte archéologique de la civilisation indigène de Tartessos ouvre des perspectives nouvelles à l'étude d'une période cruciale de l'histoire de l'Espagne, durant laquelle cette région profondément attachée à ses traditions culturelles du Bronze final péninsulaire, s'ouvre définitivement aux courants culturels et économiques de la Méditerranée orientale.

Essaouira : cf. Mogador

Etéochypriotes : "vrais Chypriotes", appellation conventionnelle des populations"indigènes" de Chypre, dont les premières traces remontent à 10.000 ans av.J.C. elle vise à les distinguer des colonisateurs grecs (vers1230-1050) et phéniciens (X°/IX°-VIII°siècles). les Etéochypriotes se sont maintenus à plusieurs endroits de l'île jusqu'au début de l'époque hellénistique, notamment à Amathonte : la céramique semble y avoir gardé longtemps des caractéristiques particulières et la langue étéochypriote y était encore reconnue comme officielle au IV° siècle av.J.C.

Etrusques : les Phéniciens ont probablement commencé à fréquenter les Etrusques en raison de la richesse des mines de l'Etrurie du Nord, dans l'arrière-pays immédiat de Populonia et de Vétulonia. Mais les villes côtières de l'Etrurie du sud, Caere (Pyrgi), Tarquinia, Vulci, ont également profité de cette situation en recevant des artisans, des techniques et des modèles culturels venus de l'Orient. Les objets orientaux, signes du prestige de leur propriétaire, finissaient dans les grandes tombes princières de Vétulonia et de Caere dans une accumulation qui exalte les aristocraties locales. Il est certes difficile de faire aujourd'hui la part de l'apport proprement phénicien dans ce développement du phénomène orientalisant : de nombreux indices archéologiques montrent en effet un rôle de la Syrie du Nord et la recherche future devra tenter de distinguer les divers courants culturels. Cependant, toutes les traditions sur la navigation et le commerce des Phéniciens empêchent de penser que la Phénicie est restée étrangère à cette circulation entre l'Orient et l'Occident. Au milieu du VII°siècle, l'émergence de Carthage donne un nouveau visage au partenaire sémite des Etrusques. Les fouilles dans la nécropole de Byrsa ont confirmé que, peu après 650, des productions cérétaines, tels les vases de "bucchero", arrivent à Carthage. A cette époque, il s'agit d'une action étrusque vers Carthage comme vers la Sicile orientale, mais ceci implique des courants de retour qui amènent en Etrurie des productions carthaginoises. On retrouve ainsi la situation évoquée par Aristote (Politique III ) avec l'existence de "conventions" commerciales entre les cités étrusques et Carthage. Dans ces conditions, on n'est pas étonné de trouver, sur une épave remplie de matériel étrusque et découverte à Antibes, une lampe punique qui servait à l'équipage, et de lire, dans une tombe de Carthage, une inscription en langue étrusque dans laquelle un Carthaginois déclinait son identité. Le récit d'Hérodote (Histoires I) montre que les Carthaginois - qui commencent leur progression vers le Nord en intervenant en Sicile dans le second quart du VI° siècle et peu après en Sardaigne - n'hésitent pas à s'allier aux Etrusques pour lutter contre une présence gréco-phocéenne en Corse (Alalia) qui, après la prise de Phocée par les Perses en 545, est devenue démographiquement et commercialement préoccupante. Face à ces divers indices sur l'étroitesse des relations étrusco-puniques, nous sommes moins bien renseignés sur les relations entre les Etrusques et les sites phéniciens de Sardaigne. Certes il y a aussi de la céramique étrusque dans les milieux phéniciens de l'île, mais nous ne savons quel fut le rôle précis des communautés phéniciennes de Sardaigne, moins citées que Carthage dans les sources littéraires.

Eubéens : les villes d'Eubée furent les premières cités grecques après la période mycénienne à commercer avec le monde méditerranéen. Les importations orientales parviennent à Lefkandi dès la seconde moitié du XI°siècle, tandis que du matériel eubéen a été repéré dans l'île de Naxos, puis à Chypre (X°), à Tyr (IX°). On constate donc l'ouverture progressive des relations d'échange entre l'Eubée et la Méditerranée orientale. Dans la redécouverte de la Méditerranée occidentale, il est difficile de distinguer, au départ, l'action eubéenne de l'action orientale et phénicienne du fait de leur cohabitation à Pithécusses, première installation fixe des Eubéens en Occident durant le second quart du VIII° siècle. Toutefois, des céramiques eubéennes antérieures ont été retrouvées en Sicile orientale et en Etrurie. A noter que les plus anciennes céramiques grecques découvertes sur ces sites phéniciens (Sulcis, Carthage) semblent liées à Phitécusses et au monde eubéen.

Euripide : l'un des trois grands tragiques athéniens, il est l'auteur de 78 à 92 pièces, dont 18 seulement sont connues en entier. On évoque l'existence d'un cycle centré sur les légendes Thébaines (avec Cadmos) et Phrixos où Cadmos apparaît comme fils d'Agénor, abandonnant Sidon, sa patrie, renonce à sa qualité de Phénicien en s'installant en Béotie. Dans Les Troyennes, représentées en 415, l'année où Athènes s'engage dans l'expédition de Sicile pour soutenir Ségeste et s'apprête à envoyer une mission d'amitié à Carthage, Euripide fait mention de "la Phénicie" d'Afrique du Nord. Puis, dans Les Phéniciennes, jouées en 410/408, quand Carthage intervient en Sicile aux côtés des Ségestains, il met en scène le choeur des Phéniciennes d'Afrique du Nord comme "un symbole transparent d'amitié et d'alliance". Par ailleurs, l'Hélène, représentée en 412, évoque Evagoras I qui, sous les traits de Teukros, débarque à Salamine de Chypre pour la délivrer d'Abdémon le Phénicien.

Europe : cf. rubrique Personnages.

Eusèbe de Césarée : (vers 260-340), évêque de Césarée de Palestine (314-340), dont la Préparation évangélique, une sorte d'introduction générale à son oeuvre apologétique, utilise l'oeuvre de Philon de Byblos sur la mythologie phénicienne, elle-même prétendument inspirée de l'antique Sanchuniaton. Citant des passages textuellement ou les résumant, Eusèbe de Césarée vise à dénigrer le polythéisme et à montrer que les dieux païens n'étaient que des mortels divinisés. Son Histoire ecclésiastique, son Panégyrique et sa Vie de Constantin contiennent des informations précieuses sur la survivance des cultes antiques, notamment à Afqa, tandis que son Onomasticon constitue une source importante pour la typographie biblique, également celle de la Phénicie du sud.

Evhémérisme : méthode d'interprétation de mythes, connue surtout par des passages de Diodore de Sicile qui l'attribue à Evhémère de Messène (IV°-III° siècles av.J.C.). Selon sa doctrine, les dieux sont des forces naturelles ou des bienfaiteurs divinisés. L'évhémérisme faisait écho à l'apothéose du roi défunt, un usage attesté en Syrie dès les religions de l'âge de bronze.

Expansion : cf. rubrique Articles.

Ezéchiel : cf. rubrique Documents.

LETTRE F


Flèches : la première pointe de flèche phénicienne inscrite a été découverte vers 1925 lors de la fouille d'une tombe de la région de Nabatiyeh, au sud du Liban. Les noms des propriétaires sont en général déterminés par leur patronyme. Deux documents font exception : l'un est gravé au nom de Zakarbaal, roi d'Amurru inconnu par ailleurs, et l'autre, libellé au nom d'un "homme d'Azzibaal", appartenant probablement à un membre du personnel d'un notable. On s'interroge toujours sur la destination réelle de ces flèches inscrites, que la paléographie situe entre le XII° et la première partie du XI° siècle et dont l'usage en Phénicie semble disparaître complètement par la suite. Simple arme de pêcheurs, arme militaire ou outil divinatoire ?

Fondation, récits de : les rares récits de fondation relatifs à des cités phéniciennes nous sont connus à travers des sources classiques qui ont inévitablement réinterprété des traditions indigènes selon une autre échelle de valeurs. Ainsi, relatant la fondation de Tyr, Philon de Byblos et Nonnos font intervenir le motif des "frères ennemis", Ousoos et Hypsouranios, le premier symbolisant la Tyr insulaire, le second, la Tyr continentale, tous deux ayant été immortalisés par le culte. Mais le lien entre la fondation de la ville et celle du sanctuaire de Melqart (Hérodote, II-44) et le rapport primitif entre Tyr et la mer proviennent sans doute d'un récit de fondation original. La fondation de Carthage fait aussi intervenir Melqart, car, en quittant Tyr, Elissa emporte ses sacra (Diodore de Sicile, XX-14). Ces traditions reflètent donc la part prise par Tyr dans l'expansion phénicienne en Méditerranée et le soutien systématique de son dieu poliade dans ses entreprises. L'existence à Chypre d'une autre Carthage permet en outre de supposer que le récit de la fondation de la Carthage d'Afrique aurait été contaminé par le mythe relatif à la Carthage de Chypre : de manière significative, Elissa et ses compagnons d'exil font escale à Chypre. Le cadre qui ressort de ces textes montre que la religion, et principalement le culte de Melqart, a fourni un garant à la création de villes et de comptoirs, aux relations persistantes avec la métropole, s'exprimant par exemple par l'offrande annuelle des Carthaginois à Melqart de Tyr et aux rapports avec les populations indigènes, le sanctuaire étant un terrain de rencontre neutre et sacré.

Fortifications : les fortifications phéniciennes ont été décrites pour la première fois par Ernest Renan dans Mission en Phénicie en 1864. L'image qui prévalait alors est celle d'une architecture monumentale, "monolithique", mettant en oeuvre des blocs de très grande taille posés sur un soubassement excisé dans la roche en place. Par la suite il s'est avéré que la majorité des monuments sur lesquels se fondait cette vision étaient d'époque romaine, voire médiévale, et que la description de Renan ne pouvait donc s'appliquer à l'architecture militaire phénicienne sur toute sa durée. depuis cette époque, les recherches archéologiques se multipliant, notre perception de l'architecture militaire phénicienne s'est considérablement modifiée grâce à une datation plus affinée des rares vestiges conservés sur des sites phéniciens et, surtout, grâce à une meilleure connaissance de l'évolution des techniques offensives et défensives de l'ensemble du Proche-Orient et du monde phénico-punique. On peut dès lors distinguer une évolution notable des origines à la fin de la période romaine.

Des origines à la fin de l'époque babylonienne : nous ignorons encore si les premières cités phéniciennes étaient toutes fortifiées. Certes on sait que les constructeurs phéniciens étaient réputés dès le X° siècle. Des Tyriens et des Giblites ont même participé à la construction du temple de Jérusalem. Il est donc probable que les cités phéniciennes se sont fortifiés, mais les traces de ces remparts restent à découvrir, si l'on fait exception des restes d'un glacis de pierres brutes à Byblos et des fortifications de Dor, aux IX°-VIII° siècles. En effet, l'art militaire est un domaine où les innovations connaissent une diffusion rapide et les remparts de cette époque sont tous de même conception : murailles linéaires, peu épaisses (2m maximum), comportant des casemates, mais dépourvues de tours, sauf aux portes qui sont conçues selon un plan à tenailles. Les murs sont élevés à l'aide de blocs non taillés de faibles dimensions, grossièrement dressés en façade, liés au mortier de terre et maintenus en place par des pierres de calage. Aux angles et aux changements de direction, l'ouvrage est renforcé par des massifs de pierres appareillées. Avec la prépondérance assyrienne et le perfectionnement des techniques d'assaut (avec en particulier, l'apparition du bélier), l'apparence des fortifications se modifie notablement. Les bas-reliefs de Nimrud et Khorsabad, les portes de bronze de Balawat nous montrent des cités syriennes, palestiniennes et phéniciennes, dont Tyr nommément désignée, qui apparaît comme une île. Ces cités sont entourées d'une ou de plusieurs enceintes et souvent dominées par une citadelle. Les murailles sont maintenant pourvues d'ouvrages de flanquement (tours ou bastions) et la défense se fait par le haut, à l'abri de merlons triangulaires ou d'un parapet parfois orné de boucliers. Bien que stéréotypées, ces représentations laissent à penser que les fortifications phéniciennes ne devaient guère se différencier des autres. L'archéologie nous révèle qu'à cette époque les murailles s'épaississent, les casemates sont comblées. L'enceinte, renforcée par des bastions, est protégée à son pied par un glacis, celui de Byblos ayant été épaissi à deux reprises à l'aide de petits blocs maçonnés à la terre, selon une technique semblable à celle de l'époque précédente. L'époque babylonienne ne paraît pas marquer de changement notable dans les techniques défensives phéniciennes, dont l'efficacité permet à Tyr de soutenir un siège de treize ans. C'est à Baniyas, à la limite Nord de la Phénicie, que l'on peut trouver le seul témoin bien conservé de la puissance des ouvrages militaires phéniciens de l'époque assyrienne ou babylonienne. Cette forteresse a contrôlé la route côtière à 40Km d'Arwad, sans doute construite par cette dernière pour garder la frontière de son royaume.

L'époque perse : les indications techniques du début de l'époque perse, quand la Phénicie était l'alliée du Grand Roi, sont presque inexistantes. En revanche, avec les troubles du V° siècle, apparaissent un certain nombre de fortifications dont les techniques varient considérablement. Les cités phéniciennes firent appel à une nouvelle technique appelée "murs à piliers", avec des murs à double parement, appareillés. Cette technique prévalait probablement dans les remparts de Sidon, qui osa s'opposer à Artaxerxés derrière ses hauts murs protégés par un triple fossé (Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XVI-44) et à Tyr, qui tint tête durant sept mois à Alexandre. Décrivant le siège de Tyr, Arien (Anabase d'Alexandre, II-21) mentionne l'existence de hautes tours et précise que les murs étaient hauts de 16m, "épais à proportion et formés de larges assises de pierre liées entre elles par du gypse". Cette nouvelle technique de construction est illustrée par la forteresse de Byblos qui a été datée du V° siècle. Cette petite place forte, mesurant 90x50 m au maximum, à la forme d'un trapèze aux côtés réguliers. Elle a été placée à l'entrée Nord-est de la ville, qui ne paraît pas avoir été elle-même fortifiée. L'enceinte épaisse de 2,5 m est rythmée par une série de tours carrées de 10m de côté, espacés de 12m et se trouve conservée sur une hauteur de plus de 10m. L'appareil est fait de blocs soigneusement taillés disposés en assises régulières à bossages. Cette évolution de l'architecture militaire trouve un écho en Occident, dans l'aire de domination carthaginoise, à Motyé, puis Lilybée, en Sicile, à Kelibia, dans le territoire même de Carthage et jusqu'à Huelva en Espagne.

L'époque hellénistique et romaine : à partir de la conquête d'Alexandre, les techniques défensives grecques s'imposent dans la région, ainsi constaté à travers l'exemple d'Ibn Hani. Une muraille épaisse de 3m, renforcée par de puissantes tours en fer de cheval ou à plan carré de 20m de côté, est protégée par un avant mur de petits blocs maçonnés à la terre, précédé d'un fossé. L'enceinte elle-même est édifiée à l'aide de blocs taillés selon un modèle uniforme, disposés en alternance de carreaux et boutisses. Des vestiges de ce type de construction ont été retrouvés en Phénicie même, à Sidon, Tyr, Umm-el-Amed, Akko et Dor aussi bien qu'en Samarie et Jérusalem. Au cours de l'époque romaine on perçoit une nette tendance à la monumentalité. La construction de type modulaire est peu à peu abandonnée au profit des techniques faisant appel à l'utilisation des blocs de taille inégale, liés au mortier de chaux (ports de Sidon et de Tyr), ou à l'emploi de blocs de très grande taille, disposés selon des procédés antérieurs à l'époque grecque ou soigneusement appareillés. On trouve des témoins de cette architecture, que Renan qualifiait de "monolithique", à Tyr, Sidon, Jérusalem, Baalbek ou Baetocécé. Mais le plus important de ces ouvrages se trouve à Arwad, dont le "rempart de mer" avait impressionné Renan.

En dépit de l'indigence de la documentation archéologique, il apparaît maintenant que, loin de former un tout uniforme et immuable, les fortifications phéniciennes participent à l'évolution générale de l'architecture militaire du Proche-Orient. Leur importance ne réside pas dans leur originalité mais dans le rôle de premier plan qu'elles ont joué dans la diffusion des techniques offensives et défensives de l'Orient vers l'Occident. On peut dès lors se demander si, à l'occasion des guerres qui opposèrent Grecs, Carthaginois et Phéniciens en Sicile, ces techniques orientales n'ont pas eu leur part dans l'élaboration de l'architecture militaire grecque qui connaît, à partir du IV°siècle, un développement considérable et, par un étrange retour, s'impose ensuite dans tout le Proche-Orient.

Fossa Regia : ligne de démarcation tracée par Scipion Emilien après la 3ème guerre punique entre la province romaine et le royaume numide gouverné par les fils de Massinissa I. Dès 46 av.J.C., elle constituait la frontière entre la province d'Africa Vetus et celle d'Africa Nova. Le tracé de la Fossa Regia suivait une ligne à partir de la ville de Thabraca (Tabarka), au débouché de la Tusca, jusqu'à la cité de Thaenae (Thyna) située à 10Km au Sud de Sfax. Au temps de Vespasien, dans les années 73-74, cette ancienne délimitation fut restaurée à des fins fiscales. Elle fut jalonnée de bornes portant l'inscription : fines provinciae Novae et Veter(is) derecti qua fossa regia fuit. La reconstitution du tracé de la Fossa Regia fut possible grâce à la découverte de 9 bornes ainsi qu'à des vestiges matériels de la démarcation.

Fouilles : la période des voyageurs qui "découvraient" le monde phénico-punique, débouche au XIX° siècle sur des fouilles archéologiques. Au cours des dernières décennies, la démarche archéologique connaît à son tour, une évolution sensible. La chasse au trésor des XVIII° et XIX° siècle cède peu à peu la place à la recherche scientifique. Photographies aériennes, images prises depuis des satellites, fouilles stratigraphiques, recherches subaquatiques, détermination de la faune et de la flore, des climats... tendent à replacer l'homme dans son environnement naturel et matériel. Iconographie, histoire de l'art et sources écrites, informent sur la vie culturelle et spirituelle, ainsi que sur l'histoire dite événementielle. Les découvertes archéologiques du début étaient le plus souvent fruit du hasard ou venaient de ce que les monuments d'époque gréco-romaine et paléochrétienne, qui retenaient alors toute l'attention, avaient été érigés sur des établissements antérieurs dont on ne pouvait négliger la présence. Depuis le XX° siècle les études phénico-puniques ont acquis leur autonomie et leur problématique propre s'est développée. Parmi les interrogations auxquelles l'archéologie s'efforce actuellement d'apporter des éléments de réponse, on mentionnera : l'expansion phénicienne en Méditerranée, sa place à côté d'autres navigations (mycéniennes et grecques), les modes de colonisation et les relations, conflictuelles ou non, avec les populations indigènes, les liens avec les cités-mères et les rapports entre les Phéniciens d'Orient et d'Occident. La suzeraineté assyrienne à l'Est et l'émergence de la puissance carthaginoise à l'Ouest soulèvent d'autres questions, de même que les formes d'occupation du sol, l'urbanisme, l'architecture, notamment celle des forteresses et des sanctuaires. De tels programmes de longue haleine font actuellement l'objet de travaux dans la plupart des régions que Phéniciens et Carthaginois occupèrent ou marquèrent par leur influence.

La côte syro-libanaise : les fouilles archéologiques sur la côte phénicienne furent entrepris suite à la trouvaille du sarcophage d'Eschmounazor II, en 1855 et avec l'arrivée de la mission scientifique française conduite par Ernest Renan en 1860. A son initiative, quatre chantiers de fouilles s'ouvrirent simultanément à Amrit, Byblos, Sidon et Tyr. Les découvertes se succédèrent, notamment à Sidon où la fouille dirigée par Hamdi Bey, le représentant ottoman, aboutit en 1887 au dégagement des deux hypogées de la nécropole royale d'Ayya, avec ses 17 sarcophages. Les fouilles s'y poursuivirent en 1900-1909 sous la direction de Macridi Bey, puis sous celle de Georges Contenau, alors que Meurdrac et Albanese fouillaient la nécropole d'époque hellénistique et romaine. L'établissement du mandat français en 1921-1922 ouvrit la région à la libre investigation. En 1923, Pierre Montet trouva le célèbre sarcophage d'Ahiram à Byblos, où Maurice Dunand continua les recherches de 1926-1936 & 1948-1959, s'intéressant également à Umm el-Amed et à Sidon. Quant aux fouilles de Tyr, elles furent supervisées par l'émir Maurice Chéhab, futur directeur du Département des Antiquités du Liban indépendant. Par ailleurs les fouilles d'Ougarit ne débutèrent qu'en 1929 sous la direction de Claude Schaeffer. Si l'on excepte Byblos et Ougarit, les chantiers ouverts au cours des années 1930-1950 ne livrèrent, pour l'essentiel, que les niveaux d'époque hellénistique, romaine ou byzantine, notamment à Tyr, tandis que les monuments achéménides et médiévaux furent mis au jour à Sidon. Ce n'est qu'à partir de 1960 que les grandes lignes de la civilisation phénicienne commencèrent à se dessiner grâce aux fouilles de la nécropole de Khaldé par Roger Saidah, en 1960, puis celles de Sarepta, menées de 1969 à 1974 sous la direction de J.B. Pritchard. En 1971, Roger Saidah fouilla une tombe à Tambourit et en 1972, l'Institut français d'archéologie de Beyrouth entreprit l'exploration de Tell Arqa. En 1973-1974, P. Bikai effectua un sondage de 150m² à Tyr, atteignant des niveaux de l'âge de Fer. Alors que la guerre civile de 1975 interrompit tous les travaux au Liban, les recherches se poursuivirent à Ougarit, Ras Ibn Hani, Ras el-Bassit et d'autres sites. Avec la fin de la guerre, les recherches reprirent dans les années 1990 surtout dans le centre ville de Beyrouth où de nouvelles découvertes furent mises au jour.

Côté Israël : les établissements phéniciens au Sud de Ras en-Naqoura font l'objet de recherches intenses, dont les débuts remontent à l'époque du mandat britannique sur la Palestine. Le site d'Atlit fut exploré dès 1930-37 par C.N. Johns et Tell Abu-Hawam fut fouillé en 1932-36 par R.W. Hamilton, tandis que les premières fouilles d'Akzib, dirigées par I. Ben-Dor, datent de 1941-44. Le jeune Etat d'Israël favorisa les recherches archéologiques, plus particulièrement celles du Fer, période qui correspond à l'époque de la civilisation phénicienne proprement dite. Les fouilles d'Akzib reprirent en 1963 sous la Direction de M. Prausnitz, celles d'Akko débutèrent en 1970 sous la responsabilité de M. Dothan, tandis que l'Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem explora Tell Kelsan en 1971-80. D'autres sites côtiers attirèrent également l'attention des archéologues notamment l'antique Césarée, Jaffa, Ascalon,...L'exploration subaquatique des ports antiques d'Akko et de Dor mérite d'être signalée, tout comme la découverte du chargement de l'épave de Shavê Zion.

Arrière-pays : les ruines de Baalbek, connues depuis le début du XVI° siècle, furent fouillées dès 1898-1905 par une mission allemande dirigée par O. Puchstein. D'autres recherches y furent entreprises sous le mandat français et depuis l'indépendance du Liban, cela sur plusieurs sites à Tell-Hizzin, Tellel-Ghassil et à Kamed el-Loz où une mission allemande travailla de 1963 à 1981 sous la direction de R. Hahmann, mettant à jour l'ancienne cité de Kumidi, importante pour la connaissance de l'art paléo-phénicien.

Chypre : les explorations d'amateurs du début furent suivies à partir du 1878 par des fouilles plus rigoureuses entreprises sous l'administration britannique. La fondation du Cyprus Museum en 1883 et du Cyprus Exploration Fund en 1887 ouvrit la voie à une nouvelle époque dans l'histoire de l'archéologie chypriote. En ce qui concerne les vestiges proprement phéniciens, on relèvera les fouilles de la ville de Salamine (1952-1974) et surtout de sa nécropole (1962-1973), celle de Soloi (1965-1974), de la nécropole d'Alaas (1973-74), de Kition, de Hala Sultan Tekké, d'Amathonte, de Paphos, de Kourion, de Tamassos et de nombreux autres sites.

Afrique du Nord : c'est à Charles Ernest Beulé que revint l'honneur d'inaugurer, en 1859, l'exploration scientifique des ruines de Carthage. Mais c'est surtout grâce aux fouilles d'Alfred Louis Delattre (1876-1932) secondé par G.G. Lapeyre que cette exploration prit de l'ampleur. Les nécropoles puniques de la Byzacène attirèrent dès 1884 l'attention des archéologues qui fouillèrent en outre les sanctuaires puniques d'Hadrumète et d'El-Kénissia. Des fouilles fructueuses eurent lieu avant la 2ème guerre mondiale au Cap Bon, notamment par les soins du Dr Gobert et de Pierre Cintas. Parmi les nécropoles puniques connues le long du littoral algérien, seules celles de Chullu (1890-95), d'Igilgili (1928, 1937) et de Gunugu (1891-92, 1900, 1932) avaient été explorées méthodiquement. L'indépendance acquise par les pays du Maghreb fut à l'origine d'un intérêt croissant pour les antiquités préromaine de la région. Une impulsion supplémentaire vint de la campagne internationale pour la sauvegarde du site de Carthage, patronnée par l'UNESCO. D'autres sites tunisiens profitèrent de ce regain d'activités comme la cité punique de Kerkouane, la forteresse du cap Bon, les villes numides de Maktar ou Dougga. L'intérêt porté à la civilisation néo-punique des Numides d'Algérie s'accrut également grâce aux nouvelles fouilles de Tipasa, de Siga et dans la région de Constantine. Les recherches archéologiques au Maroc entrèrent dans une nouvelle phase grâce à la découverte de vestiges remontant au VII° siècle notamment dans les nécropoles au Sud de Tanger, à Sala et à Mogador. En Tripolitaine, les monuments de la civilisation punique de l'époque romaine apparaissent surtout à Leptis Magna et à Sabratha, fouillées par des missions italiennes.

Espagne et Portugal : si la fouille de certains sites puniques d'Espagne remontent au XIX° siècle et si la nécropole phénicienne de Gadès devint célèbre par la découverte, en 1887, d'un grand sarcophage anthropoïde en marbre, il faut attendre les années 1960 pour voir les recherches archéologiques d'Andalousie aboutir à l'identification d'établissements phéniciens dont les origines datent au moins du VIII° siècle av.J.C. Ces dernières années, une nouvelle impulsion fut donnée aux fouilles de l'île d'Ibiza notamment dans la nécropole de Puig des Molins, et au Portugal où la butte d'Alcàcer do Sal paraît bien recouvrir un comptoir phénicien du VII° siècle. On ne peut négliger, non plus, les explorations des centres miniers et métallurgiques de la Péninsule Ibérique tels ceux du Cerro Salomon, dans la zone de Riotinto, de San Bartolomé de Almonte ou d'Aljustrel, au Portugal.

Iles de la Méditerranée centrale : les établissements phénico-puniques à Malte, à Gozzo, sur l'île de Pantelleria, en Sicile et en Sardaigne attirèrent de bonne heure l'attention des archéologues. On relèvera les fouilles de J.I.S. Whitaker à Motyé (1905-1925), celles d'A. Taramelli à Sulcis, de Vivante et Patroni à Nora. C'est seulement durant la seconde moitié du XX° siècle que commencèrent les grandes campagnes de fouilles modernes sur les sites phénico-puniques. La Surintendance des Antiquités à Cagliari entreprit en 1956 l'exploration du site de Sulcis et engagea en 1963-66 les fouilles de Monte Sirai et en 1974 celles de Tharros. En Sicile occidentale les fouilles anglaises de Motyé (1961-65) furent suivies de diverses fouilles italiennes organisées en coopération avec la Surintendance de Palerme. A Malte, l'important sanctuaire phénico-punique de Tas-Silg fut l'objet d'une série de campagnes de fouilles italiennes en 1963-70.

Four : les fouilles archéologiques ont mis au jour de nombreux fours, aussi bien des fours domestiques pour cuire le pain que des fours de potier ou de fondeur (métallurgie) ou encore des fours à chaux.

Les fours à pain étaient construits en terre cuite, de formes cylindriques ou tronconiques, de 75cm de diamètre, ouverts au sommet pour laisser échapper la fumée, dotés d'une prise d'air qui assurait le tirage. Quand le four était convenablement chauffé et la flamme tombée, la ménagère plaquait les galettes de pâte contre les parois intérieures du four, en étendant les bras par l'ouverture supérieure. Des restes de four semblables ont été trouvés en Orient, à Ougarit et Sarepta et sur d'autres sites en Afrique du Nord, à Carthage et Kerkouane.

les fours de potier sont connus grâce aux fouilles de Sarepta et de Motyé. Une vingtaine de fours tous identiques du même types et datés entre le Bronze Récent II et la fin de l'âge de Fer, furent mis au jour à la périphérie de Sarepta, près de la mer. ils sont construits en pierre ou en brique crue, avec une couche d'argile à l'intérieur, et parfois bâtis les uns sur les autres. La structure ovale ou circulaire à deus étages comporte une chambre de combustion et, au-dessus, un laboratoire sur lequel on disposait les pièces à cuire. la chambre de combustion, en général souterraine, en forme d'oméga: un mur de refend dans l'axe d'entrée la divise en deux lobes symétriques et supporte la sole percée de carneaux. Autour de Sarepta on a trouvé d'autres installations de l'industrie céramiques, tels les bancs d'argile et décharges, ainsi que des ratés de la production. On a retrouvé des fours à plan similaire à Megiddo, Akko et Azor démontrant ainsi l'origine cananéenne de ces fours. Cette même tradition orientale survit dans le monde punique, à Motyé où cinq fours à oméga ont été retrouvés le long de l'enceinte. La sole est construite en briques plano-convexes et le mur et le mur de refend se poursuit en arc rampant vers l'entrée.

Friedrich Johannes : (1893-1972), orientaliste et linguiste allemand. Il enseigna à Leipzig (1929-1950) et à Berlin (1950-1963). Les langues d'Anatolie, hittite, hourrite et urartéen, constituaient le domaine principal de ses recherches. Il manifesta aussi un intérêt particulier pour le phénicien, dont il publia une grammaire détaillée, Phönizisch-punische Grammatik (Rome 1951), qui connut une seconde édition à laquelle collabora W. Röllig (Rome 1970). Friedrich s'intéressait aussi à l'histoire de l'écriture, à laquelle il consacra deux ouvrages : Entzifferung verschollender Schriften und Sprachen (Berlin 1954,1966) et Geschichte der Schrift (Heidelberg 1966).

LETTRE G


Gabès : en latin Tacapes, en arabe Qabis, vaste oasis de Tunisie et port au fond de la petite Syrte, qualifiée de "très grand marché" par Strabon". On y a trouvé des vases funéraires avec des lettres néo-puniques, tracées au pinceau.

Gadès ou Cadix : en phénico-punique, Gdr "le Mur", plus probablement "l'enclos" servant d'entrepôt comme le note l'historien Pline. Gadeira en grec, Gades en latin et aujourd'hui Cadix est située aux bords de la côte atlantique de l'Espagne, face à l'estuaire de Guadalete. La presqu'île actuelle de Cadix, où la ville moderne occupe l'emplacement de la cité antique de Gadès, n'est rattachée au continent que par étroit banc de sable. C'était encore une île au Ier siècle ap.J.C., quand Pomponius Mela décrit le site, où "un bras de mer" séparait Gadès de la terre ferme, à laquelle les alluvionnements du Guadalete ont relié l'île par la suite.

Située sur les rivages atlantiques de l'Andalousie, au delà du détroit de Gibraltar, Gadès se trouve à l'Est de l'embouchure du Guadalquivir qui draine les richesses de la Sierra Morena. C'est le principal établissement phénicien de la côte ibérique, le plus proche des fournisseurs de métaux du pays de Tartessos (Tarshish) et jouant un rôle prééminent dans les productions artisanales phéniciennes. C'est le seul aussi dont la tradition affirme l'antiquité. La réputation de son temple d'Héraklès (visité par Hannibal, Fabius Maximus, Polybe ou César), sa situation aux frontières du monde où l'on peut observer les marées, sa richesse et sa large population à l'époque romaine, donnent à Gadès une place exceptionnelle dans les descriptions des auteurs classiques.

Les sources littéraires ont tendance à réunir en un même ensemble trois colonies phéniciennes censément fondées à la fin du XII°siècle, Lixus Gadès et Utique. Les témoignages sont les plus nombreux pour Gadès dont Velleius Paterculus place la fondation 120 ans après la mort d'Héraklès et 80 ans après la guerre de Troie, soit dans les années 1104/3. Certes la plupart des auteurs sont aujourd'hui critiques vis-à-vis de ces données appartenant à tout un courant de l'historiographie hellénistique. Néanmoins, le récit de Strabon reste précieux pour les renseignements qu'il fournit sur les tâtonnements qui ont précédé le choix de Gadès : après avoir conduit deux expéditions infructueuses qui aboutissent à Almunécar et Huelva, les Tyriens se blottissent dans une baie, en face d'habitats indigènes déjà développés grâce à la métallurgie. On saisit ici l'opiniâtreté des Phéniciens à vouloir s'installer le plus près des débouchés des mines du pays de Tartessos. Ceci explique aussi la confusion que l'on trouve chez les auteurs romains (Salluste et Pline) entre Gadès et Tartessos, partageant la même réputation de richesse fondée sur l'argent, un métal exporté de Gadès.

Le récit de la fondation de Gadès se rattache à celui de la fondation du sanctuaire d'Héraklès - Melqart, premier souci de ceux qui installent un nouveau comptoir. Les fonctions du temple durent être multiples : rendre un culte au dieu de la mère patrie, servir de lieu d'asile, collecter les redevances dues par les marchands, garantir l'honnêteté des transactions. Le prestige du dieu grandit au point qu'il figure sur les monnaies puniques de Gadès et l'Hercules Gaditanus reparaît sur celles des empereurs Trajan et Hadrien, tous deux originaires d'Espagne. Son culte continua à être célébré à l'époque romaine selon le rituel phénicien. L'archéologie n'a rien relevé de ce temple, mais les auteurs anciens, notamment Strabon, le décrivent avec ses autels, les deux stèles de bronze, les portes décorées des Douze travaux d'Hercule, sa source d'eau.

Gebal ou Gubal : cf. rubrique Cités : Byblos.

Genesius, William : (1786-1842), exégète, philologue et épigraphiste allemand, Genesius fut professeur à l'Université de Halle. Initiateur des travaux modernes sur la grammaire et le lexique de l'hébreu biblique, il manifesta son intérêt pour le phénicien dès le début de sa carrière, puisqu'il fit paraître en 1810 son Versuch über die maltesische Sprache, prouvant que le maltais ne dérivait pas du phénico-punique, comme on le croyait alors, mais constituait un dialecte l'arabe. D'autres articles parurent Carthago parut en 1830 dans l'Allgemeine Encyclopädie der Wissenschaften und künsten (Leipzig, 1830), suivi quelques années plus tard de ses Paläographische Studien über die phönizische und punische Schrift (Leipzig 1835) montrant son intérêt pour les langues phénicienne et punique. Genesius fut l'épigraphiste qui paracheva le déchiffrement du phénicien à travers ses Scripturae Linguaeque Phoeniciae Monumenta, en trois parties (Leipzig 1837), ouvrage qui regroupait, pour la première fois, l'ensemble du matériel épigraphique phénico-punique connu à l'époque et provenant des régions les plus diverses du bassin méditerranéen.

Ghassil, Tell el : site de la Béqaa libanaise, à 13 Km au Sud-ouest de Baalbek. Les fouilles y ont distingué treize niveaux d'occupation et ont mis au jour une espèce de rotonde et une abondante céramique de l'âge de Fer, notamment 59 brûle-parfums, dont la majorité provient du secteur des temples.

Ghorfa : la Ghorfa est un village du Haut Tell en Tunisie, connu pour ses ex-voto à Baal Hamon. Ce sont ses stèles à fronton triangulaire de1,75cm de haut, sculptés en très bas relief. Le dédicant en occupe le centre, debout, de face, les hommes portent le pallium ou la toge, les femmes en robe à ceinture basse. Le registre supérieur est réservé au monde surnaturel. Au sommet brille un soleil à face humaine, parfois barbu, ceint d'une couronne d'éternité ou de serpents. On y trouve souvent le "signe de Tanit" anthropomorphisé qui verse le contenu d'une corne d'abondance. Eros et Vénus (reconnaissable à sa nudité) de part et d'autre du fronton de la chapelle. A l'étage inférieur, des cènes diverses : un génie serrant des serpents, Hercule et le lion de Némée, un bovidé conduit à l'autel pour le sacrifice. Les dédicaces sont rares et brèves, écrites en latin. Ces stèles s'échelonnent entre la fin du Ier siècle ap.J.C. et le début du II° siècle.

Gibalos : dévot de Baal, nom attesté depuis le XI° siècle et porté au III° siècle av.J.C. par un employé de la chancellerie de Zénon, qui fut le gérant des biens d'Apollonios, le ministre des finances de Ptolémée II Philadelphe.

Giblites : habitants de Gubal ou Gebal (Byblos), cf. rubrique les cités, Byblos

Gibraltar : selon Strabon, les Tyriens ont mené deux expéditions infructueuses vers l'Ouest, avant de s'installer à Gadès. La première d'entre elles aurait atteint Gibraltar, l'une des colonnes d'Hercule, le Mont Calpé des Anciens. Le dossier archéologique de Gibraltar est mince. A ce jour, seule la "Gorham's Cave" a été l'objet d'une fouille. Située à l'est du Rocher de Gibraltar, avec son entrée à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer, cette grotte a été surtout occupée au Paléolithique. Après une longue période d'abandon, des objets égyptiens, phéniciens, puniques, grecs et ibériques y ont été déposés entre le entre le VIII° et le III° siècles av.J.C. Il s'agit principalement d'amulettes et de scarabées égyptiens et égyptisants, des céramiques phéniciennes à engobe rouge, des statuettes puniques en terre cuite. Tous ces objets ont laissé supposé que cette grotte a dû être un lieu de culte, en relation avec l'habitat phénicien du Cerro del Prado.

Giscon : nom porté par plusieurs personnalités puniques : Giscon, fils d'Hamilcar, fut banni à cause de la défaite de son père à Himère (480 av.J.C.) et passa son exil à Sélinonte. Giscon, stratège carthaginois, prit part à la conclusion du traité de paix en 241, dirigea ensuite l'évacuation de Lilybée. Giscon, envoyé d'Hannibal auprès de Philippe V de Macédoine, tomba en 215 aux mains des Romains.

Gjerstad, Einar : (1897-1988), archéologue suédois, professeur à l'Université de Lund (1939-1957), souvent appelé "le père de l'archéologie chypriote". En 1927-1931, il dirigea à Chypre une mission suédoise. La publication de ces fouilles, The Swedish Cyprus Expedition I-IV. Finds and results of the Excavations in Cyprus (Stockholm-Lund, 1043-1972), reste encore la base de toute recherche archéologique dans l'île de Chypre, de la préhistoire à l'époque romaine. Pour la connaissance à Chypre, les fouilles des villes de Kition et d'Idalion ces études sont particulièrement importantes.

Glyptique : en général, c'est l'art de tailler les pierres fines et précieuses, en creux (intailles) ou en relief (camées). Dans l'antiquité, la glyptique fut connue aussi comme l'art de graver ou sculpter sur des sceaux cylindriques en terre cuite. Ces sceaux furent utilisés dans l'administration pour imposer les cachets en bas des documents officiels. Ils servirent également pour l'ornement et la décoration. Les styles et inscriptions étaient divers et variés. La glyptique phénicienne, se confirma à partir du I° millénaire avec ses propres caractéristiques, avec une prépondérance de cachets en forme de scarabées, suivant le schéma dorsal les prototypes égyptiens, en y rajoutant parfois quelques détails décoratifs.

Golgoï : capitale d'un des plus petits royaumes de Chypre, à l'intérieur des terres, au Nord-est d'Idalion et au Nord-ouest de Kition. Le site antique de la ville est bien localisé au Nord du village moderne d'Athienou, avec des nécropoles à l'Est et un ou deux sanctuaires près de la chapelle Ayios Photios. L'histoire de Golgoï est obscure, pas de mention dans la liste d'Asarhaddon, ni chez les écrivains grecs avant Théocrite qui évoque la ville avec Idalion, à cause de l'Aphrodite Golgienne. Cette figure, dont le sanctuaire n'a pas été retrouvé, a dû être importante et apparaît dans les dédicaces ailleurs dans l'île. Aucun roi n'est attesté bien qu'il semble avoir existé un monnayage (vers les V°-VI° siècles). Le site est surtout connu par une abondante série d'inscriptions grecques syllabiques provenant du site de la ville, des nécropoles et sanctuaires, découverts en 1870 par Palma di Cesnola, avec des offrandes nommant Adonis.

Gozzo : île proche de Malte, à laquelle elle est étroitement liée par son histoire culturelle, politique et économique depuis la préhistoire jusqu'à l'époque romaine et byzantine. La première occupation phénicienne de Gozzo doit être contemporaine à celle de Malte, même si la documentation archéologique disponible est légèrement plus récente (VII°siècle). L'emplacement des habitats, dont il subsiste très peu, est indiqué par les nécropoles. Le centre le plus se trouve, comme à Malte, sur un haut plateau interne, sur le site moderne de Victoria. Le port principal devait se localise dans la baie de Mgarr, sur la côte méridionale. Les nécropoles ont des tombes creusées dans la roche, à une ou plusieurs chambres et puits d'accès. Un seul tombeau collectif se présente comme un tumulus de type nord-africain. De nombreux sanctuaires sont attestés par l'archéologie et par des textes ou inscriptions commémoratives.

Granulation : elle consiste en de minuscules sphères d'or ou d'argent qui, assez fréquemment soudées à des objets précieux, servirent à composer des décors souvent géométriques, mais parfois aussi figuratifs. Après s'être développée en Mésopotamie, la granulation fait son apparition au Levant au II°millénaire surtout dans les motifs triangulaires ou figuratifs de haches en or de Byblos et dans les bijoux de Kamed el-Loz. Les orfèvres phéniciens du I° millénaire perfectionnèrent cette technique. La granulation servait à décorer des boucles d'oreille en forme de "sangsue" ou de "bateau" qui devinrent le bijou phénicien le plus caractéristique.

Griffon : être fabuleux, connu au Proche-Orient et en Egypte depuis la fin du IV° millénaire et répandu surtout au II° et au I° millénaires en Méditerranée orientale, monde égéen inclus, avec de nombreuses variations iconographiques : corps de lion ailé et tête de rapace, ou corps et tête de lion avec ou sans cornes. Pour la Phénicie et son rôle dans la transmission du griffon à l'Occident phénico-punique, il faut se tourner vers un autre type de griffon attesté à l'âge du Bronze Récent sur les ivoires de Megiddo, Byblos, Chypre : il emprunte au griffon créto-mycénien les boucles qui sortent des épaules, les ailes en éventail et la volute latérale qui descend sur le cou. Toujours avec une tête de rapace, souvent surmontée d'une aigrette, au bec fermé ou entr'ouvert. Il se répand depuis le Bronze Récent jusqu'au Fer II dans les ateliers de Syrie du Nord et de Phénicie. Sur les coupes phénico-chypriotes exportées jusqu'en Grèce ou en Etrurie (IX°-VIII° siècles) apparaît aussi un autre type de griffon, plus proche du sphinx hiérakocéphale égyptien, attesté à partir du IX° siècle av.J.C. sur les scaraboïdes et des sceaux cubiques syriens et phéniciens. Il passe à Chypre d'où il est transmis à la glyptique de Carthage et de Tharros.

Gsell, Stéphane : (1864-1932), grand historien de l'Afrique ancienne. Son oeuvre immense couvre toutes les époques, de Carthage punique à la période byzantine. Agrégé d'histoire, ancien membre de l'Ecole Française de Rome après avoir été élève de l'Ecole Normale Supérieure, il enseigna à la Faculté de lettres à Alger, puis au Collège de France à partir de 1912. Dès 1901 paraissent les Monuments antiques de l'Algérie puis entre 1902 et 1912, l'Atlas archéologique de l'Algérie et en 1922, le premier volume des Inscriptions latines de l'Algérie. De 1913 à sa mort, il s'attacha surtout à son oeuvre principale, l'Histoire ancienne de l'Afrique du Nord (8 volumes). Les premiers volumes ont vieillis du fait des nouvelles découvertes archéologiques mais ils méritent d'être lus pour leur intelligence et leur science. Gsell a beaucoup contribué au sauvetage du site de Carthage.

Guadalhorce : le plus important fleuve de l'Andalousie orientale dont l'embouchure se trouve à 4Km à l'Ouest de Malaga. Sur sa rive droite, à 500m de la côte, le petit promontoire du Cerro del Villar abrite les restes d'une colonie phénicienne des VII°-VI° siècles, découverte en 1966. Elle a livré notamment une brève inscription phénicienne sur fragment de vase. Du temps des Phéniciens, ce site constituait une île qui contrôlait l'accès de la voie de communication du Guadalhorce, qui facilitait les contacts commerciaux avec l'arrière-pays, jusqu'à la vallée du Guadalquivir. La situation privilégiée du Cerro del Villar permettait, en outre, le développement d'une agriculture intensive d'irrigation. Les données archéologiques démontrent la continuité de l'occupation phénicienne de 700 à 550 av.J.C. Les fouilles entreprises à partir de 1986 mettent en évidence le haut niveau du développement architectonique atteint par l'établissement phénicien et l'échelle industrielle locale de céramiques peintes de luxe, destinées au commerce. Au VI° siècle, peu de temps avant l'abandon du site apparaît la céramique d'importation étrusque et grecque orientale.

Guerres médiques : nom donné aux conflits qui opposèrent Grecs et Perses au V° siècle av.J.C. et dont le récit le plus détaillé fut relaté par Hérodote. Lorsque Darius I eut conquis l'Asie occidentale et l'Egypte, il résolut de poursuivre ses succès en Europe et attaqua la Grèce. La première guerre médique eut lieu en 490 et fut marquée par la défaite des Grecs à Marathon. La seconde, entreprise par Xerxès I, fut signalée par le dévouement des Spartiates aux Thermopyles, les batailles navales de l'Artémision, l'incendie d'Athènes, les victoires grecques de Salamine (480), de Platée et de Mycale (479). En 468. les Grecs remportèrent une double victoire, sur terre et sur mer, sur les bords de l'Eurymédon. Une nouvelle guerre éclata en 450, mais la Paix de Callias lui mit fin dès 449/8, consacrant le statu quo. Les Phéniciens jouèrent un rôle important dans ces guerres : de grands travaux préparant l'invasion de 480, comme l'établissement de ponts sur l'Hellespont ou le creusement d'un canal à travers l'isthme du Mont Athos leur furent confiés. La flotte phénicienne se distingua dans la deuxième guerre médique, sous Xerxès qui compta sur 300 trières et des équipages parmi lesquels émergeaient les Sidoniens.

Guerres puniques : les auteurs traitant de l'Antiquité romaine donnent le nom de "guerres puniques" à la longue rivalité qui naquit entre Rome et Carthage, au III° siècle av.J.C. et qui aboutit en 146 à la ruine de cette dernière après trois longues guerres acharnées qu'un historien de Carthage devait qualifier de "guerres romaines". Les guerres puniques qui eurent un impact durable sur toute l'histoire ultérieure du monde méditerranéen, furent déclenchées par les Romains, d'abord en raison de leurs vues sur la Sicile, déjà occupée en partie par les Carthaginois, ensuite sous l'impulsion des tendances impérialistes de la Rome républicaine, contrecarrées par la puissance maritime et économique de Carthage. Ces guerres puniques sont à la fois très bien et très mal connues. Très mal, parce que les sources carthaginoises font complètement défaut, que les sources romaines contemporaines sont en grande partie perdues et que les historiographes romains, voire grecs, ne sont pas toujours fiables et ne reflètent souvent que le point de vue d'une des deux parties. Il y eut en total trois guerres puniques : Première (264-241), l'entre-deux-guerres (241-218), Deuxième (218-201) et la Troisième (149-146). Article en préparation.

LETTRE H


Hadrumète : Sousse, ville de Tunisie, à 150Km au Sud-est de Carthage, et le centre urbain du Sahel. Selon Salluste, la ville aurait été une fondation phénicienne. Solin précise quant à lui, qu'elle aurait été une colonie tyrienne. L'histoire la plus ancienne de la cité est inconnue et Hadrumète ne conserve de vestiges archéologique antérieur au VII° siècle av.J.C. Elle entra dans l'orbite de Carthage, ce qui eut pour effet de l'entraîner dans les conflits méditerranéen de cette dernière. De retour d'Italie en 203/2 Hannibal y fit les préparatifs de sa campagne contre Scipion. Au début de la troisième guerre punique, la ville se rallia aux Romains et garda grâce à cette décision ses immunités et son territoire. Durant la guerre civile entre César et les Pompéiens, elle opta pour ces derniers et fut taxée lourdement par César, vainqueur à Thapsus en 46 av.J.C. Elle n'en devint pas moins, sous l'Empire, une importante place de commerce et ses monnaies, de l'époque augustéenne (à l'effigie de Baal Hamon) montrent que ses privilèges de cité libre étaient alors conservés ou restaurés. Elle fut promue sous Trajan (98-117) au rang de colonie et se couvrit de luxueux monuments, riches en mosaïques. Elle devint la capitale de la nouvelle province Byzacène sous le règne de Dioclétien (284-305).

Hala Sultan Tekké : site d'une importante ville portuaire du Bronze Récent qui se trouve à l'Ouest de la mosquée de Hala Sultan Tekké, en bordure du Lac Salé de Larnaka Kition, à Chypre. On y a retrouvé, dans une tombe des restes d'oeufs d'autruche, des bâtiments du XII° siècle ont livré un atelier de métallurgie, de nombreuses jarres à vin dites cananéennes, des épigraphies chypro-minoennes et une coupe en argent portant une inscription en alphabet cunéiforme qui suppose une langue cananéenne ou phénicienne.

Hamdi Bey Osman : (1842-1910) homme d'Etat et archéologue turc, directeur du Musée Impérial Ottoman d'Istanbul de 1881 à 1910. Il en fut le réel fondateur et l'inspirateur du firman qui instaura en 1884 la protection officielle des antiquités de l'Empire et réglementa les fouilles archéologiques. La plus prestigieuse de ses initiatives mena à la découverte, en 1887, de deux hypogées de la nécropole royale de Sidon, dont les sarcophages constituent aujourd'hui les joyaux du Musée archéologique d'Istanbul. Hamdy Bey publia les résultats de ses recherches avec Th. Reinach Une nécropole royale de Sidon (Paris 1892).

Hamilcar : serviteur de Melqart. l'anthroponyme le plus usité à Carthage et dans le monde punique. Il fut porté par plusieurs officiers de l'armée carthaginoise, des commandants, suffètes ou ambassadeurs. nous avons choisi d'évoquer deux des plus illustres.

Hamilcar le Magonide : basileus de Carthage de 484 à 480 selon Hérodote. Fils de Magon et d'une Syracusaine. Théron, tyran d'Agrigente, s'étant emparé d'Himère en 483, en chassant Térillos, Hamilcar rassemble une armée, que les Grecs estiment à 300.000 hommes, parmi les Puniques, les Libyens, les Ibères, les Corses et les Sardes. Il l'amène à Palerme sur une flotte de 3.000 navires et marche sur Himère. Théron appelle à son secours Gélon, le tyran de Syracuse. Moins nombreux que leurs ennemis, les Grecs avaient une cavalerie plus forte. Pendant la bataille Hamilcar reste dans le camp, sacrifiant d'innombrables victimes et cherchant des présages dans leurs entrailles : constatant la défaite de ses troupes, il se jette lui-même dans le bûcher. Les Carthaginois le considérèrent dès lors comme une divinité et lui offrirent des sacrifices, élevant aussi des monuments, à Carthage et dans toutes les villes de l'empire, en son souvenir.

Hamilcar Barca : ce qui veut dire "l'éclair", apparaît dans l'histoire en 247 av.J.C. comme commandant de la flotte et de l'armée carthaginoise en Sicile. Il s'installa à Heirkte (Monte Pellegrino) et mena des raids contre les côtes italiennes, puis prit pour base la position d'Eryx (Erice). Après la destruction de la flotte punique par Lutatius Catulus aux îles Egates (Favignana), il fut chargé de mener les négociations avec les Romains. La seconde phase de la carrière d'Hamilcar correspond à la guerre des Mercenaires durant laquelle il joua un rôle prédominant essayant par la voie de la diplomatie d'influencer les chefs rebelles. Dès que la pression de cette crise fut atténuée, le parti oligarchique tenta de retirer à Hamilcar ses pouvoirs au profit d'un autre commandant, Hannon. Mais, une décision de l'Assemblée populaire, soutenue par les plus pauvres, donna à Hamilcar le commandement en chef sans limite de temps. Sitôt assuré de l'appui du peuple, Hamilcar passe avec son armée en Espagne afin de créer une base solide pour la revanche contre Rome, qui avait profité de la guerre des Mercenaires pour occuper la Sardaigne. Les villes phéniciennes qui jalonnaient les côtes ibériques étaient les alliées de Carthage, mais non ses sujettes. Hamilcar impose son autorité d'abord à Gadès, puis entreprend la conquête de la vallée du Guadalquivir, des sierras riches en mines qui la dominent. Il en fait de ses conquêtes un véritable royaume, dépendant théoriquement de Carthage, mais en fait soumis à son pouvoir absolu et organisé sur le modèle des monarchies hellénistiques. Réorganisant l'exploitation minière, il en envoie le produit à Carthage pour aider au paiement de l'indemnité de guerre et favoriser le parti populaire. En 231 il établit sa capitale à Alicante, il occupe la péninsule du Cap de la Nào, puis remonte le cours du Jùcar. Il meurt accidentellement en 239.

Hannibal : Hanni-Baal, Baal m'est favorable. Nom très répandu à Carthage et dans le monde punique, employé également comme anthroponyme féminin.

Hannibal le Magonide : fils de Giscon et petit-fils d'Hamilcar, le vaincu d'Himère. Basileus de Carthage entre 415 et 409. En 410, c'était déjà un homme âgé. Selon l'historien Diodore, il détestait les Grecs et avait refusé de s'allier à Athènes contre Syracuse. C'est la querelle entre Ségeste et Sélinonte qui vît naître la guerre : pressée par les Sélinontains, Ségeste réclama l'aide de Carthage. L'assemblée vota la guerre et en chargea Hannibal qui débarqua à Motyé avec environ 100.000 fantassins et 4.000 cavaliers. Agrigente et Syracuse n'étant pas intervenues, Sélinonte succomba après un siège de neuf jours, la ville fut dévastée et devint tributaire de Carthage. Les Puniques transformèrent certains temples comme l'indique une mosaïque avec le "signe de Tanit" trouvée dans l'un d'eux. Hannibal marcha alors sur Himère, s'en rendit maître malgré une démonstration navale syracusaine, la rasa et sacrifia 3.000 de ses habitants en mémoire du héros Hamilcar. L'année suivante, Hannibal étant rentré à Carthage, le général syracusain Hermocrate tenta de reprendre Sélinonte, mais ne put s'y maintenir et trouva la mort. Cependant les Carthaginois jugèrent nécessaire une nouvelle intervention dont ils chargèrent Hannibal qui, en raison de son âge et de sa santé, fut assisté par son cousin Himilcon. Les Athéniens, qui luttaient contre Sparte, firent voter par la Boulé un décret accordant aux deux chefs puniques leur amitié et leur alliance. Hannibal marcha sur Agrigente, la somma d'accepter la suzeraineté de Carthage et, sur son refus, la détruisit. Une épidémie frappa l'armée et Hannibal fut une de ses premières victimes.

Hannibal le barcide : fils d'Hamilcar Barca, né en 246 après trois soeurs, il fut suivi de deux autres garçons : Hasdrubal et Magon. A neuf ans, il accompagne son père en Espagne et aurait prêté, à cette occasion, le serment de haine contre Rome auquel l'historien Polybe attache une importance fondamentale. Il reçoit une éducation gréco-punique, dirigée par le Spartiate Sôsylos, qui sera son historien. Son aspect physique, au moment de sa prise du pouvoir, nous est connu par ses monnaies à l'éléphant. Ses croyances religieuses sont connues par le serment prêté aux ambassadeurs de Philippe V de Macédoine. Il semble que le principal dieu des Barcides ne fut pas Baal Hamon mais Baal Shamêm, identifié à Zeus. Dès qu'il en fut capable, Hannibal servit dans les armées de son père, puis de son beau-frère Hasdrubal. Après l'assassinat de ce dernier, il est élu général par l'armée, qui se composait en grande partie de mercenaires, la décision étant ratifiée par le peuple de Carthage. Hannibal passa à la postérité grâce à sa lutte contre Rome durant la 2ème guerre punique.

Hannon : nom porté par plusieurs personnages puniques dont le plus célèbre fut le navigateur - explorateur. Cf. rubrique Personnages.

Haouanet : pluriel arabe de hanout, nom donné à des tombes antiques de l'Algérie orientale et de Tunisie qui se présentent sous la forme de chambre cubique de 1.50 à 2m, creusées dans le roc au-dessus du niveau du sol fermées par des dalles ou par une porte en bois, ce qui les faisaient ressembler à des habitations. Si la majorité des Haouanet se dérobent actuellement à toute tentative de datation, quelques unes furent creusées à l'époque punique comme le démontrent des éléments architecturaux que l'on retrouve figurés sur des stèles de Carthage. D'autres furent réaménagées durant la période romaine, surtout en Algérie. Leur absence aux alentours d'Utique et de Carthage semble exclure une origine punique et plaide en faveur d'une pratique numide au sein d'une population en contact avec le monde punique.

Harris, Zellig Sabbetai : originaire de Russie, Harris enseigna à partir de 1931 à l'Université de Pennsylvanie, où il devint en 1947 professeur de linguistique. Il est auteur d'une excellente grammaire phénicienne, A grammar of the Phoenician language (New Haven 1936) et d'une remarquable étude sur le Development of Canaanite Dialects (New Haven 1939). Son ouvrage Ras Shamra Mythological Texts (Philadelphia 1935), écrit avec J.A. Montgomery en fait aussi un des pionniers des études ougaritiques.

Hasdrubal : Baal est une aide. Nom très répandu dans le monde punique. L'un des plus célèbres fut Hasdrubal, ami et allié, puis gendre d'Hamilcar Barca en 238. Il accompagne son beau-père en Espagne, puis revient en Afrique. Il commandait la flotte lors de la mort de son beau-père. Choisi pour lui succéder d'abord par l'armée, puis par le peuple de Carthage. Il gouverne l'Espagne de 229 à 221, accentuant l'autonomie du dominion barcide et son caractère monarchique. Un congrès des chefs ibères le proclame stratégos autocrator de la nation. Vers 228, il fait construire une nouvelle capitale qu'il ose appeler Carthage (Carthagène) et s'y bâtit un palais. Ses monnaies, inspirées de celles des rois hellénistiques, le montrent diadémé avec, au revers, une proue de galère. Il adopte une attitude conciliante envers Rome, acceptant une berît et limitant l'expansion barcide à l'Ebre. Peu après il fut assassiné.

Héliopolis : "cité du soleil", nom grec de plusieurs villes, notamment de Baalbek : cf. rubrique cités.

Hellénisation : les relations entre le monde égéen et la côte syro-phénicienne sont anciennes, régulières après 1500 av.J.C. et, avec l'Age de Fer, des établissements grecs sont probables ou sûrs dans quelques sites : Al-Mina, Ras el-Bassit, Tell Sukas. Néanmoins on ne peut parler d'hellénisation qu'à partir du moment où la civilisation grecque modifie une civilisation différente ou la supplante. Cette situation se présente en Phénicie à l'époque achéménide, bien avant la conquête macédonienne, particulièrement à Sidon. La présence d'artistes grecs est révélée dès le milieu du V° siècle par certains sarcophages anthropoïdes et de belles pièces de la nécropole royale, oeuvres de maîtres ioniens, se plaçant entre 400 et 330. Il faut ajouter entre 350 et 340, l'autel monumental "la tribune d'Eschmoun" à Bostan ech-Cheikh. Les relations économiques et politiques étroites entre Athènes et Sidon, au temps de Straton I (372-359), éclairent le contexte historique. En ce qui concerne la période proprement hellénistique cf. rubrique articles (en préparation).

Héra : Grande déesse grecque, épouse de Zeus, qui avait un temple important à Samos et fut assimilée à Astarté. En font foi les noms des Phéniciens de l'Orient, tels Héraios, Héragoras, Hérostratos, et l'identification d'Astarté à Héra et à Junon dans le sanctuaire de Tas Silg, à Malte.

Héraklée : nombreuses sont les villes qui portèrent ce nom dans l'Antiquité. Etienne de Byzance en énumère vingt-trois dont une en Phénicie. Mais les deux les plus significatives, en rapport avec la civilisation phénicienne, se trouvent en Sicile. la première, fondée au pied du Mont Eryx par Dorieus et des colons lacédémoniens, en 510 av.J.C. La deuxième, Hérakleia Minoa, ville de la côte Sud de la Sicile, située à l'embouchure du Platani. Elle fut appelée Minoa en rapport avec sa fondation par des colons crétois accompagnant Minos à la recherche de Dédale. D'aprés les vestiges archéologiques, cette ville serait une fondation de Sélinonte remontant au VI° siècle. Dans les dernières années du VI° siècle, elle fut occupée par le Spartiate Euryléon et prit le nom d'Héraklée. Elle resta longtemps liée à la puissance grecque mais tomba aux mains de Carthage avant la prise d'Agrigente, en 406 av.J.C.

Héraklès (Hercule) : cf. Melqart.

Hermon : le Mont Hermon, massif méridional de l'Anti-Liban (2,814m) appelé Siryôn par les Sidoniens. Son nom désigne "lieu interdit" et souligne son caractère de montagne sacrée, attestée dès l'époque babylonienne ancienne. On y vénéra plus tard le Baal de l'Hermon et à l'époque romaine le Zeus megistos, adaptation grecque du Baal cananéen. L'Hermon et le Liban constituaient la demeure des dieux selon la version paléo-babylonienne de l'Epopée de Gilgamesh et passaient pour le lieu où sont descendus sur terre les fils des dieux ou anges rebelles.

Himère : ville de la Sicile ancienne, sur la côte Nord de l'île, près de l'actuelle ville de Termini Imerese. Les Grecs de Sicile infligèrent en 480 av.J.C. une cuisante défaite aux Carthaginois et Hamilcar, le chef de l'armée carthaginoise y trouva la mort. Selon une des versions de sa disparition, il s'était jeté dans les flammes d'un sacrifice. Himère fut assiégée, prise et détruite en 409 av.J.C. par Hannibal, le petit fils d'Hamilcar, qui y fit massacrer 3.000 prisonniers en mémoire de son grand-père.

Himilcon : nom porté par plusieurs personnages puniques dont le plus célèbre fut le navigateur - explorateur. Himilcon effectua un voyage de quatre mois jusqu'aux îles Oestymnides, que l'historien Avienus met en rapport avec l'Irlande, les Cornouailles et la Bretagne française. d'autres historiens identifient l'Oestrymnide au Nord de l'Espagne. Aussi est-il vraisemblable qu'Himilcon ne soit parvenu qu'en Galice, au Nord-ouest de la Péninsule Ibérique.

Hippone : en latin Hippo Regius, en arabe Annaba, site d'Algérie, comptoir punique sinon phénicien, sur la côte de l'ancienne Numidie, à l'embouchure de Seybouse et au bord d'un des meilleurs mouillages de la région. Il n'en subsiste rien de plus ancien qu'un tesson attique du V° siècle av.J.C. Hippone entre dans l'histoire lors de la 2ème guerre punique. En 205, le légat Scipion Laelius, s'en empara. Plus tard la ville devint une ville "royale" de l'Etat numide créé par Massinissa. C'est dans le port d'Hippone que Sittius captura, en 46 av.J.C., la flotte des Pompéiens. Auguste donna à Hippone le statut de municipe. Les paysans de ce territoire rural, au contraire des citadins, continuaient à parler le punique à l'époque de Saint Augustin.

Hiram : cf. rubrique Personnages : Hiram et Salomon.

Hittites : dès le II° millénaire, des contacts existaient entre les Hittites, dont l'empire couvrait un territoire équivalant à peu près la Turquie, à la Syrie du Nord et le couloir syro-phénicien. Sidon et Tyr, Qadesh et le pays de Canaan sont mentionnés dans les archives cunéiformes de boghazköy-Hattusha, la capitale de l'Empire. Avec Hattushili I (vers 1590-1560) les Hittites prennent pied en Syrie, s'emparent et détruisent Alalakh, entament la puissance d'Alep. Murshili I (vers 1555-1530) occupe le royaume d'Alep dont il se sert comme base pour mener des expéditions militaires. Sous Hantili (vers 1530-1520), Alalakh appuyée par le Mitanni, redresse la tête et pille les villes hittites. A la même époque, des messagers hittites sillonnent le couloir syro-phénicien. Ainsi, Tarhundara, roi louvite d'Arzawa (Anatolie du Sud) correspondait directement avec la Cour égyptienne et sa fille épousa Aménophis III. Avec l'avènement de l'Empire, les Hittites s'installent davantage en Syro-Phénicie. Shuppiluliuma I, fondateur de l'empire (vers 1360-1324), crée deux royaumes vassaux, Alep et Karkémish, à la tête desquels il plaça ses fils. L'Egypte doit reculer, tandis que les Hittites s'assurent la maîtrise du Nord de la Syrie et la plaine de la Béqaa. A la même époque, un traité d'alliance met Ougarit en état de vassalité vis-à-vis des Hittites et cette situation perdure jusqu'à la dévastation d'Ougarit. Lors de la guerre qui oppose l'Egypte aux Hittites vers 1275 avec la bataille de Qadesh, les gens d'Alep, de Karkémish, de Nuhasse, de Qadesh et d'Ougarit restent du côté de Mutawalli II. Après la chute de l'Empire hittite au début du XII° siècle, plusieurs principautés louvites se maintiennent en Anatolie du Sud et en Syrie du Nord, continuant à entretenir des contacts avec les cités phéniciennes.

Horus : dieu faucon du ciel et dieu-roi par excellence, Horus est représenté avec une tête de faucon, portant la double couronne ou le disque solaire. IL est le fils d'Isis et le vengeur de son père Osiris. Le faucon et Horus sont bien connus sont forme d'amulettes et figurent sur des scarabées, des rasoirs, des plaques d'ivoires, des coupes de métal, des bandes et étuis magiques et même sur une stèle à Carthage. D'autres thèmes souvent rencontrés sont : l'enfant Horus allaité par Isis, Horus des marais de papyrus, rappelant Chemmis dans le Delta où sa mère l'a caché pour le mettre à l'abri de son oncle Seth.

Huelva : la ville de Huelva sur la côté atlantique de l'Espagne, occupe la presqu'île qui sépare les embouchures du Tinto et de l'Odiel, principales voies de pénétration vers les régions minières de l'intérieur où abondent le cuivre et le plomb argentifère. C'est l'exploitation de ces mines et le développement de la métallurgie qui sont les raisons d'être de la ville. Les premiers habitants de Huelva étaient les Tartessiens qui se sont installés au X° siècle à proximité de l'Atlantique, sur la colline de San Pedro qui domine le port naturel. Les contacts avec la Méditerranée, faibles au IX°siècle, s'intensifièrent aux VIII-VII°siècles grâce aux échanges avec les établissements phéniciens de la côte de Grenade, Malaga et Gadès. Huelva devint une grande agglomération, débordant sur d'autres collines et sur le rivage. Il n'y eut pas de colonie phénicienne à Huelva et la seule inscription phénico-punique de la province, connue à ce jour, est un nom incisé sur une amphore trouvée à la Esperanza. Mais les rapports étroits avec les Phéniciens, fruit d'un commerce intense, débouchèrent sur un processus d'acculturation par lequel le monde des Tartessiens entra dans sa phase orientalisante. Avec les richesses tirées de l'exploitation des mines d'argent, les Tartessiens importèrent des objets exotiques de luxe, qu'ils seront bientôt à même de produire eux-mêmes, pour offrir à leurs morts comme en témoignent les trouvailles lors des fouilles de la nécropole de La Joya datant du VII° siècle.

Huile d'olive : la production d'huile d'olive en Phénicie était assez conséquente. Le climat étant propice à la culture des oliviers, les étés sont chauds et secs et les hivers humides et doux. Le sol calcaire convient particulièrement à l'olivier, notamment sur les plateaux de la chaîne du Liban. C'est ici, selon certains savants, que l'espèce améliorée de l'olivier (Olea europea) greffée sur l'arbre sauvage (Olea chrysophylla) aurait été cultivée pour la première fois. Cette supposition n'est toutefois pas fondée sur des preuves matérielles irréfutables. il est cependant certain que les Phéniciens ont cultivé l'olivier relativement tôt avec un succès assez marqué. Certaines pratiques religieuses démontrent qu'on y est conscient de l'importance de la culture des oliviers : les Tyriens vouaient un culte spécial à un olivier sacré gardé dans un enclos. L'huile d'olive était utilisée comme aliment, combustible ou onguent. Tout comme le vin, elle constituait pour les Phéniciens un article d'exportation considérable. Elle se vendait surtout en Egypte où les oliveraies étaient rares. Grâce aux Phéniciens et aux Grecs, la culture de l'olivier s'es répandue tout autour du bassin méditerranéen.

Hyksos : "princes des pays étrangers", terme employé par Manéthon, pour désigner les peuples asiatiques, Amorites et Cananéens, qui s'installèrent dans le Delta oriental à partir de la fin du Moyen Empire et y fondèrent des principautés. En égyptologie, on appelle "période Hyksos", l'époque des XV°-XVI° dynasties (vers 1650-1550), dont l'une des capitales fut Avaris, aujourd'hui Tell ed-Dab'a. les Hyksos adoptèrent la civilisation égyptienne et empruntèrent même la titulature pharaonique. Ils paraissent avoir adoré Seth qui recouvrait sans doute un Baal cananéen.

LETTRE I


Ibiza : île du Balsamier (arbre résinifère que Diodore considère comme un "pin"). Au début de la seconde moitié du VII° siècle, des colons phéniciens en provenance du Sud de la Péninsule Ibérique s'installèrent pour la première fois à Ibiza et choisirent le meilleur port naturel de l'île sur la côte sud où se trouve encore de nos jours la ville d'Ibiza. Cette petite escale était au début très modeste, avec des installations nécessaires pour appuyer la navigation commerciale vers le Nord et l'Est : quelques maisons et des entrepôts de marchandises. Seul le cimetière de cette première période est bien connu. Il se trouve aux pieds de la colline de Puig de Molins où de modestes incinérations sont déposées avec un mobilier réduit dans les urnes. Au début du VI° siècle, Ibiza augmente ses contacts avec la Méditerranée centrale, à cause surtout de la crise des établissements phéniciens du Sud de l'Espagne, due principalement au long siège de Tyr qui prit fin en 573. Après cet événement l'influence de Carthage augmente graduellement et se manifeste dans l'évolution rapide de la céramique et l'apparition d' hypogées. On peut donc dire que la première colonisation se divise en deux périodes bien différentes, l'une phénicienne qui dure une centaine d'années, l'autre carthaginoise avec la fondation du sanctuaire d'Illa Plana vers 525. Les figurines de terre cuite trouvées sont typiques de l'aire punique et l'on en connaît à Carthage, en Sardaigne et en Sicile; elles correspondent à un culte de la fertilité. L'augmentation démographique peut-être mesurée en relation avec l'évolution de la nécropole, où dès la fin du VI° début V° siècle. De nombreux hypogées et fosses sont creusés permettant d'évaluer à 4 ou 5.000 le nombre d'habitants de la ville à cette période classique. A la même époque commence l'occupation de l'espace rural avec de nombreuses exploitations agricoles indépendantes. Nombre de ces installations furent occupées sans interruption jusqu'à la fin de l'Empire romain. Dès le V° siècle la ville d'Ibiza est complètement structurée : les maisons occupent les pentes du Puig de Vila, couronné par les murailles de l'acropole, les quartiers commerciaux et portuaires s'étendent à ses pieds, vers le Nord et puis vers l'Ouest se trouve la grande nécropole, limitée par le quartier des artisans potiers.

Côté économie, l'historien Diodore mentionne la vigne, l'olivier et la laine de haute qualité comme principales sources de revenues, auxquelles on peut ajouter les produits de la pêche et surtout le sel. Ibiza connut pendant plusieurs siècles une croissance économique constante, comme le montrent les sites archéologiques de l'île et les matériaux ébusitains retrouvés en Méditerranée. La situation géographique privilégiée d'Ibiza lui permit, non seulement de redistribuer les marchandises de toute provenance, mais encore d'exporter ses propres excédents surtout agricoles. Ce développement lui donnera l'occasion de frapper sa propre monnaie dès le III° siècle av.J.C. et de créer des factoreries commerciales dans les Baléares. Bien qu'Ibiza ait participé activement à la 2ème guerre punique du côté de Carthage, son économie n'en souffrit pas et l'archéologie le prouva car jusqu'au milieu du II° siècle av.J.C., le commerce ébusitain connut une grande diffusion de sa monnaie et de ses produits. Ce phénomène pourrait s'expliquer par le traité signé avec Rome, faisant d'Ibiza une civitas foederata. Toutefois, l'intervention romaine, de plus en plus marquée, affaiblira l'économie de l'île entre 150 et 120 av.J.C. Les factoreries de Majorque furent abandonnées. L'île s'est vue impliquée dans les guerres civiles entre Sylla et Sertorius, puis entre César et Pompée. Les textes indiquent que, malgré sa condition de civitas foederata et son indépendance relative (puisqu'elle frappera sa monnaie jusqu'à Claude, ce qui est exceptionnel), elle fut soumise à l'influence et au contrôle direct de Rome. Après le décret de Vespasien, l'île s'intégrera finalement dans l'Empire romain.

Ibn Hani : situé sur le cap du même nom à 10Km au Nord de Lattaquié, c'est l'une des principales agglomérations du royaume d'Ougarit, pourvue d'un vaste palais Sud qui n'a livré que peu d'objets, et un palais Nord ayant appartenu à une reine d'Ougarit. Ce dernier a donné quantité de matériel : albâtres, céramiques importées, textes cunéiformes variés, etc. A la différence d'Ougarit, à jamais détruite pas "les Peuples de la Mer", Ras Ibn Hani fut aussitôt reconstruite au début du XII° siècle, comme l'attestent les poteries mycéniennes trouvées. Une ville puissamment fortifiée fut édifiée vers 250 par Ptolémée III. Après le retrait des Lagides, l'activité y demeura intense comme l'indiquent les monnaies des rois séleucides et des villes phéniciennes ainsi que l'abondance des anses timbrées d'amphores rhodiennes.

Idalion : capitale du petit royaume de Chypre, situé à l'intérieur de l'île, au Nord-ouest de Kition. Signalée pour la première fois sur la liste des tributaires d'Asarhaddon, Idalion n'est mentionnée par les auteurs classiques qu'à propos d'un sanctuaire d'Aphrodite. Vers 1850 une fouille clandestine livra un document insigne en chypriote syllabique, le bronze dénommé "tablette d'Idalion" et donné en 862 par le Duc de Luynes au Cabinet des Médailles à Paris. Avec deux faces inscrites et 31 lignes intactes, c'est le plus long texte syllabique conservé. Il s'agit d'un accord passé entre le roi Stasikypros et la cité, d'une part, et un groupe de médecins, d'autre part pour soigner les blessés après le siège de la ville par les Mèdes et leurs alliés chypriotes de Kition. L'événement se situe dans la première moitié du V° siècle, pas en 499/8 lorsque les Perses écrasent la révolte ionienne à Chypre (Paphos) mais un peu plus tard, vers 478-470. Stasikypros étant le dernier roi grec, le royaume d'Idalion disparaît vers cette date, absorbé par celui de Kition, son puissant voisin.

Idole-bouteille : avec le "signe de Tanit", l'idole-bouteille est l'un des motifs iconographiques les plus célèbres des stèles puniques. Flacon à col bas, panse cylindrique ou parfois ovoïde, reposant en général sur un socle ou autel. A Carthage, elle apparaît sur des cippes du tophet dès la fin du VI° siècle. A partir du IV° siècle, l'idole-bouteille est gravée sur des stèles à fronton rectangulaire. Au II° siècle, le motif s'anthropomorphise. L'idole-bouteille se combine avec d'autres symboles : croissant et disque, caducée, palmette. A la simplicité du symbole s'oppose le problème de son origine et de sa valeur religieuse. L'idée d'une assimilation à un bétyle est abandonnée. Sa signification ne semble pas pouvoir être établie avec sûreté. Elle dériverait d'une silhouette humaine momiforme, les bras adhérents au corps, incarnant tour à tout un mort (Akzib) ou l'enfant divinisé passé par le feu (Carthage). A défaut de certitude, l'anthropomorphisation du symbole, à partir du IV°-III° siècles, illustrerait cette proposition. Certains idoles-bouteilles pouvaient figurer, à une époque tardive, des vases sacrés.

Igilgili : ville antique d'Algérie qui occupait une presqu'île basse et que l'historien Polybe cite parmi les "villes Métagonites", où Hannibal leva en 219/8 un contingent de 4000 fantassins pour renforcer les défenses de Carthage.

Immi Ashtart : ma mère es Astarté. Fille d'Echmounazor I, demi-soeur et épouse de Tabnit, mère d'Echmounazor II, roi de Sidon dans la première moitié du V° siècle. Immi-Ashtart fut aussi la grande prêtresse du temple d'Astarté et probablement la régente du royaume sous le règne de son jeune fils, dont l'inscription funéraire attribue à lui-même et à sa mère toutes les constructions des temples et l'incorporation des villes de Dor et de Jaffa au royaume de Sidon. Cf. rubrique Documents. Nom porté également par la fille d'Eshmunamos, prêtresse à Carthage vers le III° siècle.

Inscriptions sur vases : les inscriptions sur vases se distinguent des ostraca (tessons de poterie) du fait qu'elles ont une relation fonctionnelle avec le vase, généralement une jarre ou une amphore, dont elles indiquent le propriétaire, l'expéditeur ou le destinataire, éventuellement le lieu d'origine, parfois le contenu ou la contenance, ou encore la date de la livraison ou l'utilisation qui en est faite. Ces inscriptions sur vases intéressent surtout l'onomastique et, de part leur nature, s'apparentent aux estampilles sur jarres, aux timbres amphoriques et, dans une certaine mesure, aux graffiti incisés sous le fond des récipients. Les inscriptions sur vases phéniciennes ou puniques proviennent de diverses régions, certaines sont incisées dans l'argile fraîche, d'autres exécutées après cuisson et éventuellement plus récentes que le récipient lui-même.

Isidore de Séville : (vers 560-636), né de famille hispano-romaine de Carthagène, vivant à Hispalis (Séville), Isidore accéda vers 600 au siège épiscopal. Son inestimable importance historique est double. Il fut le véritable organisateur de l'Espagne wisigothique convertie au catholicisme (589). En tant que savant, il fit le lien entre l'Antiquité et le Moyen Age. Son oeuvre, couvrant tous les domaines du savoir humain, a profondément influencé la science médiévale. Ses Etymologiae ou Origines, une encyclopédie en 20 volumes, renferment plusieurs allusions au monde phénico-punique. Outre une bonne connaissance de l'histoire du principal établissement phénicien d'Espagne, Gadès, il dresse également un tableau de l'expansion phénicienne en Méditerranée mentionnant Tyr, Utique, Hippone, Leptis Magna ou Minus, Thèbes en Boétie, Carthage. On trouve aussi dans son oeuvre, comme chez les lexicographes, des informations sur l'étymologie de certains noms propres d'après le phénico-punique.

Isihimme : salut-sur-Mer, localité du royaume de Sidon, annexée par Asarhaddon en 677/6.

Isis : mère d'Horus et épouse-soeur d'Osiris. Elle remplit aussi un rôle funéraire. Elle devient la déesse des femmes, du mariage et de l'amour, notamment à cause de son assimilation avec Hathor, dont elle emprunte parfois la couronne formée d'un disque solaire encadré de deux cornes de vache. Ainsi, sur la stèle de Yehawmilk, où la Baalat Gubal est représentée en Isis-Hathor. Isis est liée à la fécondité agraire et elle est la patronne de la magie. Protectrice des marins Isis (Pharia) est vénérée à Péluse et au Kasion. Elle figure à l'époque romaine sur les monnaies de Byblos et de Ptolémaïs Akko. dans la Grotta Regina, près de Palerme, elle est mentionnée dans une inscription néo-punique qui surmonte un bateau, et une inscription de Délos à Isis Sôteira Astarté Aphrodite Euploia. En effet, des textes grecs et phéniciens prouvent qu'Isis peut-être identifiée, dans un milieu phénicien, à Astarté. Selon Plutarque, Isis s'est rendue à Byblos pour chercher le cercueil contenant le corps de son mari. Elle est devenue la nourrice du prince de Byblos et a obtenu du roi le tronc d'arbre qui avait grandi autour du cercueil et qui était devenu le pilier central du palais. A l'époque de Plutarque, ce tronc d'arbre était vénéré à Byblos dans le temple d'Isis. Dans le temple de Philae (Egypte), c'est Anat qui est appelée mère de Horus, ce qui montre l'assimilation d'Anat à Isis depuis le VIII° siècle. Son culte florissait à Chypre, à Carthage et à l'époque romaine, plusieurs Isea sont connues en Afrique du Nord. On la rencontre régulièrement dans le monde phénico-punique sous forme d'amulettes et sur des scarabées, des rasoirs, des bandes magiques et des ivoires. Elle est parfois représentée les ailes étendues, protégeant le jeune roi solaire d'où provient vraisemblablement l'image de Tanit ailée.

Israël & Juda (royaumes) : Hiram I, roi de Tyr, entretenait de bonnes relations avec les rois David et Salomon, auxquels il avait acheté le district de Kabul, à l'Est de la plaine d'Akko. Les Tyriens ont toujours été intéressé par cette région pour leur approvisionnement en denrées alimentaires. D'après la Bible, Salomon exportait annuellement du blé et de l'huile vers Tyr. Israël recevait en échange des matériaux de construction (Cf., rubrique Personnages : Hiram & Salomon) et des produits d'artisanat tels que les ivoires. Ces relations ont été cimentées au IX° siècle par un mariage dynastique, celui de la fille du roi Ittobaal I de Tyr, Jézabel, avec Achab d'Israël. Le Psaume 45 célèbre les noces du roi israélite avec une princesse tyrienne. Ces contacts ont suscité des répercussions religieuses de part et d'autre. Par ailleurs cette époque fut marquée également par les campagnes assyriennes, amenant les princes de ces régions à se coaliser pour faire face au danger. Le tribut imposé par l'Assyrie, puis l'occupation babylonienne, ont stimulé l'activité commerciale comme l'indique Ezéchiel, basé vraisemblablement sur une documentation tyrienne des VII°-VI° siècles. Israël & Juda figurent parmi les partenaires commerciaux, tandis que l'Elégie sur Tyr montre à quel point le sort des cités phéniciennes fut envié par les deux royaumes (Cf., rubrique Documents : Ezéchiel, Elégie sur Tyr).

Italie : l'Italie est, avec la Tunisie et l'Espagne, l'un des trois pays de la Méditerranée occidentale qui possèdent le plus de témoignages archéologiques sur les civilisations phéniciennes et puniques. Depuis un quart de siècle la recherche archéologique y est intense, avec l'exploration des principaux sites phéniciens de Sicile (Motyé), de Sardaigne (Tharros, Sulcis, Monte Siraï, Bitia et Nora) et l'étude de la présence phénicienne et orientale dans la communauté grecque de Pithécusses. L'implantation phénicienne en Italie remonte plus ou moins vers la fin du IX° siècle. D'après les témoignages archéologiques, essentiellement des céramiques, ne sont pas antérieures à la fin du VIII° siècle. Quoi qu'il en soit, les historiens pensent que les installations phéniciennes en Sardaigne seraient contemporaines de la fondation de Carthage, vers 814, selon les traditions littéraires les plus crédibles.

Ittobaal : Baal (est) avec lui. Plusieurs rois ont porté ce nom. Ittobaal, roi de Byblos, fils d'Ahiram (X°siècle). Il fit graver la fameuse inscription qui orne le sarcophage de son père. Ittobaal, roi des Sidoniens (IX°), père de Jézabel épouse d'Achab d'Israël. Selon Flavius Josèphe, il fut prêtre d'Astarté et se serait emparé du trône en assassinant son prédécesseur. Son règne aurait duré 32 ans. On lui attribue la fondation de Botrys (Batroun) en Phénicie et Auza en Libye. Le titre de roi des Sidoniens que lui donne la Bible doit s'entendre comme signifiant roi d'un ensemble politique qui regroupe Tyr et Sidon. Ittobaal II, roi de Tyr à l'époque de Téglat-Phalasar III (milieu VIII° siècle). Une stèle le mentionne parmi les tributaires du roi d'Assyrie. Ittobaal, nom porté également par le roi de Sidon, placé sur le trône par Sénnacherib en 701 après la fuite et la mort de Lulî. Cet événement pourrait coïncider avec la scission du royaume qui regroupait Tyr et Sidon. Enfin, Ittobaal III, roi de Tyr contre qui Nabuchodonosor mena un siège de treize ans.

Ituréens : population d'origine arabe qui s'est établie à l'époque hellénistique dans la Béqaa libanaise, autour de Chalcis ('Anjar) et de Baalbek, qui fut leur centre religieux. L'influence des princes ituréens semble s'être étendu au début du I° siècle av.J.C. jusqu'à la Méditerranée. Le territoire des Ituréens fut intégré à la province romaine de Syrie.

Ivoires : les Phéniciens ont excellé dans le travail de l'ivoire, sachant que la matière première nécessaire à cette industrie était recherchée dans les contrées lointaines. L'ivoire venait de l'Inde par la Chaldée, de l'Arabie et de l'Egypte. Article en préparation.

LETTRE J


Jaffa : ville et port antique, aujourd'hui faubourg Sud de Tel-Aviv, en Israël. Au VIII° siècle, Jaffa dépendait du roi de Sidqa d'Ascalon, mais elle fut donnée au V° siècle par Xerxès I aux Sidoniens, Pline la nommait Ioppe Phoenicum. Les vestiges de la période perse ou sidonienne comportent une section de muraille en pierres de taille, un vaste édifice qui pourrait être un temple, des ateliers métallurgiques, un grand réservoir d'eau, de la céramique attique qui témoigne des relations avec la Crète. D'autres relations de Jaffa avec l'Egée se poursuivent à l'époque hellénistique, comme l'attestent les amphores rhodiennes et autres, mais la ville fut prise en 444 av.J.C. par Simon Maccabée, qui l'incorpora à l'Etat juif.

Jardins sacrés : les jardins sacrés sont des éléments des cultes orientaux liés à la symbolique de la végétation annuelle renaissante. On les connaît grâce à la tradition classique à travers le mythe d'Adonis, par lequel les Grecs expriment des croyances reçues du monde syro-phénicien. Lors des fêtes des "Adonies", les fidèles faisaient pousser sur les toits, chaque année en été, d'éphémères petits jardins en pots Adonidos Kepoi. Les antécédents syro-phéniciens étaient de vraies jardins, dont on a pensé reconnaître les traces archéologiques dès la fin de l'âge de Bronze (XIII° siècle), en Syrie (Emar) ou à Chypre (Kition). La littérature orientale ancienne, ou rituels ougaritiques relatifs aux cultes des ancêtres royaux, porte la marque de cette "mystique" du jardin, qui est à la fois le lieu du repos et le symbole de la puissance vitale de la végétation.

Jarres funéraires : parmi les traditions funéraires phéniciennes les plus anciennes, les découvertes archéologiques ont mis à jour les fameuses jarres ovoïdes trouvées à Gebal (Byblos). Ces jarres funéraires furent retrouvées par la suite sur plusieurs sites de passage des Phéniciens en particulier en Afrique du Nord (Tunisie). Les études historiques n'ont pas pu encore établir la réelle relation entre ces formes et leur utilité mortuaire. Souvent, les interprétations se limitaient à dire que les plus pauvres ne disposant pas de sarcophages, se contentaient des jarres, utilisées auparavant pour le transport des denrées commerciales, comme cercueil à leurs défunts.

Jérusalem : l'influence phénicienne s'est exercée à Jérusalem depuis les règnes de David et Salomon, au X° siècle. La construction de la résidence de David est attribuée aux artisans tyriens envoyés par Hiram I avec une ambassade, suivie d'une deuxième, dépêchée à Jérusalem à l'avènement de Salomon, avec lequel le roi de Tyr conclut divers accords. Il fournit le bois pour l'édification du temple et du palais royal et fit remorquer les troncs d'arbre jusqu'à un port israélite. A Jérusalem même les artisans tyriens et giblites taillèrent et mirent en place le bois et la pierre, tandis qu'un bronzier tyrien (du nom de Hiram également) exécuta les travaux du temple. L'architecture de Hiram, le mobilier ainsi que les colonnes à l'entrée du temple de Boaz et Yakîn devaient s'inspiraient de modèles phéniciens présents dans le temple de Melqart à Tyr. La découverte, en 1987/88, des vestiges d'un portique et d'une allée dallée, à la base sud de l'esplanade du temple, ne permettent pas encore de confirmer cette hypothèse. Quant au palais royal, sa salle d'apparat fut appelée Galerie de la forêt du Liban et le trône, incrusté d'ivoire et d'or et flanqué de deux lions, imitait les sièges divins et royaux de la Phénicie. L'architecture des tombeaux de la nécropole orientale de Jérusalem, située à l'emplacement de l'actuel village de Siloé (Silwan) et datant du IX° siècle et le début du VII° siècle, présente également des analogies avec les chambres mortuaires phéniciennes. La pourpre des vêtements sacerdotaux, royaux ou aristocratiques, portée jusqu'à l'époque romaine, était probablement de provenance phénicienne, tout comme celle des tentures du Tabernacle mosaïque dont la description s'inspire du mobilier du temple de Jérusalem. Au début de l'époque perse, on fit de nouveau appel aux Sidoniens et aux Tyriens pour la reconstruction du temple de Jérusalem. Des commerçants tyriens étaient actifs à Jérusalem à l'époque achéménide, les monnaies sidoniennes et tyriennes circulaient en Judée et sous les Séleucides, les relations restaient toujours prospères. Cf., rubrique Personnages: Hiram & Salomon.

Jézabel : fille d'Ittobaal de Tyr, Jézabel épousa Achab, roi d'Israël au IX° siècle av.J.C. Ce mariage diplomatique eut pour effet d'introduire en Israël le goût du luxe phénicien et de favoriser le culte du dieu Baal, spécialement sur le Carmel d'où l'opposition du prophète Elie qui fut persécuté et parti trouver refuge en Phénicie même, dans la cité de Sarepta. Ce fut Jéhu qui supprima officiellement le culte de Baal et mit à mort Jézabel.

LETTRE K


Kadmos : cf. Cadmos.

Kamed el Loz : le tell de Kamed el-Loz est situé à l'extrémité Sud-est de la Béqaa, au nord de la localité du même nom. Il se trouve à une altitude de 26m et mesure 240m d'Est en ouest et environ 300m du Nord au sud. Il fut reconnu en 1954 par A. Kuschke qui y entama des fouilles en 1963 & 1664 avec R. Hachmann, qui les poursuivit de 1966 à 1981. L'importance du site tient à sa position géographique au carrefour d'anciennes routes menant, l'une de la côte vers l'arrière pays à l'Est, l'autre de l'Egypte à travers la Palestine vers le Nord. En 1897, A. Guthe avait suggéré que le nom moderne du site recouvrait celui de l'antique Kumidi qui, dans la seconde moitié du II° millénaire, avait été chef-lieu d'une entité administrative égyptienne en Asie, siège d'un Rabû. Cette opinion a été confirmée par la trouvaille d'une lettre adressée au Rabû. Les fouilles ont dégagé, jusqu'en 1981, une superficie de 5.700m2. Les plus anciennes vestiges, à fleur de roc, ont été mis à jour sur le versant Nord du tell. Ils datent du Néolithique tardif. Le Bronze Moyen, dégagé sur plus de 2.400m2, compte un nombre imprécis d'établissements dont les bâtiments témoignent d'une qualité de matériaux et d'une technique supérieures à celles des constructions postérieures. L'enceinte fortifiée a été dégagée sur les flancs Nord et Est du tell. Un palais et un temple sont enfouis sous le palais et temple du Bronze Récent. Ces palais et temples, détruits à plusieurs reprises, ont été reconstruits à l'identique : le palais 4 fois et le temple 5 fois. L'un et l'autre étaient pourvus de dépendances comme un atelier métallurgique ou atelier pour fabrication d'objets en fritte. Après le Bronze récent, qui a livré un bel ensemble d'ivoires (six lettres "amarniennes" et des épigraphes importantes pour l'étude des origines de l'alphabet), Kamid el-Loz est restée inhabitée pendant un certain laps de temps. Des traces d'un établissement phénicien sont supposées être représentées dans la partie Sud du tell. Des vestiges des périodes perse, hellénistique & romaine, dont les nécropoles, se trouvent au sud du village.

Kazel, Tell : situé en Syrie, à 28Km au sud de Tartous, sur la rive droite du Nahr el-Abrach, à 3,5Km de son embouchure. C'est le plus grand telle de l'Eleuthère (Nahr el-Kebir méridional), qu'il domine de 25m de haut. Il occupe une position stratégique de premier ordre au débouché de la trouée de Homs, l'unique passage entre la Syrie intérieure et la côte. on a proposé d'identifier Tell Kazel avec la ville de Simyra ou Sumur des textes anciens. Les Annales de Thoutmès III relatent la sixième campagne de ce pharaon en Syrie au XV° siècle, quand il détruisit Qadesh et atteignit Simyra avant d'arriver à Ardata. Les lettres d'el-Amarna du XIV° siècle mentionnent Simyra 51 fois comme une importante capitale, bien fortifiée et riche. Les textes assyriens du XII° et XI° siècles décrivent le voyage de Téglat-Phalasar I d'Arwad à Simyra, en 6 heures. Pline et Strabon placent Simyra entre le Nahr el-Kebir et Amrit.

Kerkouane : appellation communément admise d'une petite ville punique de Tunisie sur la façade maritime Nord-est du Cap Bon, au lieu dit Dar es-Safi ou Tamzerat. Les fouilles entreprises dès 1952-53 ont abouti à y faire connaître une petite ville punique qui semble avoir disparu avant même la chute de Carthage. Le matériel recueilli dans les derniers niveaux d'occupation de la cité date de la fin du IV° siècle et de la première moitié du III° siècle. Les destructions opérées par Regulus dans le Cap Bon lors de la 1ère guerre punique, permet d'affirmer que la ville de kerkouane ne leur avait pas survécu. Les fouilles urbaines ont démontré qu'à l'intérieur de son rempart, la ville de Kerkouane couvrait une superficie de 7 à 8 ha. Cette enceinte était double, un large boulevard séparant la muraille extérieure de la ceinture interne, flanquée de tours et percée de deux portes. Le rempart interne a dû constituer, en premier temps, l'unique défense de la cité. A l'intérieur de cette enceinte, les rues formaient un réseau à maille irrégulières, délimitant des insulae de formes et de superficie diverses. A défaut du plan standardisé, les unités d'habitation constituant ces insulae répètent les même composantes : elles sont axées ou centrées sur une cour au sol souvent dallé ou bétonné dans laquelle s'ouvre la margelle du puits. La caractéristique principale de beaucoup de ces maisons est probablement l'installation des salles d'eau, qui comportent toutes des baignoires "sabots" soigneusement enduites d'un mortier hydraulique. Le principal bâtiment public mis au jour au centre de la cité est un grand temple dont la superficie dégagée atteint 400m2 et qui est jouxté par un établissement de bains. La dédicace à une divinité est toujours inconnue. Concernant les nécropoles, à la cité de Kerkouane se rattachent deux grandes nécropoles sises à l'intérieur des terres. Elles comportent des tombes à chambre avec escalier d'accès et des tombes à fosse simple. Elles ont livré un abondant matériel daté entre le VI° et le III° siècle. La fouille de la nécropole de la plage n'a mis au jour que des sépultures de jeunes enfants ou de nouveaux-nés, ensevelis dans des amphores accompagnés souvent d'offrandes. Bien que rien ne puisse permettre d'affirmer que les enfants enterrés aient été sacrifiés, on ne peut manquer de poser la question de l'existence du tophet à Kerkouane.

Khaldé : ville du royaume de Sidon, annexée en 677/6 par Asarhaddon. Elle est située à 10 Km de Beyrouth. Lors du percement de l'autoroute Beyrouth-Damour, plusieurs habitations de l'antique agglomération romano-byzantine de Khan Khaldé furent mises à jour. L'importance du site est illustrée par les maisons et les basiliques paléochrétiennes (milieu V° et VI-VII° siècles) aux sols en mosaïques bien conservés. Plus au nord, au lieu dit Kobbet Choueifat, l'archéologue Roger Saidah dégagea une assez vaste nécropole phénicienne. L'ensemble de ces 178 tombes à inhumation et à crémation se répartit sur les niveaux III et IV de la stratification générale du site, correspondant à la fin IX° - fin VIII° siècles. Le mobilier funéraire comportait des urnes cinéraires, des oenochoés, des bols, des scarabées égyptiens, des "gourdes de pèlerin" et des "cruches à bière".

Kharayeb : à 5Km de Nahr el-Qasmiyé, entre Tyr et Adlun, où 1.100 figurines en terre cuite ont été trouvées en 1946 dans une favissa, échelonnées de la fin du VI° au I° siècles av.J.C. Aux types les plus anciens, égyptiens et orientaux, succèdent les exemples de style grec démontrant l'influence des ateliers tanagréens. Ce site fut de nouveau exploré en 1969-70 découvrant un "bâtiment rectangulaire", un sanctuaire de l'époque perse transformé sous les Lagides.

Kition : l'actuelle Larnaka, vile de la côte Sud-est de Chypre, identifiée parfois avec la Carthage de Chypre. Son nom est attesté, dès le IX° siècle, quand Kition devint un centre phénicien. L'exploration archéologique, inaugurée par R. Pococke au XVIII° siècle, a pu établir que le site fut occupé de façon continue depuis le XIII° siècle av.J.C. Elle a mis au jour également plusieurs quartiers de la ville antique : celui de "Kathari" au Nord avec le grand complexe sacral reconstruit au IX° siècle sur l'emplacement d'un sanctuaire du II° millénaire, celui de "Bamboula" qui abrite les temples de Melqart et d'Astarté, près du "port fermé" que bordaient au V° siècle des hangars pour les trières et où aboutit un réseau d'égouts collecteurs. D'autres sanctuaires se trouvent "hors les murs" en particulier près du Lac Salé, au sud de la ville, et les nécropoles du V°-IV° siècles. L'installation d'une communauté phénicienne à Kition au IX° siècle s'inscrit dans le mouvement d'expansion phénicienne en Méditerrané, dont Kition était une des premières étapes. Tenue pour une fondation tyrienne, Kition se révolta au temps de Salmanasar V (726-722) contre le roi de Tyr Lulî/Eloulaios, faisant ainsi partie des villes phéniciennes qui se soumirent à l'Assyrie comme le suggère la stèle de Sargon II érigée à Kition en 707. Par la suite il y eu peu d'information jusqu'aux temps classiques, quand l'épigraphie et le monnayage nous firent connaître, de 480 à 312, une succession de rois, vraisemblablement d'une même dynastie : Baalmilk I, Azzibaal, Baalmilk II, Baalrôm, Milkyaton, Pumayyaton. Le poids politique de Kition dans l'île est alors grand et peut s'expliquer par le soutien que Baalmilk a trouvé en 480 comme allié des Perses. Au milieu du V° siècle, le roi de Kition devient aussi roi d'Idalion, riche région agricole. En 430-411, il étendit son influence sur Salamine, gouvernée par le phénicien Abdémon et posséda pendant quelques temps le territoire de Tamassos avec ses mines de cuivre. Si les travaux d'urbanisme, aux V°-IV° siècles, traduisent à Kition la puissance économique de ses rois, l'arrivée d'Alexandre le grand sur la scène politique amorce pour le royaume phénicien un déclin aboutissant en 312 à la prise de Kition par Ptolémée I et la fin de la dynastie phénicienne. Kition prend dès lors sa place parmi les possessions chypriotes des Lagides et une nouvelle "ère de Kition" débute en 311. L'essor économique de Kition était dû surtout au commerce maritime dont les origines remontent au temps où la ville servait d'escale sur la route vers l'Occident. C'est par Kition que transitaient les produits de phénicie et ceux de l'arrière-pays : céréales, huile, bois, bel, bronze, destinés à l'exportation et qu'étaient acheminées vers l'intérieur les importations en provenance de l'Orient et de la Grèce, comme en témoignent les céramiques grecques ou les amphores à vin trouvées dans les fouilles.

Kouass : site d'un comptoir industriel punique, sur la côte atlantique du Maroc et emplacement d'un excellent mouillage à 28Km au sud du Cap Spartel. Lieu de pêche et de salaisons, de fabrication de garum (poisson haché) et de produits dérivés. Kouass fut aussi un important centre de potiers, développé au VI°-V° siècles par les Puniques venus de Bétique, et destiné à alimenter un grand site urbain du voisinage, celui de Zili que les fouilles ont localisé à 7Km à l'Est de la ville. Kouass diffusera ses produits jusqu'à la romanisation, puis verra sa production se réduire considérablement pour être abandonnée dés la fin du I° siècle ap.J.C.

Kourion : capitale d'un petit royaume sur la côte Sud de Chypre, à l'Ouest de Limassol, autrefois entre les royaumes de Paphos et Amathonte. La vieille cité est toujours visible sur une grande acropole s'élevant juste au-dessus de la mer, à l'Ouest du village d'Episkopi. La tradition grecque attribue la fondation de Kourion à des colons grecs venus d'Argos. Au VII° siècle, la ville figure dans la liste d'Asarhaddon, avec un roi Damasu. Quelques rares dynastes sont connus, un Stasanôr mentionné par Hérodote au V° siècle, plus tard un Pasikratès, sans doute le dernier roi, qui accompagna Alexandre lors du siège de Tyr. La politique de ce petit royaume oscilla entre l'Ouest et l'Est, une période d'alliance avec Paphos est à supposer d'après l'emploi de l'écriture syllabique dans sa variante paphienne. Plus à l'Ouest, près de la route menant à Paphos, se trouve un sanctuaire important, celui d'Apollon Hylatès ou dieu des forêts. Tout ce que l'on sait de Kourion amène à penser que c'est une cité essentiellement grecque. Cependant, comme dans d'autres villes de l'île, des traces de présence phénicienne ont été relevées. Vers 1884, une des nécropoles aurait livré deux vases à inscription phénicienne, malheureusement disparus sans avoir été publiés. En 1969, une trouvaille fortuite a livré un bloc en forme de "fenêtre" qui comportait une inscription bilingue, chypriote syllabique et phénicienne, mais très mutilée (VII° siècle), ce qui amène à penser qu'il est fort probable qu'une petite colonie phénicienne ait existé à Kourion.

LETTRE L


Lagides : ou "Ptolémées". Dynastie d'origine macédonienne fondée par Ptolémée I Sôter, fils de Lagos et ancien général d'Alexandre le grand, qui, après la mort de ce dernier en 323 av.J.C., devint satrape d'Egypte pour assumer en 306 le titre royal. Ses successeurs, Ptolémée II à XV, restèrent au pouvoir jusqu'à la conquête romaine en 30 av.J.C. Jusqu'à la fin du III°siècle, les Lagides réussirent à maintenir, dans le bassin oriental de la Méditerranée, un vaste empire maritime et multinational. ils firent de leur capitale, Alexandrie, le centre culturel et scientifique du monde hellénistique. Leurs relations avec les cités phéniciennes étaient capitales vu l'importance stratégique et économique de ces dernières. Jusqu'à la 5ème guerre de Syrie (02-198), les cités phéniciennes, sauf Arwad, faisaient partie de l'empire des Lagides, la frontière avec la Syrie des Séleucides étant constituée par l'Eleutheros (Nahr el-kébir).

Lampes : cet élément classique du répertoire céramique phénicien se distingue par la simplicité se sa forme. Les premières lampes réalisées à partir d'assiette sur laquelle un pincement du bord permet de situer la mèche, sont attestées à Tyr, époque du Bronze Récent (XIV°). Cette forme très répandue dans la région se maintient durant des siècles avec peu de changements et fut transmise par la suite à l'Occident (Carthage, Sardaigne & Espagne) où elle apparaît dès le VIII°siècle. Néanmoins, elle ne tardera pas à être supplanter par la lampe à deux becs ou lampes bicornes, décorées à l'engobe rouge. Ces lampes se trouvaient en nombre dans les maisons où leur fonction utilitaire était bien connue, mais aussi dans les nécropoles et sanctuaires. Leur apparition dans les tombes avec le mobilier funéraire fait supposer qu'elles servaient à illuminer le mort dans son voyage vers l'au-delà. Dès le IV° siècle, elles sont remplacées par des productions attiques, influence hellénistique oblige. A signaler aussi la découverte de lampes-caryatides dont le type se répandit via Chypre, la Sicile et Sardaigne jusqu'à Ibiza, où il fut adopté par les potiers locaux.

Laodicée : nom d'au moins huit cités de l'Empire séleucide fondées ou rebaptisées à l'époque hellénistique. Trois d'entre elles sont en rapport avec la civilisation phénicienne. Laodicée-sur-Mer l'actuelle Lattaquié est une cité portuaire de Syrie, fondée par Séleucos I Nicator. Dans les environs du port, les archéologues ont recueilli de la céramique du Bronze Récent - de fabrication locale, mycénienne (fragment du XIV° siècle) et chypriote - et une céramique plus abondante de l'âge de Fer (XII° au IV° siècles). Laodicée-de-Canaan ou de Phénicie est le nom hellénistique de Beyrouth. Laodicée-du-Liban est l'antique Qadesh de l'Oronte, l'actuel Tell Nabi Mend en Syrie.

Lapéthos : capitale d'un petit royaume de Chypre, dans la partie Nord-ouest de l'île. Son histoire est très mal connue. Suivant la tradition grecque le royaume a été fondé par des colons Ioniens. Cependant, grâce aux monnaies à légende phénicienne on sait qu'au V° et au IV° ce royaume fut peut-être dirigé par des personnages portant des noms phéniciens. Lapéthos n'est donc pas une colonie phénicienne comme kition mais une symbiose d'éléments grecs et phéniciens.

Larnaka : cf. Kition.

Leptis Magna : les textes font de Leptis Magna une fondation phénicienne, plus particulièrement sidonienne ou tyrienne. Ces Phéniciens y établirent une colonie vers 1100 av.J.C. Cependant, Leptis Magna ne prit toute son importance que lorsque Carthage étendit sa domination au bassin méditerranéen au IV° siècle av.J.C. À l'issue de la troisième guerre punique, elle passe sous le contrôle de la république romaine. Aux alentours de l'an 200 av.J.C. elle constituait une cité indépendante. Ce statut perdura jusqu'à ce que l'empereur Tibère l'incorpore dans la province d'Afrique. Elle devint alors une des cités les plus influentes d'Afrique du Nord et un important centre de commerce. Leptis connut sa plus grande prospérité en 193, quant un de ses enfants, Lucius Septime Sévère, devint à son tour empereur. Il favorisa sa ville natale, notamment en bâtissant de somptueux monuments, qui en firent l'une des trois plus belles villes africaines, rivalisant avec Carthage et Alexandrie. Aujourd'hui, le site de Leptis Magna constitue l'un des plus impressionnants vestiges de l'Empire romain, classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1982.

Leukothéa : appelée aussi Ino, fille de Cadmos et tante de Dionysos. Elle tua ses fils dont Melicerte qui reçut un culte avec elle en divers lieux de la Méditerranée. Divinité marine, elle fut aussi une déesse oraculaire. Elle fut identifiée à Astarté, reflétant ainsi les attributions marines de la grande déesse phénicienne.

Liban, Mont : chaîne montagneuse séparant l'étroite plaine côtière du Liban et la Béqaa. Le Mont Liban peut-être qualifié d'épine dorsale de la Phénicie avec son point culminant à 3088 m. d'altitude. Terre de chasse, refuge naturel en temps de guerre, le massif du Mont Liban jouait un rôle crucial dans l'économie à cause de ses richesses forestières. Dès l'aube de l'histoire, plusieurs villes portuaires, notamment Byblos, s'étaient engagées dans le commerce du bois convoité par les conquérants successifs. Il ne faut cependant sous-estimer les autres causes de déboisement dues aux constructions navales ou les activités industrielles et architecturales.

Libation : verser sur l'autel ou la tombe une certaine quantité d'eau, de vin, d'huile, de lait éventuellement mêlé au miel, honore les dieux, désaltère et revivifie les défunts. Les témoignages, assez nombreux à Ougarit, sont moins clairs dans le mode phénico-punique. Certains faits y sont rapportés pouvant être reliés : à Himère, Hamilcar accomplit des libations sur les victimes qu'il venait de sacrifier, des allusions à des cérémonies d'hommage aux morts à Nora, aux dieux et morts à Carthage.

Libyphénicien : appellation utilisée par les historiens antiques pour désigner les Phéniciens de Libye, étendue au sens Afrique du Nord, c'est-à-dire les Puniques mêlés aux autochtones ou les Numides et les Maures punicisés.

Libyque : nom donné aux parlers proto-berbères de l'ancienne Afrique du Nord, notamment ceux des Numides. En dehors des anthroponymes et des toponymes, il y a peu à tirer des inscriptions puniques et des auteurs gréco-latins, mais le libyque possédait un alphabet consonantique dérivé de l'alphabet sémitique. Son existence a été révélée par la découverte, en 1631, de la bilingue punico-libyque du mausolée de Dougga. depuis, on connaît quelque 1200 inscriptions dont les plus anciennes pourraient remonter aux VII°-VI° siècles av.J.C. mais dont la plupart datent des rois numides et surtout de la domination romaine. Ce sont, presque toutes, de simples épitaphes funéraires gravées sur des stèles parfois bilingues. On les relève en Tunisie, en Algérie et au Maroc, mais l'aire de la diffusion de l'épigraphie libyque se prolonge à l'Est jusqu'à la Basse Egypte et vers l'Ouest jusqu'aux îles Canaries. Les caractères libyques, quelque peu modifiés, sont encore employés par les Touaregs qui les désignent sous le nom de tifînagh.

Lilybée : aujourd'hui Marsala, ville située sur un promontoire, à l'extrémité de la Sicile occidentale. Place forte et base navale punique de grande importance stratégique et commerciale. Lilybée fut fondée après la destruction de Motyé. Réputée imprenable, elle résista à Denys I de Syracuse (368), à Pyrrhus (276) et aux Romains (250-241). Elle continua à prospérer à l'époque romaine et devint municipe puis colonie, mais fut dévastée par les Vandales. La cité antique qui se trouve sous la ville moderne, formait à l'époque punique un quadrilatère de murailles et de bastions répartis selon un plan urbain orthogonal qui se reflète dans le tracé moderne. Sur deux côtés, les murailles longeaient la mer, tandis que les courtines internes étaient protégées par un vaste fossé relié aux deux ports principaux. Mentionné dans les sources anciennes, ce fossé est encore visible, de même que des traces de courtine de 7m d'épaisseur. Ces défenses se complétaient par des galeries creusées dans la roche, dont une couverte de graffiti représentant des navires, des guerriers et des scènes érotiques. A l'Est de la ville s'étendait la nécropole avec des centaines de tombes puniques à hypogée avec puits d'accès. Parmi les monuments puniques, un groupe de petites stèles à scène rituelle, avec des symboles et objets de culte, dont certains dédiés à Baal Hamon et Tanit.

Litani : Nahr el-Litani (fleuve Litani, 160 Km) prend sa source dans la Béqaa, près de Baalbek, et se dirige vers le sud du Liban. Arrivé au lac Qaraoun, il prend le nom de Nahr el-Qasimiyé et bifurque vers l'ouest pour déboucher sur la côte à 9Km au nord de Tyr, où il constituait la frontière Nord du territoire tyrien. Le Litani traverse une des plus importantes voies de communication de l'Antiquité reliant la Syrie du Nord et la Mésopotamie à la Phénicie, à la Palestine et à l'Egypte. Les prospections effectuées dans la vallée du Litani ont décelé de nombreux sites qui témoignent de la permanence de cette route commerciale depuis la préhistoire jusqu'aux époques tardives. Les sites fouillés, correspondant à l'époque phénicienne, sont ceux de Kamid el-Loz et de Tell el-Ghassil, à 11 Km au Nord-est de Rayak. A l'époque romaine, plusieurs temples furent érigés le long du Litani : Qasr Neb'a, Hosn Niha.

Lixus : cité portuaire à 5Km de Larache (Maroc), sur la rive droite de Loukkos, le Wadi Safdad de l'arabe classique, dont la vallée aurait abrité le jardin des Hespérides. Selon la tradition, Lixus aurait été fondé par des navigateurs phéniciens vers 1100 av.J.C., mais les vestiges archéologiques n'attestent une présence phénico-punique qu'à partir du VII°-VI° siècles. A cette époque, un temple à absides fut érigé sur l'acropole, dans une area de plus de 1000m2, et il y a lieu de penser qu'il a été dédié à Melqart dont le culte se prolongera jusqu'à l'époque romaine. Les vestiges les plus éloquents datent des périodes carthaginoise et maurétanienne, quand la ville connut un grand épanouissement économique et culturel. Le Périple d'Hannon la mentionne, on l'appelle aussi "ville de Phéniciens" ou "Lieu (saint) du Soleil", ce que rappelle le nom actuel Tchemmich de la ville haute, tandis que l'iconographie - épis de blé, grappes de raisin, thons et autels - évoquerait les sources de richesse de la cité. Le quartier portuaire et industriel, dans le bas de la ville, met en évidence un commerce florissant de salaison de poissons, de garum (poisson haché) et de produits dérivés. A mi-pente, un quartier administratif voisine avec des édifices publics. Au Nord une zone d'habitat se caractérise par une architecture punique. L'ensemble est ceint d'une muraille dont le tracé rappelle certaines structures défensives hellénistiques. Les nécropoles se trouvent en dehors des remparts de la ville haute. Les édifices des différentes époques se superposent jusqu'à l'époque romaine. Rome a su, à son tour, profiter des avantages économiques de Lixus relatifs à sa situation, mais la ville ne tarda pas à décliner.

LETTRE M


Madère : cette île de l'atlantique n'est pas nommée par dans les sources classiques, cependant il semble qu'elle fut connue des Phéniciens. On suppose que c'est à Madère que se réfère le texte de Timée, évoquant une île déserte dans l'Océan avec nombre de forêts et de rivières navigables. Sa fertilité attira les Carthaginois qui s'y établirent et pour la protéger interdire l'accès aux étrangers sous peine de mort. Diodore défend une autre thèse selon laquelle les Tyriens auraient découvert l'île et auraient voulu l'habiter mais furent empêcher par les Carthaginois qui voulaient se la réserver comme lieu de refuge. Néanmoins et malgré le silence de l'archéologie il est fort probable que les phénico-puniques fréquentèrent Madère lors de leurs navigations dans l'Atlantique.

Magie : de sa naissance à sa mort, même dans l'outre-tombe, le Phénicien ou le Punique se croyait environné de mille forces mauvaises. La magie devait le protéger contre ces puissances maléfiques ou lui fournir le moyen de les utiliser à son propre avantage. Des textes de magie, des formules écrites sur papyrus ou lamelles métalliques et insérées dans des étuis porte-amulettes trouvés dans les tombes, les différentes malédictions sur les sarcophages princiers, les masques de terre cuite et de pâte de verre, les divers ex-voto, etc. démontrent l'influence grandissante de la magie.

Magon : nom très fréquent à Carthage, porté par de grandes personnalités surtout militaires. Parmi les plus célèbres : Magon, le personnage inhumé au VII° siècle av.J.C. à Almunécar, dans un vase en albâtre d'origine égyptienne, servant d'urne cinéraire. Magon, l'ancêtre des Magonides, stratège carthaginois au VI° siècle, qualifié de fondateur de l'Empire par Justin. Magon, stratège et navarque carthaginois, adversaire de Denys I de Syracuse,... ainsi que d'autres stratèges aussi célèbres.

Magonides : dynastie carthaginoise, du milieu du VI° au début du IV° siècle, à laquelle appartiennent tous les Puniques connus à cette époque : Hamilcar le magonide, Hasdrubaal, Hannon père d'Hamilcar mort à Himère en 480, puis le fils de celui-ci, Hannon qui peut-être le navigateur (Périple), son frère Himilcon (explorateur de l'Océan Atlantique), etc.

Maharbaal : preux de Baal, un des rois de Tyr (vers 555-552), rappelé de Babylone où il avait été éduqué parmi les nobles déportés par Nabuchodonosor II. Nom également porté par le roi d'Arwad, vassal de Xerxès I (485-465) mentionné par Hérodote, il fut parmi les commandants de la flotte phénico-perse en 480.

Mahon : port de l'île de Minorque (Baléares) qui doit vraisemblablement son nom à Magon, le frère d'Hannibal, qui occupa l'île en 206 et en fonda le castellum.

Majorque : cf. les Baléares.

Malaga : ville d'origine phénicienne sur la côte Sud-est de l'Espagne, au centre d'une région fertile de l'embouchure du Guadalmedina et du Guadalhorce, dominant une grande baie qui offre d'excellentes conditions portuaires. La ville punique devait se trouver sur la butte où s'élève la cathédrale, dont les abords ainsi que ceux du théâtre romain, ont livré en 1974-75 et 1980-83 des vestiges phénico-puniques qui remontent au début du VI° siècle. La fondation de Malaga est donc contemporaine de l'abandon de l'établissement phénicien voisin de Guadalhorce, dont la population a dû se transférer à Malaga et contribuer à sa prospérité à l'époque punique. Aux VI°-IV° siècles Malaga fut une puissante ville portuaire, intégrée à l'orbite politique et commerciale de Carthage. Occupée par les Romains à la fin de la 2ème guerre punique, elle participa à l'enlèvement anti-romain de 177 av.J.C. Mentionnée souvent par les auteurs classiques à partir du II° siècle av.J.C. et considérée par eux comme le principal port punique sur la route pour les colonnes d'Hercule (actuel Détroit de Gibraltar), elle frappe sa propre monnaie et conserva encore au I° siècle ap.J.C. ses industries de salaison de poissons, son marché et son urbanisme "d'aspect punique", ainsi que son importance stratégique pour la navigation dans la direction de Gadès (l'actuelle Cadix).

Malédiction : comme la bénédiction, la malédiction est bien attestée dans tout le Proche-Orient ancien dans les inscriptions funéraires, votives ou commémoratives, ainsi que sur les bornes, dans les codes législatifs ou des traités. Elle a pour but d'éviter la violation des tombes et des traités, celle des propriétés et des monuments commémoratifs. Les menaces contenues dans les malédictions peuvent être diverses: le violateur qui effacerait l'inscription sera lui-même (ou son royaume) effacé; le violateur d'une tombe n'aura pas de descendance ni de sépulture, lui-même mourra d'une mort violente, il tombera dans les mains de ses ennemis et son royaume connaîtra les pires malheurs. En fin cette malédiction sera mise en oeuvre par le ou les grands dieux invoqués tels Baal, El, Melqart, Astarté ou Tanit. Cf. rubrique Personnages : Echmounazor & Ahiram.

Malte : les plus anciens témoignages archéologiques d'une présence phénicienne stable consistent en nécropoles et sanctuaires répartis en deux zones principales : l'une, côtière et portuaire, au Sud-est de l'île, avec le sanctuaire de Tas Silg, l'autre vers le Nord-ouest, territoire intérieur, naturellement défendu, correspondant à l'actuelle Rabat-Medina, d'où proviennent les stèles du VI° siècle dédiées à Baal-Hamon à l'occasion du sacrifice molk. Vu que l'une et l'autre région étaient déjà densément peuplées au Bronze Récent et que plusieurs sites ont livré des céramiques indigènes mêlées de produits de type phénicien de la fin du VIII° siècle, on tend à considérer que les deux groupes humains vivaient côte à côte. L'économie de l'île, privée de ressources naturelles, devait être fondée sur le commerce, la piraterie, la pêche. La première occupation de Malte par les Phéniciens obéit à des raisons de commerce et de contrôle des trafics longeant la côte africaine ou dirigés vers le Détroit de Messine. Le nom de Malte apparaît dans les récits des 1ère et 2ème guerre puniques. En 218, l'île passe définitivement aux mains des Romains tout en conservant ses institutions puniques (les sanctuaires d'Astarté et de Melqart). Au sein de l'occident phénico-punique, Malte présente un faciès propre de la fin du VIII° siècle : la céramique importée, corinthienne, grecque, orientale, attique, atteint l'île via la Sicile et est à l'origine de longue séries d'imitations locales. La coutume phénicienne de l'inhumation dans les sarcophages anthropoïdes égyptisants, attestés à Sidon et à Arwad, exceptionnelle dans les comptoirs de l'Occident, apparaît à Malte à l'époque archaïque, au moins en quatre occasions. Les différences d'avec les phéniciens sont toutefois notables.

Mari : l'actuel Tell Hariri sur la rive droite de l'Euphrate, près de la ville syrienne d'Abu-Kemal. Métropole du Moyen Euphrate et siège d'une dynastie au III° millénaire, cette ville fut florissante pendant la seconde moitié de ce millénaire, avec des fortunes politiques diverses. Son histoire est connue en détail pour la première moitié du XVIII° siècle. Quelques 18.000 tablettes cunéiformes en retracent la vie quotidienne. Le rôle économique du royaume de Mari apparaît comme primordial entre le Sud (Babylonie) et l'Est (Elam) d'une part, le Nord (les confins anatoliens) et l'Ouest (la côte méditerranéenne et Canaan) de l'autre. Des marchandises de toutes sortes venant de l'Ouest ou du Nord, le plus souvent par voie fluviale, mais aussi par caravane avec rupture de charge à Emar, aboutissent à Mari ou transitent par Mari à destination de la Babylonie ou des régions orientales. Il s'agit de pierres meulières, de bois de charpente ou d'ébénisterie, d'argent, de pierres précieuses, d'or venu d'Egypte, d'ivoire, de parures et de vaisselle de luxe, de céréales, de fruits, des légumes ou du vin. Les relations étaient régulières entre Mari et les régions méditerranéennes : Byblos, Ougarit, Hazôr, Chypre et la Crète. Il existait un comptoir mariote à Ougarit dont le responsable recevait des objets précieux en provenance de Qatna ou de Hazôr et en livrait à destination du dieu Adad ou du palais d'Alep. Vers 1760 Hammourabi de Babylone saccage Mari qui devint une bourgade sans signification, ni politique ni économique, et tombe dans un oubli total.

Maroc : article en préparation.

Mas Latrie, Louis de : (1815-1897), érudit et historien français, qui s'est surtout occupé de l'histoire de Chypre sous le règne des Lusignan. Il exécuta à Chypre une mission d'études de l'automne 1845 au printemps 1846, qui lui permit de dresser une nouvelle carte de l'île (1862). Il confirma que Kition se trouvait bien à Larnaka et non au village de Khiti. il se procura une petite série d'antiquités chypriotes, entrées en 1846 à la Bibliothèque Nationale. Il essaya de faire venir à Paris la stèle de Sargon II (707 av.J.C.), découverte par hasard à Kition-Larnaka dans l'été de 1845, mais elle fut en définitive achetée pour le Musée de Berlin.

Masques : trois catégories d'objets sont qualifiés de masques, a savoir : les masques en terre cuite, les pendentifs en pâte de verre ou pâte friable et les masques-perles ou amulettes dans les mêmes matières. Trouvés dans la plupart des grands centres de la Phénicie, ainsi que dans les comptoirs phéniciens à Chypre et en Palestine, les masques représentent soit des visages barbus ou grimaçant, soit des visages féminins ou, plus rarement des têtes d'animaux (lion, taureau). Au début du Ier millénaire, les masques sont généralement rehaussés de peinture rouge, tandis que les yeux sont les plus souvent percés. Une pastille d'argile entre les yeux constitue une autre caractéristique qui se retrouvera dans le monde punique. Sous la domination perse, le nombre de masques-protomés s'accroît, un phénomène qui va de pair avec une influence grecque très marquée. Les masques de type masculin montrent des personnages moustachus aux barbes soignées. Les types grimaçants rappellent parfois la physionomie du dieu Bès ou d'un Satyre, impression souvent confirmée par la présence d'oreilles d'animaux. Les masques représentants des visages féminins comptent parmi les oeuvres les plus raffinées de la production des coroplastes : la physionomie, les rubans et les voiles drapés trahissent une liaison intime avec les ateliers et les sculpteurs des sarcophages contemporains. Trouvés dans les temples (Kition, Hazôr, Amrit, Sidon, Sarepta) et les tombes (Khaldé, Sidon, Sarepta, Akzib) le rôle des masques est à la fois culturel et apotropaïque. Selon certains auteurs les masques personnifieraient le concept de la mort même. La deuxième catégorie de masques consiste en pendentifs parfois bifaces, représentant la tête d'une déesse coiffée d'une perruque dite à "étages". Pour la troisième catégorie, dont les masques étaient également employés comme pendentifs-amulettes, on en parle dans verrerie.

Mattanbaal : nom porté par plusieurs rois d'Arwad. Le roi Mattanbaal I, qui régna au temps de Salmanasar II (858-824) et qui prit part à la coalition anti-assyrienne qui mit en échec Salmanasar II à la bataille de Qarqar en 853. Mattanbaal II, roi d'Arwad à l'époque de Téglat-Phalasar III (744-727). Mattanbaal III qui régna au début de l'époque d'Asarhaddon (680-669) et qui fournit les matériaux pour la construction du palais neuf de Ninive. Nom porté également par le fils de Himilcon, grand prêtre de Carthage vers le III° siècle.

Mèdes : cf. Perses.

Megiddo : ancien site de la vallée de Yizréel, en Israël, identifié au Tell el-Mutesellim. Situé au Nord de la chaîne du Carmel, cet important centre de la civilisation cananéenne est souvent mis en rapport avec le monde phénicien. Le célèbre trésor d'ivoires de la fin du Bronze Récent, ne peut toutefois être considéré comme typiquement phénicien car de multiples affinités stylistiques qu'ils offrent n'ont trait qu'aux trouvailles semblables faites dans d'autres centres cananéens ou paléo-phéniciens à Ougarit ou à Kamid el-Loz. Par contre, aux IX°-VII° siècles, l'élément proprement phénicien occupe une place de choix dans le milieu cosmopolite dont témoignent les découvertes faites in situ. Dans le domaine de la céramique, il faut relever la présence de la poterie à engobe rouge (red slip), tandis que plusieurs encensoirs préfigurent des modèles que l'on retrouvera en Phénicie même. C'est également le cas pour une coupe en bronze, dont la décoration égyptisante annonce la production phénicienne, ainsi qu'un groupe de sceaux dont l'iconographie et les qualités techniques se rattachent directement à la glyptique phénicienne contemporaine.

Melqart : roi ou seigneur de la ville. Dieu tutélaire de la cité de Tyr. les Tyriens ont diffusé son culte à travers la Méditerranée au gré de l'établissement de leurs comptoirs sur les rivages sud de cette mer. Il fut identifié par les Grecs au dieu Héraclès. Cf. rubrique Articles : Religion.

Memphis : une des capitales de l'Egypte antique, ville cosmopolite qui compta de nombreux éléments d'origine sémite, phéniciens en particulier. Ils travaillèrent dans la métallurgie sur laquelle veillait le dieu Ptah, l'Héphaïstos d'Hérodote. Au sud de son temple Hérodote évoque " des Phéniciens de Tyr habitent tout autour et le quartier tout entier s'appelle le Camp des Tyriens; dans l'enceinte s'élève un sanctuaire dit de l'Aphrodite étrangère", c'est-à-dire Astarté. Malheureusement ce site demeure très mal connu archéologiquement. On peut signaler quelques dédicaces phéniciennes sur des statuettes ainsi que le support d'une stèle d'Horus aux crocodiles qui porte une dédicace à Horus, Astarté et d'autres divinités. La vaste nécropole de Memphis, à Saqqara, a livré divers documents phéniciens: des graffiti gravés sur un sphinx découvert par Mariette, une tablette provenant d'un puits près de la pyramide d'Ounas, des statuettes en plâtre gris, etc. Sous les Lagides et à l'époque romaine, les Phéniciens et leurs dieux étaient encore présents dans la région memphite.

Métallurgie : cf. Mines.

Meubles : malgré la découverte sporadique de meubles, l'art mobilier phénicien nous est surtout connu par le témoignage indirect des représentations (sculptures, peintures, bijoux, ivoires, sceaux historiés). La majorité de ces documents archéologiques figure des trônes ou des tables dans un contexte essentiellement religieux, qui est aussi celui des scènes de banquet. Les personnages figurant sont soit des divinités soit des souverains divinisés. Ces divinités et leurs représentants terrestres pouvaient aussi bien siéger sur des trônes d'apparat flanqués d'une paire de sphinx, lions ou béliers, ou sur de simples tabourets. Ces meubles étaient souvent d'origine étrangère ou adaptés d'origine étrangère. En créant certains types de meubles et en adaptant d'autres les ébénistes phéniciens ont contribué à l'élaboration d'un mobilier qui, par la voie de l'interprétation gréco-romaine et néo-classique, a bravé le temps. Sans oublier les qualités des meubles puniques dont la renommée se traduit dans les termes latins fenestrae punicae.

Milkyaton : en phénicien le roi a donné. Roi de Kition et d'Idalion, successeur de Baalrôm, personnage distinct connu pour son monnayage d'argent et or ainsi que de nombreuses inscriptions phéniciennes ou bilingues (phéniciennes et grecques syllabiques). Son long règne paraît avoir été une période de prospérité qui se traduit par un développement sans précédent des aménagements publics avec l'extension des bâtiments sacrés de Bamboula, la construction d'un réseau d'égouts et l'assainissement du sous-sol. Il semble avoir laissé à son fils et successeur Pumayyaton une situation économique favorable.

Mines : les mines ont joué un rôle indirect mais réel chez les Phéniciens, qui recherchèrent leurs sources de métal sans toutefois s'intéresser eux-mêmes à leur exploitation. Leur pays ne renfermant pratiquement aucun gîte métallifère, ils se sont retournés très tôt aux richesses des autres contrées. Ils cherchèrent l'argent dans le Sud de l'Ibérie alors que les mines restent aux mains des Tartessiens qui continuent à opérer selon leurs méthodes traditionnelles. Ils font pareil pour le cuivre de Chypre et l'or de Thasos et de Thrace. On ne saurait parler avec certitude de mines phéniciennes malgré des metalla phoinikika de Thasos, "le fer de Simyra" et "le fer du Liban", mentionnés en Babylonie au milieu du VI° siècle. En revanche les Phéniciens étaient habiles dans la fabrication d'objets de métal et plusieurs de leurs comptoirs possédaient des forges et des ateliers de fondeurs. Ils se procuraient des métaux bruts, dont ils fournissaient, du VIII° au VI° siècles, une grande partie du monde ancien. Avant le VIII° siècle, ils cherchent les métaux dans les régions proches. Or et argent leur viennent d'Egypte, qui paie le bois de cèdre en métaux précieux, comme en parle le récit d'Ounamon. Installés à Kition dès le IX°siècle, les Phéniciens ont contrôlé une part du commerce du cuivre chypriote, tout comme le commerce de l'or à Thasos et en Thrace. Au VII° siècle les Tyriens se lancent vers Tarshish où ils vont chercher argent, fer, étain, plomb. L'étain provenait aussi des Cornouailles ou de la Bretagne française par la vallée du Rhône "l'isthme gaulois" ou encore l'étain de Galice, par la voie atlantique et le Sud de l'Ibérie. Cette dernière livre la seule certitude du IX° au VI° siècles, les mines de Huelva ont produit beaucoup d'argent, extrait sur place ou dans des établissements métallurgiques proches de la côte. Les contacts avec les Phéniciens sont étroits, sûrement par Gadès, d'où partent vers l'Est avec l'argent tartessien, les métaux en transit, l'étain et l'or du Soudan occidental.

Mobilier funéraire : les objets déposés dans les tombes phénico-puniques et constituant le mobilier funéraire d'accompagnement des morts ne semblent pas avoir eu au départ une vocation funéraire. Certains répondaient à une liturgie proprement funéraire tandis que d'autres étaient la propriété du défunt ou constituaient tout simplement des offrandes.

Orient : entre le XI°-VIII° siècle, le mobilier funéraire des tombes phéniciennes laisse percevoir une forte influence de l'Egypte ainsi que l'existence de relations étroites avec Chypre. Celui des tombes phéniciennes de Chypre à l'époque de la domination tyrienne est très proche du mobilier funéraire contemporain de Tyr. Tous comprennent des poteries faites sur place ou importées (oenochoés, gourdes de pèlerin, amphores, coupes) parfois décorées de motifs d'inspiration mycénienne grâce à un engobe réalisé suivant les techniques phéniciennes ou chypriotes. Cette vaisselle pouvait contenir des offrandes alimentaires, des objets de toilette ou de parure, des armes, des amulettes, des figures égyptisantes, des masques. Plus tard, le mobilier funéraire phénicien révèle une influence hellénistique qui devient dominante à partir du V° siècle. On remarque alors dans les tombes des céramiques attiques, des statuettes grecques, des monnaies, etc.

Afrique & Italie : le mobilier funéraire des tombes d'Afrique du Nord et d'Italie est composé des mêmes éléments que celui des tombes du Proche-Orient. Les poteries et bijoux dérivent des modèles orientaux avec pour certains des influences locales ou étrangères. L'échantillonnage ou le nombre des objets particularisent les sites : fréquence des armes à Rachgoun, des meubles miniaturisés à Carthage, des étuis de miroirs en bronze doré à Lilybée, influence de la céramique élyme sur des vases de Motyé, céramique ibérique aux Andalouses, céramique étrusque à Bitia. L'époque archaïque est marquée par la présence de vases à engobe rouge brillant : jarres, bols, lampes, bijoux, ivoires, etc. Au début du VI° siècle, les masques ou protomés deviennent plus fréquents en Sardaigne, à Carthage, au Cap Bon.

Espagne : le mobilier funéraire des nécropoles d'Espagne est assez bien connu pour les VII°-VI° siècles seulement grâce aux découvertes de la Laurita (Almunecar), de Trayamar et de quelques tombes de Gadès, Villaricos et Puig des Molins. Il s'agit surtout d'amphores et d'urnes sans décor, qui contiennent en général les corps incinérés. Les nécropoles d'Ibiza et de Villaricos permettent d'apprécier l'évolution de ce mobilier funéraire, à la simplicité initiale succède, dès le VI° siècle et avec l'introduction de l'inhumation, une forte augmentation du nombre d'objets : plats & bols, lampes, jarres oenochoés de types divers, la poterie anthropomorphe, des objets personnels des défunts tels les bijoux en or et argent, miroirs & rasoirs, etc. Les armes ne sont jamais présentes. Avec la réintroduction de l'incinération au III°siècle, le nombre d'objets diminue beaucoup limité à la seule urne funéraire, à une ou deux anses, avec quelques objets personnels.

Mogador : petite île située face à l'actuelle vile d'Essaouira sur la côte atlantique du Maroc. Au XI°siècle ap.J.C., le géographe arabe al-Bakrî appelle de lieu Amogdoul, toponyme dérivant probablement du punique a-Mogdùl qui désignait "la Tour de surveillance". Au XIV°s, sur les portulans, Amogdoul devient Magdoura pour les Portugais, puis Mogadour pour les Espagnols, nom qu'Essaouira conservera jusqu'à la fin du protectorat français. Les fouilles effectuées aux abords d'une petite baie de l'île ont permis de découvrir entre autre, un bétyle d'un mètre cinquante environ de hauteur, des fragments d'amphores attiques de haute époque et un grand nombre de tessons de poterie à engobe rouge, inscrits en phénicien qui doivent dater du VII° siècle av.J.C. Ces inscriptions, qui consistent en noms propres et abréviations, attestent l'existence d'un comptoir phénicien ou punique dont les origines remontent au moins au VII° siècle et dont les "facteurs", pour employer le terme technique, pouvaient provenir de la Phénicie propre aussi bien que de Gadès ou Carthage, vers 500 av.J.C. Cependant le site sera évacué et ne sera habité de façon permanente qu'au Ier siècle av.J.C. à la suite de l'installation d'un établissement fabricant de la pourpre.

Molk : le mot phénico-punique mlk, en hébreu molek, en grec molokh et en latin molch est un terme cultuel qui désigne un sacrifice et n'a rien à voir avec le titre royal milk attribué à une divinité ou à un souverain régnant ou décédé. Le substantif molk se rencontre à partir de la même époque en hébreu et en phénico-punique, où il se rapporte au sacrifice d'un enfant en bas âge, pas nécessairement d'un nouveau-né, parfois d'un agneau ou d'un chevreau servant de substitut. Cela nous rappelle l'histoire d'Abraham et le sacrifice son fils Isaac dans l'Ancien Testament. Le rituel consistait à passer la victime immolée par le feu, dans un brûloir appelé topet. On déposait ensuite les restes calcinés dans une urne que l'on enterré dans un espace sacré destiné spécialement à cet effet et qualifié par les archéologues de tophet. A partir du VII° siècle, l'usage se répandit en Occident de placer au-dessus de l'urne une stèle portant une formule dédicatoire et le nom de l'offrant. La motivation des sacrifices ne semble pas avoir été constante, mais les dédicaces gravées et adressées à Baal Hamon seul ou Tanit & Baal Hamon indiquent généralement un sacrifice votif auquel l'offrant s'était obligé par un voeu. Ce sacrifice suscite toujours la polémique quant aux découvertes des champs d'urnes sacrificielles mises à jour en Tunisie ou en Sicile, sur différents sites (Carthage, Sousse, Constantine, Motyé, Sulcis, Tharros).

Monte Adranone : établissement d'origine indigène situé près de la frontière des possessions puniques en Sicile et conquis par les Carthaginois au IV° siècle. Les fouilles récentes ont permis de déceler d'importants vestiges architectoniques de l'époque punique, notamment les imposantes fortifications de la cité et deux sanctuaires édifiés sur l'acropole. Le premier mesurant 31x10 m, se divisant en trois chambres dont celle du centre avec ses deux bétyles. La façade associait des éléments grecs comme des colonnes doriques et un fronton rectangulaire et des éléments puniques telles les corniches à gorge égyptienne. Le second sanctuaire formait un rectangle de 21x8 m, comportant deux chambres, dont la plus grande contenait des pilastres votifs et un petit autel de sacrifices. Une citerne se trouvait dans le voisinage de chacun des sanctuaires.

Monte Luna : l'établissement punique de Santu Teru- Monte Luna, autrefois Senorbi, se trouve à environ 35 Km à vol d'oiseau au Nord de Cagliari, à l'intérieur de la Sardaigne. Il remonte à la fin du VI° siècle et témoigne, jusqu'au III°siècle, d'une considérable prospérité due à sa position stratégique et à une florissante économie agricole. Le riche mobilier funéraire de la nécropole, comportant une centaine de tombes à puits, reflète une ambiance carthaginoise, relevant de l'origine militaire de l'établissement et de ses contacts étroits avec Cagliari. Cette localité se composait de l'acropole ceinte d'imposantes fortifications et d'une ville basse hors-les-murs, où se trouvaient les maisons et les ateliers d'artisans.

Monte Pellegrino : à 606m d'altitude, le Monte Pellegrino domine la ville de Palerme. Il est d'ordinaire identifié à la forteresse punique de Heirkté dont Polybe donne une impressionnante description. Pyrrhus la conquit en 277 av.J.C. et Hamilcar Barca en fit sa base opérationnelle en 274-244 av.J.C. Certains archéologues proposent de localiser Heirkté sur le Monte Castellaccio (J. Kromayer) au Nord-ouest de Palerme ou même sur le Monte Palmita (G. Pottino).

Monte Sirai : la forteresse de Monte Sirai occupe le plateau de la colline homonyme à la périphérie de Carbonia, dans le Sud-ouest de la Sardaigne. Sa position naturelle permettait le contrôle des voies de communication menant à la zone minière de l'Iglesiente (au Campidano de Cagliari), à la partie Est du territoire sulcitain et à la ville même de Sulcis, dont Monte Sirai est une fondation. Les fouilles ont permis de dater ses origines de la seconde moitié du VII° siècle et son abandon au I° siècle av.J.C. On peut y distinguer une phase phénicienne (VII-VI° siècles) datée par le mobilier funéraire de la nécropole archaïque, une phase punique (fin VI°- début V° siècles), une phase punique tardive (IV° - III° siècles) et une phase sardo-punique (fin III°siècle jusqu'à la seconde moitié du Ier siècle av.J.C., époque d'Auguste).

Montet, Pierre : (1885-1966), formé à l'égyptologie par V. Loret à l'Université de Lyon, Pierre Montet poursuit ses recherches à l'Institut français d'Archéologie orientale au Caire (1910-1914) où il rassembla les matériaux pour sa thèse sur les scènes de la vie privée dans les tombeaux égyptiens de l'Ancien Empire parue à Strasbourg (1925) où il avait été nommé professeur en 1919. C'est la connaissance qu'il avait des rapports entre l'Egypte et la côte phénicienne qui l'orienta vers Byblos, où il dirigea quatre campagnes de fouilles (1921-24), découvrant un temple et plusieurs tombes royales. Il y exhuma des trésors d'orfèvrerie paléo-phénicienne, des vases, du mobilier en or, des pierres précieuses envoyées par les pharaons de la XII° dynastie ou inspirés des modèles égyptiens. Les nécropoles des rois giblites livrèrent en outre le fameux sarcophage du roi Ahiram. Montet consacra de nombreux articles à ses découvertes et en tira les conclusions dans un ouvrage intitulé Byblos et l'Egypte (Paris 1928-29). En 1929 il ouvrit le chantier de Tanis, ville du Delta oriental du Nil où il cherchait le point de départ de la route qui reliait l'Egypte à la côte phénicienne. Ce chantier, où Montet dirigea 21 campagnes, a livré des trésors inespérés et des renseignements inappréciables sur les XXI° et XXII° dynasties, dont la nécropole royale avec des tombes inviolées fut mise à jour. La publication de ces trouvailles n'a pas empêché Montet de poursuivre ses recherches sur les rapports entre l'Egypte pharaonique et le monde syro-phénicien. Il leur a consacré un ouvrage intitulé Les reliques de l'art syrien dans l'Egypte du Nouvel Empire (Paris 1937) et une série d'articles érudits dans la revue Kémi.

Mosaïques : l'emploi de la mosaïque comme revêtement de sol n'est pas attesté en Phénicie, même à l'époque hellénistique. Néanmoins à Délos, où la population phénicienne était nombreuse, un "signe de Tanit" apparaît comme apotropaion sur la mosaïque du vestibule de la Maison des Dauphins, alors que le pavement de l'impluvium est signé par Asclèpiadès d'Arwad. Le thème des Dauphins attelés et chevauchés par de petits personnages, sans parallèle dans le monde classique, pourrait être d'origine syro-phénicienne. D'autres maisons de Délos, dites du Trident et des Bijoux, présentent des éléments de même origine vers le II° siècle av.J.C. A l'époque romaine le tesselatum polychrome de Phénicie ne se distingue en rien de celui des autres provinces orientales de l'Empire, ni par la technique, ni par le style. Dans le monde punique, à Carthage, Kerkouane, Sardaigne, Sicile, diverses techniques se rencontrent dès le III° siècle av.J.C. les tesselles de terre cuite polychromes, carreaux losangés en terre cuite, béton avec fragments de céramiques colorés, béton de tuileau rougeâtre où sont insérées des tesselles blanches en semis ou en motif décoratif. Dès le II° siècle, des écoles et ateliers locaux de mosaïstes de l'Afrique se démarquent en suivant leur propre inspiration, préférant les scènes tirées de la vie économique et sociale aux motifs idylliques et mythologiques.

Môt : Philon de Byblos mentionne Mouth, fils de Kronos et de Rhéa, qui après sa mort, fut divinisé par son père. Il ajoute que les Phéniciens l'appellent Thanatos ou Ploùton, fait qui montre l'identité de ce personnage avec le Môt ougaritique, personnification de la mort et adversaire de Baal. Dans la cosmogonie de Philon figure Môt, fils de Pothos et du Vent dans lequel réside le principe de la création de toutes choses. Il es appelé "boue" ou "putréfaction", est conçu en forme d'oeuf et resplendit comme le soleil et les astres. L'oeuf primordial et le rapport avec la terre mouillé révèlent une composante égyptienne dans les conceptions cosmogoniques de Philon.

Motyé : en punique Mtw, en grec Motuè, l'actuel îlot de San Panteleo, un des plus importants comptoirs phéniciens de Sicile, qui frappa sa propre monnaie, avec légende punique et grecque depuis le V° siècle av.J.C. Situé à 8Km au Nord du Cap Lilybée, dans une lagune séparée de la mer par un cordon littoral, et à 1Km de la terre ferme à laquelle l'îlot était relié par une jetée submergée, encore existante, c'était un point d'accostage idéal. Habité à l'âge du bronze, il était cependant désert à l'arrivée des Phéniciens dans la seconde moitié du VIII° siècle. Devenu un bastion de la domination punique en Sicile, il fut détruit en 397 par Denys I de Syracuse après un siège mémorable. Identifié en 1619, le site de Motyé fut l'objet de sondages par Cavallari et Schliemann (1869-75), fouillé par la suite par Whitaker qui découvrit l'enceinte et plusieurs autres monuments (1906-1927), puis les missions italiennes et britanniques. Une enceinte fortifiée (environ 3Km) et des tours rectangulaires furent construites tout autour de l'île (vers la fin du VII° siècle), différentes phases y sont identifiables. Deux portes s'ouvraient au Nord-est et au Sud-ouest avec deux accès mineurs à l'Est et au Sud-Est. Il y avait deux nécropoles, la plus ancienne (fin VIII°-VII° siècles) située au Nord de l'île, comprenaient des centaines de tombes à incinération qui ont livrés des bijoux, des armes en fer, de la céramique punique à engobe rouge et beaucoup de vases grecs d'importation. Cette nécropole fut abandonnée après la construction de l'enceinte qui la traversait. Une nouvelle nécropole fut établie sur le promontoire de Birgi, sur la côte sicilienne. Les défunts étaient ensevelis dans des sarcophages monolithiques. Au-delà de la porte Nord s'élevait un petit temple punique avec autel carré. Le tophet à ciel ouvert, était adossé aux murs et contenait des milliers d'urnes renfermant les restes des sacrifices d'enfants et d'animaux. Beaucoup d'objets furent également découvert, des stèles représentant des idoles : bétyles, idoles bouteilles, figures humaines égyptisantes, des masques, des protomés féminins en terre cuite, des statuettes anthropomorphes dont la plupart dédiés à Baal Hamon.

Movers, Franz Karl : (1806-1856), théologien et orientaliste allemand, en 1839 il devint professeur de l'Ancien testament à l'Université de Breslau (Wroclaw) mais ses recherches portèrent surtout sur l'histoire politique, religieuse et économique des Phéniciens, à laquelle il consacra son ouvrage monumental Die Phönizier (Bonn-Berlin 1841) et ses Phönizische Texte I-II (Breslau 1845-47) ainsi que plusieurs articles, notamment une contribution substantielle Phoenizien à l'Allgemeine Encycloâdie der Wissenschaften und Kûnsten, de J.S. Ersch et J.G. Gruber (Leipzig 1848). Si son oeuvre est marquée par un certain "pan-phénicisme", elle n'en demeure pas moins une précieuse mine de renseignements.

Münter, Friederich : (1761-1830), évêque luthérien, éminent historien et orientaliste danois, auteur de la première histoire religieuse de Carthage : Religion der Karthager (1816-1821) dans laquelle il défendait déjà l'origine phénicienne de la religion carthaginoise tout en admettant l'évolution locale de certaines pratiques religieuses.

Murex : article en préparation.

Musique : la musique phénicienne était très appréciée dans l'Antiquité, on connaît en Assyrie un musicien phénicien du nom d'Abdélim. Dion Chrysostome s'exprime ainsi dans son Discours au Ier siècle ap.J.C. : "Aujourd'hui domine la musique des Arwadiens, les airs des Phéniciens vous séduisent et vous avez chéri ce rythme spondaïque". Ce sont surtout les documents archéologiques qui nous renseignent sur les instruments employés en Phénicie lors des fêtes religieuses ou profanes. Coupes en métal ou en ivoires et sceaux reproduisant des groupes de musiciennes jouant d'une flûte simple ou double, instrument que l'on retrouve, tout comme le tambourin, dans la coroplastie et la sculpture phénicienne et punique. La lyre à table d'harmonie de forme carrée, déjà attestée par un ivoire de Kamid el-Loz au début du XIV°siècle sera transmise par les Phéniciens à l'Occident et à l'Egypte, tout comme sa variante à table arrondie. En Phénicie comme en Occident les fouilles ont mis à jour des cymbales et des clochettes en bronze.

Myres, sir John L. : (1869-1954) archéologue, historien et anthropologue anglais. Venu à Chypre à 24ans pour participer à des fouilles du British Museum dans la nécropole d'Amathonte, il devient rapidement le premier vrai spécialiste de l'archéologie locale grâce aux fouilles qu'il mène sur plusieurs sites de l'île. Parmi ses nombreuses publications on retiendra Handbook of the Cesnola Collection of Antiquities from Cyprus (New York, 1914).

Myrrha : fille de Théias ou Kinyras et mère d'Adonis. Aphrodite lui inspira de l'amour pour son père et, grâce à l'aide de la nourrice, Myrrha s'unit à son père qui ne l'avait pas reconnue. Mais, quand il s'aperçut de l'inceste commis, il essaya de tuer Myrrha qui demanda l'aide aux dieux et fut transformée en arbre de myrrhe, qui donna naissance à Adonis.

Mythologie : l'absence quasi complète de textes mythiques phénico-puniques limite notre connaissance de ce domaine. Seules les traditions classiques éparses et tendancieuses contiennent des allusions à la mythologie. Cité par Eusèbe de Césarée et imprégné d'évhémérisme, Philon de Byblos traite de la cosmogonie, des origines de la civilisation, de la théogonie, de la répartition des terres entre les dieux, de l'origine du sacrifice humain. Damascius résume la cosmogonie de Moschos et d'Eudème de Rhodes, tandis que Nonnos et d'autres auteurs classiques semblent avoir conservé des éléments d'un mythe relatif à Melqart. Lucien de Samosate fait écho au mythe d'Adonis. Le mythe de Typhon est en rapport avec le Baal Saphon et sa montagne sacrée. D'autres allusions se rencontrent ça et là, certains ont même tenté de rapprocher des éléments des mythes d'Ougarit, mais en conclusion on peut dire qu'il manque un corpus organique, une véritable mythologie phénicienne.

LETTRE N


Nabeul : ville de Tunisie sur la côte Est du cap Bon. Elle est, après Carthage, la ville d'Afrique du Nord la plus anciennement mentionnée. Thucydide en parle au V°siècle comme d'un "comptoir carthaginois" qui sert d'escale aux Grecs de Cyrène se rendant en Sicile, dont elle est située "à moins de deux jours et une nuit de navigation".

Nabuchodonosor II : roi de Babylone (605-562) fils de Nabopolassar. La victoire de Karkémish sur les Egyptiens (605) et la prise de Jérusalem (587) lui assurèrent la domination de la Syrie et de la Palestine. Seule la ville de Tyr lui résista durant 13 ans.

Nahr el-Awwali : cf. Bostan ech-Cheikh.

Nahr el-Damur : fleuve qui se jette dans la Méditerranée entre Beyrouth et Sidon, au nord du promontoire de Ras el Damur. Son nom Démarous se rattache, selon Philon de Byblos, à un fils adoptif de Dagon et père de Melqart, qu'il assimile à Zeus et à Hadad, le dieu de l'orage. Philon évoque également la lutte de Démarous contre Pontos (la Mer) en référence à un mythe lié au lieu mettant en scène un monstre marin et un dieu de l'orage.

Nahr el-Kalb : ou fleuve du chien est le Lycus (loup) des Grecs et des Romains. Son nom est dû à une légende qui aurait mentionné une statue d'animal, taillée dans le rocher de l'embouchure du fleuve. Long de 30Km seulement, il prend sa source au pied du mont Sannin et se jette dans la Méditerranée à 15Km au Nord de Beyrouth, au pied de Ras el-Kalb. ce promontoire, un des plus abrupts de la côte phénicienne, a constitué un important obstacle pour les envahisseurs de la Phénicie. Diverses routes, taillées dans la falaise témoignent de leur passage, tous comme les nombreuses stèles commémoratives, gravées dans le roc. On compte 17 stèles s'échelonnant du XIII°siècle av.J.C. à la période contemporaine. Les plus anciennes sont trois stèles égyptiennes de l'époque de Ramsès II, cinq stèles assyriennes dont l'une raconte la campagne d'Egypte d'Asarhaddon en 671 av.J.C. et une stèle babylonienne de l'époque de Nabuchodonosor II, relatant sa campagne au Liban. Sept autres stèles couvrent une période allant de l'époque hellénistique jusqu'à l'an 1946.

Nahr Ibrahim : nom actuelle de l'ancien fleuve Adonis, qui surgit de la grotte d'Afqa, sur le versant ouest du Liban, et se jette dans la Méditerranée au sud de Byblos. Il doit son nom antique à la croyance qu'Adonis a été enseveli sur ses rives et que le sang du héros blessé, s'écoulant dans le fleuve, lui donnait la couleur rouge. A Byblos, ce prodige était le signal des Adonies. D'après une autre étiologie, rapportée par Philon de Byblos, les eaux du fleuve se teignaient du sang d'Ouranos châtré par Kronos. Au Bas-Empire, on attribuait la coloration périodique des eaux au sang des Quarante Martyrs, célébrés dans de nombreux panégyriques du IV° siècle. Cf., rubrique Documents : la légende d'Adonis.

Naos ou Naiskos : petite chapelle d'origine égyptienne, de forme carrée ou rectangulaire, abritant le tabernacle dans lequel l'image divine était placée ou représentée. L'entablement comprend une ou plusieurs corniches décorées d'un disque solaire ailé. Les naos sont préfigurés à l'époque paléophénicienne par les niches de certains "obélisques" de Byblos et des modèles de chapelles en terre cuite. Ces derniers se retrouvent en Orient et à Chypre jusqu'à l'époque perse.

Naucratis : ville et port marchand sur la branche canopique du Nil, environ 20Km à l'Ouest de Saïs. Sous Amasis (570-526) Naucratis était le seul emporion de l'Egypte avec une population de diverses provenances. Au IV° siècle Naucratis était une polis, elle avait son propre monnayage, exportait du blé, de la poterie, du linge, du papyrus et de la faïence. Elle importait du vin, de l'huile d'olive et surtout de l'argent. La fondation d'Alexandrie diminua son importance mais elle continua à frapper monnaie et garda une partie du commerce égyptien. Nombre de scarabées en faïence des VII°-VI° siècles av.J.C. retrouvés dans les nécropoles phénico-puniques provenaient de Naucratis où les fouilles ont mis à jour un atelier fabriquant des scarabées. On pense que l'industrie de la faïence était aux mains des négociants chypriotes ou phéniciens dont la présence est suggérée par les inscriptions et graffiti.

Navigation : la situation géographique des cités phéniciennes, entre mer et montagne, les prédisposaient à une destinée maritime hors pair. Très tôt leurs marins pratiquaient la navigation au long cours. Les sources littéraires antiques, de la Bible aux géographes en passant par Homère, font aux Phéniciens et aux Puniques une réputation de grands voyageurs dans le domaine de l'exploration et celui du commerce. Aucun périple phénicien ne nous est directement parvenu, mais l'expédition de Néchao (610-597) et le périple d'Hannon (VI°-V° siècles) laissent supposer une exploration des côtes d'Afrique jusqu'à un point encore indeterminé, tandis qu'Himilcon aurait accompli un voyage jusqu'aux îles Britanniques. Indépendamment de ces voyages explorateurs, l'extension commerciale jusqu'aux confins occidentaux de la Méditerranée assurait la réputation de ces marins phéniciens & puniques. Comme les Grecs, ils naviguaient à la belle saison, néanmoins on a souvent minimisé leurs possibilités en supposant qu'ils étaient incapables d'effectuer des étapes de plus de 35Km et pratiquant uniquement le cabotage. En réalité, certains périples sont évalués en jours et nuits de navigation, selon Aratos, les Phéniciens naviguaient aussi de nuit en se guidant sur la Petite Ourse longtemps connue sous le nom d'étoile phénicienne. Les Phéniciens se sont lancés en haute mer où ils ont pu utiliser les courants marins du large (faibles en Méditerranée) et surtout certains vents réguliers. Cela n'excluant pas le cabotage et les fréquents relais dans les îles et caps, d'où l'abondance des comptoirs phéniciens sur tout le pourtour méditerranéen (Cf. rubriques Articles & Cartes : l'expansion phénicienne). Ces comptoirs étaient choisis à l'abri des vents dangereux pour préserver les navires et leurs chargements, avec un mouillage sûr, souvent placés sur des promontoires afin de leur assurer une position fortifiée, avec un point d'eau. Le temps ne comptait guère par rapport au but à atteindre pour ceux qu'Homère qualifiait de "marchands renommés, mais gens rapaces".

Navires : d'importants progrès ont été réalisés ces dernières années dans la connaissance de l'ensemble des marines antiques, grâce à l'étude des épaves qui occupe une place capitale dans la reconstitution de ces bâtiments marins. Les flottes de commerce et de guerre phéniciennes et carthaginoises jouissaient d'une solide réputation en raison de l'ordre qui y régnait et de la technique mise en oeuvre, dont témoignent maintes sources tant orientales que classiques. Plusieurs créditent les architectes navals de Tyr , de Sidon et de Carthage, de la mise au point et de l'amélioration des techniques constructives et de la conception des bâtiments nouveaux tel le quadrirème carthaginois. Les différents types de navires : bateaux marchands à la coque arrondie (appelés gaulos ou hippos selon leur taille), bateaux pour le transport des troupes, galères rapides et puissantes à plusieurs rangs de rames, ... apparaissent dans les récits des Anciens et sur une série de documents comme sur les reliefs assyriens, modèles en terre cuite, gravures ou bas reliefs sur des autels (comme à Kition et Akko), sur des stèles du tophet de Carthage, etc. Cf. rubrique Articles : l'expansion phénicienne.

Nechao : cf. Périples.

Nicosie : l'antique Lédra, capitale du petit royaume situé au centre nord de Chypre sur l'emplacement de l'actuelle Nicosie. L'histoire en est presque inconnue, mais la liste assyrienne d'Assarhaddon mentionne Lédra et son roi Onasagoras, nom caractéristique à Chypre.

Nikoklès : nom porté par plusieurs personnages princiers de Chypre au IV° siècle av.J.C. Nikoklès, fils d'Evagoras I, roi de Salamine (374-361). L'image du prince sage et vertueux que donne de lui Isocrate contraste avec la réputation de faste et de débauche dont font l'écho d'autres historiens. Nikoklès, fils du roi Pasikratès de Soloi qui prit part aux campagnes d'Alexandre en 331. Nikoklès, fils et successeur de Timarchos, vassal d'Alexandre et roi de Paphos jusqu'à sa mort en 309.

Nikokréon de Salamine : dernier roi de Salamine (332-310), fils et successeur de Pnytagoras. Célèbre par son goût pour le faste, il organisa des fêtes en Phénicie en l'honneur d'Alexandre, fit des offrandes dans les sanctuaires de Délos et Delphes, protégea les artistes, mais se conduisit en tyran à leur égard. Après la mort d'Alexandre, il prit d'abord parti de Ptolémée I, qui le récompensa par le titre de "stratège de Chypre". Mais cette alliance ne dura pas, en 311-310 assiégé par Ptolémée, il se donna la mort avec toute la famille royale.

Nimrud : l'une des capitales de l'Assyrie. Nimrud est un site-clé pour une juste appréciation de la civilisation phénicienne à cause des tributs et butins de guerre que les rois assyriens y ont emmagasinés : coupes de bronze, ivoires, etc. Les archives locales ont conservé également le nom de quelques uns de ces phéniciens en exil qui continuaient à pratiquer leur artisanat sur place.

Nora : la plus ancienne fondation phénicienne de Sardaigne, située sur la péninsule de Capo di Pula rattachée par un isthme à la côte méridionale de l'île. Le premier document attestant une présence phénicienne à Nora et le culte du dieu Pumay est la stèle inscrite connue depuis 1773. Sa datation oscille entre la fin du IX° et la première moitié du VIII°s.av.J.C. Les fouilles successives ont mis à jour un tophet (1889) d'où proviennent plusieurs stèles, des nécropoles constituées de tombes à puits (VII°siècle av.J.C.), un lieu de culte rectangulaire appelé "haut-lieu de Tanit" avec quelques vestiges de l'habitat phénico-punique avec des citernes et un réseau de rues réadapté à l'époque romaine.

Numismatique : malgré l'importance de leur commerce, les Phéniciens et les Puniques frappèrent monnaie plus tard que les Lydiens et les Grecs. Les métaux précieux qui servaient aux échanges, circulaient en barres de poids divers. Bien que les premières monnaies datent du V° siècle, tant pour les Phéniciens que les Puniques, le développement du monnayage punique en Occident fut complètement indépendant de celui des Phéniciens d'Orient. Pour les cités phéniciennes, cf. rubrique Articles: Monnaie.

Nurria : nom d'une des capitales des dix rois chypriotes qui avaient payé le tribut à Asarhaddon en 673 av.J.C. et dont la liste a été reprise par Assurbanipal.

LETTRE O


Oeufs d'autruche : l'autruche se rencontrait naguère dans la steppe syrienne, les déserts de l'Egypte et du Maghreb. Cet animal était recherché aussi bien pour sa peau (excellent cuir), pour les plumes de sa queue (panache prestigieux) que pour sa chair. L'oeuf était consommé, sa coquille qui atteint 15cm dans son diamètre maximum, en est épaisse, solide et d'un beau poli d'ivoire. Elle a été utilisée très tôt dès le néolithique. Les coquilles, évidées par un petit orifice au somment, étaient peintes et décorées avec des petites formes florales. En Mésopotamie, à l'époque sumérienne, des oeufs sciés en deux parts égales et ornés de bandes en mosaïque de bitume, pierre de couleur et nacre, étaient montés en coupe (exemples trouvés dans les tombes royales d'Ur vers 2350 av.J.C.). Cette technique s'est transmise au monde égéen, où les coquilles étaient agencées sur une monture en faïence. C'est surtout l'emploi qui a été réservé aux oeufs d'autruche en Syrie dès le II° millénaire qui intéresse la civilisation phénicienne. Aussi bien au royaume de Mari sur l'Euphrate qu'à Ougarit, des coquilles brutes, simplement vidées, avaient été déposées dans les tombes. Nul doute que l'aspect spectaculaire de cet oeuf n'ait conduit à lui attribuer une certaine importance dans les croyances populaires concernant la naissance, la mort et la renaissance. On retrouve à Chypre cette même symbolique des coquilles dans les tombes du Bronze Récent. Durant le I° millénaire, c'est auprès des Phéniciens d'Occident que l'on rencontre un véritable artisanat de l'oeuf d'autruche. Les coquilles étaient ramassées dans les steppes de l'intérieur, en si grand nombre qui poussa les chercheurs à penser à une sorte d'élevage d'autruches. Ces coquilles étaient ensuite travaillées dans les ateliers puniques de la côte, le décor était obtenu à partir d'un pigment assez épais créant l'illusion du relief, en ocre rouge ou jaune et en noir. Les formes varient peu, soit coquille entière simplement découpée au sommet, soit coquille coupées en deux parts égales. Les motifs peints représentent des bandes ou des métopes enfermant des thèmes floraux. Les artisans puniques se sont spécialisés avec de petites plaques ovales représentant un oeil ou deux yeux formant un petit masque. La plupart de ces oeufs retrouvés proviennent des tombes, datées entre les VII° et III° siècles, celles peintes en masques appartenant à une période plus tardive dont beaucoup recueillies dans les nécropoles de Carthage ou de Gouraya. L'aire de dispersion de ces oeufs en Méditerranée coïncide avec celle du commerce punique : d'Ibiza à l'Espagne, de Sardaigne à la Sicile et de Malte. Ils montrèrent toutefois une certaine homogénéité, compte tenu des faibles variations stylistiques dans le temps.

Ohnefalsch-Richter (Max) : (1850- 1917), archéologue amateur allemand. Arrivé à Chypre à la fin de 1878, il y travaille comme journaliste, professeur de dessin et ingénieur forestier, mais se passionne particulièrement pour l'archéologie locale effectuant entre 1879 et 1894 de nombreuses fouilles pour le compte d'institutions officielles ou des particuliers. Sa principale contribution aux études phéniciennes restent la découverte sur le site de Tamassos, en 1885, de deux dédicaces bilingues, en phénicien et en grec syllabique du IV° siècle, adressées à un Resheph-Apollon. Il a également dressé une liste des sanctuaires chypriote (Kypros, die Bibel und Humer I-II - Berlin 1893).

Olbia : ville du Nord-est de la Sardaigne, située au fond du golfe d'Olbia. Alors que les auteurs classiques attribuent sa fondation à Iolaos, les linguistes rattachent son nom à une racine méditerranéenne. Les nécropoles se situant au Nord-ouest d'Olbia ( Fontana Noa, Abba Ona, ...) attestent de la pratique de l'inhumation et de l'incinération. Elles comprennent des tombes à puits avec chambre, creusés en pente ou avec de petites marches. Le mobilier funéraire souvent modeste à influence hellénisante. Selon l'auteur antique Valère Maxime, la ville était fortifiée dès le temps de la 1ère guerre punique, ce qui n'empêcha pas les Romains se s'en emparer en 259. Près des murailles, fut découvert en 1911, une inscription punique du III°siècle av.J.C. dédiée par un Carthaginois dont la généalogie énumère seize générations.

Ophir : qualification de l'or dans divers textes bibliques. Elle est empruntée au nom d'une contrée censément aurifère qui aurait été accessible par la Mer Rouge, si l'on en croit les indications géographiques qui néanmoins restent peu fiables. Les auteurs antiques évoquent une expédition commune entreprise par Hiram & Salomon vers ce pays d'Ophir, à la recherche des richesses.

Oronte : l'actuel Nahr el-Assi, prend sa source à Ain Zarqa dans la Béqa' libanaise et se jette dans la Méditerranée sur la côte turque, près d'Antioche. Long de 487Km, il traverse une des plus importantes régions de l'Antiquité : la voie de passage obligée entre la trouée du Homs, au Sud, et la Syrie Septentrionale. De nombreux sites archéologiques témoignent de l'extrême densité de l'habitat de la plaine de l'Oronte. La préhistoire est attestée par un gisement paléolithique à Latamné, un autre du Chalcolithique, à Tell Qal'at el-Mudiq. La période du Bronze Ancien y apparaît comme l'une des plus prospères de toute la Syrie avec des vestiges importants trouvés à Hama. Les II° et I° millénaire sont attestés par les sites d'Alalakh, de Qadesh où s'affrontèrent au XIII° siècle Egyptiens et Hittites. La vallée de l'Oronte connut une nouvelle période de prospérité avec la fondation des villes séleucides d'Apamée, Séleucie et Antioche.

Osiris : dieu égyptien de la fécondité et des morts, représenté sous la forme d'une momie avec la couronne blanche et tenant les emblèmes de la royauté. Ses statuettes en bronze ou en terre cuite ont été trouvées à différents endroits dans le monde phénico-punique. Selon le mythe osirien chez Plutarque, Osiris tombe un jour dans le piège tendu par son frère Seth qui l'enferme dans un sarcophage qu'il jette dans le Nil. Arrivé à Byblos, un arbre grandit autour de lui et devient le pilier central du palais royal, mais Isis réussit à récupérer le corps de son mari et lui redonne vit grâce à la magie. Isis engendre Horus et devient roi de l'au-delà. C'est à ce mythe que se rapporte le thème d'Osiris protégé par une ou deux déesses ailées (Isis & Nephtys), ainsi sur des scarabées et des monnaies trouvées à Malte et datant des II°-I° siècles. Ce mythe renforce aussi la relation unique qui relia longtemps l'Egypte à Byblos, le mythe d'Osiris à celui d'Adonis, le dieu de la fécondité qui meurt et renaît tous les ans. Dès le Nouvel Empire, le pilier djed (connu sous forme d'amulette et représenté sur des scarabées et des plaques de faïence et d'ivoire) est considéré comme l'épine dorsale d'Osiris. Dans l'art phénicien il peut symboliser l'arbre de vie et dans le temple de Séthi I à Abydos les pèlerins phéniciens lui témoignèrent une vénération particulière à partir du V°.

Ossuaires : récipients contenant les ossements du mort liés, chez les Phéniciens, à l'incinération. Ils sont de formes cubiques (abritant les os calcinés), de vases en terre cuites (parfois en albâtre ou en onyx blanc comme à Almunecar & Carthage), en caisses de bois, de paniers ou enfin de sarcophages miniatures, surmontés d'un couvercle plat ou à double pente parfois sculptés. L'ossuaire est accompagné dans la tombe de vases cinéraires renfermant les autres débris provenant de l'incinération. Deux de ces ossuaires, exhumés dans la nécropole de Sainte Monique à Carthage, portent sur leur couvercle la statue funéraire du défunt comme dans les grands sarcophages à statue. Les ossuaires étaient déposés en pleine terre ou dans des puits mais surtout dans la chambre funéraire.

Ostraca : les Ostraca sont des tessons de poterie brisée qui servent de support matériel à l'écriture, exactement comme une feuille de papier et se distinguent ainsi des graffiti et inscriptions sur vases qui impliquent une relation fonctionnelle entre l'épigraphe et le récipient. A la différence des textes gravés sur pierre ou écrits sur cuir ou papyrus, les inscriptions sur ostracas n'ont en général qu'un intérêt éphémère pour leur auteur ou leur destinataire, s'il s'agit de missives, et sont plus ordinairement tracées en caractères cursifs, donc plus difficiles à déchiffrer.

Ounamon ou Wenamon : cf. rubrique Documents.

LETTRE P


Palaebyblos : site mentionné par Strabon et Pline, localisé dans la baie de Jounieh, entre le Nahr el-Maameltein et Nahr el-kalb. Il faut chercher Palaebyblos soit à Jounieh soit à Sarba. Malgré son nom, il n'est pas certain que ce site soit habité à l'époque phénicienne.

Palaetyr ou Usu : dépendance de Tyr sur la terre ferme, vraisemblablement la Palaituros des Grecs. Attestée dès le XIX° siècle av.J.C. dans les textes d'exécration égyptiens, Usu apparaît dans les lettres d'el-Amarna, au XIV° siècle puis dans les listes topographiques de Séthi I et de Ramsès II, ainsi que dans le Papyrus Anastasi I au XIII° siècle. Ces documents concordent pour en faire un lieu d'approvisionnement en eau, transportée par bateau vers l'île de Tyr qui s'y approvisionnait aussi en bois, paille, argile. En outre, au temps d'el-Amarna, la nécropole de Tyr se trouvait sur le territoire d'Usu. Au I° millénaire, Usu se serait rendue à un roi assyrien (Salmanasar V), mais elle n'est pas signalée dans les textes assyriens connus, avant Sennachérib qui s'en empare lors de sa campagne contre Tyr et Sidon. Ensuite elle n'est nommée qu'au temps d'Assurbanipal qui la pille à son retour de campagne contre les Arabes. Ousoos, que Philon de Byblos mentionne en connexion avec Tyr, pourrait tirer son nom de celui d'Usu et on peut se demander si la Usa des textes talmudiques (où se tint le synode des sages juifs au milieu du II° siècle ap.J.C.) n'est pas une forme aramaïsée du nom d'Usu. On situe souvent Usu à Tell Rachidiyé, à 4Km au Sud de Tyr, près des sources de Ras el-Aïn, qui alimentaient Tyr en eau et irriguaient les terres. Les fouilles de la nécropole de Tell Rachidiyé ont livré de la céramique phénicienne remontant au VIII° siècle av.J.C.. D'autres localisations restent possibles en vue d'autres fouilles.

Palerme : une des plus anciennes colonies phéniciennes de Sicile. Elle servit de base navale carthaginoise pour les opérations contre Himère. Elle fut mêlée au conflit entre Carthage et Syracuse à la fin du V° et au début du IV° siècle. Conquise par Pyrrhus en 276, elle fut occupée par les Romains en 254 et resta sous leur domination malgré deux tentatives de reconquête carthaginoise. La ville antique, localisée sous la ville moderne, s'est érigée sur un promontoire situé entre fleuves. Le noyau le plus ancien (Paléapolis) occupait la zone la plus élevée et méridionale, le noyau récent (Néapolis), fondé au VI° siècle, occupait le reste du promontoire jusqu'au port. La ville conserve certaines portions de l'enceinte au-delà de laquelle se trouvait une vaste nécropole à inhumation et incinération. Les 1000 tombes consistaient en chambres hypogées avec couloir d'accès et escaliers. Elles contenaient 1 à 3 sarcophages creusés in situ dans la roche. D'autres tombes à fosse, pareillement creusées dans la roche, étaient peut-être destinées aux sépultures des enfants. Les mobiliers funéraires comportaient de la céramique punique associée à celle d'importation grecque, des amulettes, des bijoux en argent et bronze , des récipients pour onguents, etc. La nécropole, dont le matériel le plus ancien ne remonte pas au-delà du VII° siècle av.J.C., fut en partie réutilisée à l'époque romaine, au moins jusqu'au Ier siècle ap.J.C.

Palma di Cesnola : Luigi, (1832-1904), archéologue amateur et collectionneur, consul des Etats-Unis à Chypre (1865-1876) puis directeur du Metropolitan Museum of Art de New York (1879-1904). Ardent explorateur des sites antiques de Chypre, il décrit sa collection dans plusieurs livres A descriptive Atlas of the Cesnola Collection I-III (Boston - New York 1885-1903), Handbook of the cesnola Collection of Antiquities from Cyprus (New York 1914) préparé par J.L. Myres, Cyprus, its Ancient Cities, Tombs and temples (London 1877). Parmi ses plus belles découvertes deux sarcophages anthropoïdes de type sidonien découverts, l'un à Kition, l'autre à Amathonte. Alessandro (1839-1914) frère de Luigi et également collectionneur d'antiquités chypriotes. Il séjourna dans l'île entre 1873 & 1887 explorant surtout la région de Salamine, dont il traite dans Salamina (London 1882, 1887).

Paphos : capitale d'un grand royaume de Chypre, vers l'extrémité Sud-ouest de l'île, plus précisément l'Ancienne Paphos ou Palaepaphos, sur l'emplacement du village actuel de Kouklia. A ne pas confondre avec la Paphos moderne à environ 15Km à l'Ouest, capitale du district, longtemps dénommée Ktima. Rares sont les traces phéniciennes trouvées dans cette capitale, à part les dédicaces à la "reine" ou "princesse" Aphrodite, datant du III° siècle. Pour cela il convient de parler plutôt d'influences phéniciennes.

Papyrus : l'emploi de rouleaux de papyrus comme support pour l'écriture est attesté en Phénicie dès le XI° siècle. Le récit d'Ounamon mentionne une livraison de rouleaux à Sakarbaal, prince de Byblos, ville portuaire qui, grâce à son rôle intermédiaire dans l'exportation de ce produit, prêta son nom aux rouleaux de papier ainsi qu'à l'ensemble des écrits de la Bible.

Parfums : en Phénicie, le parfum avait de multiples usages : religieux, funéraire et domestique. Il devint très tôt une spécialité phénicienne, poinikijo, désignant en mycénien l'aromate par excellence. Il y figure également dans les tributs assyriens. Selon Pline, les Phéniciens furent des fabricants réputés, on retrouvait le parfum à l'huile d'amande, le parfum au lys d'Ascalon, le henné de Sidon, le telinum. Ils cultivaient les essences rares et importaient d'autres comme l'encens d'Arabie ainsi que des parfums en provenance de l'Asie tropicale.

Patèque : selon Hérodote, Cambyse se gaussa fort de la statue du dieu Ptah (Héphaïstos) à Memphis : "elle ressemble beaucoup en effet aux patèques, ces images que les Phéniciens promènent sur les mers à la proue de leurs vaisseaux, pour en donner une idée à qui n'a jamais vu, je dirais qu'elles représentent un pygmée". Aussi les archéologues ont désigné du nom de patèque de petites figurines (amulettes), nombreuses depuis le Nouvel Empire et durant la Basse Epoque représentant une sorte de nouveau-né nu, difforme : grosse tête aplatie, jambes courtes et arquées. Elles avaient une valeur apotropaïque à l'instar des images du dieu Bès. Dans la diffusion par le commerce phénicien des amulettes égyptiennes et égyptisantes, les patèques ont été largement répandus sur tout le pourtour méditerranéen et repris plus tard par les coroplastes de la Grèce archaïque puis hellénistique.

Périples : les anciens périples ou voyages de circumnavigation nous intéressent dans la mesure où ils constituent des sources pour l'étude de l'expansion et des activités maritimes phénico-puniques.

Périple d'Afrique sous Néchao, Hérodote évoque le périple de trois ans accompli par des marins phéniciens sous le pharaon Néchao II (610-595). Partis par la mer Rouge, ils auraient fait le tour de l'Afrique et seraient revenus par Gibraltar.

Périple de Hannon, cf. rubrique Personnages.

Voyage d'Himilcon, ce voyage mentionné par Pline nous est parvenu grâce aux extraits en vers d'Avenius. Au IV° siècle ap.J.C. Himilcon aurait décrit son voyage de quatre mois jusqu'aux îles Oestrymnides qu'Avenius met en rapport soit avec l'Irlande, les Cornouailles et la Bretagne française, soit avec le Nord de l'Espagne (La Galice).

Périple du Pseudo-Skylax, Skylas de Karyanda avait écrit à la fin du VI° siècle, un Périple de la mer intérieure, c'est-à-dire la mer Méditerranée. Ce récit contient des informations précieuses sur la côte phénicienne ainsi que les établissements phénico-puniques du bassin occidental de la Méditerranée et de la côte atlantique.

Le Périple de Polybe, évoque les établissements sur la côte atlantique du Maroc. Navigations d'Eudoxe de Cyzique (117-109 av.J.C.) retracent l'implantation phénicienne à Gadès et Lixus. Stadiasme de la Grande Mer, ouvrage anonyme basé sur un oeuvre grecque du III°s. av.J.C. dont certaines sources remontent au I°siècle av.J.C.. Il contient d'excellentes instructions nautiques sur les mouillages en Méditerranée, les points d'eau et les distances entre les différents lieux nommés. Les sections préservées concernent les trajets d'Alexandrie- Utique et Arwad-Milet ainsi que Chypre et la Crète.

Persée : ancêtre d'une illustre lignée assez connue à Kition, dont six de ses membres portèrent le titre de "chef des courtiers". Cette fonction, apparemment héréditaire, pouvait avoir quelque rapport avec la cour royale de Kition. Le nom porte à penser que la famille fût d'origine perse. Nom porté également par le fils de Démétrios de Kition (vers 306-243 av.J.C.). Il fut disciple de Zénon de Kition, à Athènes. Zénon l'envoya à la Pella, à la Cour d'Antigone II Gonatas, où Persée acquit une grande influence et fut précepteur d'Halyconès, le fils d'Antigone. Nommé commandant militaire de Corinthe en 244, il laissa tomber la ville et la citadelle aux mains d'Aratos (243) et commit le suicide. Fidèle à la pensée de Zénon, il écrivit des traités "de la royauté", "Politique lacédémonienne", des "dialogues de banquet", etc., dont ne subsistent que des fragments.

Perses : l'histoire de la domination perse sur les cités phéniciennes est assez mal connue vu les lacunes dues au manque de documentation et à la distorsion entre les données archéologiques et les sources classiques. Le début de la domination perse remonte à environ 539 av.J.C. Comme tous les envahisseurs qui les ont précédés, les Perses cherchaient un débouché sur la Méditerranée et le contrôle de la puissance navale phénicienne avec toutes ses richesses. Cambyse (530-522) utilisa la flotte phénicienne pour sa conquête de l'Egypte. Néanmoins, la conquête des cités grecques de l'Asie Mineure mit les Perses en contact avec le monde grec. Les conflits militaires (les guerres médiques) qui les opposèrent sont uniquement connues par les sources classiques. La flotte phénicienne ne constituait pas toute l'armée navale perse mais son importance ne se démentit pas sous Darius (521-486), aussi bien pendant la soumission des Ioniens des îles que dans l'écrasement des révoltes de l'Ionie et d'Onésilos de Salamine. Cette flotte se distingua durant la 2ème guerre médique sous Xerxès (486-464) qui établit des relations privilégiées avec le roi de Sidon. Après la défaite de Salamine en 480, elle connut des échecs successifs. Pendant les règnes d'Artaxerxés (464-425) et de Darius II (425-404) elle n'intervint jamais mais joua un rôle important dans la politique perse en Méditerranée orientale, tantôt brandie comme menace, tantôt comme un secours. Les relations de coopération entre les cités phéniciennes et l'occupant perse ne dura pas longtemps. La révolte de Sidon contre Artaxerxés III fut durement réprimée avec l'exécution du roi Tabnit II et la destruction de la cité. On suppose que Tyr aurait profité de la disgrâce de Sidon pour prendre l'hégémonie. La rapidité avec laquelle les cités phéniciennes se soumirent à Alexandre (à l'exception de Tyr) donne à penser que les relations avec occupants perses n'étaient pas excellentes. Du côté administratif nous pouvons noter que les cités phéniciennes furent d'abord incluses dans la même satrapie que la Babylonie et puis dans celle d'Abar-Nahara (à l'époque de Darius I). Les rois phéniciens, par satrapes et gouverneurs interposés, étaient les interlocuteurs du Grand Roi. La gestion interne était toujours assurée par leurs soins, facilitant ainsi la perception du tribut et des taxes diverses. Ces cités devaient également fournir du bois de cèdre, des artisans, des flottes, des équipages, etc. Les Perses ont été intéressés par certains sites phéniciens pour leurs positions stratégiques. Au total la domination perse a laissé peu de traces dans l'archéologie, à part le sarcophage du roi Echmounazor. Néanmoins l'apparition de la monnaie dans les échanges peut-être datée de cette époque, avec l'utilisation de la darique frappée par Darius I à son effigie.

Peuples de la Mer : les historiens désignent conventionnellement sous ce nom des groupes de peuples qui, selon les sources égyptiennes, auraient opéré des mouvements migratoires vers la fin du II° millénaire. Ces groupes ne sont pas homogènes, il s'agit de coalitions de circonstance. Ils sont qualifiés aussi de peuples venant du Nord, des îles ou pays étrangers. Du point de vue chronologique, deux groupes sont à considérer :

Sous Merneptah, vers la fin du XIII° siècle, une première série des "Peuples de la Mer" apparaît en Libye dans l'armée du roi Meriaï. Cinq noms sont connus : Teresh (les Tyrsènes ou Etrusques qui, selon Hérodote, seraient venus d'Asie Mineure) Shekelesh (ancêtres des Sikèles qui ont donné leur nom à la Sicile, peut-être originaires de Sagalassos en Asie Mineure) Eqwesh (les Achéens d'Asie Mineure) Sherden (leur nom serait le même que celui de la Sardaigne) et Rukka (probablement les Lyciens).

Sous Ramsès III, la plus importante coalition tenta de pénétrer en Egypte, au XII° siècle et dont les reliefs et inscriptions du temple de Medinet Habu conservent le souvenir. Deux groupes venant du Nord s'avancent vers l'Egypte. l'un par voie de terre anéantit le royaume hittite, pille le Sud de l'Anatolie, ravage Karkémish, détruit Ougarit et descend vers le pays d'Amurru, dans la région de Homs où il rencontre le deuxième contingent venu par mer. Ils poursuivent leur route de concert et sont arrêtés de justesse aux portes de l'Egypte. On trouve parmi eux Pereset (groupe qui a donné son nom aux Philistins), Tjekker (installé dans la région de Dor, d'après le récit d'Ounamon) Denyen (de la région d'Adana en Cilicie) Weshesh (inconnu par ailleurs). Ces "Peuples de la Mer" ont exercé sur le proche-Orient une pression croissante, qui se serait muée en invasion véritable à la fin de l'âge du Bronze. La plupart des destructions qui marquent la transition vers l'âge de Fer seraient ainsi leur oeuvre. Mais en cette fin du II° millénaire, la région connaissait une période de crise et d'instabilité générales dont les mouvements des "Peuples de la Mer" ne sont qu'un aspect. Quant aux théories qui voudraient que parmi les "Peuples de la Mer" se soit trouvé un important contingent de réfugiés mycéniens qui auraient revivifié les cités phéniciennes en leur injectant un sang neuf et qui auraient développé les techniques de navigation, semblent tenir de l'imagination.

Philistins : le nom de Philistins d'où dérive le nom de Palestine apparaît parmi la vague des "Peuples de la Mer" arrêtés de justesse aux portes de l'Egypte par Ramsès III au début du XII° siècle av.J.C. Certains de ces "Peuples de la Mer" se seraient par la suite installés sur la côte avec l'assentiment de l'Egypte. Ils constituent cinq principautés : Gaza, Ascalon, Ashod, Gath et Erqon. L'influence ouest-sémitique subie se manifestait dans leur religion. Ils honoraient Baal, Astarté, Dagan. Hormis un type de céramique à décor polychrome qui pourraient dériver des prototypes mycéniens et des sarcophages anthropomorphes en terre cuite, d'origine vraisemblablement égyptienne, la culture matérielle des Philistins est pratiquement inconnue. Une relation avec les cités Phéniciennes voisines pouvait exister, relation pacifique ou de domination telle la conquête de Sidon par le roi d'Ascalon.

Philon de Byblos : historien d'origine phénicienne écrivant en grec. Né sous le règne de Néron (54-68 ), il mourut après Hadrien (117-138) sur le règne duquel il rédigea un essai. Il écrivit plusieurs ouvrages dont il ne subsiste que quelques titres. Le seul livre dont il a été conservé quelques importants fragments est son Histoire phénicienne. Il reste la principale source de connaissance de la Phénicie avant que soient entreprises des fouilles archéologiques au Levant. l'ouvrage de cet ardent "nationaliste" paraît d'abord destiné à montrer la prééminence des Phéniciens sur tous les autres peuples. Les historiens parlent d'une influence directe de Sanchuniaton de Béryte (l'actuelle Beyrouth) qui aurait vécu à l'époque de la guerre de Troie (XIII°-XII° siècles av.J.C.) et qui aurait écrit aussi une Histoire phénicienne en phénicien. Certains diront que Philon n'a fait que traduire le livre de Sanchuniaton en grec, comme le confirme Eusèbe de Césarée. Les fragments conservés de cette Histoire phénicienne commencent par une cosmogonie, suivie par l'histoire de Kronos (le Temps) et d'Uranus (le Ciel) qui rappelle la théogonie d'Hésiode. Le reste raconte les sacrifices humains et divers rites observés. Philon a voulu donner une explication rationnelle aux mythes rapportés et il a surtout su les accommoder au goût de ses contemporains.

Phocéens : Grecs originaires de Phocée, cité ionienne de la côte anatolienne (Turquie actuelle). Leur première colonie fut Massalia (Marseille) fondée vers 600 av.J.C. Une dizaine d'années plus tard, ce fut le tour d'Emporium (Ampurias) et, plus au sud, Mainaké et Alonis. Sur la côte Est de la Corse ils fondent Alalia vers 565 av.J.C. Leur objectif était le commerce des métaux, pour cela ils s'y trouvaient aux côtés ou en rivalité avec les Phéniciens. Après la prise de Phocée par les Perses en 545 av.J.C., des réfugiés vinrent gonfler la population d'Alalia et ainsi le conflit avec les partenaires occidentaux devint inévitable. La bataille d'Alalia, en 540, opposa les Phocéens aux Etrusques et Carthaginois. Ils ne tardèrent pas à s'installer à Elée (Velia) au sud de Paestum, puis peu à peu Marseille s'imposa parmi les fondations phocéennes les plus importante du Sud de la France, d'Agde à Nice.

Phoinix : le terme grec phoinix et ses dérivés viennent de phoinos "rouge". Il peut signifier la couleur pourpre, le dattier, le phénix aux ailes rouges, une sorte de cithare. Les Grecs donnèrent ce nom aux commerçants venus des cités levantines, de souche cananéenne, qui se présentaient par rapport à leur cité : Sidoniens, Tyriens ou Giblites (Gebal, Byblos). C'est probablement par référence au "rouge" qu'une légende étiologique, rapportée déjà par Hérodote, fait venir les Phéniciens des rivages de la "Mer Rouge". cf., rubrique Articles, Découverte.

Pirée (le) : port principal d'Athènes dès le V° siècle av.J.C. où une communauté de marchands phéniciens était installée à partir de la même époque, sinon depuis le IV° siècle.

Porphyréon : ville du littoral phénicien mentionnée par Skylax, localisée à huit milles romains au Nord de Sidon, au Liban, ce qui permet de l'identifier aux vestiges de khan en-Nabi Younès, l'antique Gi. Antonin de Plaisance signale une autre ville de Porphyréon, dont le nom se réfère à Haïfa (en Israël), ainsi que le confirme Guillaume de Tyr au XII° siècle.

Pourpre : article en préparation.

Pratique funéraires : conformément à la tradition sémitique, les Puniques inhumaient leurs morts. Cédant pourtant à des influences étrangères, ils dérogèrent parfois à cet usage, lui substituant la pratique de la crémation. L'inhumation : des sarcophages de pierre ou de terre cuite, des banquettes ou des auges, des cercueils ou des catafalques de bois servaient de couches aux défunts. Assez rarement décorés, les sarcophages avaient parfois une forme anthropoïde. Des observations laissent penser que les corps étaient soumis à une toilette rituelle, habillés de vêtements d'apparat ou enveloppés de linceuls et parés de bijoux. Ensuite, ils étaient installés dans le réduit funéraire avec leur mobilier autour d'eux. Les archéologues supposent que la cérémonie des funérailles était ponctuée de comportements ou de gestes rituels : cortège funèbre, groupe de pleureuses, fumigations d'encens, etc. L'incinération : dans ce cas les ossements habituellement brisés et tamisés, étaient confiés à la terre ou à des ossuaires d'argile, bois, pierre ou plomb. Les archéologues ont distingués deux rites d'incinération d'après la typologie des tombes ou le traitement du mobilier d'accompagnement. A Carthage cette pratique remonte aux VII°-VI°siècles.

Prostitution sacrée : les témoignages des auteurs anciens semblent parfois confondre trois coutumes distinctes : celles du rite hiérogamique (union sacrée) accompli lors des célébrations de la mort et de la résurrection du dieu (comme au temple d'Astarté à Afqa dans région de Byblos pour célébrer la mort d'Adonis), celles des vierges qui se donnent à une étranger dans le temple et se marient par la suite, et celle des femmes et des hommes voués au service d'une divinité et se livrant à la prostitution sacrée, non plus temporaire, mais permanente, dans le but de favoriser la fécondité de la nature. Des prostitués professionnels des deux sexes étaient attachés au sanctuaires phéniciens, spécialement ceux d'Astarté, auxquels ils procuraient des émoluments importants. Ces hiérodules étaient appelés "filles nubiles" ou "servantes d'Astarté". Les prostitués mâles ou pédérastes étaient qualifiés de "chiens", terme soulignant leur attachement à la divinité, ou "jeunes garçons", "minets" ou "serviteurs d'Astarté". Cette activité était gérée par les sanctuaires ou, dans certaines îles, par la municipalité (comme à Bulla Regia, en Tunisie). Dans l'art, le thème de la "femme à la fenêtre", la Parakùptousa chypriote, la Vénus prospiciens de Salamine, tout comme la statuette de l'Astarté nue de Séville, évoquent cette prostitution sacrée.

Pseudo-hiéroglyphes giblites : les fouilles de Byblos ont livré, à partir de 1929, 13 inscriptions gravées sur des stèles de pierres, ainsi que des tablettes et spatules de bronze, dans une écriture qui comporte 120 signes reconnus, qualifiés conventionnellement de "pseudo-hiéroglyphes". Ces signes, dont certains paraissent dériver des hiéroglyphes égyptiens ou, plutôt des signes hiératiques remontant au XVIII° siècle av.J.C. Cette écriture, difficilement déchiffrable (malgré les efforts de E. Dhorme & G.E. Mendenhall), servait à noter une langue ouest-sémitique, dont le dialecte phénicien de Byblos est issu.

Ptah : dieu suprême de Memphis, où les divinités sémitiques comme Resheph, semblent lui être associées dès le Nouvel Empire. Démiurge et patron des artisans, il fut assimilé au dieu sémitique Chousor et à l'Héphaïstos grec. Vénéré par les Phéniciens d'Egypte au moins depuis le VII° siècle, sous son nom ou sous celui du taureau Apis, il est reconnaissable à sa silhouette momiforme, coiffée d'une calotte et tenant un sceptre.

Pumay : théonyme désignant un dieu d'origine vraisemblablement chypriote auquel est dédiée la stèle de Nora. Pumay serait le pendant chypriote de l'Adonis phénicien, ce qui permettrait de voir en lui un dieu indigène de la végétation, mourrant et ressuscitant comme l'Adonis giblite.

Puniques : dans l'usage courant aujourd'hui, "carthaginois" et "puniques" sont à peu près synonymes. Lorsqu'on veut les distinguer, on utilise le terme "carthaginois" pour tout ce qui a directement trait à "Carthage" et "punique" pour tout de qui gravite dans l'orbite de Carthage sans lui être expressément associé. Outre ces deux termes, on dit parfois les "Phéniciens d'Occident", pour désigner soit l'ensemble des établissements phéniciens de l'Italie à l'Atlantique, soit les éléments de ce monde phénicien qui ne sont pas spécifiquement phéniciens.

Pygmalion : nom de divers personnages historiques ou légendaires. Pygmalion, roi légendaire de Chypre, peut-être d'origine phénicienne, il s'éprit d'une statue à laquelle Aphrodite donna la vie et qui en eut une fille nommé Paphos, laquelle engendra Kinyras. Selon une autre tradition légendaire Pygmalion serait le grand-père d'Adonis que sa fille Métharmé aurait eu avec Kinyras. Pygmalion est aussi le nom d'une divinité mentionnée avec Astarté dans l'inscription gravée sur le médaillon de Carthage. Pygmalion, roi de Tyr, fils de Matten et frère d'Elissa. Il succéda à son père alors qu'il n'était encore qu'un enfant. Il fit assassiner Acherbas, son oncle et le mari de sa soeur, pour s'approprier ses trésors. Prévenue en songe, Elissa parvint à s'enfuir avec les trésors vers les côtes de l'Afrique du Nord et fonda quelques années plus tard la célèbre cité de Carthage. Pygmalion fut aussi le nom porté par le dernier roi Kition.

LETTRE Q


Qarthadath : cf. Carthage.

Qédesh : ville située en Galilée du Nord, à 36Km à l'Est de Tyr. Comptée dans l'Ancien testament parmi les lieux de refuge et les villes lévitiques. Elle fut prise par Téglat Phalasar II qui en déporta les habitants. Placée à la frontière du pays de Tyr et de la Galilée par Flavius Joseph, c'était en fait une ville tyrienne, où les inscriptions grecques étaient datées d'après l'ère de Tyr. L'intendant Zénon y est demeuré un certain temps en 259/8 av.J.C. et les généraux de Démétrios II y établirent leur quartier général. Le site conserve de nombreux vestiges de mausolées, de sarcophages décorés, de tombes creusées sans le rocher des collines avoisinantes et les ruines du temple des II°-III° siècles ap.J.C. dédié au "Dieu Saint du Ciel" c'est-à-dire à Baal Shamêm, mentionné dans l'une des inscriptions.

LETTRE R


Rab : littéralement "chef", titre qui entre généralement avec d'autres termes et désigne alors le "chef de l'armée", le "chef des scribes", etc. Employé seul à Carthage, il désigne un dignitaire, qui peut-être parfois suffète. Il est vraisemblable aussi que rab qualifiait le "sénateur" ou un membre du "Conseil des Anciens". Le pluriel rabbîm est employé comme synonyme d"Anciens".

Ras al Wardija (Malte) : suite d'un sanctuaire rural découvert sur la haute falaise au Nord-ouest de l'île de Gozzo (Malte). Très ruiné, il s'articule sur plusieurs niveaux. La partie supérieure comporte une chambre creusée dans la roche, aux murs percés de niches dont quatre à entablement et une cinquième surmontée d'un fronton. De larges banquettes destinées à des rites collectifs courent de long de trois côtés et flanquent la façade à l'extérieur. A l'entrée, on trouve des bassins pour les libations ainsi qu'une citerne munie de gradins. Sur la terrasse inférieure, une enceinte rectangulaire, dont le côté conservé mesure environ 13m. Au centre, la roche porte des marques de légers creux sans doute destinés à recevoir les bases pour les objets ou des symboles cultuels. Un monolithe isolé, de 1,25m de hauteur, pourrait être une stèle ou un bétyle.

Ras el Bassit (Lattaquié) : site côtier de la Syrie, à 50Km de Lattaquié (Laodicée) dans une baie de 8Km de large, protégée par le cap de ras el-Bassit et dominée par le Djebel el-Aqra' (Baal Saphon) culminant à 1728m. Le port et le village ont été occupés du milieu du II° millénaire av.J.C. au VII° siècle ap.J.C. L'installation primitive à proximité immédiate de la plage, s'étend vers le Sud à la période hellénistique. Les fouilles de 1971-1987 ont été centrées sur l'habitat ancien et la nécropole de l'âge de Fer. Du Bronze récent on note un grand bâtiment, une maison à porche et une tombe à fosse avec trois inhumations simultanées. Dès ce moment, les importations de céramique proviennent essentiellement de Chypre. Au Bronze Récent II,on relève un bâtiment (24,4x10m) et une maison, sur deux cotés d'une vaste place empierrée. Avant-poste du royaume d'Ougarit, Ras el-Bassit est évacuée à la fin du XIII° siècle avant un incendie partiel. La réoccupation paraît presque immédiate, comme l'indiquent les fragments céramiques du Mycénien II C et la poterie locale, elle continue pendant l'âge de Fer où l'on relève 9 niveaux entre le XII° et VI° siècles. De ville ouverte, la cité sera ceinte d'un rempart dans la seconde moitié du VII° siècle. A toutes périodes, de petites maisons à une ou deux pièces, isolées, se succèdent à un rythme rapide. La nécropole à incinération des VIII°-VII° siècles a livré 50 tombes en jarres en deçà et au-delà de l'enceinte. La céramique locale est souvent décorée et les importations, d'une variété exceptionnelle pour la côte syrienne, forment constamment un lot très important, où Chypre domine du XI° au VII° siècles. A partir du X° siècle s'ajoutent des importations des cités phéniciennes, notamment les amphores à bandes bichromes et toutes les variétés de Red Slip, ainsi que les poteries de l'Egée, de l'Eubée, des Cyclades, puis de la Grèce de l'Est à la fin du VII° siècle. Au cours du VI° siècle, les importations attiques finissent pas supplanter toutes les autres. Après une courte baisse d'activité, la ville reprend de l'importance au IV° siècle et bat monnaie dans le troisième quart du siècle. L'acropole est alors occupée, la zone basse devenant un quartier portuaire et artisanal qui conservera son caractère jusqu'au début du VII° siècle ap.J.C.

Ras el Fortass (Tunisie) : forteresse du Cap Bon, édifiée sur un cap surplombant d'environ 100m le golfe de Tunis. Bâtie sur un habitat libyque préexistant dont elle a remployé en partie les structures, elle barre l'accès à l'extrémité du Cap au moyen de deux courtines défensives dont les murs dépassent 3 à 4m d'épaisseur comportant des tours de flanquement. D'après les techniques utilisées les archéologues ont daté les origines de la forteresse vers le V° siècle av.J.C. Elle fut reconstruite sous l'Empire Romain et utilisée à nouveau à l'époque arabe. La grande nécropole située sur le plateau au Sud-est du Cap, comportant une vingtaine de tumulus, devait dépendre de l'habitat libyque, antérieur à la forteresse.

Ras en-Naqoura : la plus méridionale des deux avancées du massif qui limite au Nord la plaine d'Akko. Elle surplombe à 50m et paraît constituer les "Echelles de Tyr". De point de vue géographique, Ras en-Naqoura procurait une frontière naturelle au Sud du pays de Tyr. Les historiens s'accordent à l'identifier au Cap Sacré des listes typographiques égyptiennes et les Annales de Salmanasar III. Le site a livré des vestiges du Bronze Ancien et du Bronze Moyen I.

Ras Ibn Hani (Lattaquié) : situé sur le cap de ce nom, à 10 Km au Nord de Lattaquié, c'est l'une des principales agglomérations du royaume d'Ougarit, pourvue d'un vaste palais Sud, qui n'a livré que peu d'objets et d'un palais Nord, ayant appartenu à une reine d'Ougarit. Ce site a restitué des installations et du matériel tels : des albâtres, céramiques importées, textes cunéiformes variés, ateliers de métallurgie et de pierres dures. A la différence d'Ougarit, à jamais détruite par les "Peuples de la Mer", Ras Ibn Hani fut aussitôt reconstruit au début du XII° siècle, comme l'attestent les poteries du Mycénien III C et dérivés. Une ville puissamment fortifiée fut édifiée vers 250 par Ptolémée III. Après le retrait des Lagides, l'activité y demeura intense comme l'indiquent les monnaies des rois séleucides et des villes phéniciennes ainsi que l'abondance des anses timbrées d'amphores rhodiennes.

Ras Shamra : cf. rubrique Cités :Ougarit.

Rasoirs : les tombes puniques de Carthage, de la Sardaigne et de la Péninsule Ibérique ont livré un certain nombre d'objets de bronze, parfois de fer, en forme de rasoirs. Recueillis dans des mobiliers funéraires qui datent du VII° au II° av.J.C., posés près de la tête des morts ou au-dessus du sarcophage, ces rasoirs seraient des symboles de d'épilation purificatoire du mort. Du point de vue typologique, les rasoirs (entre 4 et 20cm) n'ont pas d'antécédents en Phénicie. Ils se rattachent le mieux à des modèles égyptiens, mais reflètent aussi des influences égéennes et italiotes. Ils ont la forme d'une petite hache, dont la lame s'élargit en bas en forme de demi-lune, le côté opposé se rétrécit en pédoncule bifide, prenant la forme d'un col d'oiseau : cygne, ou ibis avec des incisions en éventail au-dessous du col, reproduisant les rémiges de l'oiseau. Un trou ou une bélière fixée à la base du pédoncule permettaient à les suspendre. Les exemplaires les plus anciens n'ont pas de décoration, ce n'est qu'à partir du V° siècle qu'on commence à décorer les rasoirs en couvrant la lame de dessins gravés, au pointillé d'abord, au trait ensuite. La décoration montre à partir de la fin du IV° siècle une certaine complexité figurative. La quantité limitée de rasoirs trouvés dans les tombes puniques (200) permet de croire que cet objet était réservé à une classe sociale élevée. Parmi les motifs iconographiques, beaucoup sont liés à la tradition égyptienne : l'enfant Horus allaité par sa mère Isis, Horus perché sur une fleur de lotus, etc. A la tradition orientale s'attachent d'autres thèmes comme le personnage barbu avec sa hache fenestrée, identifié comme Melqart. A partir du IV° siècle s'ajoutent les thèmes d'inspiration et de style grec, dans lesquels les divinités maintiennent leur iconographie originaire comme Hermès, Héraklès, Asklépios, etc. La documentation de la Sardaigne reproduit l'évolution typologique de l'Afrique du Nord, d'où les exemplaires furent introduits dans l'île, au cours du III° siècle av.J.C. L'originalité de certaines figurations témoignent de l'art d'un graveur local travaillant sur des rasoirs importés non figurés. Les plus anciens rasoirs ibériques révèlent une fidélité aux modèles africains archaïques, mais s'éloignent ensuite, faisant preuve d'une certaine autonomie typologique, connaissant un essor remarquable au cours du IV° av.J.C.

Renan Ernest : (1823-1892), sémitisant français, il étudia l'Ecriture Sainte, l'hébreu et le syriaque au Séminaire de Saint Sulpice à Paris, sous la direction de l'abbé le Hir. Devenu professeur au lycée de Versailles, il publia en 1848 son Histoire des langues sémitiques qui établit sa réputation d'orientaliste. Après avoir été attaché au département des manuscrits à la Bibliothèque Nationale (1851-60), il se vit confié la fameuse mission archéologique en Phénicie (1860-61), dont les résultats parurent dans Mission de Phénicie (1862-1874). Nommé en 1862 professeur d'hébreu, d'araméen et de syriaque au Collège de France, il conçut dès 1868 l'idée et le plan du Corpus Inscriptionum Semiticarum. La publication du CIS, auquel Renan (devenu membre de l'Académie en 1878) coopéra avec grand intérêt, commença en 1881 avec la parution des premiers fascicules consacrés aux inscriptions phéniciennes.

Rephaïm : le terme rephaïm est attesté trois fois dans la documentation phénico-punique. Dans les inscriptions sidoniennes de Tabnit I et d'Echmounazor II, les réphaïm sont manifestement les morts. Ils demeurent dans l'au-delà et sont opposés aux vivants qui se trouvent "sous le soleil". La troisième attestation provient d'une inscription latino-néopunique d'El-Amrouni. Les données bibliques et les textes ougaritiques mentionnent à maintes reprises les rephaïm révélant une idéologie de la mort et des morts tout à fait typique aux cultures syro-palestiniennes de l'âge du Bronze. Les rephaïm étaient les ancêtres divinisés, royaux ou non, auxquels on attribuait un rôle de guérisseurs, de dispensateurs de fécondité et de fertilité, de protecteurs des familles. Leur culte fut assez répandu, caractérisé, entre autres, par leurs réponses oraculaires. Le laconisme des attestations phénico-puniques nous empêche de voir dans quelle mesure l'ancienne idéologie s'est perpétuée au I° millénaire. même si les rephaïm phéniciens apparaissent comme des êtres passifs et lointains, la donnée d'El-Amrouni pourrait indiquer que la tradition syro-palestinienne des ancêtres guérisseurs et divinisés ne s'était pas complètement éteinte dans le monde punique.

Resheph : dieu ouest sémitique. Son origine semble être amorrite, la racine du nom signifiant "brûler". Il apparaît dans les textes d'Ebla dès le milieu du II° siècle av.J.C., même une porte de la ville portait son nom. Il est mentionné pour la dernière fois dans une inscription de Palmyre datée de l'an 6 av.J.C. Dans le panthéon d'Ougarit, Resheph est opposé à Baal. il est représenté avec des reins ceints d'un pagne étroit, coiffé de la couronne oblongue égyptienne, le bras droit levé brandissant une lance. les Phéniciens ont introduit son culte à Chypre, où il a été identifié à Apollon, lequel apparaît aussi comme dieu de la peste.

Rhodes : plusieurs historiographes classiques gardent le souvenir d'une présence phénicienne à Rhodes, qu'ils lient généralement à la légende de Cadmos. Par ailleurs, Ergias de Rhodes (IV° siècle av.J.C.) rappelle les ruses grâce auxquelles les Grecs chassèrent les Phéniciens d'Ialysos. Quant à l'archéologie, elle montre les rapports de Rhodes avec le Levant et Chypre depuis le XIV° siècle av.J.C. Ces rapports sont documentés à l'époque géométrique par l'importation à Rhodes des poteries chypriotes du Chypro-Géométrique I et se manifestent surtout au cours du Géométrique Moyen et Récent. A partir du VII° siècle apparaissent à Rhodes les cruches à lèvre étalée (cruches à bobèche) revêtues d'un engobe rouge, de fabrication syrienne (Al-Mina) et phénicienne. En se fondant sur les importations, qui donnent essor à beaucoup d'imitations locales, Coldstream pense à une implantation de potiers phéniciens dans la région d'Ialysos : depuis 725 av.J.C. ils exportent des flacons à onguent dans l'Egée et dans l'Occident grec. Les liens de Rhodes avec le Levant au cours des VIII°-VII° siècles av.J.C. sont attestés à la fois par l'implantation de fabriques de vases en faïence, qui rayonnent dans toute la Méditerranée et par les nombreux objets exotiques retrouvés dans les dépôts votifs des temples, surtout à Ialysos et à Lindos. Parmi les autres indices de la présence phénicienne à Rhodes on retrouve les inhumations d'enfants dans des amphores "en obus" des nécropoles archaïques de Kamiros et de Ialysos, de même que le tesson à trois lettres phéniciennes, trouvé dans la tombe 37 à Ialysos et daté vers 630-600 av.J.C.. A l'époque hellénistique la présence des Phéniciens est attestée par la mention d'Abdémon le Sidonien, au III° siècle et par les trois inscriptions bilingues greco-phéniciennes attribuées au II° siècle av.J.C. : une dédiée à un Kitien, une autre cite un "surintendant" ou "maître de cérémonie" et la troisième est la dédicace d'un personnage au nom typiquement rhodien. Enfin, la version grecque d'Ezéchiel cite parmi les partenaires commerciaux de Tyr "les fils de Rhodes".

Rio Guadarranque : cf. Cerro del Prado.

Rosh Melqart : toponyme punique mentionné dans deux inscriptions de Carthage et figurant vers 350 av.J.C. sur des monnaies siculo-puniques, en argent. Leur dissémination rend l'identification du site difficile. Il fut proposé Héraklès Minoa à cause de l'équation Héraklès (Melqart) à Sélinonte, en raison de la forte implantation d'Héraklès à Lilybée. D'autres interprétations désignaient des "élus de Melqart", une sorte d'association responsable de l'émission ou une institution comparable au "peuple du camp".

Royauté : les cités phéniciennes ont hérité la monarchie des mini-Etats syro-canaéens de l'âge du Bronze Récent. La royauté est un droit héréditaire, mais le principe dynastique n'inclut pas nécessairement celui de la primogéniture: Assurbanipal, choisit parmi les dix fils de Yakinlu (roi d'Arwad péri assassiné) celui qui succèdera à son père. Si l'héritier est très jeune, sa mère peut assumer le pouvoir, à l'exemple d'Immi-Ashtart qui exerça la fonction de régente à la mort du roi Tabnit. Si le roi meurt sans descendance mâle, le trône passait normalement à une lignée collatérale de la dynastie, ce dont l'accession de Bodashtart au trône de Sidon offre comme exemple. La royauté phénicienne était sacrée dans le sens que le roi et la reine étaient appelés à exercer certaines fonctions rituelles, comme le suggère les titres de "prêtre d'Astarté" et de "prêtresse d'Astarté" attribué à Sidon à Echmounazor I, Tabnit I et Immi-Ashtart. Le roi Echmounazor II, mort trop jeune, ne reçoit pas ce titre qui devait avoir quelque rapport avec le rituel de mariage sacré. Dans tous les cas le souverain était "roi par la grâce du dieu ou de la déesse", dont le choix s'exerce à chaque avènement : Yehawmilk de Byblos succède à son aïeul "par la grâce de la Baalat Gubal". En Occident la plupart des comptoirs dépendaient de la mère patrie qui y était représentée par des gouverneurs. Les affaires locales se décidaient au sein d'une assemblée du peuple ou d'un conseil "d'anciens et de juges". Rares sont les dynasties royales locales qui émergèrent à percer ci ou là (Chypre). Même le pouvoir des Barcides en Espagne restait subordonné, de moins en principe, à celui des autorités civiles à Carthage.

Russadir : "Cap Puissant". Nom phénico-punique de l'actuel Cap des Trois Fourches à l'extrémité Nord de la presqu'île des Guelaïa, puis nom "de la ville et du port" punique, à l'emplacement de la Malila ou Amlil arabe, actuelle Melilla, qui domine à la base Est de la presqu'île une petite baie servant de port à cette enclave espagnole de la côté méditerranéenne du Maroc. Les plus anciens témoins de l'habitat punique sont les amphores et les jarres du III° siècle, trouvées en 1904 dans la nécropole du Cerro de San Lorenzo, aujourd'hui disparu. Une seule inscription néo-punique et la légende punique du monnayage autonome évoquent cette culture punique de la ville à l'époque des rois de Maurétanie.

LETTRE S


S/Zakarbaal : "Baal s'est souvenu". Noms de divers personnages de la Phénicie :Zakarbaal roi d'Amurru au XI° siècle av.J.C. et nom aussi d'un des rois de Byblos au temps du voyage d'Ounamon en Phénicie vers le XI° siècle av.J.C.

Sabratha : port naturel de Tripolitaine, à 65Km à l'Ouest de Tripoli, en Libye. Les premiers vestiges archéologiques (mur d'enceinte) remontent au V° siècle, l'habitat permanent est attesté à partir de la seconde moitié du IV° siècle (près dune place du marché, place du futur forum). Le quartier du port conservera toujours le plan irrégulier de l'agglomération originelle. Les nécropoles méridionales, avec des tombes à chambre, sont connues à partir du III° siècle. La ville s'est construite dans la première partie du II° siècle avec une nouvelle enceinte et des mausolées à plan triangulaire où les traditions alexandrines furent modifiées par les tendances puniques. Un tophet fut mis en service au II°-I° siècles. La ville connut une prospérité considérable jusqu'à la chute de Carthage. Les temples importants étaient dédiés à Isis et Sérapis ou à Baal Saturne.

Sadambaal /Salammbô : "statue de Baal", théonyme mentionné vers le III° siècle av.J.C. dans l'inscription punique de Gozzo. Effigie du dieu qui apparaît sur des bronzes maltais. C'était le "favori des femmes" que ces dernières promenaient en ville, dansant autour de leur idole. Des détails sur cette procession de Sadambaal qui ouvrait au III° siècle ap.J.C. la célébration des Adonies à Séville, sont fournis par le récit des Saints Juste et Ruffin, tel que le rapportent les Pensionnaires. Salammbô fut aussi le nom d'une héroïne légendaire de Gustave Flaubert (1862). Elle inspira l'opéra inachevé de M. Moussorgsky (1863-66) et donna son nom à tout un quartier de la cité moderne de Carthage.

Safi : port de l'atlantique, à mi-chemin entre El-Djadida et Mogador (Essaouira) au Maroc. c'est l'emplacement probable de l'antique Musokaras de Ptolémée, qui laisse penser à Musok, "abri du soleil" c'est-à-dire "contre le soleil". La Cosmographie de l'Anonyme de Ravenne voquait déjà les Getuli Sofi. Si Safi avait été le site d'un comptoir phénicien ou punique, on s'expliquerait mieux la découverte, à 13Km au Nord, d'un groupes de cippes qui ressemblent aux stèles de Nora et au groupe le plus archaïque de stèles de Carthage. Pour certains archéologues, ce n'est pas une production punique périphérique mais plutôt une imitation de modèles puniques par des artisans "Gétules".

Saidah Roger : (1930-1979), archéologue libanais, né à beyrouth. Après des études classiques dans sa ville natale, il acheva sa formation à Paris et à Londres et revint au Liban en 1961. Pendant 15 ans il dirigea les circonscriptions archéologiques de Beyrouth et du Mont Liban sous la Direction générale des Antiquités. A partir de 1975, il poursuivit son activité comme expert de l'UNESCO en Jordanie, à Bahreïn, en Algérie et au Sud-Yémen jusqu'à son décès prématuré. L'important matériel céramique mis au jour pendant les fouilles qu'il dirigea à Khaldé de 1961 à 1975 et à Sidon-Dakerman de 1967 à 1975, a fait l'objet d'une thèse intitulée Sidon et la Phénicie méridionale au XIV° siècle av.J.C. dans le contexte proche-oriental à propos des tombes de Dakerman, Paris 1977.

Salamanque : en latin Helmantica, aujourd'hui Salamanca (Espagne). Ville ibérique conquise par Hannibal en 220.

Salamine de Chypre : ville antique sur la côte Est de Chypre. Jusqu'à la fin du II° millénaire, l'agglomération se trouvait à 2Km de la côte, sur le site d'Enkomi, mais l'habitat s'est déplacé au XI° siècle vers le bord de la mer, près de l'embouchure de Pédiéios. Le nom de Salamine, d'origine sémitique, apparaît en 673 av.J.C., sur la liste des tributaires chypriotes d'Asarhaddon. Au VI° siècle, Evelthon règne à Salamine où apparaît le premier monnayage chypriote. La ville prend en 499, la tête de la révolte des rois de Chypre contre Darius I, mais l'entreprise échoua. La ville joua par la suite un rôle dans les guerres médiques, cependant la paix de Caillas (449) laissa Chypre dans l'orbite perse et Salamine se voit imposer, vers 415, le roi Abdémon, un prince phénicien, ami des Perses. A la fin du V°siècle, Evagoras I remet en place le sentiment hellénique. Nikoklès lui succéda et dont le faste rivalisa avec celui de Straton I de Sidon. Viendront par la suite, Evagoras II, Pnytagoras et Nikokréon, le dernier roi qui, vaincu par Ptolémée I, se donna la mort en 311/10. Sous les Lagides, Salamine resta une ville florissante et un des centres administratifs avec Paphos. A l'époque romaine, elle garda son statut de ville de premier plan, comptant une communauté sémitique importante. Si les Salamiens étaient en relations constantes avec la Phénicie et si la présence phénicienne à Salamine a été attestée dès le IX°siècle, le culte de l'Aphrodite Parakùptousa à Salamine révèle l'impact profond de la religion et de la culture phénicienne jusqu'à l'époque impériale romaine.

Salomon : le Roi de Judée et d'Israël qui succéda à son père David. Connu pour l'érection d'un temple pour son Dieu unique Yahvé. Pour plus de détails cf. rubrique Personnages : Hiram et Salomon.

Sanchuniathon : historien de l'Antiquité, né à Béryte, l'actuelle Beyrouth. Connu pour son Histoire phénicienne rédigée en phénicien, écrite à l'époque de la guerre de Troie (XIII°-XII° siècles av.J.C.).

Sanctuaires : article en préparation.

Sarcophages : les Phéniciens semblent avoir commencé très tôt, vers la fin du III° millénaire au moins, à utiliser le sarcophage pour enterrer les morts. A la différence des Egyptiens, des Etrusques et des Grecs, ils paraissent l'avoir réservé aux grandes familles royales et aristocratiques, ce qui explique le nombre restreints de sarcophages retrouvés. Plusieurs variétés de forme ont été répertoriées :

Les cuves rectangulaires : les sarcophages en pierre les plus anciens que nous connaissons ont été recueillis dans la nécropole royale de Byblos. Ils sont inspirés des sarcophages égyptiens, en bois et en pierre, dont les formes remontent à l'Ancien Empire. Totalement dépourvus de décor jusqu'au sarcophage d'Ahiram, ils ont été taillés dans le calcaire blanc des pentes du Liban. Leurs cuves est parallélépipédique, aux parois épaisses et irrégulières, bien polies à l'extérieur et à l'intérieur. Le couvercle présente à l'extérieur une surface polygonale ou bombée dans le sens de la largeur, creuse à l'intérieur. Les deux exemplaires les plus anciens sont ceux d'Abi-shemu et de Yapa-shemu (XIX°-XVIII° siècle).

les sarcophages historiés : la cuve parallélépipédique, monumentalisée et sculptée de scènes en relief, inaugure à la fin du Bronze Récent, avec le sarcophage du roi giblite Ahiram (cf. rubrique Personnages), une nouvelle série de sépulcres royaux, avec des sarcophages enrichis de sculptures funéraires. Quatre de ces sarcophages datent de la période perse et proviennent de la nécropole royale d'Ayaa près de Sidon : sarcophages dits du Lycien, des Pleureuses, d'Abdalonymos et d'Alexandre, appartenant au Musée archéologique d'Istanbul.

les sarcophages momiformes : série de cercueils dont un seul exemplaire a été conservé à cause de la fragilité du matériau, celui du Musée de la Valette à Malte. Qualifiés de "momiformes" en terre cuite car inspirés de de la boîte à momie égyptienne, dont ils reproduisent à peu près la forme et les dimensions.

les sarcophages anthropoïdes : réalisés en pierre et fabriqués en nombre considérable dans les ateliers de Sidon, d'Amrit et attestés en quelques exemplaires à Amathonte, Chypre, Sicile et à Gadès. Ils ont été créés au début du V° siècle av.J.C. en partant des cercueils intérieurs à momie égyptiens, emboîtés les uns dans les autres, mais modifiés par une configuration humaine plus importante, inspirée de l'enveloppe en carton de la momie.

les sarcophages à statue : Carthage invente au IV° siècle un nouveau genre, les sarcophages à statue, non plus anthropoïdes mais dérivés d'eux. La statue du mort est figurée debout sur le couvercle et rabattue conventionnellement dans un plan horizontal. ces sarcophages semblent avoir subi l'influence des cercueils d'Etrurie.

les sarcophages communs :parallèlement aux sarcophages sculptés en relief, on rencontre dans la monde phénico-punique des sarcophages de pierre calcaire, de grès, de gypse ou de marbre blanc, dépourvus de tout décor ou ornés discrètement de motif floral, gravé ou peint. De l'époque romaine on reconnaît les cercueils de bois dont l'enveloppe extérieure, faite d'un alliage de plomb, était ornée de motifs moulés en relief.

Sardaigne : article en préparation.

Sarepta : aujourd'hui Sarafand. Ville identifiée avec les ruines mis au jour sur le promontoire de Ras el Qantara, à 13Km au Sud de Sidon. Le toponyme se rattache à la racine sémitique srp "brûler" ou "rougir" du métal ou des briques au feu qui pourrait refléter une des activités industrielles attestées sur le site. Les fouilles des années 1969-74 ont donné des vestiges industriels du Bronze Récent et de l'âge de Fer. Elles ont permis d'établir une séquence de types céramiques couvrant la fin du II° et le Ier millénaire av.J.C. et ont dégagé une partie de la seule manufacture de poterie connue à ce jour en Phénicie, avec 24 fours et au moins 15 ateliers. D'autres industries y sont attestées : la métallurgie, l'extraction d'huile d'olive, la teinture de pourpre, etc. La découverte d'un sanctuaire phénicien datant de la fin du Fer II et de l'époque perse a livré des statuettes phéniciennes et égyptisantes, des amulettes, un excellent exemplaire d'une tête en ivoire de la "Dame à la fenêtre" et une plaquette d'ivoire dédiée à "Tanit-Astarté", etc. Ces trouvailles constituent un apport considérable pour la connaissance de la civilisation phénicienne, de la céramique et de l'iconographie phénicienne, établissant aussi des liens chronologiques précis entre la côte levantine et les colonies de l'Occident.

Satrape : "protecteur de la royauté". Gouverneur nommé par le Grand Roi perse à la tête de la province de l'Empire, appelée "satrapie". Selon Hérodote, les cités phéniciennes appartenaient avec la Syrie-Palestine et Chypre, au 5° nome, district fiscal assimilé à la province d'Abar-Nahara ou de Transeuphratène.

Sceaux : le sceau était utilisé pour authentifier les documents écrits. On imprimait sa marque sur des bulles d'argile apposées au préalable sur le cordon qui enserrait le manuscrit de papyrus ou de cuir. Le sceau pouvait estampiller les bouchons d'argile de jarres ou d'autres récipients en argile avant cuisson (timbres amphoriques) Le nom inscrit sur le sceau permettait d'identifier le propriétaire. Sur les sceaux anépigraphes, un emblème pouvait avoir ce rôle. L'usage des cachets phéniciens inscrits se développa à partir du IX° siècle av.J.C. avec une présence fréquente d'une iconographie égyptisante (scarabées, personnages pharaoniques, etc.). Sur plusieurs sceaux privés coexistent un décor égyptisant et un nom propre phénicien. Plus tardivement l'influence hellénistique se manifestera par la transcription phénicienne d'un mot grec et la gravure des seules lettres initiales et finales d'un nom propre phénicien au-dessus d'un Héraklès.

Schröder Paul : (1844-1915), sémitisant et diplomate allemand, consul général à Beyrouth. La dissertation De linguae Phoeniciae propritatibus qu'il avait présentée en 1867 à l'Université de Halle, servit de base à son ouvrage Die phönizische Sprache. Entwurf einer Grammatik (Halle 1869, réimpression 1979), la première grammaire phénicienne qui ait fait suite aux études de Wilhelm Gesenius. Elle reste encore un ouvrage de consultation utile notamment en raison des 117 textes néo-puniques qu'elle répertorie.

Sculpture : article en préparation.

Séleucides : après la bataille d'Ipsos (301), seules entrèrent dans le royaume des Séleucides, avec le statut d'"amis", Arwad et les cités de sa confédération au Nord. Les villes du Sud furent pendant le III° siècle, l'enjeu des cinq "guerres de Syrie" entre Lagides (les Ptolémées) et Séleucides, jusqu'à la conquête d'Antiochos III en 200/199. Le roi créa une nouvelle circonscription, la "Coelé-Syrie et Phénicie" tout en gardant l'administration et même le personnel lagide. Beyrouth prit de nom de Laodicée, Ptolémaïs (Akko) prit le nom d'Antioche, deux autres villes celui de Démétrios. Le loyalisme des cités phéniciennes envers les Séleucides se traduit par les monuments érigés par Laodicée-Beyrouth à Héliodore (ministre Séleucos IV) et pour Antiochos VIII Grypos. Akko joua le rôle d'une capitale comme le montre la dédicace d'un gouverneur de région. La dernière période du règne des Séleucides fut marquée par les guerres intestines. Profitant de cet affaiblissement des Séleucides, les cités recouvrent leur autonomie attestée par le monnayage de l'époque.

Séville : une des plus importantes cités antiques d'Espagne, sur le Bas-Guadalquivir, en Andalousie occidentale. La ville elle même (à la Cuesta del Rosario) a livré du matériel phénicien mais ce sont surtout les alentours (El Carambolo, le Cerro Macareno, Los Alcores, Alhonoz, etc.) qui regorgeaient de trouvailles, remontant au VIII° siècle av.J.C. Il ne s'agit nullement de colonies phénico-puniques mais de centres tartessiens en relations commerciales avec les Phéniciens de la région de Gadès. Ceux-ci échangeaient des objets de luxe (joyaux & ivoires) ou du vin et de l'huile, transportés dans des amphores phéniciennes vers l'intérieur du pays, contre des métaux et des produits agricoles fournis par les chefs tartessiens des alentours de Séville.

Seyrig, Henri : (1895-1973), spécialiste renommé de l'hellénisme en Orient. Il fut aussi un collectionneur ou, plus littéralement, un "antiquaire" d'une compétente curiosité et d'un flair peu commun. Les études phéniciennes doivent beaucoup à son sixième sens qui lui permit souvent de distinguer les curiosa d'intérêt exceptionnel et d'écarter les contrefaçons qu'il qualifiait de "bizarrerie". Connaisseur émérite de la numismatique hellénistique de Phénicie, il étudia les Questions aradiennes, Séleucus III et Simyra, Ptolémaïs. Amateur averti et collectionneur généreux, il fit bénéficier plusieurs musées de ses libéralités et figure à ce titre sur la liste des bienfaiteurs de la Bibliothèque Nationale. Parmi ses publications, les Antiquités syriennes I-VI (Paris 1934-1966) regroupant des articles parus dans la revue Syria, ainsi que ses Scripta varia (Paris 1985), recueil d'études portant sur l'archéologie et l'histoire et ses Scripta numismatica (Paris 1986).

Shamsah : "soleil". En milieu phénico-punique, le culte officiel de Shamash est attesté par l'existence du "mois de sacrifice à Shamash", connu à Pyrgi, à kition et à Larnaka et par l'inscription de "serviteur du temple de Shamash" à Carthage. Certaines monnaies trouvées à Lixus ou Malaga portaient la légende Mqm Sms (lieu de Shamash) se référant à la divinité solaire avec l'effigie de cette divinité.

Shapatbaal : Baal a prononcé. Nom porté par trois rois de Byblos et un roi d'Arwad. Shapatbaal I, roi de Byblos dans la première moitié du IX° siècle, fils d'Elibaal. Il est connu par une dédicace à la Baalat Gubal. Shapatbaal II, roi de Byblos mentionné en 737 et 729/8 parmi les tributaires qui payèrent hommage à Téglat-Phalasar III en 738. Shapatbaal III, roi de Byblos mentionné en 500 dans l'épitaphe de son fils qui pourrait être Urumilk II. Shapatbaal , un des fils du roi Yakinlu d'Arwad, au VII° siècle.

Shiqmona : ville de la côte phénicienne, à 1300m au sud du Carmel, dans les faubourgs de Haïfa, fondée au XV° siècle av.J.C. Le site a livré plusieurs inscriptions phéniciennes dont la plus ancienne remonterait au XII° siècle. La ville était ceinte au X° siècle par un mur comportant un grand bâtiment résidentiel de 11x15m qui était en usage au IX°, période de l'apogée de la ville. La cité semble avoir subi une destruction, au VIII° siècle, lors des campagnes de Téglat-Phalasar III, néanmoins le site continua à être occupé aux périodes assyrienne et babylonienne. A l'époque perse, à la fin du VI° siècle, une nouvelle ville y est édifiée. La céramique recueillie lors des fouilles montre que des relations étroites étaient établies avec Chypre. A l'époque hellénistique, les quartiers résidentiels sont construits dans la plaine et non plus sur le petit tertre.

Sicile : article en préparation.

Sidon : cf. rubrique Cités.

Signe de Tanit : sans pouvoir confirmer qu'il se rattache à la déesse du même nom, le signe dit de Tanit est le symbole le plus fréquemment représenté sur les stèles votives d'Afrique du Nord. Apparu sur des cippes de Carthage au V° siècle, il a connu un grand succès, notamment en Numidie jusqu'au début de l'Empire romain. Si les représentations du symbole varient à l'infini, sa description comportent trois éléments essentiels :a)- la base composée d'un triangle ou d'un trapèze, b)- la barre horizontale dont les extrémités sont relevés en forme de V ou U, c)- le cercle aplati sur la barre. L'ensemble évoque une silhouette humaine bras étendus, on a voulu y voir la position d'un orant en prière. Les découvertes archéologiques ont démontré que ce signe proviendrait de l'Orient, rendant moins probable son origine carthaginoise. Pas nécessairement associé à la déesse Tanit, elle-même de souche orientale, le signe de Tanit serait issu d'une schématisation de la figure féminine frontale, apparue d'abord en Orient selon les modèles phéniciens où dérivant du symbole de vie égyptien, la croix ankh, tout comme la croix ansée des hiéroglyphes hittites. Ce signe réunirait deux idées fondamentalement présentes dans la religion phénico-punique, celles de la vie et de la fécondité, liées à la notion de salut souhaité lors du sacrifice. Il serait alors un intermédiaire entre le monde terrestre et le monde céleste figuré par le croissant et le disque.

Smiting God : l'expression anglaise "smiting god" désigne les figurines représentant le "dieu terrassant" l'ennemi, le pied gauche porté en avant, le bras droit brandissant une arme, lance ou massue. Elles sont très répandues au Proche-Orient au II° et I° millénaire. L'attitude du "smiting god", de même que le vêtement et le couvre chef, inspiré de la couronne blanche de la Haute Egypte, montrent l'influence égyptienne rappelant l'image du pharaon piétinant l'ennemi. Au nouvel Empire, lorsque les rapports entre l'Egypte et les cités du Levant s'intensifient, les "smiting god" des stèles égyptiennes figure des divinités guerrières étrangères, notamment Resheph dont le foyer principal se trouvait à Byblos. Parfois on avait aussi une déesse représentée dans la même attitude. Les modifications apportées au schéma égyptien touchent souvent la lance, le petit bouclier rond, le poignard et surtout la tiare à cornes d'origine mésopotamienne qui remplace la couronne blanche égyptienne. Trois groupes de "smiting god" furent isolés : syro-palestinien, syro-anatolien, phénicien. Dans ce dernier se rangent les 23 pièces mises au jour en dehors du Levant : à Chypre, en Grèce, Sicile, Sardaigne et dans le Sud de l'Espagne. On attribue la présence de ces statuettes au passage, dans ces régions, de marchands phéniciens qui les offraient en cadeaux aux chefs indigènes, maîtres des ressources minières et agricoles.

Soloi : capitale du royaume de Chypre, dans le Nord-ouest, sur la baie de Morphou, site moderne de Soli.. Hérodote évoque le siège de Soloi par les Perses au moment de la révolte ionienne, mais la cité subsiste comme royaume grec jusqu'à la fin des dynasties chypriotes, en 310.

Solonte : un des plus anciens comptoirs phéniciens de Sicile, situé sur la côte Nord entre Palerme et Himère. Les fouilles archéologiques du Monte Catalfano ont mis au jour des vestiges hellénistiques et romaines (IV siècle av.J.C. - II° siècle ap.J.C.). Seuls les lieux de culte sont liés à la culture punique et également quelques stèles funèbres, des brûle-encens et une statue archaïque d'une déesse assise, flanquée de sphinx ailé. Le site archaïque aurait pu se situé sur le promontoire proche de Solanto, lieu idéal pour les navigateurs phéniciens.

Sousse : cf. Hadrumète

Sphinx : héritage de l'iconographie égypto-orientale de l'âge de bronze, le sphinx est l'un des motifs les plus répandus dans l'art phénicien. Dès le début du I° millénaire, les sphinx apparaissent le plus souvent avec des ailes déployées au-dessus d'un corps léonin à taille svelte, portant la double couronne égyptienne ou la couronne solaire. Représenté dans une attitude couchée, debout, piétinant les ennemis ou grimpant sur l'arbre sacré dont il est le gardien, le sphinx symbolise le pouvoir suprême. Cette notion est illustrée par des trônes flanqués d'une paire de ces êtres hybrides, siège que partagent les divinités et leurs représentants terrestres.

Straton : nom porté par trois des rois de Sidon dont le plus célèbre régna, entre 376/70-361/58, sous Artaxerxès II. Il fut le premier souverain a prendre un nom grec, on le surnomma le "Philhellène". Ayant réservé un bon accueil à une délégation athénienne en route vers le Grand Roi, les Athéniens lui accordèrent, ainsi qu'à ses descendants, le titre de proxène. Par ailleurs, les commerçants sidoniens d'Athènes furent exempts de payer le metoikion,taxe frappant les résidents. Voulant se détacher de l'empire perse, il participa à la "révolte des satrapes" en s'alliant au pharaon Tachôs, qui chercha refuge auprès de Straton après l'échec de la révolte. Hésitant à se suicider, Straton fut tué par sa femme. Il fut connu pour son train de vie extravagant, ses banquets somptueux avec musiciens et courtisanes grecques. On lui attribue le sarcophage dit des "Pleureuses" trouvé à la nécropole royale de Sidon et conservé au Musée d'Istanbul.

Suffète : titre sémitique d'un magistrat qui intervenait souverainement dans un différend, une situation indécise, c'est-à-dire "juge" ou "gouvernant". L'institution existait en Phénicie au I° millénaire, ainsi les annales de Tyr énumèrent les suffètes qui gouvernèrent la cité pendant les 8 ans après le siège de Nabuchodonosor II au VI° siècle. On retrouvera cette fonction à Kition (Chypre), en Afrique du Nord (Carthage) ainsi que dans toutes les cités puniques du pourtour méditerranéen.

Sukas, Tell : cité antique de Syrie, à 37Km de Lattaquié, à la frontière méridionale du royaume d'Ougarit. La première occupation de ce site côtier remonte au néolithique et se poursuit à l'âge de Bronze. Touchée par le trafic mycénien au Bronze récent, la ville reprit ses relations commerciales avec l'Egée au début du I° millénaire comme en témoigne la céramique attestée dès le IX° siècle. L'importance des apports grecs entre le IX° et le VI° siècles ainsi que la présence d'un sanctuaire de structure gréco-phénicienne démontrent la présence d'une communauté grecque aux côtés des Phéniciens. Délaissée entre le V° siècle et environ 380 av.J.C., la ville fut rebâtie par les Phéniciens mais de nouveau détruite lors du séisme de 69 av.J.C.

Sulcis : l'actuelle île de San'Antioco, au Sud-ouest de la Sardaigne. Le site offre des indices de fréquentation dès l'époque préhistorique. La céramique permet de dater la formation du noyau urbain de la ville depuis la seconde moitié du VIII° av.J.C. La ville s'étendait sur le versant Nord-est de l'île, reliée à la terre ferme par un isthme qui délimitait deux ports : au Nord un port peu profond et au Sud un port en eau profonde. La position de Sulcis devient vite stratégique dans le cadre de la mainmise carthaginoise sur la Sardaigne. Son expansion dans l'arrière-pays, où la fondation de Monte Sirai date du milieu du VII° siècle, lui permettait en effet de contrôler les routes vers le Campidano et surtout vers les gisements miniers de l'Iglesiente.

Syracuse : ville de la Sicile orientale, fondée par Corinthe en 733 av.J.C. Durant la période archaïque, elle étend sa domination sur la Sicile de l'Est en créant les colonies d'Akrai, Kasmènes et Kamarina. Elle devient ensuite la cité la plus importante en Occident après Carthage, dont elle devient la principale rivale, pour la suprématie en Sicile (V°-III° siècles). Le matériel phénico-punique trouvé est rare et souvent archaïque : quelques scarabées, des vases de faïence, une lampe et quelques tessons de céramique à engobe rouge, des amphores puniques dont une marquée du signe de "Tanit".

LETTRE T


Tabnit :

Tabnit I, roi de Sidon et prêtre d'Astarté vers le dernier tiers du VI° siècle. Fils d'Echmounazor I, demi-frère et époux d'Immi-Ashtart et père du roi Echmounazor II. Son sarcophage, découvert lors des fouilles de 1887 est un sarcophage anthropoïde, encore plus égyptisant que celui de son fils, avec perruque, barbiche, pectoral et une inscription en hiéroglyphes égyptiens. Ce sarcophage fut réutilisé, son premier propriétaire fut un égyptien appelé Penptah. Il est actuellement conservé au Musée d'Istanbul.

Tabnit II, nom porté par la roi Tennès de Sidon qui succéda à Straton I. Il conduisit la révolte anti-perse avec l'aide du pharaon Nectanebo II qui lui envoya 4.000 mercenaires grecs commandés par Mentor de Rhodes. L'occasion immédiate de la révolte fut le grave échec subit par l'armée perse dans le Delta oriental au cours de l'hiver 351/0. Cet échec précipita la révolte des cités phéniciennes et chypriotes brimées par les autorités perses. Artaxerxès III Ochos envoya contre eux Mazaios, satrape de Transeuphratène et de Cilicie, et Bélésys, satrape de chypre, qui furent vaincus par les rebelles. Le Grand roi rassembla alors une imposante armée et marcha sur Sidon. Selon l'historien Diodore, Tennès (Tabnit II) aurait abandonné ses sujets en livrant la ville qui fut incendiée vers 346/5. Cependant, le fait qu'Artaxerxès III le fit exécuter, alors que Mentor et ses mercenaires passèrent au service des Perses, laisse penser que ces derniers avaient trahi les Sidoniens. Après l'exécution de Tennès, le grand roi nomma sur le trône de Sidon Evagoras II de Salamine.

Tamassos : capitale d'un petit royaume de Chypre, situé dans le centre de l'île, au Sud-ouest de Nicosie, entre les villages de Politiko et de Pera, dans une région de mines de cuivre qui lui a valu jadis sa prospérité. Deux textes importants furent découverts en 1885, lors des fouilles d'Ohnefalsch Richter au sanctuaire rural de Phrangissa. Il s'agit de deux dédicaces bilingues, en phénicien suivi du grec syllabique, adressées au dieu Resheph assimilé à Apollon par des Phéniciens.

Tanger : ville antique du Maroc, dont le nom est indigène et les origines auréolées de légende, tel le combat d'Hercule avec le géant Antée, le fondateur mythique de la cité. Les données archéologiques, plus précises, proviennent des nécropoles rurales de l'arrière-pays, auquel Tanger doit son existence en tant que centre portuaire ouvert au troc avec le Sud de l'Espagne. Cette activité, perçue dès l'âge du Bronze, créa une civilisation identique sur les deux rives du Détroit de Gibraltar dès avant l'arrivée des marchands phéniciens. Les nécropoles rurales de Tanger, notamment celle d'Aïn Dalhia Kebira, à 12Km au sud de la ville, démontrent l'avantage que les autochtones surent tirer, dès les VIII°-VII° siècles, d'un commerce avec les Phéniciens (bijoux d'or et d'argent, diverses babioles, céramiques, etc.). Cependant, c'est aux Puniques des VI°-V° siècles que la ville doit son épanouissement et c'est à cette époque que remonte la première mention de Tanger chez Hécatée de Milet, suivie du celle du Périple de Hannon dont le texte grec l'appelle Thymiatérion. L'activité rurale se développe dans l'arrière-pays et les fermes se multiplient avec un phénomène de surproduction exportable vers Tanger. Le commerce, alimenté également par la pêche industrielle et la fabrication du garum, suscite un monnayage autonome à légende punique (III°-II° siècles) avec l'effigie de Melqart et, au revers, les épis évoquant la richesse rurale. Ce dialogue ville-campagne a favorisé la création de comptoirs dans les environs immédiats de Tanger et s'est poursuivi jusqu'à l'époque romaine.

Tanit : théonyme sémitique qui pourrait se rattacher au verbe "se lamenter" ou "pleurer". Dans cette hypothèse, la "Tanit" serait une pleureuse. Cette interprétation rendrait intelligible le nom de la Tanit punique "Pleureuse en face de Baal". Son culte est associé à celui d'Astarté, tant à Sarepta qu'à Carthage. Le nom double de "Tanit-Astarté" qui livre la plus ancienne attestation du théonyme, indique que Tanit est une hypostase d'Astarté, incarnant la déesse associée au dieu de la végétation. Certaines monnaies de Malte ou d'Arqa la figurent drapée dans un vêtement de deuil et un autel romain des environs de Byblos la représente en Venus lugens à côté d'un Osiris gainé. La Tanit d'Hadrumète et d'Ibiza est assimilée à Isis, voire à l'Isis ailée protégeant de ses ailes la momie d'osiris.Cf. signe de Tanit.

Tarshish ou Tartessos : région située à l'extrémité occidentale de la Méditerranée, comme il ressort de l'inscription du roi Asarhaddon d'Assyrie. Pour souligner l'universalité de son pouvoir à l'Ouest, Asarhaddon affirme en 673 : "Tous les rois du milieu de la mer, depuis Chypre en l'Ionie, jusqu'à Tarshish, se sont prosternés à mes pieds". L'identification de Tarshish avec la Bétique, faite par un lexique de l'époque du Bas-Empire et reprise par Bochart au XVII° siècle, correspond ainsi aux données textuelles et implique l'identité de Tarshish et de Tartessos de la tradition classique, connu des Grecs depuis le VI° siècle et localisé dans l'actuelle Andalousie. Tarshish constitue le pôle occidental de l'expansion commerciale des Phéniciens, attirés par la ressources minérales la péninsule Ibérique, particulièrement ses gisements aurifères et argentifères. L'inscription de Nora, site qui se trouvait dans l'axe de la voie maritime reliant le Levant à Tarshish, et les trouvailles archéologiques de l'Andalousie, prouvent que les expéditions phéniciennes vers Tarshish remontent au IX° siècle et que les Phéniciens de Chypre y ont joué un rôle important. La période de l'hégémonie assyrienne constitua un stimulant pour les entreprises commerciales des Phéniciens, obligés de satisfaire une demande accrue de matières premières et les pousser ainsi à intensifier leurs relations avec Tarshish. Les textes bibliques évoquent la richesse des cargaisons des navires, mentionnant l'or, l'argent, l'ivoire, le fer, l'étain et le plomb, etc.

Tartous : en grec Antarados, ville située face à l'île d'Arwad, petite crique au pied des monts Alaouites. Son territoire fut utilisé par les Arwadiens comme nécropole. Les archéologues ont découvert une série de sarcophages anthropoïdes d'époque achéménide. Leur aspect est très proche de ceux découvert à Sidon, avec des visages de type grec, coiffés selon la mode égyptienne. Il s'agit de production locale taillée dans la lave de Safita. C'est aux époques hellénistique et romaine que remontent la plupart des statuettes de marbre et de bronze reproduisant des modèles bien connus de la statuaire grecque. La découverte la plus remarquable reste cependant celle d'un masque en or,très proche par son style de ceux de Homs ou de Baalbek et qui date de la fin de l'époque hellénistique.

Tas Silg : le grand sanctuaire de Tag Silg, large d'environ 100m, était dédié à Astarté (Héra / Junon), comme l'indiquent les inscriptions punique et grecque. Il domine la baie de Marsaxlokk, port du Sud-est de Malte. Fréquenté par les Phéniciens dès la fin du VIII° siècle, il était renommé pour son ancienneté et sa richesse. Les fouilles du site ont livré un grand nombre d'inscriptions trouvées dans les décharges du sanctuaire et datables entre la fin du V° et le I° siècle av.J.C. Ce sont pour la plupart des inscriptions votives, qui se répartissent en trois classes, suivant qu'elles soient gravées sur pierre, ivoire ou céramique. Les premières, dont deux contiennent le nom d'Astarté (II°-I° siècles), apparaissent sur des éléments architecturaux. Les fragments d'ivoire portent des épigraphes en punique (III° siècle av.J.C.), restent les plus nombreuses les inscriptions sur céramique (divers types de récipients, vases, lampes, tessons, etc.).

Temple Boy : nom donné aux statuettes en calcaire représentant un petit garçon accroupi, jambes écartées de façon à bien dévoiler le sexe nu. L'enfant légèrement vêtu d'une tunique, est chargé d'amulettes enfilées sur un lien, disposé en collier ou en travers de la poitrine, ou épinglées sur la robe. Il tient souvent une offrande, petit animal, fleur ou fruit. Ces statuettes apparaissent à Chypre au début de la période chypro-classique et perdurent à travers la période hellénistique. Elles ont été retrouvées dans plusieurs sanctuaires, en compagnie d'images de kourotrophes (femmes portant un enfant) et de groupes montrant des scènes d'accouchement. L'ensemble de ces ex-voto a permis de reconnaître un culte de la fertilité, où des pratiques particulières concernant la naissance et l'enfance. Plusieurs interprétations sont données quant à l'origine de ce culte : soit simplement des images de jeunes venant apporter leur offrande à la divinité, soit des enfants consacrés comme le jeune Samuel au temple (d'où le nom Temple Boy), soit une offrande liée au rite de passage symbolisé par la circoncision des petits garçons. Le Temple Boy servait alors un double objectif : celui de commémorer l'initiation du jeune garçon dans la communauté et de servir comme ex-voto dans le but de demander la protection de la divinité contre les risques d'infection. Les dédicaces phéniciennes à Astarté, Resheph (ou Melqart) et Echmoun, permettent de reconnaître l'existence à Chypre (en particulier à Kition) d'un culte de la triade orientale comportant une déesse mère, un dieu père et un dieu enfant. L'association du culte d'Echmoun et de statues d'enfants accroupis est attestée également à Bostan ech-Cheikh, près de Sidon.

Tétramnestos : fils d'Anysos, appelé également "le Sidonien". Il faisait partie de l'entourage de Xerxès I et fut probablement un des "commandants des vaisseaux" lors des guerres médiques qui opposèrent les Perses aux Grecs.

Tharros : article en préparation sur la Sardaigne.

Thot : dieu égyptien du calendrier lunaire, de l'arithmétique et de la sagesse, messager des dieux et grand magicien. L'ibis et le babouin sont ses animaux sacrés. Les Grecs l'identifie à Hermès. Il fut intégré dans la panthéon phénicien sous une influence alexandrine, il est représenté sur des amulettes et des scarabées, trouvées partout dans le monde phénicien et punique : figuré tantôt comme ibis ou babouin, tantôt comme un dieu à tête de singe.

Thymiatère : terme grec couramment employé pour désigner un des nombreux types d'encensoirs employés dans le culte phénicien. Le modèle le plus répandu, le thymiatère à pétales de fleurs, dérive des prototypes syro-cananéens, tout comme les modèles de moindre taille qui se composent de deux bassins superposés. Plusieurs variantes régionales, s'ajoutèrent à ces modèles, entre le VIII° et le V° siècle av .J.C.

Tombes : article en préparation.

Tophet : le mot hébreu topet, transcrit en grec tapheth, désigne dans l'Ancien Testament l'endroit de la vallée de Ben-Hinnom (près de Jérusalem) où l'on offrait les enfants en sacrifice molk. Nom donné par les archéologues aux aires sacrées retrouvées dans de nombreux sites phénico-puniques de la Méditerranée centrale et qui constituaient l'endroit où l'on accomplissait les sacrifices d'enfants et ensevelissait leurs restes brûlés. Ces lieux ont fourni de la céramique en grand nombre et une abondante information épigraphique. Cependant, leur étude et interprétation sont toujours difficiles du fait que les fouilles en Orient n'ont mis au jour aucun tophet. Les principaux tophets connus et fouillés se trouvent en Tunisie (Carthage, Hadrumète), Sicile (Motyé) et Sardaigne (Bitia, Nora, Sulcis, Monte Sirai, Tharros), sans qu'aucune raison valable explique leur absence dans la Péninsule Ibérique, à Ibiza et au Maroc. Ils se présentent sous l'aspect d'une enceinte à ciel ouvert, bien délimitée et ceinte de murs ou isolée par des accidents naturels du terrain, et sont normalement situés à la périphérie de la ville ou de l'habitat, en général au Nord. L'holocauste avait lieu à l'intérieure de cette aire sacrée, sur des autels ou dans un petit édifice. Les cendres, une fois ramassées, étaient placées dans des urnes en terre cuite, de types divers (souvent couvertes d'un plat ou d'une pierre). Le tout était déposé à même le sol et recouvert de terre. Un bétyle ou une pierre marquait l'endroit de l'ensevelissement. Ils sont remplacés, dès le VI°-V° siècles par une vraie stèle décorative, portant souvent une inscription, une dédicace à Baal ou Tanit.

Tophet de Salammbô, le plus impressionnant des tophets connus à Carthage, appelé aussi sanctuaire de Tanit. Il fut découvert en 1922, et depuis lors fouillé à plusieurs reprises. Les principaux travaux ont été menés en 1975-79 par une équipe américaine dans le cadre de la campagne internationale de l'UNESCO pour la sauvegarde de Carthage. Il en résulte que le tophet fut utilisé de la fin du VIII° siècle à 146 av.J.C.. Il avait atteint une superficie de 6.000 m2 au IV° siècle et avait fourni plus de 20.000 urnes et quelques milliers de stèles. Les récipients funéraires étaient soigneusement entassés car, dès que l'aire sacrée était totalement occupée, elle était recouverte de terre et les dépositions recommençaient au niveau supérieur. Les archéologues ont pu identifier neuf niveaux qui correspondent à trois périodes successives, appelées Tanit I, II et III. L'étude des ossements a permis de constater que les enterrements étaient en général individuels, la plupart étant ceux de nouveau-nés. A partir du V° siècle nombreux cas d'enfants âgés de près de 3 ans figuraient. Des restes de chevreaux ou d'agneaux, sacrifiés parfois au lieu des enfants en guise d'offrandes de substitution, représentent entre 30% des dépositions aux VII°-VI° siècles et 10% à partir du IV° siècle. Les urnes contenant à la fois des restes humains et animaux sont rares à Carthage mais représentent 50% à Tharros. La question de ces tophets suscite toujours la polémique et les archéologues sont loin de connaître tous les aspects de ce sacrifice. Pour certains les sacrifices réguliers d'enfants étaient une manière d'établir un contrôle des naissances face à la pression démographique. Pour d'autres, la quantité de nouveau-nés et peut-être même de foetus parmi les victimes, leur bas âge laisse considérer ces tophets comme des nécropoles où les enfants mort-nés ou décédés dans leurs premières années seraient enterrés, dans une aire sacrée distincte des nécropoles destinées aux adultes et suivant des rites différents. Une troisième catégorie d'archéologues émet une hypothèse, essayant de concilier les deux positions, en interprétant le tophet comme une nécropole d'enfants où les bébés sacrifiés occasionnellement étaient enterrés auprès de leurs semblables morts de causes naturelles. Cependant la présence de victimes animales dans le tophet ne peut s'expliquer que dans le cadre d'un rituel de sacrifices de substitution. Le tophet reste toutefois un des traits culturels les plus caractéristiques des colonies phénico-puniques de la Méditerranée centrale. Sa diffusion dans les régions soumises à l'influence carthaginoise peut supposer une provenance de Carthage. Ce qui interpelle toutefois c'est la permanence, plusieurs siècles après la destruction du pouvoir punique.

Torre del Mar : petite ville du littoral espagnol, à 30Km à l'Est de Malaga. Elle domine la riche plaine du Rio de Vélez. L'importance stratégique et économique de la zone, avec ses ressources de pêche et d'agriculture, a séduit les Phéniciens comme le montre l'ensemble archéologique de la région. Une preuve d'une présence presque complète des périodes phéniciennes et puniques : à l'embouchure du Vélez se trouve la colonie phénicienne de Toscanos (VIII°-VI°siècles) avec sa nécropole à incinération à Cerro del Mar.

Toscanos : nom moderne d'un site phénicien situé à 2Km à l'Ouest de Torre del Mar, sur les collines côtières à l'Ouest de l'embouchure du Rio de Vélez. L'embouchure du fleuve (aujourd'hui comblée d'alluvions) offrait de bonnes grèves où les bateaux pouvaient accoster surtout avec les installations portuaires établis. Un col distant de 24Km franchit la Sierra de Tejeda, donnant accès à la région de Grenade et au bassin minier de Linares. L'Institut Archéologique Allemand de Madrid entreprit des fouilles dès 1964 découvrant un centre d'habitation avec des maisons en briques crues qui ne tarda pas à se répandre sur les pentes des coteaux avoisinants, notamment sur le Cerro del Alcaron au Nord et sur le Cerro del Penon à l'Ouest où fut trouvé des vestiges d'une installation métallurgique destinée au travail du fer. La fin de l'occupation phénicienne date du VI° siècle et le site de Toscanos resta plus ou moins abandonné jusqu'à l'époque d'Auguste.

Tour de Straton : point d'appui fondé au IV° siècle par Straton I de Sidon qui se transforma en cité portuaire, entre Dor et Jaffa. Cette Tour de Straton fut mentionnée en 259 av.J.C. dans le Papyrus de Zénon et qualifiée "d'escale" par Strabon. Conquise par Zoïlos, tyran de Dor, elle échut à Hérode qui lui donna le nom de Césarée en l'honneur de César Auguste (l'an 9 av.J.C.).

Tripolis ou Tripoli : située à 97Km au Nord de Beyrouth, la ville antique disposait de deux ports dont ne subsiste que le port Nord, al-Mina, celui du Sud ayant été abandonné après les séismes du VI° siècle ap.J.C.. D'après les historiens antiques, la ville, datant probablement de l'époque perse, fut bâtie par Arwad, Sidon & Tyr. Chacune des cités possédaient son propre comptoir à Tripoli. Elle aurait été le lieu d'où partit le mouvement de révolte anti-perse en 351, dirigé par Tennés (Tabnit II°) roi de Sidon. A l'époque hellénistique, Tripoli battit sa propre monnaie et connut une grande prospérité à l'époque romaine, spécialement du temps des Sévères (193-235) et se vit doté de temples prestigieux voués au culte impérial, à Astarté et Zeus.

Tunisie : article en préparation sur Carthage.

Tyr : cf. rubrique Cités.

Tyrrhénienne, mer : vaste triangle maritime entre la péninsule italienne, la Corse, la Sardaigne et la Sicile, communiquant avec d'autres secteurs de la Méditerranée par les détroits de l'archipel toscan, de Bonifacio, de Messine, mais qui est, vers le Sud, largement ouvert vers Carthage. Ce fut d'abord par le détroit de Messine que les influences phéniciennes se diffusèrent dans la mer Tyrrhénienne, à un moment où Carthage ne jouait pas encore un rôle méditerranéen et où les courants culturels venus de Phénicie et d'Orient (apports orientalisant) étaient étroitement liés aux apports grecs. La cohabitation entre Phéniciens et Grecs à Pithécusses symbolise cette vocation "acculturatrice" de la mer Tyrrhénienne qui fut avant tout la mer des mélanges culturels. Les Phéniciens installés sur les marges méridionales, en Sicile occidentale et en Sardaigne méridionale, eurent des liens privilégiés avec l'Italie centrale. La mer Tyrrhénienne fut le théâtre du premier choc entre Carthage et le monde grec (bataille d'Alalia, vers 540 av.J.C.) et par la suite, l'enjeu des traités entre Rome et Carthage pour finir avec les guerres puniques.

LETTRE U


Ugarit : Cf. rubrique Cités : Ougarit.

Umm el 'Amed : en phénicien Hammôn. Site antique à 19Km au sud de Tyr, occupant une aire rocheuse qui domine à environ 500m d'altitude une petite plaine côtière où débouche le Wadi el-Hamùl, entre le promontoire de Ras el-Abyad au Nord et Ras en-Naqura au sud. L'intérêt essentiel du site est qu'il a préservé des édifices phéniciens de l'époque hellénistique dont toute l'architecture est antérieure à l'époque romaine. Seul un hameau byzantin se construit plus tard dans les ruines, autour de la cella du temple désaffecté, qui servit d'église. A quelques distances des ruines, une nécropole phénicienne a livré des stèles sculptées et inscrites. Les ruines d'Umm el 'Ammed furent signalées la première fois par L.P.Cassas en 1772. Ernest Renan les visita en 1861 et y découvrit quatre inscriptions, une grecque et trois phéniciennes, dont deux dédicaces à Milkashtart, le dieu poliade de la ville et une dédicace à Baal Shamêm. Le site était recouvert de vestiges de plusieurs édifices décorés de chapiteaux doriques et ioniques ainsi que de disques ailés pourvus d'uraei, qui ornent aussi le sommet des stèles de la ville. Des fouilles importantes ne furent entreprises qu'en 1942-45, sous la direction de M. Dunand et M. Duru qui n'ont décelé aucune construction antérieure au V° siècle av.J.C. Ils ont dégagé l'ensemble du temple de Milkashtart et un autre temple, dit "temple E" ainsi que des maisons. Tous ces bâtiments datent du III°-II° siècles et les débuts de leur construction remontent au temps des Lagides, dont Ptolémée III est nommé dans une inscription phénicienne de l'an 222, provenant du site. Le temple de Milkashtart a eu deux états, sans que le plan général ait changé. Dans leur plan, ces deux temples ne doivent rien à la Grèce. Ce sont des sanctuaires du type sémitique, où la cella est isolée par une cour fermée que bordent des constructions annexes et des portiques. Parmi les objets trouvés lors des fouilles figurent un fragment d'une statue d'Héraklès à la dépouille d'un lion et une corniche sur laquelle se détache une massue, attribut de ce dieu. Ceci implique l'identification de Milkashtart avec Héraklès. La pièce la plus intéressante trouvée dans le "temple E" est un trône vide flanqué de deux sphinx ailés, dont les fragments ont été recueillis dans une chapelle isolée de la cour et qui s'ajoute au trône rapporté par Renan de ce site. Si l'appellation de "trône d'Astarté", que l'on donne à ces monuments est justifiée, le "temple E" pourrait avoir été consacré à cette déesse.

Urbanisme : à l'inverse de l'urbanisme de la Grèce antique qui reste une référence, l'urbanisme phénicien reste à l'écart faute de monuments correspondants. Une notice de Strabon parlant d'un "schéma" urbanistique phénicien à l'opposé des ikhné de la cité grecque peut toutefois servir de point de départ. Déjà l'occupation du sol suit des modèles particuliers. Les grandes métropoles aussi bien que les établissements coloniaux se situaient, soit sur des petits promontoires (Byblos, Sidon, Carthage, Utique, etc.) ou des îlots (Tyr, Motyé, Gadès,etc.) et à côté d'embouchures de fleuves (Almunécar, Cerro del Prado, etc.) obéissant ainsi aux exigences du commerce d'outremer. Les cités phéniciennes sont représentées sur la porte de Balawat et sur les bas-reliefs néo-assyriens du palais de Ninive, ceintes de hautes murailles crénelées et pourvues de tours fortifiées. Le système défensif peut-être complété par des fosses sèches comme dans certains comptoirs à Motyé ou Toscanos. A l'intérieur de l'enceinte, l'espace était mis à profit au maximum par des maisons à plusieurs étages. Strabon s'émerveilla ainsi de la hauteur des maisons d'Arwad et Appien mentionne six étages à Carthage, au II° siècle av.J.C. Quant à la ville de Tyr, elle est décrite de façon émouvante dans quelques passages d'Ezéchiel. L'organisation de l'espace urbain était ponctué de sanctuaires intra muros, d'aires publiques et d'installations portuaires. La banlieue était réservée aux nécropoles. Avec l'époque perse, dès le V° siècle, le plan hippodamien se développa dans plusieurs villes phéniciennes, comme à Dor ou Shiqmona.

Usu : cf. Palaetyr.

Utique : ville antique de Tunisie, à 33Km au Nord-ouest de Tunis. Elle fut autrefois l'un des grands ports d'Afrique mais aujourd'hui, elle est éloignée de la mer à environ 12Km. Fondée par les Tyriens, en 1100, selon les sources littéraires, elle fut l'un des plus anciens comptoirs phéniciens et, après Carthage, la plus importante des cités phéniciennes de Libye, jouissant d'une situation privilégiée par rapport aux autres villes. Conquise en 308 par Agathocle, Utique resta une alliée fidèle de Carthage au cours de la 2ème guerre punique, quand ses remparts résistèrent au siège entrepris par Scipion. En 149, elle se rendit à Rome, devenant en 146 "cité libre" et capitale de la province romaine, siège du gouvernement et places d'armes. En 36 av.J.C., Octave donna aux habitants d'Utique la citoyenneté romaine, mais la renaissance de Carthage lui enleva la primauté parmi les villes africaines. Les fouilles d'Utique n'ont livré aucun témoignage archéologique antérieur au VIII° siècle. Néanmoins, la découverte d'une stèle votive et une jarre à offrande, contenant les cendres d'un enfant incinéré, attestent de la pratique du sacrifice (molk) jusqu'au Ier siècle ap.J.C.

LETTRE V


Verrerie : la verrerie phénicienne était très célèbre à l'époque romaine. Selon Pline, son invention reposerait sur un événement fortuit (cf. rubrique Articles: l'art phénicien, le travail du verre). Les ateliers sidoniens étaient renommés pour la finesse de leur travail, on leur attribuait l'invention des miroirs. Strabon précisa que les dunes situées entre Tyr et Akko fournissaient le meilleur sable pour la verrerie. Ces écrits montrent la vision de la tradition classique à considérer les Phéniciens comme les inventeurs du verre. En réalité ils ne l'étaient pas. La renommée de la verrerie phénicienne repose sur l'exportation d'une abondante production locale et sur de remarquables résultats obtenus par la technique du soufflage du verre. Il est possible que cette technique, qui a conduit à la fabrication des premiers verres transparents, ait été mise au point dans le monde phénicien. La plus ancienne production locale recourait à d'autres techniques utilisées depuis des siècles en Egypte et en Mésopotamie. Les phéniciens apportent une contribution originale à l'art du verre en fabriquant des perles en forme de masques. Ces petits bijoux, portés en guise de talismans, étaient fabriqués dans les cités phéniciennes aussi bien que dans les établissements puniques en Méditerranée. Le grand mérite des Phéniciens dans la verrerie reste cette adaptation pratique du verre, dans la fabrication des objets d'art qui alimentaient le commerce, et sa diffusion dans le pourtour méditerranéen.

Vêtements : la mode phénicienne au cours des âges reflète le même processus d'assimilation de concepts étrangers qui caractérise les autres domaines de l'art et de l'artisanat. Pour reconstituer cet aspect de la vie quotidienne, les historiens se sont basés sur les représentations gravées sur les stèles. Bien avant l'ère phénicienne, proprement dite, les pagnes et les longues robes, tous deux empruntés aux prototypes égyptiens, constituaient l'habit traditionnel, respectivement des dieux et déesses du panthéon local. A ces vêtements, portés par les souverains et leurs courtisans, s'ajoutent des robes et des manteaux fermés par une ceinture, dont les pans sont souvent brodés. Du IX° au VI° siècles, de tels manteaux, confectionnés avec une étoffe finement plissée et transparente, couvrent les vêtements égyptisants de plusieurs divinités et dignitaires. Les robes des déesses, des courtisanes ou prêtresses étaient faites de la même matière et bordées d'ourlets à décoration géométrique. Ces vêtements rappellent les étoffes mentionnées dans la liste des tributs assyriens. A l'époque perse, l'heure est à la mode grecque dont les modèles drapés remplacent les pagnes égyptiens. Une évolution est remarquée, de façon plus accélérée et prononcée, en Occident (à Carthage et dans les autres comptoirs).

Villaputzu, Santa Maria di : un des plus importants sites phénico-puniques de la côte orientale de la Sardaigne, à 45Km au Nord-est de Cagliari, près de l'embouchure du Flumendosa. Identifié en 1965, ce site recelait des amphores phéniciennes datant du VII°-VI° siècles, accompagnées de poteries importées d'Etrurie, de la Grèce orientale et de l'Attique ainsi que de la céramique punique (période carthaginoise). Les archéologues ont relevé la présence de divers murs et d'un édifice carré au sommet de la colline.

Villaricos : l'antique Baria était un port important à l'embouchure de l'Almanzora, au Sud-est d'Almeria (Espagne). Le site occupe les dernières collines de la Sierra Almagrer, zone riche en mines d'argent, de cuivre et de plomb, à 3Km de la côte. La ville et la nécropole ont été fouillées par l'ingénieur belge L. Siret au début du XX° siècle. Peu de données sont recueillis sur la ville qui aurait possédait des bâtiments à niveaux et une acropole entourée d'un fossé. La nécropole, avec plus de 2000 tombes fouillées, donna une idée plus précise sur la présence punique continue du VI° siècle av.J.C. au Ier siècle ap.J.C. Le riche mobilier funéraire comprenait des coquilles d'oeufs d'autruche décorées de motifs orientalisant peints en rouge, noir et bleu. Villaricos montre que Carthage a pu acquérir une certaine influence en Occident dès le milieu du VI° siècle en se servant d'Ibiza comme d'un point d'appui avancé au Nord.

Viticulture : la vigne constituait une des branches principales de l'agriculture phénicienne. Le climat du bassin méditerranéen convenait parfaitement à la culture de la Vitis vinifera sur les contreforts de la chaîne du Liban. Les vignobles de Beyrouth produisaient des raisins propres à la consommation immédiate. La plupart des vignes étaient néanmoins cultivées en vue d'obtenir des raisins de cuve. L'excellente qualité des vins de Phénicie était notoire. Les auteurs classiques parlent de "la vigne qui aura la renommée du vin du Liban". Pline attribue une qualité pareille aux vins de Tripolis, Beyrouth et Tyr, en les comptant parmi les meilleurs vins d'outre-mer. Les crus phéniciens étaient appréciés pour leur goût doux et étaient souvent prescrits par les médecins, à l'exemple du vin de Tripolis comme remède contre la fièvre. La Phénicien était une des principales régions exportatrices de vin. Le premier pays acheteur était l'Egypte, où les conditions climatologiques rendaient impossible la production d'un cru de qualité. Les marchands phéniciens vendaient aussi leur vin dans tout le bassin méditerranéen et comme les Grecs ils introduirent cette culture en Occident. Il est fort probable que les Carthaginois aient repris les techniques viticoles des Phéniciens vu que l'hypothèse d'une viticulture locale avant l'arrivée des Phéniciens reste trop controversée. Les quelques fragments conservés des oeuvres de Magon, dans le domaine agricole, permettent de se faire une idée des soins apportaient par les vignerons puniques. Magon recommande l'exposition au Nord et conseille la taille de la vigne au printemps et non en automne. Ce genre de recommandations, fort contesté par les agronomes romains, avaient l'avantage de donner plus de rentabilité en rapport avec les conditions climatiques en Afrique du Nord. Néanmoins, Carthage ne fournissait pas de grands crus, on y attachait plus d'importance à la production de grandes quantités de vin de table. Ceci explique le fait de tolérer certaines pratiques telles l'addition de chaux au vin afin de l'adoucir.

Vogüé, Charles-Jean-Melchior, Marquis de : (1829-1916), diplomate et archéologue français, il effectua divers voyages d'exploration (1853-55 / 1861-64) à Chypre et au Proche-Orient, notamment avec Waddington et sous la direction d'Ernest Renan. Membre libre de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres depuis 1868, il fut ambassadeur à Constantinople et à Vienne entre 1871 et 1879. Il manifesta un intérêt particulier pour l'épigraphie sémitique (Syrie centrale III. Inscriptions sémitiques. Paris 1868-77) de même que pour l'archéologie de la Palestine et de Jérusalem.

LETTRE W


Wadi 'Ashour : site naturel de la région de Tyr, à 4 Km de Qana. Cet endroit est connu grâce à un petit naos rupestre à quadruple encadrement taillé en retrait. A près d'un mètre de profondeur, se trouve un relief d'époque perse figurant un chasseur offrant son butin à une déesse assise.

Wadi Bisra : haute vallée située à l'Ouest du Hermel. En 1883, H. Pognon y découvrit deux stèles rupestres avec des inscriptions néo-babyloniennes assez endommagées écrites au cours des expéditions de Nabuchodonosor II. L'une représentant le roi combattant un lion, l'autre le figure coupant un cèdre. Ce wadi devait constituer la voie d'accès aux forêts des cèdres pour les Babyloniens qui venaient de l'Oronte et de la "trouée de Homs".

Wasta : site de la "grotte de la prostitution", à 7Km au sud de la nécropole d'Adlun, près de la route de Sidon à Tyr. Cette grotte qui a livré une inscription phénicienne en caractères grecs, doit son nom aux graffiti dont la plupart paraissent représenter les organes génitaux féminins plutôt que des cimes stylisées de palmiers.

Wenamon ou Ounamon : cf. rubrique Documents.

Whitaker, Joseph Isaac Spatafora : (1850-1936), archéologue amateur anglais. Il fut le pionnier des fouilles de Motyé. Au début du XIX° siècle, sa famille déménagea en Sicile, où elle acquit une immense fortune grâce aux vignobles de Marsala. Whitaker acheta l'île de Motyé, proche de Marsala où il avait passé son enfance et conduisit plusieurs campagnes de fouilles (1906-1927), y fonda un musée consacré à ses trouvailles et publia le résultat de ses recherches dans Motya, a phoenician colony in Sicily (London 1921).Une fondation fut créée en son honneur en 1975, son siège se trouve à Palerme dans la villa de sa famille.

LETTRE X


LETTRE Y


Yahimilk : que le roi vive!. Nom porté par deux rois : Yahimilk roi de Byblos à la fin du X° siècle, père d'Elibaal et d'Adibaal. Il est connu par une inscription commémorant la restauration d'un édifice religieux. Yahimilk fils du roi Baal I de Tyr. Il vint avec son père, vers 665 av.J.C., payer hommage au roi Assurbanipal, ce qui laisse entendre qu'il était le prince héritier.

Yakinbaal : Baal rendra stable. Nom porté par le fils de Baalshillek, suffète de Tyr pendant deux mois, vers 564 av.J.C.

Yakinlu : dieu rendra stable la dynastie ou le trône. Nom porté par le roi d'Arwad à l'époque d'Asarhaddon et d'Assurbanipal, successeur et probablement fils de Mattanbaal III. Il semble avoir refusé de reconnaître la suzeraineté du roi d'Assyrie. Vers 665 av.J.C., Yakinlu dû se soumettre et paya hommage à Assurbanipal faisant entrer une de ses filles, munie d'une riche dot, au harem assyrien de Ninive. Il périt assassiné et ses dix fils se rendirent auprès d'Assurbanipal avec de riches présents et lui payèrent hommage. Le roi d'Assyrie désigna Azzibaal comme successeur de Yakinlu, offrit des habits somptueux et des anneaux d'or aux autres fils de Yakinlu, leur confiant aussi diverses charges à la cour assyrienne.

Yam : divinité connue à Ougarit comme adversaire de Baal. Cf. supra :le cycle de Baal.

Yehawmilk : que Milk / le roi fasse vivre. Nom porté par le roi de Byblos vers le milieu du V°siècle, fils de Yaharbaal et petit fils d'Urumilk II. Il est connu par une stèle dédiée à la Baalat Gubal et commémorant les travaux réalisés dans le temple de la déesse. Il est présenté sur cette stèle rendant hommage à la Baalat. Cf. Rubrique Articles : Religion.

LETTRE Z


Zénon de Kition : (333/2-264), philosophe grec et fondateur du stoïcisme, né à Kition, cité où la présence phénicienne était importante. Cicéron attribue une origine phénicienne à Zénon, dont le père Mnaséas, semble avoir été un riche marchand. En 312/11, Zénon vint à Athènes où il étudia la philosophie à l'école des Cyniques. Il développa ensuite sa propre philosophie qu'il enseignait sous la poikilé Stoà de l'agora d'Athènes et qui, de ce fait, prit le nom de stoïcisme. Il mourut à Athènes, sans être jamais retourné dans sa vile natale, et, en raison de sa renommée, reçut les honneurs de funérailles nationales. Parmi ses disciples figurait un autre Zénon, originaire de Sidon et auteur de Sidoniaka.

Zincirli : site antique du Sud-est de la Turquie, à 9Km au Nord-est de la bourgade d'Islâhiye, au pied du col de Arsanli Bel qui relie la Mésopotamie à la Cilicie, à travers l'Amanus. De 1888 à 1891, une mission archéologique allemande y dégagea partiellement les ruines d'une ville dont les vestiges mis au jour appartenaient pour la plupart à la période néolouvite. Sculptures et reliefs sont entreposés à Istanbul, Berlin et Gaziantepe. Le royaume de Zincirli remontait au XIV° siècle, mais fut inféodé à l'Empire hittite jusqu'à l'effondrement de ce dernier au début du XII° siècle. Redevenu indépendant, il acquit un certain lustre sous la dynastie araméenne de Gabbar qui le gouvernait dès la fin du X° siècle. Allié de l'Assyrie contre le royaume cilicien d'Adana au IX° siècle, il eut à lutter contre les Assyriens et Sargon II (721-705) l'annexa à son Empire. Le culte de Baal de la dynastie araméenne (Rakab-El) n'en persista pas moins jusqu'au VII° siècle. Parmi les figures du panthéon sémitique de Zincirli, aux IX°-VIII° siècles il faut mentionner aussi Baal Hamon, le Baal de l'Amanus, Resheph, Shamash et le dieu lunaire de Harran, le dieu Sîn des Assyro-Babyloniens. L'influence assyrienne dans l'art de Zincirli, à l'origine d'inspiration néo-hittite alla croissant à partir de la seconde moitié du IX° siècle. Si le site de Zincirli n'a pas livré d'inscription en hiéroglyphes louvites, il a produit en revanche, une des plus anciennes inscriptions phéniciennes, datable d'environ 825 av.J.C. qui vante les réalisations du roi Kilamuwa, un souverain de souche araméenne au nom typiquement hittito-louvite.




Retour index 'Les Phéniciens'