Votre navigateur ne supporte pas le javascript! Les Phéniciens - Hiram, roi de Tyr & Salomon
Temple de Salomon
Illustration tirée de la collection "L'Homme et son histoire",
tome 1 : "Les premières civilisations", Édition du Club France Loisirs, Paris 1997.

Hiram, roi de Tyr & Salomon


L'étude de cet épisode de l'histoire antique est possible grâce à deux sources principales : l'Ancien Testament et les ouvrages de l'historien Flavius Josèphe(1) qui vécut en Israël au Ier siècle de notre ère.

Au début du X°siècle av.J.C., Hiram succéda à son père Abibaal roi de Tyr. Il travailla au développement et à la prospérité de sa cité en agrandissant les deux ports et en les reliant par un canal qui traversait la ville. Il érigea de nouveaux temples pour Melqart et Astarté. Son activité ne manqua pas d'attirer l'admiration de ses voisins et contemporains les rois d'Israël, David et Salomon, avec qui il entretînt des liens amicaux et commerciaux.


Désireux d'offrir un temple pour son Dieu, le roi David contacta Hiram pour les préparatifs. La mort l'ayant arraché aux siens, c'est à son fils, Le roi Salomon, que revînt la charge de mener à terme ce projet. Il demanda au roi Hiram de lui fournir le bois de cèdre et de lui prêter ses architectes et maçons afin de réaliser son dessein. (voir livre des Rois, I, chap.5)

Le message précisait :
"Tu sais bien que mon père David n'a pas pu construire un temple pour le Nom de Yahvé, son Dieu, à cause de la guerre que les ennemis lui ont faite de tous côtés, jusqu'à ce que Yahvé les eût mis sous la plante de ses pieds. Maintenant, Yahvé mon Dieu m'a donné la tranquillité alentour : je n'ai ni adversaire, ni contrariété du sort. Je pense donc à construire un temple au Nom de Yahvé, mon Dieu, selon ce que Yahvé a dit à mon père David... Maintenant, ordonne que l'on coupe des arbres du Liban ; mes serviteurs seront avec tes serviteurs et je te paierai la location de tes services selon tout ce que tu me fixeras. Tu sais en effet qu'il n'y a chez nous qui soit habile à abattre les arbres comme les Sidoniens".

Lorsque Hiram entendit les paroles de Salomon, il éprouva une grande joie et manda ceci :
"J'ai reçu ton message. Pour moi, je satisferai tout ton désir en bois de cèdre et en bois de genévrier. Tes serviteurs les descendront du Liban à la mer, je les ferai remorquer jusqu'à l'endroit que tu manderas, je les délierai là, et toi, tu les prendras. De ton côté, tu assureras selon mon désir, l'approvisionnement de ma maison".

Le pacte entre Hiram et Salomon fut honoré et dura vingt ans. Hiram fournit le bois de cèdre et de genévrier, en échange, Salomon procura chaque année 20.000 muids(2) de blé et 20.000 mesures d'huile vierge. Salomon céda également vingt cités de Galilée. Les historiens rapportent que Hiram ne fut pas entièrement satisfait, alors Salomon lui promit une expédition commune vers le mystérieux pays d'Ophir afin de ramener l'or et les pierres précieuses.

L'aménagement intérieur du temple fut décrit dans la Bible (livre des Rois, I, chap.6, 15-38) en ces termes :

"
15. Il garnit de planches de cèdre la face interne des murs du temple depuis le sol jusqu'aux poutres (...). Il couvrit de planches de genévrier le sol du temple. (...)
18. Tout était en cèdre, aucune pierre ne paraissait. (...)
19. Il aménagea un Debir dans le Temple (...)
20. (...) Il le revêtit d'or fin; Il fit un autel de cèdre
21. devant le Débir et le revêtit d'or (...).
22. Tout le temple, il le revêtit d'or, absolument tout le temple.
23. Dans le Débir il fit deux chérubins en bois d'olivier sauvage. Il avait dix coudées de haut.
24. Une aile du chérubin avait cinq coudées et la seconde aile du chérubin avait cinq coudées, soit dix coudées d'une extrémité à l'autre de ses ailes (...).
28. Il revêtit d'or les chérubins.
29. Sur tous les murs du temple, à l'entour, il sculpta des figures de chérubins, des palmiers et des rosaces, à l'intérieur et à l'extérieur.
30. Il couvrit d'or le plancher du temple à l'intérieur et à l'extérieur. (...)
38. (...) Salomon construisit le temple en sept ans".



LE TEMPLE DE JERUSALEM
Construit par les architectes et les entrepreneurs de Tyr
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(d'après le Professeur D. Harden)

Une porte encadrée de colonnes de bronze(3) donnait accès au temple, précédée d'une grande cour avec une vasque aux eaux lustrales et un autel. Le plan présentait à l'intérieur une succession de trois pièces : un vestibule carré, une salle rectangulaire centrale qui abritait un autel couvert d'or et une table à sacrifice, enfin un sanctuaire où l'on conservait l'arche d'Alliance. L'édifice était complété par des chambres de service situées sur trois étages, sur tout son pourtour.


Hiram, le maître Maçon :

Nous ne pouvons parler du temple de Salomon sans évoquer un autre Hiram (ou Hirom), le bronzier phénicien ou maître maçon. Entre légende et vérité historique, le récit autour du maître Hiram reste assez énigmatique. Le livre des rois (I Rois, VII, 13-45) le présente en ces termes :

"Le roi Salomon demanda de pouvoir engager Hiram de Sor [Tyr] qui était fils d'une veuve de la tribu de Nephtali. Son père était un homme de Sor, artisan du bronze [...]. Hiram acheva tout l'ouvrage qu'il devait faire pour le roi Salomon dans la Maison du Seigneur : les deux colonnes(4), et les deux globes des chapiteaux qui étaient sur le sommet des colonnes; et les deux réseaux pour couvrir les deux globes des chapiteaux des chapiteaux qui étaient sur le sommet des colonnes, les quatre cents grenades pour les deux entrelacs - deux rangées de grenades par entrelacs - pour couvrir les deux volutes des chapiteaux qui sont sur les colonnes, les dix bases et les dix cuves posées sur celles-ci, la Mer - il n'y en avait qu'une - avec, sous elle, les douze boeufs, les bassins, les pelles, les bassines à aspersion et tous les autres accessoires.
Ce que fit Hiram pour le roi Salomon dans la Maison du Seigneur était en bronze poli".

Un autre passage dans la Bible (Chroniques II - Chapitre 2 : 3-14) parle aussi de maître Hiram :

"Salomon envoya dire à Hiram, roi de Tyr […] Envoie-moi donc un homme habile pour les ouvrages en or, en argent, en airain et en fer, en étoffes teintes en pourpre, en cramoisi et en bleu, et connaissant la sculpture, afin qu'il travaille avec les hommes habiles qui sont auprès de moi en Juda et à Jérusalem et que David, mon père, a choisis. […] Hiram, roi de Tyr, répondit […] Je t'envoie donc un homme habile et intelligent, Hiram Abi, fils d'une femme d'entre les filles de Dan, et d'un père Tyrien. Il est habile pour les ouvrages en or, en argent, en airain et en fer, en pierre et en bois, en étoffes teintes en pourpre et en bleu, en étoffes de byssus et de carmin, et pour toute espèce de sculptures et d'objets d'art qu'on lui donne à exécuter [...]".

Côté légende, on raconte qu'Hiram travaillait depuis sept ans à l'édification du temple. Ses ouvriers étaient repartis en trois classes : apprentis, compagnons et maîtres. Chaque classe avait un mot de passe permettant de recevoir un salaire graduel.

Les travaux touchant à leur fin, trois compagnons, désireux de s'attribuer les privilèges du maître, se postèrent chacun devant une porte du temple. Le premier demanda le mot de passe au maître qui lui répondit qu'il n'était pas possible de l'obtenir ainsi et qu'il fallait avoir la patience d'attendre le moment opportun. Le compagnon frappa alors l'architecte au cou à l'aide d'une règle - cette blessure symbolise la mort physique de Hiram. Le deuxième compagnon, ayant obtenu la même réponse, porta sur le sein gauche du maître un puissant coup d'équerre - c'est la mort sentimentale. Chancelant, Hiram se dirigea vers la troisième porte et se trouva confronté au dernier compagnon qui lui posa la même question. Le coup de maillet, porté par ce dernier, acheva son agonie - cette troisième mort correspond à la mort mentale de l'architecte. Alors les meurtriers se demandèrent réciproquement la parole du maître : aucun d'eux n'avait pu l'obtenir. Comprenant l'inutilité de leur crime, ils plantèrent à l'endroit où ils avaient enseveli Hiram un rameau d'acacia, arbre de vie, grâce auquel les envoyés de Salomon purent le retrouver.

Cette légende marque fortement la symbolique maçonnique à travers ses trois classes : apprentis, compagnons et maîtres. L'accession au grade de maître, la mort symbolique, reprend les étapes de l'assassinat de Hiram, celui-ci symbolisant l'homme juste et vertueux mis à mort à cause de l'ignorance. Ainsi dans le rituel maçonnique, le récipiendaire est recouvert d'un drap noir et une branche d'acacia est placée sur le drap. A la question : "Êtes-vous maître?", l'initié doit prononcer la phrase rituelle : "l'acacia m'est connu"(5).




(1) Flavius Josèphe se référa aux célèbres historiens Dios et Ménandre qui, de leur côté, travaillèrent directement sur les archives de la ville, les fameuses Chroniques tyriennes. Retour texte
(2) Le muid vaut 365 litres. Retour texte
(3) Les deux colonnes sont les copies des deux piliers situés devant le temple de Melqart à Tyr : les fameux Jakin et Boaz (les colonnes J:. et B:. que l'on retrouve à l'entrée de plusieurs temples maçonniques). Retour texte
(4) Les deux colonnes sont les copies des deux piliers situés devant le temple de Melqart à Tyr : les fameux Jakin et Boaz (les colonnes J:. et B:. que l'on retrouve à l'entrée de plusieurs temples maçonniques). Retour texte
(5) Cf.,le Magazine L'Histoire, n° 256, Juillet-Août 2001, Spécial, Les Francs-Maçons, p.11. Retour texte

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